30 avril 2007

Y croire, pour nous, pour nos enfants...

Je ne veux pas vivre dans un pays dont le président serait un eugéniste ouvert aux plus basses idées de l'extrême-droite.

Je ne veux plus de ce parti unique, l'UMP, qui vient pendant 5 ans de faire la preuve de son incompétence, qui n'a même pas su tirer parti de la démographie (arrivée en retraite des baby-boomers) ou de la décentralisation (transfert aux régions de nombreuses dépenses sans leur financement) pour faire baisser substantiellement le chômage (même en trafiquant les statistiques) ou la dette.

Je ne veux pas de ce parti qui ressemble plus à une organisation mafieuse (pratiquant la menace, l'intimidation, le racket...) qu'à un rassemblement de citoyens honnêtes et démocrates. Le ralliement (pour garder leur siège) de certaines "élites" de l'UDF ne fait que me conforter dans mon opinion.

Comme Olivier Bonnet, je veux y croire.

"C'est foutu, il va passer"... Beaucoup de militants de gauche affichent depuis les résultats du premier tour leur découragement. A les en croire, l'élection serait "pliée" et la victoire du petit Néron certaine. Or, il n'en est rien. Le candidat UMP est certes en tête et l'hypothèse qu'il l'emporte est des plus plausibles. Mais Mitterrand était-il favori en 1981 ? Une mobilisation de tous les démocrates et l'alliance entre les forces de progrès et les électeurs de la droite modérée, pour barrer la route à l'apprenti sorcier, peut inverser ce sombre pronostic. Si les caciques de l'UDF rejoignent Sarkozy les uns après les autres, "allant à la gamelle" pour une ciconscription législative, ces hommes n'ont rien à voir avec les électeurs de François Bayrou, ceux qui l'ont suivi sur l'air du "ni droite, ni gauche". Ce sont ceux-là qui peuvent faire basculer le scrutin. TNS/Sofres avance que les centristes sont encore 40% à être indécis ! Qui ne s'aperçoit du grand écart que représente le ralliement au candidat UMP par exemple d'un Hervé Morin, Président du Groupe UDF De l’Assemblée nationale, qui affirmait le 18 avril que seul le vote Bayrou pouvait barrer la route à Sarkozy, utilisant l'expression de "meilleur rempart", et lançait un appel à "tous ceux dont le projet de société n'est pas la société d'affrontement" que préconise l'ancien ministre de l'Intérieur ? Le même annonce dans une interview à paraître demain qu'il "votera sans hésitation Nicolas Sarkozy" ! Magouilles politiciennes... François Bayrou lui-même, sans donner de consigne de vote, a eu cette déclaration : "À l'heure qu'il est, je ne sais pas ce que je ferai, je commence à savoir ce que je ne ferai pas".

Quitterie Delmas, porte-parole des jeunes UDF de Paris, est encore plus claire : "J'ai décidé de voter pour Ségolène Royal," annonce-t-elle sur le blog de Guy Birenbaum. "Si je ne vote pas à titre personnel Nicolas Sarkozy, c’est que sa dérive droitière durant la campagne sur le Ministère de l’immigration et de l’identité nationale et ses propos sur l’eugénisme font de lui un incroyable conservateur. Je suis déjà d’ores et déjà en opposition politique avec ses idées. Plus grave, me battant pour le changement des pratiques politiques, je n’accepte pas les méthodes employées de pressions sur les individus, qualifiée «méthodes des Haut de Seine», les Français ont le droit à la transparence, les élus de choisir leurs positions en âme et conscience. L’attitude des sarkozystes depuis de longues années à l’Assemblée Nationale vis à vis de nos élus UDF est inadmissible. J'ai très mal ressenti ces pressions, ces menaces et railleries, qui provoquent chez moi un esprit de résistance." Camarade centriste, avec nous !

Puisque nous parlions de Quitterie Delmas, donnons à présent la parole à une autre représentante de la nouvelle génération, la socialiste Najat Vallaud-Belkacem, porte-parole de Ségolène Royal et auteure d'un formidable discours durant le meeting de Lyon : "Est-ce que vous voulez vivre encore moins bien, dans cette France d’après que le candidat UMP nous promet ? Et dont je crains qu’elle ne soit que la France d’après la France, une France qui serait tellement d’après tout ce qui a fait notre pays qu’en réalité elle ne serait même plus la France, une France qui renoncerait à ses services publics en supprimant un fonctionnaire sur deux, une France qui promettrait du travail à ceux qui en ont déjà, en laissant les chômeurs se débrouiller avec le marché, une France qui mettrait en place une médecine à deux vitesses en multipliant les déremboursements, une France qui renoncerait à son modèle social, qui empêcherait de débattre librement, qui brocarderait les immigrés, qui stigmatiserait les jeunes, qui dresserait les Français les uns contre les autres ? Cette France d’après la France, elle s’annonce depuis des mois dans des mots qui blessent, des mots qui stigmatisent, qui humilient, des mots qu’on avait l’habitude d’entendre dans la bouche du Front national et qu’on a trop entendus dans celle du candidat de l’UMP ces derniers mois. Il y a cette obsession ethnique, ce ministère de l’Immigration, voire de l’humiliation, et de l’Identité nationale, qui montre du doigt les boucs émissaires, les immigrés, bien-sûr, et avec eux les Français issus de l’immigration. Il y a cette lecture génétique de la pédophilie et du suicide des jeunes, qui s’apparente à l’eugénisme. Je vous le dis parce que, j’en suis convaincue, ce ne sont pas les de simples boulettes de campagne, c’est bien le projet du candidat de l’UMP pour la France qui transpire à travers ces propos nauséabonds."

Le choix de société est clair. La droite dure, emmenée par le bonapartiste Sarkozy, pèse en France une grosse quarantaine de pourcents. Ce n'est pas une majorité. Face à ce bloc, il suffira de 50,1% d'hommes et femmes de progrès, attachés à certaines valeurs humanistes, soucieux de préserver le service public et les solidarités, défenseurs d'une certaine idée de la France, celle des Lumières et des droits de l'Homme, cette France généreuse qui est à l'opposé de celle de l'UMP. La voilà, la vraie identité nationale ! Sarkozy le sait bien, du reste, qui a perdu une fois de plus ses nerfs à la simple idée que Bayrou et Royal puissent débattre en public, de façon transparente, démocratique. Le voilà qui trépigne, accuse ses adversaires d'être "staliniens", de "bavasser" ! Cet homme n'est pas tranquille. Alors il faut y croire. Parler avec les gens, jusqu'au dernier jour, convaincre encore et toujours. Tous ensemble, avec les centristes et sans qu'il manque un seul vote d'extrême gauche, pour faire gagner Ségolène Royal.

29 avril 2007

Otages ?

La démonstration de Fabrice Raina (prendre les citoyens en otage par l'argent, un des côtés obscurs de M. de Petit Botcha...) est édifiante :

Il y a beaucoup de Bush Junior dans Nicolas Sarkozy, tant dans son comportement que dans sa logique et sa vision politique, voire stratégique des enjeux nationaux et planétaires.

Tous les observateurs internationaux savent bien que le modèle libéral américain et sa dette de 38 000 milliards de dollars (rappelons que la nôtre tourne officiellement… autour de 1 200 milliards d’euros) sont depuis plusieurs années déjà sortis de toute logique économique, que les Etats-Unis d’Amérique vivent aujourd’hui bien au-delà de leurs moyens et de leurs ressources naturelles – dopées aux OGM ou temporairement stockées -, convoitant, après le pétrole Irakien et tant d’autres opérations militaires géostratégiques, les réserves d’eaux du Canada. Pas d’autorégulation à l’appétit de l’ogre. Tout au moins pour le moment.

Notre pays, tout comme les autres du reste, ne doit pas chercher dans le recours aux crédits et la surenchère constante, en terme de consommation, la solution qui permettra de relancer la croissance dans un sens faussé, celui qui assure de voir ressurgir les plus troubles opérations de récupération des matières premières… Il se doit de trouver la recette salutaire qui lui assurera de vivre bien, et en bonne harmonie, avec les autres à partir de ce qu’il a, de ce qu’il est, et surtout de ce qu’il ne veut plus être. Ainsi, « dos à la facilité » dirais-je, fort de son passé et parce qu’il se creusera la tête, il progressera… Il n’aura pas d’autres choix que de « naturellement » progresser. Progresser au sens juste.

L’exemple Bush et l’idéal Sarkozy ne se tournent pas vers un avenir de paix garanti par le vivre ensemble et mieux, mais vers l’entretien d’une division territoriale compartimentée et nécessairement sociale, la rupture au sens de la tradition conflictuelle, le contraire même de toute idée de rassemblement ; dans leur culture commune, et sitôt qu’il s’agit de stratégies de gouvernance, tout doit passer par la force ou être monnayable, rien ne s’obtient ni ne découle par la voie d’une quelconque forme de sagesse.

Vouloir toujours plus, en faire son credo, être et revendiquer pareille optique pour un pays entier, c’est avouer soi-même ne pas savoir quand ni comment arrêter une course aussi suicidaire que dévastatrice pour l’équilibre des systèmes vivants et des êtres, c’est être privé du sentiment naturel de préservation, ignorer toute notion d’essentiel existentiel. Les hommes, sur notre planète, ne doivent plus tomber dans le piège doré du "vouloir toujours plus" sans quoi ils sont voués à épuiser ce qu’ils ont chez eux et entretenir les guerres qui permettent, entre temps, de prendre aux autres ce qui manquera sous peu. Le « toujours plus » en terme matériel, c’est l’épuisement assuré des ressources naturelles, l’autoroute tracée vers la raison du plus fort et le talion… Le contraire même d’une autorégulation dont la maîtrise permettrait non seulement de faire vivre et travailler un pays, mais de partager ses surplus avec d’autres nations plus nécessiteuses, tout en commerçant ou en échangeant avec de plus puissantes.

Nicolas Sarkozy n’est pas un homme de l’essentiel mais du toujours plus, sa quête ne tient pas à un modèle d’équilibre entre famille, vie de travail et vie après le travail... à cette équation idéale qui permet l’épanouissement des individus et donc le réel progrès. C’est l’homme du « moi » d’abord et du « je » après, le tribun qui se résout à utiliser le « nous » dès lors qu’il s’agit d’appliquer aux autres ce qu’il prend le soin d’éviter lui-même, en particulier en ce qui concerne la liberté de mouvement.

En appelant, dans diverses interventions télévisées dont celle de TF1 lors de "J’ai une question à vous poser" (09 février 2007), les familles françaises à prendre sur leur dos – et non sur le sien - plus de crédits au prétexte qu’elles doivent être le relais d’un Etat aujourd’hui trop endetté, que notre pays a 30% d’emprunts en moins que la Grande-Bretagne, que les familles américaines ont bien plus de crédits que celles de l’hexagone… le candidat Sarkozy montre une facette inquiétante à souhait : celle qui permet d’enrichir les banquiers, de tenir les masses par la plus légale des laisses, et de régner sans conteste sur la division entretenue d’un petit monde où l’argent seul est roi. Pas la vie.

Les foyers français ne cherchent pas spécifiquement à consommer davantage mais à vivre mieux au sens de partager du bon temps en famille ou entre copains après avoir quittés, pour la plupart, un travail qu’il faut de toute façon se résigner à accomplir. Oui, ils cherchent à vivre tout simplement et en bon terme au milieu de leurs voisins, non à créer ou entretenir les conditions idéales qui justifieront les conflits à venir.

Si la valeur travail est une composante importante, importante au sens où elle doit faire bien plus que nourrir son homme… la qualité de vie du point de vue général, et en particulier de la liberté de mouvement, doit l’être tout autant. En proposant aux français une facilité d’accès à la propriété dès l’entrée sur le marché du travail, puis la possibilité de cumul des emprunts grâce à son crédit hypothécaire, Nicolas Sarkozy prétend les aider à construire un avenir meilleur.

Il n’y a pas de meilleur cadeau de vie… empoisonnée à faire.

La réalité économique pousse les foyers à travailler pour pouvoir se débarrasser au plus vite du paiement de leurs traites et constituer, dès que possible, un bas de laine qui permette l’accès à une plus grande liberté de mouvement et de pensée. La logique Sarkozyste, c’est travailler pour payer ses traites immobilières, puis finir ou à demi finir de les payer pour reprendre un crédit qui permette de consommer davantage, pour ne pas dire surconsommer, et garantir la croissance… Il n’est pas meilleur système pour avilir un peuple : plébisciter l’accès à la consommation en prêtant pour mieux reprendre et contenir toute liberté de contestation par le fait de rendre redevable. La politique des substituts, celle qui aujourd’hui supplante la culture par la sous-culture, l’éducation par la sous-éducation, la liberté de pensée par le prêt-à-consommer… qui assure aux bonnes gens, aux classes moyennes, aux jeunes en CDD et autres étudiants, que le crédit, c’est le premier pas vers la liberté ; et que le bonheur, c’est d’avoir, non d’être.

« L’Etat est trop endetté, il doit réduire ses dépenses… Mais les ménages doivent prendre le relais de l’Etat. S’endetter pour investir, pour acheter un appartement ! Parce que quand on commence dans la vie, bien sûr qu’on rêve d’être propriétaire. Et pourquoi le rêve de la propriété ne serait-il réservé qu’à ceux qui ont de gros salaires ? » demande Nicolas Sarkozy pour qui la multiplication des achats de biens immobiliers sur 20 à 30 ans est assurément plus importante que la liberté de mouvement et la qualité relationnelle des familles qui y vivront. Et au même candidat à la présidence de conclure, après une brillante démonstration de communication télévisuelle avec 100 français : « Un pays endetté, c’est un pays qui n’est pas libre ».

Et des français pris en masse au piège du crédit hypothécaire, c’est quoi ?

Comme chacun peut et doit définir la formule d’équilibre dont il a besoin pour vivre le plus heureux possible – l’amour, la santé, la liberté et l’argent font généralement partie des ingrédients -, notre société doit travailler à la recherche d’une formule d’équilibre collective sortie des stratégies de domination politique les plus insidieuses. L’alignement idéologique du candidat Sarkozy sur l’Amérique de George Bush me paraît non seulement révélateur et permissif mais dangereux en tout points. Sarkozy, c’est sûr, n’a rien de De Gaulle, ni de Mitterrand… ni de Chirac, du reste. Effectivement, il ne suffit pas de s’attacher à dire à ses interlocuteurs ce qu’ils veulent entendre pour prétendre à une stature de chef d’état. Dans l’histoire des gouvernances, les actes seuls rassurent, les paroles n’engagent en rien. Si, dans le paysage politique, l’art de communiquer pour enrôler les auditoires est devenu un fait des plus communs, faire acte de résistance face aux vrais puissants est un constat trop rare.

Du point de vue présidentiel, nous aurons besoin d’une représentation internationale diplomatique habile, courageuse, digne de parole et d’intégrité, en particulier pour relancer la construction européenne au sens des valeurs humanistes et des vertus entreprenantes… Une construction européenne qui, si elle veut réussir, devra tirer les leçons de tout ce qui n’a pas fonctionné aux Etats-Unis (et non reproduire le modèle !) pour assurer la pérennité des pays qui la constituent, aider partout ailleurs ceux qui jouent le jeu de la démocratie, et se protéger militairement en cas d’atteinte à sa liberté.

La liberté, c’est bien connu, ne s’achète pas à coup de crédits ni d’allégeance à plus puissant que soi pour mieux trahir derrière… Ma liberté me pousse à dire Non au cheminement Nicolas Sarkozy, quelle que soit la force des moyens et des lobbies qui, dans l’ombre, financent stratégiquement sa mise en place.

Serviteur appliqué de trahisons plurielles en nombre, girouette dans les intervalles par nécessité, adepte des tentatives d’intimidation et du passage en force, funambule hors pair sur le fil barbelé du populisme, spécialiste de petites phrases trop vite sorties et trop fortement pensées… le patron de l’UMP a beau tenter de relativiser certaines prises de position, contenir son impétuosité ou s’acheter une image sympathique, il s’inscrit, par son initiation et son parcours même, dans la grande lignée de toutes ces pratiques moralement condamnables qui permettent d’accéder au poste de pouvoir en tirant la politique vers le bas… en ont écrit les pages les moins glorieuses… contribuent à leur entretien.

Avec 84% de participation, les françaises et les français se sont réappropriés le champ politique parce qu’ils ont bien l’intention que le ménage soit fait, que l’on rompe enfin avec les plus viles façons de procéder. Humanisme, panache, compétence, éthique, don de soi, grandeur, valeur, transparence, respect de la parole donnée : voilà en quelques mots ce qu’ils attendent tout simplement de la nouvelle génération des représentants politiques !

Je ne veux pas d’un « petit » homme de plus marqué par un complexe d’infériorité, assez de ces males primitifs obsédés par la force, la conquête de territoires et le « tout est bon pourvu que j’y arrive »… Le temps est venu pour qu’une, voire des femmes remettent un peu d’humanité dans la « boucherie », et de la chaleur dans les frigos du pouvoir.

En cette veille de deuxième tour, Oui à la nature féminine.

Le changement politique, c’est ça aussi, c’est ça d’abord… La simplicité d’une femme moderne plutôt que la splendeur d’un homme dans la plus pure tradition… un passage par Ségolène Royal (cependant attendue au virage)… Angela Merkel… et, je le souhaite de tout cœur pour le retour à la raison de l’Amérique et la paix dans le monde : Hilary Clinton.

Liberté, parité, fraternité.

Du travail qui débarrasse des crédits dans la vie de chacun et pour tous : une vie digne après le travail !

Fabrice Raina (artiste dit utopiste, citoyen non partisan).

NB : Ci-dessous, le lien Internet vers l’émission de TF1 « J’ai une question à vous poser » avec Nicolas Sarkozy, de même que la retranscription écrite de la démonstration visant à défendre les intérêts du crédit hypothécaire, démonstration qui intervient 29 minutes 40 secondes après le début du programme.

Revoir l’émission : cliquez

« Le crédit hypothécaire, c’est-à-dire que le banquier se remboursera sur votre appartement. Mais une fois que vous aurez remboursé la moitié de votre appartement, je souhaite que vous puissiez utiliser ce crédit possible pour emprunter autre chose…

Pourquoi je vous propose ça ?

Parce que le problème de la France, c’est que l’Etat est trop endetté et les français pas assez. Il faut arrêter de complexer les gens avec l’emprunt. Une société qui croit en l’avenir, c’est des jeunes qui achètent des appartements. C’est des entrepreneurs qui achètent de nouvelles machines. C’est soi-même qui change sa cuisine, on fait des projets… et moi, je veux que, de nouveau, la France soit un pays jeune, libre ! Où on veut innover, créer, entreprendre, où il y ait la vie !

Or nous avons 30% d’emprunts de moins que dans les autres pays… Pourquoi ? Parce qu’on a peur de l’avenir. Moi, je veux faire de l’avenir une promesse, alors que l’avenir est aujourd’hui une menace.

L’Etat est trop endetté, il doit réduire ses dépenses… Mais les ménages doivent prendre le relais de l’Etat.

S’endetter pour investir, pour acheter un appartement ! Parce que quand on commence dans la vie, bien sûr qu’on rêve d’être propriétaire. Et pourquoi le rêve de la propriété ne serait-il réservé qu’à ceux qui ont de gros salaires ?

Parce que quand on est propriétaire, on est plus en situation de précarité, on a quelque chose dans ses mains, et puis on regarde son quartier et son immeuble d’une façon différente, on les respecte. Moi, dans mes projets, y’a le travail et puis y’a la propriété. Je veux que chacun d’entre vous, par son travail, puisse devenir propriétaire. Encore une fois, c’est possible chez les autres, pourquoi cela ne le serait pas chez nous ?

Il y a 40 ans, nos parents étaient propriétaires, il n’y a aucune de raison que les classes moyennes soient déclassées à ce point là. Vous voyez, à ce moment là, dessiner le contour d’un projet où le travail est récompensé, où la promotion sociale existe, où on doit à rien d’autre que ses propres efforts, où il y a de la solidarité, où on aide celui qui veut s’en sortir ». (…)

Et à Nicolas Sarkozy de conclure l’émission « J’ai une question à vous poser » sur cette phrase : « Un pays endetté, c’est un pays qui n’est pas libre ».



25 avril 2007

Il l'a dit...

«Nicolas Sarkozy, par sa proximité avec les milieux d'affaires et les puissances médiatiques, par son goût de l'intimidation et de la menace, va concentrer les pouvoirs comme jamais ils ne l'ont été. Par son tempérament, et les thèmes qu'il a choisi d'attiser, il risque d'aggraver les déchirures du tissu social, notamment en conduisant une politique d'avantages aux plus riches. [...] Les deux candidats ont promis une augmentation délirante des dépenses publiques, de l'ordre de 60 milliards, dans un pays endetté comme le nôtre, l'un deux [Sarkozy, nldr] ajoutant une baisse totalement improbable des prélèvements obligatoires dans une proportion que ni Reagan ni Thatcher n'ont jamais approchée, même en rêve. [...]
Nicolas Sarkozy va aggraver les problèmes de la démocratie et la fracture du tissu social.»

Extraits du discours prononcé le 25 avril à Paris par François Bayrou

22 avril 2007

Jusqu'au bout...

... les coups tordus de ses adversaires, presque aussi nombreux dans "son" camp que de l'autre côté, ont contribué à occulter le débat de fond de cette campagne électorale.

Car il s'agit bien d'un choix de société :
- rejeter d'abord la pseudo-rupture d'un chef de bande mafieuse, épaulé par une organisation patronale reflet de l'incompétence crasse de nos "élites" qui est à l'origine du piteux état de notre économie... on dit que "gouverner c'est prévoir", que "la première qualité d'un manager c'est le courage"... rien de tout ça ni à l'UMP, ni au MEDEF...
- rejeter le fascisme et le racisme sous toutes leurs formes
- préparer un avenir plus serein pour nos enfants

Tout cela m'a convaincu, ce sera Ségolène Royal.

16 avril 2007

J-5 : voter contre... contre les non-démocrates, contre Nicolas Sarkozy

Une semaine avant le premier tour, il est temps de procéder par élimination.
J'élimine d'emblée les partisans d'idéologies totalitaires :
- Yann Ar Penn dit JeanMarie Le Pen (en plus, depuis le 22 septembre 1792, l'union de la Bretagne et de la France étant abolie par celle de la monarchie, je doute que ce personnage ait les qualités requises pour concourir à la magistrature suprême) et ses pâles clones Philippe dit de Villiers et Fréderic Nihous
- Marie-George Buffet, Olivier Besancenot, Arlette Laguillier, Gérard Schivardi (ni Lénine, ni Staline, ni Trotsky)
- Nicolas Sarkozy, qui pratique la surenchère et est clairement aujourd'hui le quatrième candidat d'extrême droite.

Exemple ce week-end :
Sarkozy : vendanges frontistes à Châteauneuf-du-Pape
Le candidat de l'UMP a parcouru tous les thèmes chers au Front national.
Par Antoine GUIRAL
QUOTIDIEN : lundi 16 avril 2007
Pas de tâches, pas d'intrus : alors que Nicolas Sarkozy devise au micro de la «France éternelle, de la France qu'on aime», samedi sur la jolie place de la mairie de Châteauneuf-du-Pape, les gendarmes et le service d'ordre de l'UMP font le ménage. Et les six personnes identifiées comme des perturbateurs potentiels se retrouvent retenues pour un contrôle d'identité dans un local technique. Il ne faut surtout pas gâcher la mise en scène du candidat venu parler «travail et identité nationale» dans ce décor de carte postale. Elles seront finalement relâchées à la fin du speech sarkozyste, tout de même ponctué par quelques huées et quolibets («C'est toi le voyou», «Dictateur»...).
«Majorité silencieuse». Tout le week-end, le candidat UMP s'est fondu dans le paysage provençal pour engranger les images apaisantes et tenter de rassurer sur sa personnalité, qui continue à inquiéter les Français. Il a aussi commencé à préparer le second tour en jouant la carte de «la majorité silencieuse» face aux «petites élites qui s'arrogent le droit de dire ce qui est bien ou mal».
Pour s'assurer un ticket d'entrée dans le duel final, Nicolas Sarkozy ne veut surtout pas changer de registre : «Il faut mobiliser l'électorat de droite sur des thématiques qui lui parlent», assure un des stratèges de sa campagne. En clair : du clivage, et à droite toute ! Dans cette région où prospère le Front national, il a servi à ses auditoires toute la palette des vieilles lunes de l'extrême droite : ode à la chrétienté et «au long manteau d'églises qui couvre notre territoire», attaque contre les polygames et les lapideurs, clins d'oeil appuyés aux pieds-noirs («Les Français qui ont aimé l'Algérie n'ont pas à s'excuser de ce qu'ils ont fait là-bas»), promesses de durcir les lois l'immigration et la sécurité «dès l'été 2007», dénonciation de l'euro fort.
En jean, veste marine et chemise blanche, Nicolas Sarkozy a aussi reçu devant les caméras et micros la mère de Ghofrane Haddaoui dont les meurtriers viennent d'être condamnés à vingt-trois ans de prison. Un fait divers sordide qu'il a exploité la voix mouillée d'émotion en prenant dans ses bras la mère de la victime sous l'oeil des photographes.
Terrain balisé. Rejoint samedi soir par son staff et quatre Premiers ministres potentiels (Michèle Alliot-Marie, Xavier Bertrand, Jean-Louis Borloo, François Fillon) pour un dîner aux Baux-de-Provence, Nicolas Sarkozy a planché sur sa dernière semaine de campagne et préparé l'hypothèse d'une confrontation avec Ségolène Royal. Inquiet par les passerelles jetées par certains socialistes en direction de l'UDF (lire pages 3 et 4), il redoute la perspective d'un second tour qui tournerait au référendum pour ou contre sa personne. Face à ce risque du «tout sauf Sarkozy» qu'il sent monter, il entend mobiliser les bataillons d'électeurs de la «France exaspérée» dont il se veut le porte-parole. Pour lui, et c'est une nouveauté, une présidentielle ne se gagne plus au centre, mais bien à droite.
A coups de formules chocs, il a commencé à baliser le terrain en se déportant toujours plus à droite : «Peu m'importe si vous vous êtes tournés vers le FN par le passé. C'est parce que nous avions renoncé à défendre les idées qui étaient les vôtres», a-t-il lancé hier lors d'un pique-nique champêtre à Aix. De même il a dénoncé, comme Le Pen aime à le faire, «les combines des partis et les petits accords qui se préparent dans le dos des Français». Un temps envisagé, le recentrage de sa campagne n'est désormais plus possible.
Au second tour, ni Le Pen ni Sarkozy. C'est pour moi définitif.

15 avril 2007

La séparation

Pour une fois, j'ai trouvé une critique qui reflète mon opinion presque fidèlement. De Christopher Priest, j'avais gardé un souvenir mitigé (Le Monde inverti). Ici, j'ai été convaincu par la quatrième de couverture. Je donne la critique de Salle 101, un site que je vais probablement visiter plus souvent...

Sublime ou ennuyeux, pointu ou complètement raté, Christopher Priest fait partie de ces auteurs qui ne laissent quasiment personne indifférent. De L’archipel du rêve à La fontaine pétrifiante en passant par Le monde inverti ou le subtil Les extrêmes, Priest suit pourtant un cap d’une très grande originalité, pour une littérature étonnamment aboutie personnelle, radicale, exigeante, intime et presque somnambule...

Poète de l’irréalité, du fantasme et du non-dit, cet anglais flegmatique réconcilie les genres sans avoir l’air d’y toucher, livrant avec régularité des textes qui n’appartiennent qu’à lui (qu’on y adhère ou pas). Travail sur la folie, la nature du réel et l’Histoire, La séparation couronne une oeuvre ambitieuse et intelligente, avec un brio très british et décalé. Véritable dédale psychologique (voire psychanalytique, notamment dans la répétition à peine esquissée des situations pourtant différentes dans leurs tenants et aboutissants, un principe délétère que l’on retrouve dans beaucoup de rêves), ce nouveau roman est la preuve manifeste que l’intelligence n’est pas réservée à la littérature blanche. Terrain d’expérimentation honnêtement débarrassé de tout carcan moral ou simplement classique, la SF est justement le genre capable de donner des chef-d’oeuvres comme La séparation. Des textes ambitieux et détournés, fidèles à l’image d’un cerveau fraîchement sorti de sa cage osseuse: Masse spongieuse de matière brute et moite, sans doute repoussante, mais dont les fascinantes circonvolutions luisantes, replis humides et répétitions apparentes forment un superbe chaos organisé, entièrement tourné vers la pensée qui l’abrite, la révèle et, finalement, la torture.

Perpétuel questionnement sur la santé mentale et la réalité alternative, La séparation trouve facilement sa place au rayon Uchronie. C’est pourtant mal connaître Christopher Priest que le classer hâtivement dans une petite boîte rassurante. De fait, la séparation est tout sauf rassurante. Servi par une écriture clinique d’une douloureuse efficacité, le texte tient tout autant du document historique que du journal intime, tandis que l’auteur promène son lecteur exactement là où il veut, pour un final étourdissant à la hauteur de l’attente. Ici, les batailles sont essentiellement intérieures, le fracas guerrier n’est qu’un décor et la mort une abstraction. il serait vain de chercher dans La séparation un quelconque rythme vidéoclipé et un scénario millimétré. Apparemment décousu, retors et terriblement bien pensé, le livre est un festival d’idées évidemment renversantes (c’est même leur très exacte fonction). A croire que l’auteur fait exprès d’être invendable, joyeuse étiquette qui comblera certains et laissera les autres en bord de route.

Personnages centraux autours desquels La séparation tourne et se retourne, les jumeaux Sawyer alternent leur histoire dans une histoire alternative. Anglais sportifs et membre de l’équipe olympique d’aviron, leur prestation aux jeux olympiques de Berlin en 1936 leur vaut d’être médaillés par Rudolf Hess en personne. C’est le début d’une séparation à la fois morale, pratique et historique, alors que les deux frères s’éloignent inévitablement. Pour l’un, ce sera le mariage (avec une juive berlinoise ramenée de Berlin avant les déportements massifs) et, peut-être, la vie de famille. Pour l’autre, l’aviation et la vie militaire au sein de la prestigieuse Royal Air Force. Mais la guerre et son cortège d’horreurs réunissent les deux hommes tout en les éloignant d’une manière autrement plus radicale. Pendant le Blitz londonien, l’un des jumeaux, officiellement déclaré Objecteur de conscience, sert la Croix Rouge comme ambulancier. Son attitude héroïque lui vaut d’être remarqué par Churchill pour une négociation ultra secrète : Faire la paix avec l’Allemagne nazie, suite aux manoeuvres de Rudolf Hess. Le but inavoué du dauphin d’Hitler ? Clore le front de l’ouest et ouvrir peu après un front à l’Est en attaquant l’Union Soviétique. Nous sommes en 1941 et tout peu basculer.

Ailleurs, ici, au même moment, l’autre jumeau poursuit des campagnes de bombardement sur la Ruhr et d’autres régions sous contrôle allemand. Pilote vétéran, il n’a jamais revu son frère, ambulancier à Londres. Alors que chaque nouvelle mission le rapproche de la mort, une lettre de sa belle soeur le rappelle à la vie de famille. Juive, allemande et seule au milieu d’une campagne anglaise pas forcément bien lunée à l’égard des boches qui bombardent l’Angleterre toutes les nuits, elle a désespérément besoin d’aide. Suite à cette relation perturbante avec la femme de son frère jumeau, le pilote s’interroge sur la nature du monde. Un monde de plus en plus englouti par la folie destructrice et la guerre. Un monde où Rudolf Hess a tenté seul de conduire une mission de paix en écosse, apparemment sans l’aval d’Hitler, tentative évidemment morte née. Dès lors, rien n’empêchera la guerre totale et l’entrée des Etats-Unis dans un conflit qui pourrait bien durer encore quelques années.
Mais si la paix est perdue, pourquoi les négociation auxquelles a participé l’autre frère ont-elles permis la signature d’un traité ? Quelle réalité l’emporte ? Et où se situe la frontière (ténue, vraiment ténue) du fantasme, du flou, du rêve et de la folie ?

Captivé dès les premières pages par un histoire aussi inquiétante qu’entêtante, le lecteur ressort de La séparation avec la troublante impression d’être hanté. Hanté par une musique textuelle aussi hallucinante qu’hallucinée, hanté par une narration remarquable et tordue (voire remarquablement tordue), hanté par le meilleur livre de Christopher Priest. Tout simplement.

J'avais, avant lecture de cette critique, préparé ce petit texte, que je ne peux me résoudre à jeter...

"Je m’étais juré de ne pas relire de Christopher Priest, mais finalement j’ai bien aimé ce roman qui met en scène deux jumeaux qui semblent vivre deux destins différents, l’un dans notre passé récent connu, l’autre dans une histoire modifiée (où Rudolf Hess fait la paix avec la Grande Bretagne et renverse Hitler en 1941). Un pavé qui se lit bien, et que j’ai apprécié dans mes rares moments de lecture dans cette période de surmenage…"


14 avril 2007

La ligue des héros

Drôle de livre de Xavier Mauméjean. Du mal à le suivre, dans un délire mêlant histoire et histoire alternative, avec intervention du pays imaginaire et de ses habitants.
Le résumé d'amazon :
Banlieue londonienne, fin des années soixante.
Un vieil homme est ramené dans sa famille par deux hommes en blouse blanche. Amnésique, décalé, des bribes de souvenirs lui reviennent peu à peu quand il se met à lire des comics et des pulps que lui donne Syd, l’ami hippy de son petit fils.
Parallèlement, dans une Angleterre victorienne merveilleuse en proie aux agressions de Peter Pan et des créatures du Pays de Nulle Part, Lord Kraven, membre prestigieux de la Ligue des Héros, combat pour l’Empire et la Reine, sous la houlette du mystérieux Baycroft.
Entre merveilleux et réalité, sur fond d’aventures et d’événements historiques, les deux destins finissent par se rejoindre, jusqu’à un dénouement inattendu…
L’écriture est fluide, mais je ne suis pas sûr de renouveler l’expérience.

13 avril 2007

Nous ne méritons pas ça...

Ce pays, malgré tous ses défauts ne mérite pas d'embrasser le fascisme, comme le laisse craindre la dernière enquête des Renseignements généraux qui prévoit un second tour Sarkozen - Le Py. Parce que c'est dans ce pays que grandissent nos enfants, et c'est sûr qu'ils n'ont rien à y gagner.

Resaisissons-nous ! Votons contre, contre les extrêmes qui ne proposent que l'affrontement, qui se complaisent dans le mensonge, la démagogie, l'incitation à la haine.

12 avril 2007

Vive le feu

Un excellent blog, encore chez 20 Minutes (décidément les blogs sont plus agréables à lire que le journal), celui de Sébastien Fontenelle. Pour le plaisir, ces quelques mots sur M. Giesbert...
1.
C'est aujourd'hui, si je ne Mabuse, que Franz-Olivier Déontologiesbert (aka FOD), iconoclaste patron du si follement subversif hebdomadaire "Le Point" (où l'on brise tous les deux mois, non sans courage, le répugnant tabou de "l'assistanat"), doit répondre aux questions que se pose le juge Philippe Courroye sur ce qu'il savait précisément de l'affaire dite "Francelet".

Du nom du journaliste Marc Francelet, que le juge Philippe Courroye soupçonne d'avoir monnayé la publication dans la presse, et notamment dans le si follement subversif hebdomadaire "Le Point", d'articles "au ton très favorable" sur l'homme d'affaires Iskandar Safa.

Je rappelle, pour celles et ceux qui n'auraient pas suivi, que Franz-Olivier Déontologiesbert, qui n'hésite jamais à dispenser à ses pair(e)s de sévères mais justes leçons de journalisme, a, d'après "nouvelObs.com", tranquillement "admis la semaine dernière dans "Le Monde" l'intervention de Marc Francelet pour l'article" en question.

Je m'empresse de préciser, car c'est de nature à nous rassurer, que Franz-Olivier Déontologiesbert a tout de suite précisé qu'il "ignorait" que l'interventionniste "était payé par Safa".

Ouf.

Au reste, Franz-Olivier Déontologiesbert l'a posément spécifié: "Même si un papier est complaisant, il est intéressant d'avoir un point de vue inédit, quitte à rééquilibrer les choses plus tard".

Je ne doute pas que le juge Philippe Courroye saura mesurer la TED (teneur en déontologie), élevée, de cette dernière considération.

Je ne doute pas (non plus) que Franz-Olivier Déontologiesbert saura produire, pour sa défense, la copie des papiers où "Le Point" aura, éventuellement, "rééquilibré les choses", après la publication de l'article incriminé*.

Enfin je suppose que Franz-Olivier Déontologiesbert ne manquera pas d'inviter celles et ceux que cela intéresserait à vérifier sa propre TED en se plongeant, sur son blog, dans les sévères mais justes leçons de journalisme qu'il infl... Dispense régulièrement, ainsi que je le mentionnais plus haut, à ses confrères et soeurs, dont les carences éthiques le navrent - et comme je le comprends.

2.
Ceci posé, j'en arrive à ce qui m'amène aujourd'hui: je voulais justement profiter de l'absence (temporaire) de Franz-Olivier Déontologiesbert pour improviser une visite guidée, mais gratuite, de son cultissime blog, autour du thème: "Comment flatter quotidiennement (ou presque) l'encolure d'un seul et même candidat?"

(Je veux parler, bien sûr, d'Eugène Sarkozy, qui postule, un peu comme cela se faisait jadis en Berchtesgadie, que les délinquants sont des salauds dès le berceau - à l'exception toutefois des maires UMP des Hauts-de-Seine qui détrousseraient leurs contribuables.)

3.
Notre visite du blog de Franz-Olivier Déontologiesbert commence le 2 avril dernier.

Ce jour-là, FOD, à 19.22, tance brutalement Eugène Sarkozy, l'accusant de "se payer les journalistes".

FOD, qui, de l'avis de plus d'un expert, est lui-même journaliste, l'observe alors avec beaucoup de netteté: "Les candidats ne passent plus rien à notre métier" - c'est "frappant avec (...) Sarkozy (...) comme ça l'était (...) avec Ségolène Royal".

L'extrême sauvagerie de la charge donne des sueurs froides à la dream team de campagne du candidat UMP - et fait dire à Brice Hortefeux que: "Si Foddy nous lâche, on est hyper-mal, putain de bordel de merde".

4.
Fausse alerte: à 19.25 ce même 2 avril, c'est à dire trois minutes après avoir grondé Eugène Sarkozy, Franz-Olivier Déontologiesbert, sans doute pris de remords, corrige sa copie - et pose, dans un nouveau billet au ton beaucoup plus onctueux, qu'en effet les journaleux, cette engeance, se comportent parfois un peu comme des salauds avec Eugène Sarkozy.

De sorte qu'à bien y réfléchir, Eugène Sarkozy n'a peut-être pas complètement tort, mettez-vous à sa place, de "se payer les journalistes" - et que FOD a sans doute crié un peu vite, sur son blog, trois minutes plus tôt.

Alors bien sûr, Franz-Olivier Déontologiesbert ne l'énonce pas aussi directement: l'amour a ses pudeurs.

Il commence par signaler qu'il "vient de terminer" le "nouveau livre" d'Eugène Sarkozy.

(Jamais FOD ne (se) demande où et quand Eugène Sarkozy a bien pu trouver le temps d'écrire un nouveau livre.)

Ce livre, autant l'énoncer clairement: FOD l'a beaucoup aimé.

Il a beaucoup aimé son "ton nouveau" - un ton "plus rassembleur, plus social, et aussi, d'une certaine manière, plus national".

(En somme: tout ce qui différencie le véritable chef d'Etat du commun des mortel(le)s.)

FOD, manifestement désireux de prouver (ne serait-ce qu'à Brice Hortefeux) qu'il a vraiment lu jusqu'au bout le si plaisant nouveau livre d'Eugène Sarkozy, affine son compte-rendu: "Ce qui m’a le plus frappé, c’est peut-être son passage à propos du capitalisme : « Je ne crois pas à un capitalisme sans morale ni éthique. » Ou encore : « Je ne crois pas à un capitalisme où ceux qui échouent gagnent plus que ceux qui réussissent. » Ou bien : « L’économie de marché ne peut fonctionner sans les règles et les institutions qui empêchent que le riche devienne toujours plus riche et le pauvre toujours plus pauvre. »"

C'est, en effet, bouleversant - et tellement sincère, sous la plume d'Eugène "Vladimir Illitch" Sarkozy, qui a tant donné de sa personne pour terrasser l'hydre capitaliste.

Mais ce n'est pas tout - ainsi que le relève Franz-Olivier Déontologiesbert: "Quelques pages plus tard, il [Eugène Sarkozy] va plus loin : « J’en ai assez de voir l’Etat abaissé, le service public dénigré. » Après quoi, il se livre à un éloge des fonctionnaires. Il exalte aussi « la France de Léon Blum et de Mandel, celle de Saint Louis et de Carnot, de Jules Ferry, de Clemenceau et de Jaurès, celle de Pascal, de Voltaire, de Victor Hugo, celle de Camus et de Sartre. »"

FOD lâche alors ce cri du coeur: "Plus rassembleur, tu meurs !"

(De telle sorte qu'on ne voit pas qui oserait ne pas voter pour Eugène Sarkozy.)

Franz-Olivier Déontologiesbert lâche alors cette conclusion, évidente, qui lui permet de corriger son emportement de 19.22: "On est loin du croquemitaine ultra-libéral et néo-thatchérien qu’on nous décrit ici ou là. Chers confrères, il va falloir changer de disque."

Oui: "Chers confrères, il va falloir changer de disque" - et convenir qu'Eugène Sarkozy est plutôt un homme de gauche.

Sinon faudra pas non plus vous étonner, quand Gégène se paiera la presse.

Ce que FOD nous explique, ce 2 avril, c'est que si Eugène Sarkozy a fini par se montrer un peu exaspéré par les journalistes, faut quand même pas oublier que c'est eux qui ont commencé, en essayant, les gueux, de le ranger à tout prix dans le même tiroir que Reagan, alors que la place de cet homme est, de toute évidence, aux côtés de Jaurès.

On continue la visite?

5.
Le 5 avril, Franz-Olivier Déontologiesbert dénonce, dans un billet furieusement iconoclaste, "la mascarade du débat".

Il observe d'abord: "Il paraît qu’il faudrait organiser un débat entre les douze candidats."

Et ça, FOD nous l'annonce franco: c'est une monstrueuse connerie.

Car, nous explique-t-il: "Un vrai débat, c’est à deux. A trois, c’est déjà trop. Alors, imaginez, à douze avec le même temps de parole pour tout le monde !"

Et tiens - pendant que vous y êtes: imaginez aussi que FOD publie ce billet au moment précis, la coïncidence est des plus divertissantes, où Eugène Sarkozy, toujours sujet à de grandes peurs, refuse catégoriquement le débat "entre principaux candidats" auquel Bayrou et Royal ont, de leur côté, accepté de participer!

Ne dirait-on pas (même si nous savons que bien sûr il s'agit d'un hasard de calendrier) que Franz-Olivier Déontologiesbert justifie ce refus d'Eugène Sarkozy, quand il affirme qu'"un vrai débat, c'est à deux. A trois, c'est déjà trop"?

(Et si je peux me permettre: pourquoi FOD n'a-t-il cessé, dans ses formidables émissions culturelles, de faire "débattre" plus de trois invité(e)s?)

La visite continue, n'oubliez pas le guide.

6.
Le 9 avril, FOD restitue à son lectorat, sous une forme à peine altérée, un morceau des propos de campagne des pin's parlants d'Eugène Sarkozy.

Le Pen vient, rappelez-vous, de positionner Eugène Sarkozy en "candidat issu de l'immigration".

Franz-Olivier Déontologiesbert, dont la radieuse intelligence brille comme un phare dans l'interminable nuit marxiste, en tire la seule conclusion possible: "Cette attaque montre bien que Sarkozy est (le) pire ennemi (de Le Pen)".

Et qu'importe si, dans la réalité, le boss du Front trouve au contraire que celui de l'UMP est quelqu'un avec qui on peut "dialoguer": le principal est que FOD puisse dire à peu près la même chose que Brice Hortefeux, lorsque celui-ci déclare de son côté que les propos du Pen "condamnent le fantasme de connivence entre la droite et l'extrême droite"...


7.
Le 9 avril toujours, FOD, pour la deuxième fois de la journée, vole au secours d'Eugène Sarkozy, dont les considérations désuètes sur les nouveaux-nés pédophiles suscitent quelque émotion.

A 15.37, le patron de "Le Point" balance un nouveau billet sur son blog pour constater que: "Il y a une part d’épreuve physique dans une campagne présidentielle. Quand vient la fatigue, les bourdes suivent. J’ai toujours été frappé par l’incroyable énergie de ces candidats increvables qui épuisent leurs entourages. Mais parfois, ils craquent. Et c’est le faux pas."

On se dit que là, en dépit de la sympathie affectueuse qu'il n'a cessé de lui témoigner, FOD va condamner le (gros) "faux pas" eugéniste, pour le moins terrifiant, de l'héritier UMP de Jaurès.

Or: non.

Pas du tout.

Franz-Olivier Déontologiesbert a deux exemples autrement plus importants de "bourdes" à nous soumettre.

D'abord: "Cette charge de Jospin contre un Chirac décrit comme « vieux » et « usé », dans un avion, pendant la campagne présidentielle de 2002".

FOD observe: "Je suis sûr qu’elle était provoquée par une fatigue qui, en l’espèce, tournait à l’irascibilité. Elle est en tout cas à l’origine du dévissage de l’ancien Premier ministre."

C'est hyper-intéressant, et ça permet d'occulter le "faux pas" d'Eugèn(ist)e Sarkozy.

FOD enfonce d'ailleurs, le clou, avec, cette fois-ci, une abominable erreur de Marie-Ségolène Royal, qui, tenez-vous bien: " Déclare (...) que le régime des talibans en Afghanistan doit faire l’objet de pressions internationales alors qu’il est tombé en 2OO1".

Commentaire FODien: "Heureusement pour elle, la presse a pratiquement passé cet incident sous silence... "

8.
Heureusement aussi, pour Eugène Sarkozy, que Franz-olivier Déontologiesbert efface de la photo ses misérables divagations: le rodomont de l'UMP sait du moins (comme nous) que si d'aventure il prend le pouvoir, il pourra compter sur des journalistes à sa mesure.

9.
Au reste, pas plus tard que ce matin, dans "Le Point", Franz-Olivier Déontologiesbert, dans un magnifique éditorial, confirme sa vocation, en déplorant que: "Après avoir tourné autour de grands sujets comme l'école, la campagne (ait) pris, depuis quelque temps des chemins de traverse".

Le professeur Déontologiesbert se désole: "On en (vient) à débattre entre ciel et terre de graves questions comme l'inné et l'acquis".

FOD s'inquiète: "Au train où vont les choses, c'est sûr, on va finir par évoquer le sexe des anges et les crottes de chien".

Pour Franz-Olivier Déontologiesbert, les tristes errements d'Eugène Sarkozy et les "crottes de chien" sont donc des sujets d'égale importance: le principal étant de se réserver, dans leur traitement, la possibilité de "rééquilibrer les choses plus tard"?

* Je ne saurais trop conseiller, sur cette affaire, la lecture de ce que révèlent cette semaine les galopins de chez www.bakchich.info, qui ne respectent rien.


Je vois que je ne suis pas le seul à apprécier Le Point...

11 avril 2007

Pénible...

Décidément en verve, le Petit champignacien illustré nous parle du recyclage des slogans :
Voilà la rumeur qui se précise : une révélation effroyable du Canard... Le slogan sarkozyen (Ensemble tout devient possible) avait été utilisé et déposé par la Société générale marocaine de banques en 1992 ! Mieux... c'est une filiale marocaine d'Euro-RSCG qui avait élaboré le slogan alors que l'un des publicitaires de Sarkozy est Jean-Marie Goudard, d'Euro-RSCG. On espère que l'UMP n'a pas payé trop cher pour un produit de seconde main et qu'elle n'aura pas trop d'ennuis judiciaires. Ce serait un comble de se retrouver en justice face à des polygames qui égorgent des moutons dans leurs baignoires (sans doute parce qu'ils ont une prédisposition génétique pour ça).

Sans autre commentaire...

10 avril 2007

Insécurité

C’est comme un de ces cauchemars qui reviennent toutes les nuits… la classe politique, avilie par ses compromissions avec les forces de l’argent et du totalitarisme (plutôt brun que rouge, ces derniers temps, même si les deux sont tout aussi nauséabonds) est repartie dans une campagne schizophrénique. C’est à celui qui promet le plus, qui ment le plus, qui caresse le plus l’électeur dans le sens de son poil hérissé par une presse qui, j’en suis désormais convaincu, roule essentiellement pour le fascisme. Les usagers des transports en commun se partagent entre la presse « gratuite » (Metro, 20 Minutes, Matin Plus) et l’ineffable Parisien libéré. Ce dernier présente un traitement exceptionnel des « faits divers ». Tout est bon pour fustiger les jeunes, forcément délinquants, le prétendu laxisme de la justice (certes illustré par la bienveillance dont a récemment bénéficié M. Jean Luc Delarue) qui encouragerait la récidive, la glorification de la petite entreprise individuelle où le moindre petit artisan méritant est porté aux nues alors même qu’il ne gagne pas la moitié du salaire d’un député… ou d'un avocat.

C’est vrai, je ne me sens plus en sécurité. Entre cette presse qui m’effraie, les propos racistes de M. Philippe de Villiers qui passent tels quels sous prétexte de campagne électorale, les journaux télévisés de TF1 où Jean Pierre Pernaut fait faire l’éloge du vote lepéniste par les piliers de bar de la France profonde, j’ai tout simplement peur pour notre démocratie, peur qu’elle bascule dans un nouveau vichysmo-gaullisme, comme entre 1940 et 1944, ou entre 1958 et 1974.

Je souhaite simplement me tromper… et que ce mauvais cauchemar s’achève dès le 22 avril, avec un second tour Bayrou-Royal, ou Voynet-Nuhous…

9 avril 2007

Machisme

Dans Libération d’aujourd’hui, Thomas Piketty, directeur d'études à l'EHESS, nous donne un éclairage particulier sur le traitement de l’économie dans la présente campagne électorale…

Ségolène Royal est une femme, donc nulle en économie ? Aussi grossier puisse-t-il paraître, ce syllogisme d'un autre âge pèse visiblement lourd dans les subconscients. A en juger par certaines réactions, nombre de commentateurs doctes et avisés ont manifestement du mal à aller au-delà de leurs préjugés machistes.

Les candidats masculins peuvent se permettre d'aligner les inepties économiques (Sarkozy) ou encore de revendiquer le vide de leur programme (Bayrou). Mais il suffit que la candidate Royal laisse un détail dans l'ombre pour que sa compétence économique soit immédiatement remise en cause. Prenons l'annonce faite par Sarkozy d'abaisser les impôts de 4 points de PIB (produit intérieur brut) au cours de son mandat. Promesse invraisemblable s'il en est, puisque même Margaret Thatcher, en dépit de ses coups de boutoir forcenés sur les dépenses publiques, n'est parvenu à les réduire que de 2 points en dix ans ! Qu'aurait-on entendu si Royal avait fait le même étalage de légèreté et d'ignorance des ordres de grandeur les plus élémentaires ? On pourrait multiplier les exemples. Le candidat UMP prétend vouloir revaloriser le travail tout en proposant de supprimer l'impôt sur la fortune acquise par héritage, et nombre de journalistes semblent hésiter à pointer cette évidente contradiction économique. De même, Sarkozy comme Bayrou semblent envisager une hausse de la TVA, en oubliant au passage que c'est ainsi que Chirac-Juppé avaient cassé la croissance en 1995, et que le moral des ménages français est plombé par la stagnation du pouvoir d'achat. Commise par la candidate, une telle erreur de diagnostic macroéconomique serait stigmatisée beaucoup plus durement.

Inversement, difficile de ne pas imputer au machisme économique ambiant la virulence des critiques adressées ces derniers jours au contrat première chance, proposé par Ségolène Royal. Et le fait que la conseillère sociale en charge du dossier ait également le mauvais goût d'être une femme (et inspiratrice d'excellentes propositions sur le service public de la petite enfance) n'a sans doute pas aidé. Que l'on reproche à ce nouveau contrat d'être encore incertain dans ses paramètres, passe encore. Il reste que la comparaison avec le CPE n'a aucun sens : alors que ce dernier concernait tous les jeunes et les mettait sous la coupe réglée des entreprises, le contrat première chance se concentre sur la petite minorité de jeunes sortis sans qualification du système éducatif et leur propose un parcours de formation en alternance. Surtout, tout laisse à penser que cette mesure ciblée aura un bien meilleur rendement économique que les nouveaux dispositifs d'exonérations de charges prônés par Sarkozy et Bayrou. L'exonération des heures supplémentaires défendue par le candidat UMP servira les insiders ayant déjà un emploi, mais sera par définition de peu d'utilité pour ceux qui en sont encore à chercher leur première heure de travail. Quand à l'exonération complète des charges pour deux emplois par entreprise, défendue par le candidat UDF, on croit rêver : applicable à toutes les entreprises quelle que soit leur taille et à tous les salariés quels que soient leur qualification et leur salaire, difficile d'imaginer un dispositif qui maximise à ce point les effets d'aubaine. Une entreprise passant de 520 à 522 salariés bénéficiera ainsi de la mesure à plein sans même s'en rendre compte. Par comparaison avec ces propositions, le contrat première chance de Royal est nettement moins coûteux et a l'immense mérite d'être beaucoup mieux ciblé et de se concentrer sur la population des jeunes sans qualification, auxquels les dispositifs actuels offrent peu d'opportunités pour reprendre le chemin de l'emploi et de la formation.

Plus généralement, la vérité est que Royal est la candidate la plus crédible pour s'attaquer au premier défi économique de la France, à savoir le déficit abyssal d'investissement dans la formation, la recherche et l'innovation. D'abord parce qu'elle est la seule à tenir les deux bouts de la chaîne en proposant à la fois de lutter contre l'échec scolaire à la racine (avec, enfin, un véritable ciblage des moyens en faveur des écoles défavorisées) et d'offrir au supérieur et à la recherche l'autonomie et la souplesse nécessaires pour figurer en bonne place dans la compétition internationale. Ensuite parce qu'elle est à la seule à pouvoir mener de concert ces réformes de structure tout en assumant l'indispensable hausse des moyens en faveur des universités (contrairement à son rival de droite, empêtré dans d'irréalistes promesses de baisses d'impôts). Avec son parcours et son programme, un candidat masculin aurait peu de chances d'être attaqué sur sa crédibilité technique. Sa victoire permettrait de sortir enfin du machisme économique hexagonal.

8 avril 2007

Au bord de la crise de nerfs

Un week-end de trois jours au vert, et me voilà sur le point de craquer… intérieurement cela va de soi, même si les signes extérieurs ne trompent pas : énervement, fatigue excessive, tronche de 2 km… Si j’ai accepté avec plaisir de passer quelques heures au volant pour amener ma petite famille un peu plus loin de la maison, c’est qu’en ce printemps post nouvel emploi en septembre, pas de congés, donc pas de vacances pour ces modèles pour piles alcalines que sont mes petits loups…

Un week-end pascal dans un gîte, loin du cadre de la maison, un planning assez chargé, et me voilà à la ramasse, épuisé au point de me coucher un dimanche soir à 21 heures, alors que la chambre est juste à côté du séjour où ma chérie fait de la résistance devant la télévision insipide. Surtout, pas un instant de répit, même dans nos visites, mon seul arrêt devant une vidéo intéressante a duré environ 2 minutes, interrompues par un « tu viens, les enfants sont déjà sortis… »

Il va de soi que mes faibles capacités communicantes sont encore en-dessous dans ces circonstances, alors qu’un simple dialogue aurait certainement suffi à recadrer les choses.

Heureusement, il y aura la semaine prochaine au travail, avec des échéances lourdes en termes de fin de projet, pour décompresser ;-(

7 avril 2007

Jeanne d'Arc super-héroïne ?

En ce week-end de repos, une saine lecture qui évidemment n'intéressera pas les zélateurs de la prétendue pucelle...

En fait, selon Oos (qui donne ses sources), elle a échappé au bûcher et s'est même mariée un peu plus tard. Je vous laisse aller lire sur ce blog atypique...

6 avril 2007

Sectes

Gare aux sectes...

Je me souviens d'un couple d'amis brisé par l'adhésion et le militantisme d'elle à Lutte Ouvrière, un prétendu parti politique qui va jusqu'à prôner l'abstinence ou le "retrait avant éjaculation" comme méthode de contraception. Pas étonné donc par la tête épanouie de la candidate de ladite secte à l'élection présidentielle... Vous ne me croyez pas ?

AFP 9 septembre 2003

[Texte intégral]

PARIS - Lutte Ouvrière (LO) a perdu mardi deux procès en diffamation qu'elle avait intentés devant le tribunal correctionnel de Paris à Libération et à l'Humanité pour l'avoir qualifiée de "secte". LO reprochait aux deux publications des articles du 27 mars 2002 intitulés "Le magot d'Arlette" dans l'Humanité, "Larmes de Laguiller" dans Libération, et réclamait à chacun 20.000 euros de dommages-intérêts.

L'article de l'Humanité expliquait que LO disposait de plus de 3 millions d'euros d'avoirs et déduisait que "cette secte" tenait donc un "double discours" à ses membres.

Le tribunal a jugé que le propos portant sur le patrimoine n'était pas diffamatoire puisque la détention de tels avoirs n'est pas contraire à la loi ni à la morale. Il a ajouté que le terme "double discours" était une "appréciation critique" du journaliste, non punissable, et que le mot "secte", employé seul, sans référence à des pratiques moralement ou pénalement condamnables, n'était pas non plus diffamatoire.

L'article de Libération, faisant état d'un fonctionnement sectaire, a en revanche été jugé diffamatoire mais les auteurs ont bénéficié de l'excuse de la bonne foi car ils se fondaient sur les éléments recueillis en 1998 lors d'une enquête qualifiée par le tribunal de "travail sérieux". Cette enquête, publiée le 30 mai 1998 dans Libération, avait révélé des pratiques dignes d'une secte, explique le jugement, et LO avait perdu le 25 juin 1999 un procès engagé alors.

Plus grave, le soutien apporté à l'une des pires par un candidat aujourd'hui encore en tête des sondages. Merci à Fanette de nous rappeler ce danger. Pris ici :

Sarkozy, Tom Cruise et la scientologie

En août 2004, la rencontre entre l'acteur américain représentant de la Scientologie et Nicolas Sarkozy, alors ministre des finances, avait fait tiquer. Les associations anti-sectes ont protesté contre cette reconnaissance symbolique qui ne dit pas son nom. Mais l'entourage de Nicolas Sarkozy avait défendu l'entrevue en jurant qu'il n'avait été question que de «Cinéma et relations franco-américaines.»

Depuis, les spécialistes du discours sectaire, qui connaissent la force de lobbying exerçée par la Scientologie sur le parlement français, auprès de qui elle espéère se faire reconnaître comme "nouveau mouvement religieux" et sortir de la liste noire sur laquelle la mise la commission Vivien, ont tiqué en lisant le livre du ministre : "La République, les religions, la République, l'espérance". Son dernier chapitre porte en effet sur les sectes, envers qui Nicolas Sarkozy se montre clément. Il invite même à la reconnaissance des "nouveaux mouvements spirituels". On savait que l'homme aimait le modèle anglo-saxon, en économie comme en matière de laïcité, mais tout de même, voilà une déclaration d'intentation qui ravie forcément la scientologie et l'ami Tom Cruise. Mais puisqu'ils n'ont parlé que de cinéma...

Pardon. Dans une conférence de presse donnée vendredi matin à Paris, l'acteur a contredit le ministre de l'Intérieur sur leur rencontre du 30 août. «Nous avons parlé de tout, de scientologie, de cinéma, de vie familiale», a déclaré l'Américain en évoquant son passage éclair à Bercy. «Je suis très fier d'être scientologue, c'est ma philosophie religieuse, cela fait vingt ans que je le suis et cela m'a aidé de nombreuses fois», a réaffirmé sans complexe l'acteur qui a reçu la médaille du citoyen d'honneur de la ville des mains du maire Jean-Claude Gaudin (UMP), spécialiste du clientélisme religieux.

«Tom Cruise est le plus prosélyte des membres de l'Eglise de scientologie», rappelle la députée socialiste Catherine Picard, présidente de l'Union nationale des associations de défense des familles et de l'individu (Unadfi, association de défense des victimes de sectes). «Il tente de la légitimer à toutes ses apparitions.» Ce qui rend assez inquiétant ses nombreuses amitiés politiques.

Une inquiétude relayée par Gilles Wallon dans Libération : "La «sortie» cruisienne de vendredi matin rappelle aussi la piste évoquée il y a deux semaines par l'émission de Canal + 90 Minutes. Pour celle-ci, le premier passage à l'Intérieur de Nicolas Sarkozy s'était distingué par une baisse de la surveillance des actions de l'Eglise de scientologie, allant même jusqu'à la mise à l'écart d'un policier chargé du dossier. Une accusation que l'entourage du ministre a toujours formellement démentie".

Caroline Fourest

dimanche 19 juin 2005


5 avril 2007

Nuit gravement à la santé...

Christian Lehmann nous le dit et nous le prouve :
FRANCHISE MEDICALE: LE DOUBLE DISCOURS DE NICOLAS SARKOZY

« franchise : n.f. 1. qualité d’une personne franche, sincérité, droiture ; 2. clause d’une assurance qui fixe une somme forfaitaire restant à la charge de l’assuré »

Mai 2004. Sur le plateau de « Cent minutes pour convaincre », le spectre d’une franchise sur les remboursements de soins est pour la première fois agité devant les Français. Et c’est Philippe Douste-Blazy, venu vanter sa réforme de la dernière chance, qui, dans son style inimitable, fait rempart de son corps pour sauver la protection sociale à la française de cette menace : « des gens…nous envoient des mails et…disent, “ Ce n’est pas compliqué, faisons une franchise…les 100, ou 200, ou 300 premiers euros par personne, vous les payez, après ça sera l’Assurance maladie ”. Ça…je le refuse… parce que c’est comptable, c’est injuste parce qu’on ne peut pas faire payer de la même manière celui qui a un gros salaire, que celui qui est au SMIC, le système changera, ce ne sera plus le système de l’assurance maladie que l’on connaît »(1)

Si par pudeur le Ministre de la Santé de l’époque gardait la discrétion sur l’anonyme spammeur qui lui envoyait des mails en ce sens, ce secret était un secret de Polichinelle. L’homme qui enjoignait alors Philippe Douste-Blazy de prendre des mesures drastiques n’était autre que son homologue des Finances, Nicolas Sarkozy, lequel dès 2001, dans « Libre », écrivait : « Je crois utile qu’un système de franchise soit mis en place comme pour tout processus d’assurance. Ainsi les 500 premiers francs (76,22 €) de dépenses de santé annuelles des assurés sociaux ne seraient pas remboursés, afin de responsabiliser ceux-ci.” (2)

« Responsabiliser les assurés »… Ce vieux dogme néolibéral qui tente de reporter la faute du déficit sur des assurés sociaux infantiles au comportement irresponsable, et des médecins laxistes, complices, sans jamais interroger l’équation financière de la protection sociale, de plus en plus déficitaire au fur et à mesure que s’amenuisent les revenus du travail au profit des revenus spéculatifs.

« Responsabiliser les assurés », ce fut l’axe principal de la réforme Douste-Blazy, dont on voit bien aujourd’hui, lorsque ce vaillant défenseur de la protection sociale vient faire la claque aux meetings de son nouveau leader, qu’avec sa franchise de 1 euro sur les consultations et les actes de biologie médicale ( à hauteur de 50 euros annuels), il n’a fait que mettre le pied à l’étrier à la franchise Sarkozy à laquelle il prétendait barrer la route. Incohérence, quand tu nous tiens…

A la convention Santé de l’UMP (3) , en juin 2006, après l’habituel couplet sur les abus et les fraudes (parfait pour désespérer la population de la notion de solidarité), Nicolas Sarkozy pose LA question : « Nous parlons d’assurance maladie… Y a-t-il une seule assurance sans franchise ? » Escamotant habilement le mot « solidaire », il traite la protection sociale comme une simple question d’assurance commerciale. Mais se garde d’avancer un chiffre. Car la franchise sur les remboursements modifierait profondément le système de protection sociale. L’entourage néolibéral de l’homme qui cite Jaurès pour appliquer le programme de Thatcher le sait bien : un système de franchise « forfaitaire et acquittée chaque trimestre » aurait des effets dramatiques pour les patients aux faibles revenus, mais pas assez pauvres pour en être dispensés. Certains d’entre eux amputeraient leur train de vie modeste pour pouvoir accéder aux soins. D’autres tenteraient de les retarder, y renonceraient. Tous seraient fragilisés, et cette précarité dans le domaine fondamental qu’est la santé les rendrait plus « flexibles » encore.

Confrontés à la croissance des dépenses de santé, aucun pays européen ne s’est lancé dans un dispositif semblable, connaissant l’importance de la médecine de premier recours en terme de santé publique et de prévention. Notons cependant que Nicolas Sarkozy se garde bien de porter atteinte aux intérêts des firmes pharmaceutiques : la franchise ne s’appliquera pas au médicament, car, selon Nicolas Sarkozy « ça pénalise celui qui est très malade »(4). Pas de doute, la France conserverait sous Nicolas Sarkozy sa première place mondiale en terme de consommation pharmaceutique.

« Comment comprendre que le paiement d’une franchise soit insupportable dans le domaine de la santé alors qu’une charge de plusieurs centaines d’euros par an pour la téléphonie mobile ou l’abonnement Internet ne pose pas de question ? » pointe François Fillon (5), comparant sans vergogne la santé des malades à la téléphonie mobile, conformément au grand rêve de l’Organisation Mondiale du Commerce : « Un Peuple, un Empire, Un Hypermarché ». En Novembre 2006, présentant le projet de l’UMP, il précisera les détails du système envisagé : il s’agirait de remplacer « les forfaits mis en place ces dernières années » par une franchise annuelle de 50 à 100 euros, modulable.

Mais étrangement, devant le panel venu récemment l’interroger sur TF1, et 9 milllions de téléspectateurs, Nicolas Sarkozy livre un tout autre chiffre : sa franchise n’est plus de 100 euros, mais… représenterait seulement « les 5 ou 10 premiers euros de dépense de santé chaque année » (4) , puis, dans un autre entretien, « quelques centimes à quelques euros pour chaque acte ». (6)

C’est qu’entre-temps Xavier Bertrand, actuel Ministre de la Santé devenu porte-parole et « caution sociale » juppéiste du candidat qui cite Jaurès pour mieux masquer le programme de Thatcher, a fait remonter à Nicolas Sarkozy une note des fonctionnaires de la Direction de la Sécurité Sociale détaillant les « inconvénients socio-économiques » (7) de cette mesure, à savoir, que 27% de la population ne percevraient plus un centime de la Sécu chaque année ( tout en continuant à cotiser). Ceci « pourrait fragiliser l’adhésion à l’assurance-maladie obligatoire ». Mais n’est-ce pas, de manière discrète, le but poursuivi de longue date par les néolibéraux, tandis que dans leur ombre les assurances attendent de relever « les défis des réformes à venir qui transformeront profondément l'intervention des acteurs complémentaires, notamment dans le domaine de la santé, pour jouer un rôle de premier plan dans l'amélioration des services de protection sociale.»(8)

Difficile dans ce contexte de pousser les feux, et Nicolas Sarkozy tente de minorer la franchise pour éviter un faux-pas électoral. Reste que depuis la réforme Douste-Blazy, les forfaits sur les soins se sont multipliés, augmentant le reste à charge de l’assuré. Remplacer ces forfaits par une franchise ne se conçoit que si celle-ci dépasse, et de loin, les « quelques centimes à quelques euros pour chaque acte » qu’avance maintenant prudemment Nicolas Sarkozy pour ne pas effrayer l’électeur. De même, il ne répète plus que : « Si les dépenses augmentent, et donc le déficit augmente, on pourrait alors augmenter le montant de la franchise. »(3) Philippe Douste-Blazy le disait dès 2004 : « Qu’est-ce qui se passe quand il y a une franchise de 200 euros ? Eh bien vous avez tout de suite des gens pour vous dire, moi je vous les paie, les assureurs, c’est un système que je ne veux pas, en tout cas je ne resterais pas dans ce système politique si vraiment on perd le système de la protection sociale. »(1)

Sans attendre ( ne rêvons pas) que l’ancien Ministre de la Santé mette ses actes en concordance avec ses paroles, patients et professionnels de santé doivent se mobiliser, et apprendre à se méfier de la franchise à géométrie variable de Nicolas Sarkozy.

__Christian Lehmann est médecin généraliste et écrivain. Dernier ouvrage : « Les Fossoyeurs… Notre santé les intéresse », éditions PRIVE, février 2007.__

(1)« Cent Minutes pour convaincre : Il faut sauver la Sécurité sociale », émission diffusée sur France 2, le 17 Mai 2004, invité : Philippe Douste-Blazy, ministre de la Santé et des Affaires sociales.

(2) « Libre », Nicolas Sarkozy, éditeur Robert Laffont, 2001.

(3) http://www.viewontv.com/ump/convention_270606/index.php: discours de Nicolas Sarkozy, président de l’UMP, ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur et de l’aménagement du territoire, Paris, le 27 Juin 2006.

(4) « J’ai une question à vous poser », émission diffusée sur TF1 le 05 Février 2007, invité : Nicolas Sarkozy, candidat de l’UMP à la présidentielle 2007.

(5) : http://www.blog-fillon.com/archive-06-27-2006.html

(6) Le Quotidien du Médecin, 9 Février 2007

(7) « Les experts de la Santé enfoncent le projet de l’UMP pour la Sécu », Le Canard Enchaîné, Alain Guédé, le 31 Janvier 2007

(8) Guillaume Sarkozy, président de Mederic, lors de sa prise de fonction de Délégué Général, le 1 Septembre 2006, www.mederic.com

Vous allez finir par me dire que trop d'arguments...

4 avril 2007

Comment mincir à Maincy ?

Trouvé ici : http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/societe/20070404.OBS0503/des_enfants_de_maternelleau_pain_sec_et_a_leau.html

Les élèves de maternelle, dont neuf ont dû se contenter de pain et d'eau lundi au déjeuner parce que leurs parents n'avaient pas payé la cantine, devraient tous pouvoir déjeuner normalement jeudi.

Illustration (Sipa)

Illustration (Sipa)

Les écoliers de Maincy, un village de Seine-et-Marne, dont neuf ont dû se contenter de pain et d'eau lundi au déjeuner parce que leurs parents n'avaient pas payé la cantine, devraient tous pouvoir déjeuner normalement jeudi 5 avril, a rassuré mercredi le maire du village.
"Aujourd'hui, mercredi, il n'y pas de cantine, mais pour le reste de la semaine il ne devrait pas y avoir de souci. Les parents qui n'avaient pas réservé les repas ont tous été appelés hier (mardi) pour qu'il n'y ait plus de problème", a affirmé Pascale Coffinet, maire sans étiquette de ce village de quelque 1.700 habitants.
Des sandwichs mardi midi
Lundi, neuf enfants de 3 à 6 ans de l'école maternelle du village avaient dû se nourrir de pain et d'eau, leurs parents ayant omis de payer d'avance leur repas, "ce qui vaut réservation", comme l'a expliqué Pascale Coffinet.
Mardi, cinq enfants de l'école primaire avaient dû manger des sandwichs achetés par une association de parents d'élèves pour la même raison.
"Les parents doivent réserver les repas au moins 48 heures à l'avance. Comment pouvons-nous savoir si les parents n'ont pas décidé de prendre huit jours de vacances et de garder leurs enfants avec eux ? Ce sont les parents qui ont abandonné leurs enfants, pas la mairie", a argué Pascale Coffinet.
Mot aux parents adressé en mars
Ce règlement, "qui existe depuis dix ans", avait été rappelé dans un mot adressé aux parents en mars. Mercredi, Ségolène Royale s'est élevée contre "l'exclusion honteuse" des neuf enfants, "victimes d'une situation dont ils ne sont pas responsables".
"Il est impensable qu'aujourd'hui de très jeunes enfants soient pris en otages et soient traités de cette façon traumatisante pour eux", a-t-elle estimé, dans un communiqué.
La candidate socialiste a demandé "que chaque situation soit traitée avec humanité et réaffirme le droit de chaque enfant à trouver dans l'école de la République la plus élémentaire des protections".
Notons en passant que les pigistes du Nouvel Obs n'ont pas de relecteur. Royal(e), non ?

Mise à jour : il semblerait que la mairie en ait eu assez de parents ayant les moyens de payer mais faisant traîner... beaucoup (Mme Leerdammer, moi-même...) auraient réagi trop vite... quand on vous dit qu'internet raconte n'importe quoi, c'en est une preuve de plus... Voyez aussi www.u-m-p.org...

3 avril 2007

Sans parole

La société française n'est pas faite que de menteurs et de fraudeurs (non paiement des cotisations sociales, évasion fiscale, et j'en passe...) Moussu Desiderio nous parle de son métier sur son Champignacien illustré. Chapeau bas.

Une France sans parole

Ils sont très polis et souriants, ils vous disent bonjour spontanément et viennent vous demander qui vous êtes même si vous ne les avez pas en cours. Je me fais parfois traiter de croque-mort parce que je viens en costume noir, mais l'idée de la violence est absente, ce sont juste des mots qui partent sans qu'ils en voient la portée. Ils s'envoient des vacheries entre eux durant les cours et se lancent des insultes, mais cela ne dégénère pas puisque ces insultes sont acceptées par les autres et appartiennent à un système de convention. On tente alors de leur dire que cela ne se fait pas et que ce serait mal vu ailleurs, dans le monde du travail ou face à des gens qui ne les connaissent pas. On ne peut pas les arrêter quand ils sont pris par des rires sans raison ou qu'ils ont subitement une association d'esprit sans rapport avec le cours, il faut juste attendre que cela passe et puis reposer le cadre. En revanche, ce genre d'insultes proférées dans la cour peut revenir tout d'un coup en classe sans aucun motif : le nouveau qui a été embêté par des élèves d'autres classes en vient à dire que je le méprise, puis il accuse tous les professeurs qui s'en fichent et passent leur chemin, les profs qui sont tous des feignants, il cite des phrases qui ne sont pas de lui, et je ne comprends pas son discours qui intervient de manière intempestive et discontinue, par accès plusieurs fois durant l'heure. Puis, je parle avec les autres élèves, il a été accepté dans la classe et secondé par ses camarades, mais d'autres dans la cour ou dans l'internat doivent le bousculer verbalement sans qu'il y ait le même accord pour les vannes que s'envoient les autres élèves, cela se confirme lors de la réunion du soir où on parle des deux triublions qui l'ont harcelé selon sa perception. Et cela surgit en cours comme une parole forte et violente face à l'exercice, mais vite interrompue, parce qu'il ne peut pas mettre tous les mots sur les choses, parce qu'il est passé à une autre idée en l'absence de réaction. Et il faudrait en reparler avec lui, pour lui dire que l'on ne s'en fiche pas, qu'on le regarde, qu'on l'a écouté, qu'on se rappelle de ce moment et que lui peut avoir aussi la mémoire de ce nouveau moment. Ce sont des handicapés mentaux, ce sont mes élèves. Juste des gens qui ont besoin d'un regard et d'une écoute avec patience pour qu'on puisse leur donner un cadre de vie et de pensée. Une France de la misère dont j'avais déjà l'idée et quelques aperçus, mais avec laquelle je n'avais pas encore vécu. Une France sans parole.

Bilan

On peut parler de peuple, s'appuyer sur des citations d'hommes de gauche, claironner que "les gens sont exaspérés", on a quand même un historique, un bilan. Et s'il est un domaine où il peut paraître terrifiant, c'est le suivant.
(Je précise que je ne partage pas toutes les idées de ce groupe, mais que cette analyse est ô combien précise).

2002-2007 : 5 ans de Sarkozy, Nous ne survivrons pas à 5 années de plus

vendredi 30 mars 2007, par Act Up-Paris

« Quel rapport entre le bilan de Nicolas Sarkozy au gouvernement et la lutte contre le sida ? ». Quiconque ne connaît pas le terrain du combat face à la pandémie pourrait se poser la question. Pour nous, malades du sida, la réponse est pourtant simple : En cinq ans de pouvoir, les personnes que Nicolas Sarkozy n’a cessé de stigmatiser sont aussi celles qui sont les plus exposées au sida : prostituéEs, droguéEs, jeunes, étrangèrEs, notamment. En désignant systématiquement ces personnes comme boucs émissaires, il a contribué à les éloigner un peu plus des structures de prévention, de dépistage ou d’accès aux soins.

Ministre de l’intérieur, Nicolas Sarkozy a construit ou renforcé un dispositif légal et réglementaire qui fait de la répression la seule solution à tous les problèmes, au détriment des impératifs de prévention, d’éducation, de santé et de solidarité. Quand il fixe par exemple l’interpellation des usagèrEs de drogue comme priorité, le ministère de l’intérieur sait que ces dernièrEs éviteront les lieux où l’on peut les reconnaître - à commencer par les structures de prévention et d’échange de seringues. Quand il organise l’arrestation massive de prostituéEs, il les condamne à travailler dans des lieux toujours plus isolés, loin des actions de prévention, plus exposéEs aux violences.

Ministre des finances, Nicolas Sarkozy a montré qu’il sacrifiait la santé à des impératifs budgétaires. Il a ainsi accompagné la réforme de la Sécurité sociale, qui a créé un impôt injuste sur la maladie et le handicap (le forfait non remboursable de 1 euro) et imposé aux personnes un parcours de soins contraignant. Il a milité pour le démantèlement de l’Aide Médicale d’Etat et remis en cause l’accès aux soins des malades sans-papierEs. Il a refusé d’augmenter de façon significative la contribution française à la lutte contre une pandémie qui tue 10 000 personnes par jour.

La lutte contre le sida est affaire de volonté politique. Nicolas Sarkozy y oppose d’autres impératifs : la démagogie sécuritaire, une volonté d’économiser l’argent public et de diminuer les impôts des plus riches en rognant sur des dispositifs vitaux, le refus de considérer les vies de toutes les personnes, même des plus précaires, même des plus exclues, sur un plan d’égalité.

Le bilan que nous traçons de ces cinq années de pouvoir le montre suffisamment : si Nicolas Sarkozy était réélu, nous, malades du sida, minorités, précaires, excluEs, n’y survivrions pas.

Droit au séjour des étrangèrEs malades

Concernant les étrangèrEs atteintEs de pathologies graves, la loi française prévoit deux dispositions : l’inexpulsabilité des personnes sans-papier et la délivrance de plein droit d’une carte de séjour temporaire pour celles et ceux dont l’état de santé nécessité une prise en charge médicale, dont le défaut pourrait entraîner « des conséquences d’une exceptionnelle gravité », et qui ne pourraient « effectivement bénéficier » d’un traitement dans leur pays d’origine. Nicolas Sarkozy n’a eu de cesse de chercher à restreindre cette protection juridique, faisant courir le soupçon systématique de fraude chez les étrangèrEs malades.

Positions publiques et décisions

Avec deux lois sur l’immigration en moins de 3 ans, des textes réglementaires innombrables, des prises de position publiques tout aussi massives, les étrangèrEs et leurs droits ont été une cible de choix pour Nicolas Sarkozy. Les malades n’y ont pas échappé :

Nicolas Sarkozy et sa garde rapprochée ont sans arrêt dénoncé le soi-disant détournement du titre de séjour pour raisons médicales [1]. À l’appui de cette thèse fantasmatique, il cite les chiffres des demandes et des titres obtenus : 18 572 demandes en 2005. Il oublie simplement de préciser que ces données cumulent les nouvelles demandes et les demandes de renouvellement. Or, depuis la loi Sarkozy de novembre 2003, les étrangèrEs malades n’ont plus droit à une carte de dix ans. Ils et elles sont donc condamnéEs à renouveler annuellement leur titre de séjour, ce qui gonfle les chiffres d’autant. Une analyse honnête comparerait les chiffres des seules premières demandes. Ce détournement des indicateurs est révélateur des pratiques malhonnêtes de Nicolas Sarkozy, et de sa volonté de faire passer les étrangèrEs pour des fraudeurSEs.

Ces positions publiques incitent immédiatement les préfectures à faire du chiffre et à contourner la loi pour refuser à des malades un titre de séjour : rupture du secret médical, délivrance abusive et répétée d’autorisations provisoires de séjour (APS, qui n’autorisent pas l’accès à un revenu ou un emploi), refus abusif de délivrance d’un titre, etc. Entre 2003 et 2006, le COMEDE a par exemple observé que plus de la moitié de leur recours contentieux sur ces refus de titre de séjour pour raison médicale ont donné raison aux demandeurSEs. C’est bien la preuve que les pratiques des préfectures sont totalement infondées.

Nicolas Sarkozy a voulu à de nombreuses reprises modifier la protection des malades étrangèrEs : circulaire de janvier 2003, amendement Mariani dans le projet de loi discuté en 2003, projet de loi que nous avons rendu public en janvier 2006 ; projet de circulaire de novembre 2006. Tout est bon pour chercher à restreindre les critères d’application du dispositif déjà existant. La plupart du temps, et dans l’urgence, Act Up-Paris et les associations de l’ODSE ont réussi à limiter les dégâts. Mais l’interprétation de plus en plus restrictive du droit au séjour des malades étrangèrEs, comme le démantèlement du droit au séjour général, et notamment l’impossibilité d’obtenir dans les faits une carte de séjour de 10 ans, affectent profondément la vie des personnes.

Conséquences sur le terrain

En 2004, une demande sur deux de titre de séjour pour raison médicale aboutissait contre 75 % en 2003. Les derniers chiffres produits par les associations font apparaître un taux d’accord de 42%.

Les conséquences d’un refus de première demande ou de renouvellement pour les personnes sont catastrophiques : impossibilité de trouver un emploi, d’obtenir le RMI ou l’AAH, maintien dans un système de couverture des soins totalement insuffisant (l’AME), logement stable impossible, etc. L’ODSE a publié des témoignages révélateurs. Les recours sont certes possibles, mais exigent un suivi de la part des associations, qui ne bénéficient pas de moyens supplémentaires pour cette surcharge de travail. D’où une profonde inégalité de traitement, entre les personnes qui sont soutenues par les associations, et les autres.

Enfin, depuis janvier 2007, trois personnes gravement malades ont été expulsées dans des pays où elles n’auront pas un accès effectif aux traitements dont elles ont besoin. Si de telles expulsions ne sont pas rares, celles-ci se distinguent par le fait que les médecins de l’administration s’étaient opposé à leur renvoi. Le ministère de l’intérieur, sollicité par les associations pour qu’il fasse appliquer la loi, a décidé de passer en force. Si ces personnes viennent à mourir, Nicolas Sarkozy en sera directement responsable.

De fait, Nicolas Sarkozy utilise les étrangèrEs comme boucs émissaires, sans aucun égard pour les conséquences sanitaires tragiques que sa politique entraîne.

La protection sociale des étrangèrEs sans papier

À cause des socialistes et du gouvernement Jospin, les sans-papièrEs n’ont pas droit à la Couverture médicale universelle (CMU). Ils et elles doivent se contenter d’une sous-protection, l’Aide Médicale d’Etat (l’AME). Depuis 5 ans, la droite n’a eu de cesse de s’attaquer à ce dispositif, Nicolas Sarkozy estime que c’est encore insuffisant.

Positions publiques et décisions

Comme ministre de l’intérieur, puis ministre des finances, il a accompagné de loin ce démantèlement, piloté par des parlementaires proches de lui, mais aussi par le ministère des affaires sociales. Depuis deux ans, il a multiplié les prises de position sur les « fraudes » et les « abus » du système qu’il appelle une nouvelle fois à réformer.

Le 30 juin 2005, il affirmait ainsi au Figaro : « Aujourd’hui, un étranger en situation irrégulière a plus de droits aux soins gratuits qu’un smicard qui paie ses cotisations ». Dans une conférence de presse du 11 janvier 2007, il prétendait : « [...] nous ne devons pas différer indéfiniment la réforme de l’aide médicale d’Etat. Il faut la réserver aux ressortissants étrangers vraiment nécessiteux. Il me paraîtrait tout à fait normal que les autres participent financièrement aux soins qui leur sont dispensés. ».

Or, l’AME est soumis à des conditions de ressources. Les étrangèrEs en situation irrégulière qui dépassent ce plafond ne peuvent disposer d’aucune prise en charge et doivent payer la totalité des frais des soins qui leur sont dispensés. Ce que Nicolas Sarkozy souhaite voir advenir existe donc déjà. De plus, comparer une situation administrative (sans papier) à une situation financière (smicard) est tout simplement aberrant. Ministre des finances, Nicolas Sarkozy avait toute latitude pour revaloriser le SMIC. Mais il préfère stigmatiser les étrangèrEs avec cette comparaison grotesque, fruit de la rhétorique lepéniste.

Ces déclarations le prouvent : soit Nicolas Sarkozy ne sait pas de quoi il parle ; soit il stigmatise sciemment les bénéficiaires de l’AME, ce qui fait de lui un démagogue xénophobe.

Conséquences sur le terrain

À la fin du premier semestre 2005, selon les propres chiffres du ministère de l’intérieur, il y avait entre 200 000 et 400 000 sans-papièrEs en France, et seulement 148 000 bénéficiaires de l’AME. Ce sont donc entre 52 000 et 252 000 personnes qui n’avaient pas de protection sociale. Comment Nicolas Sarkozy ose-t-il parler d’un détournement de l’AME (cf. Le Figaro), alors que le véritable scandale, c’est que des dizaines de milliers de personnes n’ont pas accès aux soins ?

La mise en place des nouvelles dispositions sur l’AME a eu pour effet une baisse du nombre de bénéficiaire du dispositif, notamment pour l’année 2004 et début 2005 ; puis une nouvelle augmentation à partir de la fin 2005. Cette évolution montre que les conditions restrictives d’accès à l’AME n’ont pas fait sortir de prétenduEs fraudeurSEs, mais retardent encore plus l’entrée dans le dispositif.

Cela a des conséquences dramatiques sur les vies des personnes et sur la santé publique. La restriction de l’AME, ses difficultés d’accès obligent les personnes à ne recourir au système de soins que pour les problèmes les plus graves. La prévention et le dépistage du sida sont rendus impossibles ou retardés.

Si aucune donnée n’existe en France sur le retard au dépistage chez les sans-papièrEs, il est possible de s’en faire une idée à partir des données fournies par l’Institut national de Veille Sanitaire (InVS). Parmi les personnes françaises chez qui l’on a diagnostiqué un sida, donc une phase très avancée de l’infection à VIH, 1/3 d’entre elles ignoraient leur séropositivité, ce qui est déjà une proportion importante ; chez les ressortissantEs d’Afrique sub-saharienne, cette proportion est d’environ 2/3.

Ces données ont amené les expertEs chargéEs par le ministère de la santé d’établir les recommandations pour la prise en charge du sida et à demander, comme nous, l’intégration des sans-papièrEs à la CMU. Ce qui sera impossible si Nicolas Sarkozy est élu.

Prostitution

L’application de la loi sur la Sécurité intérieure précarise les prostituéEs, les expose à encore plus de violences, les éloigne des structures de prévention et de dépistage, et bloque le travail des associations.

Positions publiques et décisions

Officiellement, Nicolas Sarkozy prétend vouloir protéger les prostituéEs et démanteler les réseaux de proxénètes. Mais son but est avant tout de répondre aux demandes des riverainEs de lieux de prostitution et de « nettoyer » les lieux, comme si les prostituéEs étaient des déchets.

Dès le lendemain de sa nomination comme ministre de l’intérieur, en mai 2002, Nicolas Sarkozy s’affiche au cours d’une descente de police sur un lieu de prostitution de la périphérie parisienne. Le ton est donné : de nombreuses villes, dont des mairies socialistes, anticipent les mesures légales que le ministre de l’intérieur entend prendre et rédigent des arrêtés municipaux contre les prostituéEs .

Le terrain est donc déjà prêt quand la loi n°2003-239 du 18 mars 2003, sur la Sécurité intérieure, dite LSI, est proclamée. Le chapitre 8 du texte prévoit la mise en place d’un nouveau délit, le racolage, volontairement flou, passible de deux mois de prison et de 3 750 euros d’amende. Le texte exerce par ailleurs un véritable chantage sur les prostituéEs sans-papiers, à qui l’on promet un titre de séjour si elles et ils dénoncent unE éventuelLE proxénète. Pour la première fois depuis le régime de Vichy, l’octroi d’un droit est conditionné à de la délation.

Cela n’est pas suffisant pour Nicolas Sarkozy. Le 26 septembre 2003, alors qu’il a réuni les préfetEs, il affirme : « Il faut donc être décomplexé et agir beaucoup plus vigoureusement. » ; « Outre la procédure judiciaire, continue-t-il, la loi ouvre une procédure administrative qui permet au préfet de retirer aux prostituées étrangères leur carte de séjour temporaire et de les reconduire à la frontière, et cela indépendamment des éventuelles poursuites judiciaires. ». Cela est clarifié dans une circulaire datée du 22 octobre 2003 : « s’agissant du racolage, même dans l’hypothèse où il y aurait une procédure [judiciaire] en cours, [le ministre] demande [aux préfets] de poursuivre l’éloignement jusqu’à son terme ». Bref, Nicolas Sarkozy demande de court-circuiter la procédure judiciaire en cours et d’expulser les personnes avant qu’elles n’aient pu se défendre devant un juge, avec unE avocatE. Pourquoi s’encombrer de droits superflus ?

Un tel dispositif était suffisamment répressif. Nicolas Sarkozy n’a guère eu besoin ensuite de le consolider. Tout juste s’est-il contenté de quelques prises de position publiques sur le sujet, se félicitant de la lutte contre les réseaux. La réalité de terrain est tout autre

Conséquences sur le terrain

Arrestations

En matière d’arrestation, les chiffres sont affolants, dès les premiers jours de l’application de la loi. À Paris, 103 dossiers étaient instruits au 21 mai 2003 ; 15 personnes étaient déjà reconduites à la frontière, et 26 sous le coup d’un arrêté de reconduite.

En novembre 2004, l’association toulousaine Grisélidis lance une pétition et indique dans son communiqué que dans la nuit du 23 au 24 novembre 2004, 34 femmes ont été arrêtées. Le suivi juridique et administratif occupe tout le temps des salariéEs de l’association, au détriment d’autres activités essentielles. Elle rappelle que son « travail de prévention ne peut résister à toute cette violence institutionnalisée, à l’insécurité physique et psychique, à la clandestinité, à l’humiliation et à la dévalorisation de soi, incompatibles avec le souci de protection de soi et des autres, et avec un projet de vie. Comment ne pas constater depuis deux ans les conséquences désastreuses de ces persécutions ? ».

En 2006, l’association Cabiria fait les comptes à Lyon : trois ans après, il y a eu 400 arrestations de prostituéEs par an dans la ville. Mais en 2005, on n’a compté que 224 procès . Qu’est-il arrivé aux personnes arrêtées, mais non jugées, et notamment les sans-papièrEs ?

Conséquences sanitaires

Le flou de la définition du délit de racolage autorise tous les abus. Au cours de rafles, des personnes se voient confisquer leurs préservatifs ; d’autres sont arrêtées parce qu’elles ont des capotes sur elles. Grâce à Nicolas Sarkozy, un outil de prévention devient une bonne raison pour arrêter une personne. Comment, dès lors, se protéger et protéger ses clients ?

Des forces de l’ordre attendent des prostituéEs à la sortie des bus de prévention, dont le travail est ainsi invalidé. Le blanc-seing accordé aux forces de l’ordre autorise toutes les violences, tous les chantages : obligation de faire le ménage gratuitement dans le commissariat, viol en réunion, etc.

Le harcèlement policier oblige les prostituéEs à travailler ailleurs : dans des lieux plus éloignés, par internet, en intérieur (salons, sex-shops, etc.) : autant de lieux où elles n’auront plus accès aux services fournis par les associations, et où elles seront encore plus exposées à des violences.

Nicolas Sarkozy est directement responsable de la catastrophe sanitaire qui touche les prostituéEs et leurs clients.

Usages de drogues et réduction des risques

Alors que la réduction des risques a progressivement trouvé une reconnaissance institutionnelle, et montré tout son intérêt en matière de santé et de droits des personnes, le ministre de l’intérieur n’a eu de cesse de la menacer par une politique sécuritaire particulièrement retorse et des positions sur les drogues aberrantes et dangereuses.

Positions publiques et décisions

Dès son arrivée, il créait les GIR (Groupes d’intervention régionaux) qui devront s’attaquer à l’économie parallèle. Au lendemain de sa nomination en juin 2002, il s’affiche devant les caméras aux côtés de forces de l’ordre intervenant sur un lieu de consommation de drogues.

Ce geste symbolique sera relayé par de nombreuses déclarations va-t-en guerre. Le 24 avril 2003, par exemple, devant le Sénat, il proposait que soit confié les actions de prévention de l’usage de drogues aux forces de l’ordre, et non plus au tissu associatif, stigmatisant « l’épidémie de consommation » et appelant à « plus de sévérité à l’égard des consommateurs ».

Ainsi, Nicolas Sarkozy n’a pas besoin de renforcer l’arsenal juridique et réglementaire réprimant l’usage de drogue. Ses déclarations suffisent à renforcer une culture du résultat dénoncé par les policièrEs même, comme en témoigne cette réaction d’un policier lyonnais spécialisé dans les stups : « T’attrapes le premier gamin par les pieds, tu le secoues et les bouts de chichon tombent. Tu l’embarques pour un gramme, ça te fait une procédure et une affaire résolue » [2]. On comprend comment le ministre peut ensuite agiter le chiffre d’une consommation en hausse.

Enfin, Nicolas Sarkozy refuse tout débat sur la question des drogues, tout point de vue qui prendrait en compte le plaisir des usagerEs, les recherches scientifiques ou l’intérêt de la santé publique. En juin 2006, il stigmatisait ceux qui présentent l’usage de drogues comme une liberté, thèse qui révèle selon lui le « conformisme de la pensée, la lâcheté du comportement qui va finir par devenir de la complicité ». « Assimiler le vin ou le tabac à la drogue est une erreur », déclare-t-il par exemple le 28 févier dernier. Inversement, il s’est récemment dit prêt à légaliser la publicité sur le vin « produit du terroir », qu’il ne faudrait pas « stigmatiser ».

Conséquences sur le terrain

En 2001, il y a eu 71 667 interpellations pour Infraction à la Législation sur les Stupéfiants. Ce chiffre est passé à 101 047 en 2005. Ce nombre s’est certes stabilisé entre 2004 et 2005, et il ne nous renseigne pas sur les procédures judiciaires éventuelles qui ont pu en découler. Mais il témoigne d’une réelle volonté de harceler les usagèrEs de drogues, dénoncée par l’ensemble des acteurs et actrices de terrain.

La volonté de faire du chiffre incite en effet les forces de l’ordre à intervenir dans des lieux de consommation connus, où peuvent intervenir des associations, et près des structures d’accueil des usagèrEs de drogue. L’activité policière représente donc un frein réel au travail de prévention, de réduction des risques, d’aide et de soutien aux personnes. ChacunE a pu constater, par exemple, la baisse de consommation de seringues propres induites par la présence policière.

Ainsi, les avantages pratiques de la réduction des risques et son inscription dans la loi sont contrebalancés par une répression croissante.

Prison

La politique répressive de Nicolas Sarkozy et sa volonté de contrôle total du pouvoir judiciaire ont eu des conséquences directes sur la situation des détenuEs, notamment la situation sanitaire, et cela bien qu’il n’est pas été en charge de la justice. La prison est, pour lui, la seule réponse à tous les problèmes de société. Peu importe que les conditions de détention soient totalement indignes ou que l’incarcération soit incompatible avec la santé.

Positions publiques et décisions

Le 22 janvier 2007, Nicolas Sarkozy visite la prison pour femmes de Rennes. Il s’émeut alors des conditions d’incarcération et affirme qu’il y a « clairement un problème essentiel qui est celui de la présence dans les prisons de malades, il faut de toute urgence développer ce qu’on peut appeler l’hôpital-prison ». Or, les malades en prison devraient relever de la suspension de peine, cette mesure adoptée dans le cadre de la loi sur le droit des malades de 2002, et rendue célèbre par son premier bénéficiaire, Maurice Papon. L’oubli de cette disposition est révélateur de l’incapacité de Nicolas Sarkozy à promouvoir une loi quand elle évite aux personnes la prison. Le ministre de l’intérieur a toujours critiqué les mesures qui permettaient aux détenuEs de quitter l’incarcération.

Il y a beaucoup d’hypocrisie à s’émouvoir des conditions de détention quand on a passé 5 années de sa vie à créer de nouveaux délits [3] et à afficher une fermeté répressive à l’égard des étrangèrEs, des usagèrEs de drogues, des prostituéEs, des précaires, des contestataires - sans se soucier de leur état de santé. La répression carcérale est construite comme seul horizon au point d’avoir besoin ensuite d’un sous-ministère au programme immobilier de la justice.

Nicolas Sarkozy a passé 5 ans à court-circuiter la justice, à discréditer les juges et à les soumettre à la pression de l’opinion publique en stigmatisant leur supposé laxisme. Le 8 juin 2006, par exemple, il affirmait à propos des émeutes de l’automne 2005 : « Je n’ai pas trouvé admissible que (...) le tribunal pour enfants de Bobigny n’ait pas prononcé une seule décision d’emprisonnement. ». Peu importe que l’accusation soit fausse. Ce qui compte c’est de soumettre les juges à plus de pression pour qu’ils et elles aillent dans le sens de l’enfermement : stratégie particulièrement efficace auprès des juges d’application des peines (JAP), qui, entre autres tâches, ont à décider d’une suspension de peine.

Conséquences sur le terrain

Nicolas Sarkozy n’est pas le seul responsable de toute l’horreur carcérale. En matière de droit des malades, les ministres successifs de la santé et de la justice sont les premièrEs à avoir des comptes à rendre. Il n’en reste pas moins vrai que le rôle répressif de l’ancien ministre de l’intérieur a été déterminant dans la situation actuelle des prisons et la place qu’elles occupent dans notre société :

Une forte augmentation de la population carcérale dès la première année de mandat, avec une stabilisation ensuite : on passe de 56 385 détenuEs au 1er juillet 2002 à 60 963 au 1er juillet 2003 puis 60 925 en 2005.

Parallèlement le nombre de places augmente : 47 473 place au 1er juillet 2002, contre 51 312 au 1er juillet 2005. La logique est donc la suivante : on créée de nouveaux délits pour créer de nouvelles places de prison. On notera au passage que la surpopulation carcérale reste la règle. La création de nouvelles places de prison ne vise donc pas à « humaniser » les conditions de détention, mais bien à prolonger une politique répressive érigée en unique règle de société.

Le nombre d’entrantEs en prison chaque année ne cesse d’augmenter, signe que de plus en plus de personnes font, ou refont, l’expérience de la prison : 64 730 entrantEs et 63 132 sortantEs en 2001 ; 76 837 et 69 382 en 2002 ; 84 710 et 84 759 en 2004 ; 85 536 et 85 215 en 2005.

En 2006, 113 personnes en détention ont fait une demande de suspension de peine. Seulement 49 ont été accordées. Entre 120 et 130 personnes meurent chaque année en prison, en dehors des suicides [4].

« Avec les lois Perben et Sarkozy, les juges, poussés par ce qui apparaît la volonté générale, n’attendent plus de se trouver dans des circonstances exceptionnelles pour placer en détention. Ils choisissent d’autant plus volontiers l’incarcération qu’ils savent que les alternatives à l’emprisonnement ont été sacrifiées. (...) Dans cette affaire, la responsabilité politique est engagée. Les dirigeants qui, au mépris du respect dû à la personne humaine, entassent en pleine connaissance de cause des personnes vulnérables dans des lieux où les conditions de vie sont indécentes auront à en répondre moralement, politiquement et, il faut l’espérer, légalement. »

Ce texte, extrait de la préface du rapport de l’Observatoire International des Prisons (OIP) date de 2003. Il est malheureusement plus que d’actualité. La réalité carcérale d’aujourd’hui, son mépris pour les malades et les minorités, nous donnent une idée précise de ce qui nous attend si Nicolas Sarkozy est élu à la Présidence de la République.

Droits des LGBT (Lesbienne Gay Bi Trans’)

Nicolas Sarkozy essaie de masquer son homophobie et sa transphobie. Mais son bilan le trahit. Les timides progrès envers les homosexuelLEs sont contrebalancés par une indifférence totale envers les trans, le refus d’assurer l’ égalité des droits entre homos et hétéros et une lâcheté complice envers Christian Vanneste, et les auteurEs de propos haineux dont il s’est entouré.

Un bilan qui cautionne les inégalités et les discriminations

Le 29 septembre 2004, dans le cadre des discussions parlementaires sur le budget 2005, Nicolas Sarkozy, alors ministre des finances, annonce les mesures fiscales visant à améliorer le PaCS, dont la suppression du délai de 3 ans pour que les couples pacsés puissent bénéficier d’une déclaration commune. Mais il ne va pas jusqu’au bout de cette logique : la fiscalité sur la succession reste inchangée, sanctionnant encore l’infériorité des couples homosexuels, qui ne peuvent prétendre qu’au PaCS.

Dès lors, les améliorations apportées à cette époque n’expriment pas une volonté réelle d’en finir avec les inégalités ; elles sont surtout destinées à faire taire les critiques contre le PaCS sur lesquelles s’appuient les revendications des associations LGBT en faveur du mariage ou de l’adoption. C’est en effet ce même jour que Nicolas Sarkozy rappelle qu’il n’est « pas favorable au mariage des homosexuels, parce que le mariage est une institution pour les enfants et que je ne suis pas favorable à l’adoption ». Pour quelles raisons Nicolas Sarkozy pense-t-il que les homosexuelLEs sont incapables d’élever des enfants - alors que les familles homoparentales existent ? Le ministre ne le dit pas.

Quand on le met face à ses contradictions, il s’énerve : « Je n’accepte pas qu’on me dise homophobe parce que je refuse l’adoption par les couples homosexuels » affirmait le candidat UMP sur TF1 le 5 février 2007. Mais qu’est-ce que l’homophobie, si ce n’est un ensemble de discours et de pratiques qui visent à inférioriser les gays et les lesbiennes ?

Les injures homophobes et transphobes tolérées

C’est donc avec beaucoup de réserves qu’il faut lire le bilan du candidat UMP. Certes la loi sur la Sécurité intérieure a intégré en 2003 l’homophobie comme circonstance aggravante de crimes, mais elle n’a rien prévu pour la transphobie. Certes, la majorité UMP a voté la loi qui crée la Halde et pénalise les injures homophobes. Mais, d’une part les trans’ sont oubliéEs de ces avancées, malgré les revendications associatives ; et d’autre part, Nicolas Sarkozy s’est très peu investi dans ce combat. Le président de l’UMP refuse de tirer les leçons de la pénalisation des injures homophobes en excluant Christian Vanneste, condamné en appel le 25 janvier 2007, et en le laissant se présenter sous l’étiquette UMP aux législatives. Il vide ainsi la loi de toute sa substance en tolérant de tels propos. Mais quoi d’étonnant de la part du responsable d’un parti qui n’a jamais cru bon de s’excuser pour les propos de parlementaires comme Pierre Lellouche ou Christine Boutin, et qui a même jugé bon de s’en entourer pour sa campagne ?

programme homophobe et transphobe

Depuis le printemps 2004, tous les partis de gauche sont favorables à l’ouverture du mariage et de l’adoption pour les couples de gays et de lesbiennes, ainsi que l’insémination artificielle pour ces dernières. Depuis l’hiver 2006, tous les partis de gauche sont favorables à la dépsychiatrisation des trans’ et un changement d’état civil facilité.

Le programme de Nicolas Sarkozy refuse aux couples homosexuels le mariage et l’adoption, aux couples de lesbiennes l’insémination artificielle. Il n’évoque même pas les réalités des personnes transgenres.

Il n’y a pas à discuter : Nicolas Sarkozy est homophobe et transphobe.

Solidarité nationale et internationale

Comme pour toute guerre, le nerf de la lutte contre le sida est l’argent. La répartition des richesses, notamment auprès des plus malades, et les moyens accordés au combat contre la pandémie sont des éléments déterminants. La politique ouvertement libérale, égoïste et clientéliste de Nicolas Sarkozy est totalement contraire à l’intérêt des malades, en France et dans le monde.

En France

Ministre des finances, Nicolas Sarkozy a co-piloté la réforme de la Sécurité sociale. C’est notamment lui qui a voulu la mise en place du forfait non remboursable de 1 euro sur chaque consultation médicale, qui est un véritable impôt sur l’état de santé : plus vous êtes malade, plus vous avez besoin de voir votre médecin, plus vous devez payer. « Responsabiliser » les patientEs, pour Nicolas Sarkozy, c’est donc les faire payer, même si elles et ils sont très malades et précaires. Le candidat UMP a d’ailleurs promis de démanteler un peu plus le système solidaire de la Sécurité sociale : « Il faut instaurer une franchise modeste par famille, et pas par individu, sur les premiers euros de dépenses annuelles en consultations médicales ou en examens biologiques. » [5] .

Nicolas Sarkozy veut par ailleurs priver les malades précaires de tout revenu. Lors de son discours d’investiture, le 14 janvier 2007, il déclarait : « Je propose qu’aucun minimum social ne soit accordé sans la contrepartie d’une activité d’intérêt général. » . Ainsi, les personnes qui touchent l’Allocation adulte handicapée, car elles sont incapables de travailler, devraient s’acquitter d’une activité d’intérêt général. Des malades, des handicapésE, réduitEs à la précarité, excluEs du monde du travail devraient rendre des comptes parce qu’ils et elles touchent une toute petite part de la solidarité nationale. Que souhaite Nicolas Sarkozy ? Que les personnes incapables de travailler meurent, afin qu’elles coûtent moins cher à la société ?

Il faut dire que la politique fiscale du candidat UMP n’est pas en faveur des plus précaires : réduction de l’ISF, diminution de l’impôt qui favorise les contribuables les plus riches, discours poujadiste concernant l’impôt sur le revenu, etc. Une telle politique fiscale n’est pas compatible avec des impératifs de solidarité envers les plus précaires et les plus malades. A terme, elle précarise aussi les personnes et les ménages moins modestes.

Dans le monde

Ministre des finances, Nicolas Sarkozy a refusé avec Jacques Chirac que la France, en 2004, tienne ses engagements en matière de contribution internationale à la lutte contre le sida. La politique fiscale et budgétaire qu’il promet pour la France n’est pas de celle qui permette un engagement réel en faveur des pays les plus pauvres.

Nicolas Sarkozy se moque de l’impact du sida dans les pays du Sud. Son programme présidentiel n’annonce rien de concret, tant en matière de financement, que de soutien à ces pays qui auraient recours aux génériques. Lors de ses voyages internationaux, il n’a jamais parlé de la pandémie, qui tue pourtant 10 000 personnes par jour. Son adhésion indéfectible à la politique américaine augure mal du rôle que la France pourrait jouer dans la lutte contre le sida, face à des Etats-Unis qui se sont engagés contre le préservatif et la circulation des génériques.

Conclusion

Le 5 mai 2002, au lendemain des présidentielles qui avaient vu la présence de Le Pen au second tour, nous écrivions : « Act Up-Paris avait appelé à voter Chirac après les résultats du 1er tour. Maintenant qu’il a été élu Président de la République, il se doit et il nous doit d’assurer la sécurité des minorités que nous représentons : les malades, les homosexuels, les étrangers, les usagers de drogues, les femmes, les prostitués. La première façon d’assurer la sécurité de ces minorités, c’est de ne pas nommer Nicolas Sarkozy dans son gouvernement. » .

Le 8 juin 2002, après un mois seulement de Nicolas Sarkozy au ministère de l’intérieur, nous l’affirmions : « La sécurité selon Sarkozy, ce n’est ni plus ni moins que notre insécurité » . Et de rappeler régulièrement qu’avec le ministre de l’intérieur : « Le Pen a gagné les élections » .

Notre affiche de décembre 2005, représentant Nicolas Sarkozy sous le slogan « Votez Le Pen » , n’avait rien de caricatural. Nommé par un gouvernement de droite, soumis à la pression du Front national, Nicolas Sarkozy avait le devoir de s’opposer à l’extrême-droite. Il a préféré appliquer la politique préconisée par Le Pen - notre dossier de presse le démontre aisément : la détérioration de nos conditions de vie, de l’accès aux soins, du dépistage ; la stigmatisation des populations les plus vulnérables ; l’expulsion en masse d’étrangèrEs ; l’incarcération des personnes désignées publiquement comme nuisibles.

Depuis 5 ans, nous n’avons cessé de nous battre, non pour gagner des choses utiles aux malades et à la lutte contre le sida, mais pour éviter d’en perdre. Eviter que des malades se fassent expulser dans des pays où ils et elles ne seront pas soignéEs ; éviter que les droguéEs ou les prostituéEs n’aient plus accès à la prévention, au dépistage, aux soins ou à des droits fondamentaux ; éviter que les plus précaires doivent payer pour leurs soins. Partout, dans tous ces combats, nous avons trouvé Nicolas Sarkozy CONTRE nous. Ses fantasmes répressifs, son incompétence, sa xénophobie, son homophobie, sa transphobie, sa politique fiscale et budgétaire, ses lois sécuritaires, ont été parmi les principaux obstacles à nos combats et à une politique de lutte contre le sida efficace.

La France de Nicolas Sarkozy favorise une classe privilégiée : le mâle, blanc, français, hétérosexuel, en bonne santé, sans handicap, riche, âgé de 30 à 60 ans, qui ne vit pas dans les banlieues. Toutes les autres personnes seront, un jour ou l’autre, touchées par sa politique. A celles et ceux que notre discours indiffère, parce qu’ils et elles n’y voient que la défense de minorités dans lesquelles ils et elles ne se reconnaissent pas, nous le répétons :

Nous avons survécu à 5 ans de Sarkozy,

Nous ne survivrons pas à 5 années supplémentaires.

Et vous non plus

Source : Act Up-Paris