24 mars 2008

Colonialisme ?

Finalement, c'est peut-être dans le sens inverse que cela se passe, si l'on en croit cet article de Congoplus :
Image de l\Doit-on admettre en France le grand pouvoir insoupçonné des chefs d'Etats africains ? L'Elysée n'aurait-il pas les mains libres face à ces encombrants "amis" africains de la France ? En tout cas une chose est sûre, on ne soupçonne pas souvent l'immense pouvoir dont disposent certains chefs d'Etats africains. Eh oui, la Françafrique a ses revers, et ceux-ci peuvent être aussi dangereux pour la France que ne le sont ses réseaux mafieux pour l'Afrique. La Françafrique serait-elle pas tout simplement contre-productive pour la France et l'Afrique ?

En France, le gabonais Omar Bongo, ce roi nègre, a toujours tiré sur les ficelles. Cet inamovible et indétrônable roi nègre dispose en effet d'un pouvoir immense et d'importants leviers de pression sur les locataires successifs de l'Elysée depuis de Gaulle jusqu'à Jacques Chirac et maintenant Nicolas Sarkozy qui prônait pour tant la rupture. Ainsi, de son palais de bord de mer à Libreville, d'un simple coup de colère accompagné d'un simple coup de fil à l'Elysée, il fait et défait des gouvernements français depuis des décennies. Le récent « limogeage » de l'ex-secrétaire d'Etat à la coopération, Jean-Marie Bockel par Nicolas Sarkozy est à cet égard une parfaite illustration. Comme bien d'autres avant lui, Omar Bongo a eu la peau de Jean-Marie Bockel. Et, à Libreville il est presque de notoriété publique que c'est Omar Bongo qui avait obtenu de Jacques Chirac la nomination de Dominique de Villepin au poste de Premier ministre.

"L'un des premiers freins au développement, c'est la mauvaise gouvernance, le gaspillage des fonds publics, l'incurie de structures administratives défaillantes, la prédation de certains dirigeants. Quand le baril est à 100 dollars et que d'importants pays producteurs de pétrole ne parviennent pas à se développer, la gouvernance est en question. Quand les indicateurs sociaux de ces pays stagnent ou régressent, tandis qu'une minorité mène un train de vie luxueux, la gouvernance est en question. Que deviennent ces revenus pétroliers? Pourquoi la population n'en bénéficie-t-elle pas? Est-il légitime que notre aide au développement soit attribuée à des pays qui gaspillent leurs propres ressources ?" Ces récentes déclarations du secrétaire d'Etat à la Coopération avaient déplu au roi nègre. Elles lui ont coûté son poste. Le reportage diffusé sur France 2 début mars n'a sans doute pas aidé à reconduire le patron de la Coopération. Reprenant les informations mises au jour par les policiers et les juges l'été dernier, la chaîne publique a montré l'étendue du patrimoine immobilier de grand et tout puissant roi nègre : 33 appartements ou maisons, un hôtel particulier de 19 millions d'euros...
Re-colère d'Omar Bongo qui, en guise de représailles, expulse deux ressortissants français. Evoquant une véritable "cabale" et un "complot contre le Gabon et son président", le porte-parole de son gouvernement, René Ndemezo' Obiang, fustige la diffusion du reportage dans un communiqué : "En autorisant la diffusion par les chaînes publiques de reportages divulguant l'adresse privée du président de la République gabonaise en France, mettant ainsi en danger son intégrité physique ainsi que celle de sa famille, les autorités françaises ont manqué à leurs obligations de protection d'un chef d'Etat en exercice."

Le ton menaçant et inhabituellement peu diplomatique laisse augurer des conversations houleuses échangées entre l'Elysée et le palais de bord de mer. Deux semaines plus tard, Bockel fait ses valises pour les Anciens combattants, où il pourra sans doute méditer sa propre réponse faite en janvier dernier au journal Monde, qui l'interrogeait sur le précédent de Jean-Pierre Cot, écarté en 1982 de la Coopération par François Mitterrand pour cause de réformisme trop enthousiaste : "C'est un vieil ami. Il s'est vite isolé et n'a pas forcément fait la bonne analyse. Moi, je suis avant tout un pragmatique. Je sais gérer les gens, les budgets, les contradictions. Je sais qu'on ne décalquera pas du jour au lendemain notre morale en Afrique. Je sais aussi que l'Afrique est le continent de demain, et qu'il en va de l'intérêt de la France de mettre en œuvre cette rupture. La jeunesse africaine l'attend." Eh bien, la jeunesse africaine attendra encore. Et tant pis pour les promesses de rupture annoncées lors de la campagne présidentielle.

Tuer les petites pratiques moribondes et renouveler le dialogue avec les Africains ? En coulisse, le syndicat des chefs d'Etat africains s'organise. Bongo, Sassou (président du Congo) et Biya (président du Cameroun) prennent leur téléphone pour réclamer à Nicolas Sarkozy la tête de l'impétrant. Les jeux sont faits. Deux mois plus tard, la sanction tombe, alors même que le flamboyant Bockel s'est ravisé. Ainsi va la relation franco-africaine et plus exactement les relations franco-gabonaise et franco-congolaise. "C'est un signe intéressant." C'est en ces termes ironiques que le porte-parole du gouvernement gabonais a accueilli chaleureusement la "bonne nouvelle" du départ de Jean-Marie Bockel du secrétariat d'Etat à la Coopération. En clair : victoire par KO d'Omar Bongo qui, ayant demandé sa tête, a obtenu la dépouille du maire Gauche moderne de Mulhouse. Celui qui, dans ses voeux à la presse, appelait à signer "l'acte de décès de la Françafrique". Vous avez dit "rupture"?...

Alors doit-on parler d'une humiliation de plus pour la France comme l'avait récemment décrié l'opposition et le Parti socialiste, et d'autres membres de la majorité dans l'affaire Kadhafi ? Pas si sûr. En effet, le vrai problème dans ce pays, c'est que tout le monde ou presque est d'accord avec cet état des choses. L'opposition politique fondamentale en France réside aujourd'hui entre ceux qui soutiennent une gouvernance de droite plus libérale sous l'impulsion de l'Union pour un mouvement populaire (UMP) et ceux qui, avec pour chef de fil le Parti Socialiste (PS), prônent un capitalisme plus modéré et plus social synonyme d'une meilleure répartition des richesses. Mais s'agissant de la politique africaine de la France, au-delà de quelques petites hostilités entre amis, ce clivage s'estompe nettement. À ce niveau en effet, la grille de lecture traditionnelle française opposant une gauche à une droite n'a plus de pertinence - car on retrouve des deux côtés des partisans de la Françafrique. C'est dire que parmi ceux qui dans le monde politique français aujourd'hui doivent s'inquiéter en cas d'un éventuel « déballage » des affaires illicites et compromettantes liées aux réseaux françafricains, il y a sûrement une majorité, même sûrement tous les membres des gouvernements successifs de droite depuis 1960. Et cela doit être exactement le même cas de l'autre côté de la barrière politique.

Parallèlement aux élites politiques, d'importantes opérations de lobbying auprès des décisionnaires africains sont constamment organisées par des hommes d'affaires représentant des intérêts tricolores en Afrique comme Total, Areva, Bouygues, Bolloré, CFAO (de François Pineau), Castel... ; et par les représentants des principales compagnies pétrolières (BP, Shell, ExxonMobil, Chevron, Total et Eni).

Voilà pourquoi pendant des décennies les locataires successifs de l'Elysée (du général de Gaulle à Jacques Chirac) ont toujours montré une déférence extrême à l'égard des chefs d'Etats africains, notamment le gabonais Omar Bongo, le congolais Sassou-Nguesso, la camerounais Paul Biya, l'angolais José Eduardo dos Santos ou l'équato-guinéen Tedero Obiang Nguema dont les pays regorgent d'importantes ressources pétrolières, en faisant tant de concessions superflues que l'on a l'impression qu'un basculement a eu lieu dans lequel les deux parties ont oublié laquelle a le grand pouvoir et laquelle le petit. En effet, certains chefs d'Etats africains qui ont bien compris l'enjeu capital que représentent leurs colossales ressources naturelles pour les puissances occidentales et les appétits qu'elles aiguisent, se sentent pousser des ailes et se voient de ce fait investis d'un très grand pouvoir.
Suffisamment grand en tout cas pour leur permettre d'exiger et d'obtenir de l'Elysée de nommer un Premier ministre ou de limoger un ministre et ou encore d'influer la liberté de la presse et sur le cours de la justice en France. De plus ils se sont offerts en France de supers réseaux de communicants et de lobbyistes bien introduits dans la classe politique française de tous bords. C'est pourquoi quand par exemple Omar Bongo, non content qu'on lui fasse un procès pour ses quelques « masures » à Paris, menace de fermer l'antenne librevilloise de Radio France internationale (RFI), les autorités françaises s'empressent de le calmer par un coup de fil apaisant. Une seule règle donc lorsque vous êtes élu président français et arrivez à l'Elysée : Ne surtout pas offusquer le « doyen » des chefs d'Etats africains, Omar Bongo qui a connu toutes les présidences françaises depuis le général de Gaulle. Ce roi nègre connaît tout le monde, sait tout sur tout le monde et surtout il maîtrise tous les dossiers brûlants de la Françafrique. C'est donc une véritable bombe qui peut vous exploser à la figure si vous n'y prenez garde. C'est à croire que pour les autorités françaises, ces encombrants « amis » chefs d'Etats africains seraient devenus une vraie menace.
Il faut dire que cette politique hasardeuse et très risquée de l'Elysée, essentiellement axée sur des relations personnalisées avec les chefs d'Etats africains, a en effet solidarisé les présidents français successifs : Giscard D'Estaing, François Mitterrand et Jacques Chirac, avec des régimes corrompus et dictatoriaux qui ont même parfois commis des crimes contre l'humanité. Comme nous pouvons le voir, l'Elysée n'a donc pas les mains libres face à ces encombrants « amis » africains de la France.

Alors la question est : L'Elysée, qui redoute qu'un jour ces puissants et encombrants « amis » chefs d'Etats africains, qui connaissent bien trop de secrets et de dossiers sensibles, et qui prennent trop de liberté, soient tôt ou tard emmenés à tout déballer sur la place publique, ne ferait-il pas mieux de les mettre aujourd'hui hors circuit, à la loyale, par la voie judiciaire ?

Bienvenu MABILEMONO

Étonnant, non ?

18 mars 2008

Patate

Je parlais hier de garder le sens de l'humour. Voici un site qui aide... L'actu en patate, de Martin Vidberg, dont est extrait le dessin ci-après.

Excellent.

17 mars 2008

Bilan

Tout va bien... maire socialiste réélu avec 56% des voix contre un ex-maire incompétent et xénophobe. Le conseil général qui reste à gauche.



Tout pourrait aller mieux... encore 4 ans avec un président incompétent et xénophobe et sa majorité parlementaire. D'autant que ces incapables vont devoir faire face à une crise économique majeure.

Garder le sens de l'humour... (source Courrier
international)

12 mars 2008

« Travailler plus pour mourir plus »

Un article de Paul Moreira sur son blog. Une émission à regarder... Je cite :

« Travailler plus pour mourir plus », c'est le titre que je voulais donner au documentaire qui sera diffusé par Infra-Rouge sur France 2, jeudi 13 mars à 23h10. Et puis j'ai eu des doutes sur l'humour noir, pas sûr que tout le monde rigole à gorge déployée… Le titre est donc : « Travailler à en mourir »…

Au départ, il y a la vague au printemps 2007 des suicides professionnels, à Renault, Peugeot, IBM et EDF. Des entreprises qui se sont fermées comme des huitres pour qu'on ne cherche pas à comprendre ce qui s'était passé. Avec Virginie Roels, c'est cette zone grise que nous avons voulu explorer. La Terra Incognita du monde des entreprises. L'entreprise est l'univers le plus opaque de la société. Il est plus facile d'aller à Sadr city, le bastion chiite de Bagdad, que dans les couloirs d'IBM à la Défense (ceci n'est pas une blague). Dans la tête des dirigeants de certaines boites, l'économie est une guerre.
Nous voulions comprendre la mécanique qui détruit les hommes dans le monde de l'entreprise.
Cette question, nous voulions que ce soit d'abord les salariés qui y répondent. Ceux qui avaient plongé dans la dépression, frôlé le geste ultime du suicide, ceux que le stress avait usés jusqu'à la maladie.
Nous nous sommes intéressés à trois secteurs industriels particulièrement pathogènes : la banque, les plateformes téléphoniques et la sidérurgie. Et l'enquête ne portait pas sur le harcèlement au travail. Certaines méthodes de travail ont un pouvoir bien plus destructeur que celui de petits chefs aux manières autoritaires. Ce sont plus souvent des technologies, des modes d'organisation, qui rendent malades.
Dans le monde de la banque, les concentrations de ces dernières années ont bouleversé les méthodes de management et soumis leurs employés à une pression inconnue jusqu'alors. Il y a ceux qui s'adaptent. Il y a les champions fous, comme Jérôme Kerviel. Et il y a les salariés qui refusent et qui deviennent des « perdants ». Nous avons rencontré deux d'entre eux : Jean Marc et Roger. Ils travaillaient au CIC-Crédit Mutuel. Quand j'ai appelé le service de presse pour avoir le point de vue de la direction, on m'a dit : « Donnez nous les noms, on a les dossiers… ». Et puis après vérification des dossiers, la banque a choisi de se taire. Comme toutes les entreprises abordées dans ce doc (sauf SFR qui a accepté de me faire une déclaration téléphonique).
Nous nous sommes intéressés aussi aux invisibles de la sous-traitance dans l'industrie sidérurgique. Contrats à durée déterminée. Intérim. A la marge des grandes entreprises, les travailleurs précaires sont les premières victimes de la réorganisation du travail. Ils sont ceux sur lesquels tombent toute la pression de l'urgence. Des dégâts d'autant plus terribles qu'ils sont difficilement repérables.Voire invisibles. Rudy et Jean Luc était précaires dans la métallurgie. L'un est mort d'arrêt cardiaque après 21 heures de travail, l'autre est dans le coma. 21 heures de travail de suite... c'est suffisamment illégal pour que la justice ai déclenché une procédure pour homicide involontaire. Vous en avez entendu parler ?... Imaginez si l'ouvrier sidérurgiste avait été tué par une bande de racailles dans une cité HLM. Combien de temps cela aurait-il occupé la Une des journaux ?... Il y a des zones de non-droit plus médiatiques que d'autres.

Comment repérer les processus de destruction ? J'ai pu constater de visu que très souvent les directions des ressources humaines servent à les dissimuler. Après tout, ils sont payés par la direction pour que les choses se passent sans vagues. Dans l'apparence de la correction. Cela aussi participe de l'invisibilité.

Combien sommes nous à aller au travail la boule au ventre ? Difficile à dire, il n'existe pas d'enquête épidémiologique globale. En 2007, après la vague de suicides sur les lieux de travail, le ministre de la Santé a demandé à deux experts –Nasse et Légeron- de plancher sur la question, de trouver des solutions. Ils rendent leur rapport ces jours ci.
Ils le soulignent : les seuls contre-pouvoirs sont les inspecteurs du travail et les médecins du travail.
Or, ceux ci voient leur prérogatives de plus en plus limitées, comme le souligne un collectif de médecins du travail de Bourg en Bresse, le plus actif sur la question.
Face à une épidémie de troubles psycho-sociaux massifs, on réduit les moyens pour le combattre. Comme si on mettait les pompiers au chômage technique l'été dans l'arrière pays varois.

J'ai personnellement la chance de "travailler vite". Dans mon entreprise, je fonctionne donc au ralenti, ce qui me permet, lors des "coups de bourre", de terminer mon travail dans les délais sans interférer exagérément avec ma vie personnelle et familiale. Mais je constante les effets de ce "culte du finit tard, si possible plus tard que le patron" sur mes collègues... Au secours, on a besoin d'une gauche au pouvoir... une vraie... tolérante, humaniste, honnête, sociale... comment, ça n'existe pas ? Argh !

Le président de la République devra fournir tôt ou tard des explications

C'est sur Bellaciao, mais il faut le dire partout, le président Sarkozy est aussi corrompu que son prédécesseur, espérons que la Justice sera plus prompte à faire son travail...

Le journaliste Eric Decouty a révélé le scandale Denis Gautier-Sauvagnac, l'ancien président de l'Union des Industries et Métiers de la Métallurgie (UIMM). Eric Decouty a révélé notamment que l'UIMM disposait d'une caisse noire de 600 millions d'euros. Le 11 mars 2008, il écrit dans le journal Marianne ( page 18 ) :

« Au fond, c'est peut-être le silence de Nicolas Sarkozy qui en dit le plus long sur les secrets de Denis Gautier-Sauvagnac et de l'UIMM.

Le président de la République n'a rien dit de l'affaire. Presque rien. A l'Elysée, on brandit le prétexte de la « procédure judiciaire en cours » pour justifier cette discrétion. Argumentaire repris dans un entretien-fleuve dans Le Figaro, où Sarkozy élude : « C'est une affaire interne au MEDEF. De surcroît, il y a une procédure judiciaire qui suit son cours. »

On connaît la raison de la gêne présidentielle dans cette affaire. Comme Marianne l'a relaté (lire notre édition du 24 novembre 2007), en 2004, alors ministre des Finances, Nicolas Sarkozy a eu connaissance par Tracfin (la cellule antiblanchiment de Bercy) des opérations de Denis Gautier-Sauvagnac. Nicolas Sarkozy a alors choisi de ne pas transmettre le dossier à la justice. Après lui, Thierry Breton a fait de même, les ministres des Finances laissant perdurer en connaissance de cause le système. Pourquoi ?

Le président de la République devra fournir tôt ou tard des explications. En coulisses aujourd'hui, off the record comme le veut l'usage, beaucoup évoquent avec insistance l'existence de valises de billets à destination d'hommes ou de femmes politiques, afin de financer, par exemple, des campagnes électorales. »


À quelques jours du second tour des élections municipales et cantonales, les électeurs ont intérêt à mesurer la portée de leur vote : plus il y aura de communes et de départements tirés des griffes du système politico-mafieux (et accessoirement xénophobe) Sarkozy-UMP, mieux ça vaudra pour les habitants de ce pays.

Droits de l'homme ?

Lu dans la presse :
Les Etats-Unis ont retiré mardi la Chine de leur liste noire des pires violateurs des droits de l'Homme, sur laquelle ils ont ajouté la Syrie, le Soudan et l'Ouzbékistan.

La Chine figurait sur cette liste en 2005 et 2007.

Dans son rapport annuel sur les droits de l'Homme, publié par le département d'Etat, Washington cite dix pays dans lesquels le pouvoir est resté en 2007 «concentré entre les mains de dirigeants n'ayant aucun compte à rendre»: la Corée du Nord, la Birmanie, l'Iran, la Syrie, le Zimbabwe, Cuba, le Bélarus, l'Ouzbékistan, l'Erythrée et le Soudan.

Bons points

En revanche, la situation des droits de l'Homme s'est améliorée dans quatre pays au cours de l'année passée: la Mauritanie, le Ghana, le Maroc et Haïti. Ces deux derniers pays avaient déjà reçu un bon point des Etats-Unis pour leurs progrès l'an dernier.

Peu ou aucun progrès ont été réalisés au Népal, en Géorgie, au Kirghizstan, en Irak, en Afghanistan ou en Russie, tandis que la situation s'est détériorée au Pakistan, au Bangladesh et au Sri Lanka, selon le département d'Etat.

Bizarre, rien sur le veto de M. Bush à l'interdiction de la torture, ni sur la chasse aux étrangers légalisée par Adolf Sarkozy et Francisco Hortefeux Bahamonde...

11 mars 2008

Craintes

Un article traduit par le Grand Soir me fait craindre le pire en Amérique du Sud... et les "espoirs" démocrates ne sont pas épargnés...
Je cite...
LES $300 MILLIONS DE CHAVEZ AUX FARC : UNE INVENTION
Greg PALAST
 
Raul Reyes et son ordinateur portable magique
Rédaction : bien que les événements aient évolué depuis la rédaction de cet article de Greg Palast, ce dernier nous donne un petit - tout petit - aperçu de l'étendue de la désinformation, volontaire ou non, à laquelle les grands médias peuvent se livrer. Bonne lecture quand même.

C'est dingue, non ?

Le semaine dernière, la Colombie a envahi l'Equateur, a tué un chef de la guérilla dans la jungle, puis a ouvert son ordinateur portable et… devinez ce que les Colombiens ont trouvé ? Un message à Hugo Chavez selon lequel il aurait envoyé 300 millions de dollars aux FARC pour acheter de l'uranium et fabriquer une bombe !

C'est ce que Bush nous raconte. Et il le tient de son copain, l'étrange président d'extrême droite de la Colombie, Alvaro Uribe.

Donc : une fois l'acte accompli, la Colombie justifie sa tentative de provoquer une guerre des frontières comme un acte destiné à éliminer la menace d'une Arme de Destruction Massive ! Hum... on a déjà entendu ça, quelque part...

La presse étasunienne a repris l'histoire des « 300 millions de dollars de Chavez aux terroristes » en moins de temps qu'il n'aurait fallu au jeune Bush pour sniffer un rail de poudre colombienne.

Ce que la presse étasunienne a omis de faire [pas que cette presse là, d'ailleurs – NDT] c'est de vérifier l'information fournie par un courrier électronique trouvé dans un ordinateur portable magique. (On suppose que les dernières paroles du dirigeant des FARC furent, « et mon mot de passe est … »)

J'ai lu ce courrier. Et vous aussi vous pouvez le lire, ici : http://www.gregpalast.com/farc-docu...

Vous pouvez lire tout le document en espagnol, mais voici la traduction du seul et unique passage qui fait mention des prétendus 300 millions de Chavez :

« … en ce qui concerne les 300, que nous désignerons désormais comme le "dossier", des efforts sont déployés sur instructions du chef au "cojo" (terme d'argot pour "handicapé"), que j'expliquerai dans un autre courrier. Appelons le patron "Angel" et le handicapé "Ernesto" ».

Vous avez compris ? Où est Hugo ? Où sont les 300 millions ? Et de quels 300 parle-t-on ? En fait, remis dans le contexte, la note parle de l'échange d'otages avec les FARC sur lequel Chavez travaillait à l'époque (le 23 décembre 2007), à la demande du gouvernement colombien. En réalité, tout le reste du courrier ne parle que des modalités d'échange des otages. Voici la suite :

« pour accueillir les libérés, Chavez propose trois solutions : Plan A. Recourir à une « caravane humanitaire » qui impliquerait le Venezuela, la France, le Vatican [ ?], la Suisse, l'Union Européenne, des démocrates [société civile], l'Argentine, la Croix-Rouge, etc. »

Pour ce qui concerne les 300, il me faut souligner que le précédent échange des FARC concernait 300 prisonniers. S'agit-il des mêmes 300 dont parle Reyes ? Qui sait ? A la différence d'Uribe, de Bush et de la presse US, je ne vais pas me lancer dans des conjectures ou inventer une histoire fantasmagorique sur Chavez et des courriers envoyés au milieu de la jungle.

Pour apporter de l'eau à leur moulin, les Colombiens affirment, sans aucune preuve, que le mystérieux « Angel » est le nom de code de Chavez. Mais dans le courrier découvert, Chavez est appelé par le nom de code de… Chavez.

Et alors ? Et alors, ceci…

L'invasion de l'Equateur est une violation flagrante du droit international, condamnée par tous les pays latins membres de l'Organisation des Etats d'Amérique. Mais George Bush a tout simplement adoré. Il a appelé Uribe pour soutenir la Colombie contre « les assauts incessants des narco-terroristes ainsi que les manœuvres provocatrices du régime vénézuelien ».

Notre président s'est peut-être bien un peu mélangé les pinceaux, mais Bush sait ce qu'il fait : il soutient son dernier allié vacillant en Amérique du Sud, Uribe, qui est désespéré et dans une situation politique difficile. Uribe affirme qu'il va traîner Chavez devant la Cour Pénale Internationale. Si Uribe s'y rend en personne, je lui suggère d'apporter sa brosse à dents : on vient de découvrir que des escadrons de la mort d'extrême droite on tenu des réunions préparatoires dans le ranch même d'Uribe. Les amis d'Uribe ont été convoqués devant la Cour Suprême colombienne et risquent la prison.

En d'autres termes, c'est le moment où jamais pour Uribe de sortir ce vieux lapin politique de son chapeau, la menace d'une guerre, pour noyer les accusations de crimes portées contre lui. De plus, les attaques d'Uribe ont littéralement mis fin aux négociations en tuant le négociateur des FARC, Raul Reyes. Reyes était en pourparlers avec l'Equateur et Chavez sur un nouvel échange de prisonniers. Uribe avait autorisé les négociations. Cependant, Uribe savait que si ces négociations aboutissaient à la libération de prisonniers, tout le crédit en serait revenu à l'Equateur et à Chavez, et tout le discrédit sur lui.

Heureusement pour un continent au bord d'une explosion, le président de l'Equateur, Raphael Correa, est un des hommes les plus réfléchis et les plus posés qu'il m'est arrivé de rencontrer.

Correa s'est rendu à Brasilia et Caracas pour tenter d'empêcher un embrasement. Tout en plaçant des troupes à la frontière car aucun chef d'état ne peut tolérer de voir des blindés étrangers fouler le territoire national. Correa refuse que l'Equateur serve de sanctuaire aux FARC. En fait, l'Equateur a démantelé 47 bases des FARC, plus même que l'armée corrompue de la Colombie.

Pour sa gestion calme et posée de la crise, je vais pardonner à Correa de s'être excusé d'avoir qualifié Bush de « Président crétin (dimwitted - NDT) qui a causé beaucoup de dégâts dans son pays et dans le monde. » (voir un extrait de mon interview de Correa ).

L'heure des amateurs a sonné

Nous pouvons faire confiance à Correa pour maintenir la paix au sud de la frontière. Mais pouvons-nous faire confiance aux futurs ex-présidents ? L'actuel occupant du bureau ovale, George Bush, ne peut tout simplement pas s'en empêcher : une invasion illégale par un promoteur des escadrons de la mort lui conviendrait parfaitement.

Mais devinez qui n'a pas pu s'empêcher d'imiter Bush ? Hillary Clinton, qui en est encore à expliquer que son vote en faveur de l'invasion de l'Irak n'était pas un vote en faveur de l'invasion de l'Irak, a fait une déclaration en termes quasi identiques à ceux de Bush, qualifiant l'invasion de l'Equateur comme le droit de la Colombie « à se défendre ». Elle ajouta, « Hugo Chavez doit cesser ses provocations ». Ah bon ?

Je pensais qu'Obama éviterait ce terrain miné – surtout après avoir été accusé d'être un amateur en politique étrangère pour avoir suggéré qu'il franchirait la frontière Pakistanaise pour pourchasser les terroristes. Il est embarrassant de voir Barack répéter pratiquement mot pour mot les phrases de Hillary en déclarant « le gouvernement Colombien a tout à fait le droit de se défendre ».

(Je suis certain que la position de Hillary n'a rien à voir avec le prêt pour sa campagne électoral accordé par Frank Giustra. Giustra a versé plus de 100 millions de dollars aux projets de Bill Clinton. L'année dernière, Bill Clinton a présenté Giustra à Uribe, le président Colombien. Aussi sec, Giustra a signé un accord juteux avec Uribe sur le pétrole colombien.)

Sans oublier M. Héros de la Guerre, John McCain, qui en tient déjà une sacrée couche, et qui a déclaré que « Hugo Chavez est en train d'instaurer une dictature » probablement parce que, contrairement à Bush, Chavez, lui, fait compter tous les bulletins de vote lors des élections vénézueliennes.

Mais voici que les choses deviennent vraiment vicieuses.

Le critique des medias Jeff Cohen m'avait dit qu'il fallait guetter le moment où la presse allait commencer à qualifier McCain d'expert en politique étrangère et les Démocrates d'amateurs. Et ça n'a pas loupé. Le New York Times, dans son édition de mercredi, qualifia McCain de « pro de la sécurité nationale ».

McCain, c'est ce « pro » qui avait affirmé que la guerre en Irak ne coûterait pratiquement rien en terme de vies et d'argent.

Mais, parlant de l'invasion de l'Equateur par la Colombie, McCain a dit « j'espère que les tensions baisseront, que le président Chavez retirera ces troupes de la frontière – de même que les Equatoriens – et que les relations continuent à s'améliorer entre les deux. »

Ce n'est pas tout à fait de l'anglais (les approximations grammaticales de McCain ont été plus ou moins rendues dans la traduction française – NDT), mais ce n'est définitivement pas du Bush. Et bizarrement, ce n'est définitivement pas du Obama ou du Clinton en train de saluer bruyemment l'agression Colombienne contre l'Equateur.

Démocrates, entendez-vous ? Il y a quelque chose de pire que de voir les medias accuser Obama et Clinton d'être des amateurs, et c'est de voir les candidats Démocrates se démener comme des fous pour leur donner raison.

Greg Palast
6 mars 2008

Traduction par Le Grand Soir