7 octobre 2006

Turkménistan

Derrière les barbelés, un peuple tremble, victime d'un dictateur fou, Saparmurad Niazov. Celui qui se fait appeler Turkmenbashi, père des Turkmènes, tente aujourd'hui de se faire passer pour un prophète. Au pouvoir depuis la chute de l'empire soviétique en 1991, il réduit les Turkmènes au silence, à la misère et à l'ignorance tandis qu'il s'enrichit grâce au gaz et au pétrole dont regorge le sous-sol turkmène. Il est urgent de parler de ce qui se passe au pays
dont personne ou presque ne parle.

Pour l'actualité, je vous conseille le blog help Turkmenistan, qui parle notamment de la mort sous la torture de la journaliste Ogulsapar Muradova. Cela s'est passé au mois de juin dernier. En aviez-vous entendu parler ?

Et dans la série, entre démocrates on s'entraide, qui a les plus gros chantiers de BTP dans ce pays ? Tiens, cela ne me surprend plus que TF1 ne parle pas de ce pays...

Trouvé sur un autre site :

[...] ces délires mégalomaniaques ne seraient qu’amusants s’ils ne s’accaparaient pas 70 % du PIB d’un pays qui selon les ONG cumule un certain nombre de records : taux de mortalité infantile extrêmement élevé, espérance de vie comparable à celle de l’Afghanistan voisin qui sort de 25 années de guerre, sous-éducation de la population et violation permanente des droits de l’homme.

Dément mais lucratif

(JPEG) Et surtout si ces mêmes délires n’impliquaient pas l’étroite collaboration du groupe Bouygues présent depuis douze ans au Turkmenistan. Dans Le pays où Bouygues est Roi, David Garcia montre l’incroyable aventure que mènent les cow-boys du BTP dans ce pays improbable, loin des lumières médiatiques : construction tous azimuts de mosquées, de palais présidentiel, Parlement, banque centrale, répondant aux exigences toujours plus démentes mais lucratives du Turkmenbachir.
Différentes sources à l’intérieur du groupe ont fait à Garcia des descriptions ubuesques de leur travail sur place, des changements de cap lunatiques de Niazov qu’on flatte en permanence : jusqu’à l’inviter au siège du groupe, organiser une visite officielle en France et même faire semblant de réaliser des documentaires sur le Turkmenistan pour TF1. TF1 qui aura le privilège de rénover aussi la désuète télé turkmène qui chante la gloire de Niazov du lever du soleil à la tombée de la nuit.

Grands travaux et omerta

Le pays Bouygues est roi c’est l’invraisemblable épopée des cow-boys du bâtiment qui ont l’occasion unique de bâtir des villes entières dans le désert, une sorte de conquête de l’ouest sans garde-fou qui assure plus d’un tiers des revenus de la filiale internationale du batisseur, un milliard d’euros en une dizaine d’années.
C’est aussi la rencontre forcément fructueuse entre deux entités qui ont le même goût des grands travaux et de l’omerta médiatique (la plupart des cadres de Bouygues ont refusé de répondre à Garcia ceux qui l’ont fait ont pris moult précautions).
C’est presque un rêve : Bouygues assure quasiment la seule présence française dans l’économie de l’Asie centrale dans un pays qui ne représente aucun risque politique, son président étant isolé et peu vindicatif à l’international. Du coup, Saparmourad Niazov rencontrera Mitterrand en 1993 et aura le droit à une visite officielle à l’Elysée en 1996. Personne ne songera alors à casser l’ambiance avec les histoires de droits de l’homme. Et surtout pas TF1.

Le pays où Bouygues est Roi
David Garcia
Editions Danger Public

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