31 octobre 2006

Dictature

Quand des institutions de l'État font obstacle à l'information, on parle de quoi ? Après les perquisitions des Mureaux, la journaliste de l'AFP qui a fait son travail est frappée d'interdiction professionnelle par les services de l'état en Yvelines. Aucun écho dans la presse, ni à la télé hertzienne. Quel courage. Je vous redonne le communiqué du
Syndicat autonome des journalistes (SAJ-UNSA) trouvé sur Acrimed.
Notre consœur Raphaëlle Picard, pigiste permanente de l’AFP dans le département des Yvelines, est frappée depuis trois semaines d’ « interdiction professionnelle » par la police et la justice du département, après la diffusion de son reportage sur l’opération de police, le 4 octobre, dans le quartier des Musiciens aux Mureaux.

Dans cette dépêche, Raphaëlle, jeune journaliste de l’AFP depuis 2004, a décrit - en se conformant avec la plus parfaite rigueur et honnêteté aux règles déontologiques de la profession - « La colère des "perquisitionnés par erreur" dans une cité des Mureaux ».

Ce reportage a valu à l’AFP de très importantes reprises dans la presse nationale et régionale, écrite et audiovisuelle.

Ce témoignage rigoureux, parfaitement sourcé et ponctué de nombreuses citations incontestables, est évidemment exempt de tout commentaire de l’auteure, comme l’exigent les règles rédactionnelles de l’AFP. Il a jeté un éclairage nécessaire sur les coulisses des opérations de police à grand spectacle, mises en scène par le locataire de la place Beauvau, par ailleurs candidat à la présidence de la République.

Mais « l’arroseur arrosé », qui ne tolère, semble-t-il, qu’une presse aux ordres et à sa bottine, a violemment réagi par l’intermédiaire de ses services départementaux :

Ce fut d’abord le directeur adjoint de la police départementale qui à la sortie d’une conférence de presse, a étrillé notre consœur, l’accusant de « malhonnêteté intellectuelle ».

Ce fut ensuite le directeur de la sécurité publique, a qui Raphaëlle avait demandé un entretien, qui l’a accusée d’avoir « produit des faux témoignages qu’elle n’avait pas pris soin de vérifier... auprès de la police » (sic). « Notre collaboration va s’arrêter là », lui a-t-il signifié.

Ce fut encore (côté Justice), le procureur adjoint du parquet de Versailles qui lui a également signifié que sa porte était désormais fermée et qu’il « ne voulait plus jamais collaborer » avec elle. « On a toute la direction sur le dos... », a-t-il avoué.

Enfin, last but not least, le directeur de la police judiciaire des Yvelines est monté d’un cran : « On va porter plainte... ». Menace gratuite, fanfaronne et vide de sens, puisque, à ce jour, aucune espèce de plainte n’a été déposée devant une quelconque juridiction.

Raphaëlle et par voie de conséquence l’AFP, se trouve désormais coupée de toutes les sources « officielles et institutionnelles », indispensables pour couvrir de façon rigoureuse, honnête et complète, l’actualité dans ce département.

Le but poursuivi par le ministère de l’Intérieur est limpide : interdire à Raphaëlle Picard de faire son travail de journaliste et pousser la direction de l’AFP, au pire, à mettre fin à sa collaboration, au mieux, à procéder à sa mutation.

L’AFP avait obtenu il y a une quinzaine de jours, du procureur adjoint du parquet de Versailles, un rendez-vous à déjeuner, prévu le mercredi 25 octobre. Mais au dernier moment, le mercredi matin, d’une façon pour le moins cavalière et méprisante, le magistrat à signifié à l’Agence, par la voix de son assistante ou secrétaire, que le rendez-vous était annulé « pour raisons d’agenda ».

Cette affaire est très grave et ne doit pas en rester là.

La carrière professionnelle de Raphaëlle est objectivement menacée par un tenant de l’exécutif qui bafoue, avec le plus intolérable aplomb, les règles élémentaires de la République et de la démocratie et piétine la liberté de la presse.

Ce chantage pèse aussi sur l’ensemble des journalistes de l’Agence dans l’exercice de leur activité professionnelle et plus particulièrement dans les domaines police-justice et politique, en cette période très sensible d’échéances électorales et alors que la situation dans les banlieues est de plus en plus instable.

Le SAJ-UNSA demande avec instance à la Direction Générale, d’affirmer publiquement sa défense de notre consœur et de condamner fermement les menaces et l’ostracisme dont elle est injustement victime.

Il lui demande également de saisir le Premier ministre -voire plus haut si nécessaire- de cette affaire qui constitue une grave entorse à la liberté de la presse, l’un des piliers de notre démocratie républicaine.

Le SAJ-UNSA appelle l’ensemble des syndicats et le personnel de l’AFP à soutenir Raphaëlle Picard et à envisager toutes modalités d’action - et elles sont nombreuses - pour faire cesser cette invraisemblable atteinte au droit d’informer.

Terrorisme d'État ?

Rupture

La rupture existe déjà... Un blogueur victime d'une descente de gendarmerie pour s'entendre signifier sa mise en examen suite à une plainte en diffamation du maire d'Asnières... des informations partout : synthèse chez Indymedia, chronologie ici, le site asnierois.org objet de tous les procès. La démocratie, la liberté, tout ça, notions à jeter, Monsieur de Petit Botcha?

30 octobre 2006

Y a bon UMP

Sur le blog d'Alain Mabanckou, une preuve que le parti au pouvoir est le reflet d'une élite bien limitée intellectuellement...

[...] une info qui est passée presque inaperçue, [...] signalée dans Le Canard enchaîné du 18 octobre dernier [... qui rapporte] le "délit de faciès" subi par deux attachées parlementaires noires, l’une travaillant pour le socialiste Yannick Bodin et l’autre pour le questeur socialiste Gérard Miquel. La scène, d’après Le Canard, s’est passée le 10 octobre dans une cafétéria du Sénat.

[... Elles] sont apostrophées, à leur entrée dans la salle, par un Sénateur UMP du Val-d’Oise Hugues Portelli [...] qui leur lance : « Vous pouvez nettoyer, parce que c’est sale ! On ne peut pas se servir, ici, c’est vraiment dégoûtant ».

Et comme les deux attachées parlementaires, sous l’effet de la surprise, ne bronchent pas, le Sénateur UMP enfonce le clou : « Vous comprenez ce que je vous dis ou pas ? (...) Nettoyez, vous comprenez ou, ou pas ? » Alors, l’une des deux femmes lance : « C’est vrai que nous sommes noires, et qu’en général les femmes noires sont au Sénat pour faire le ménage. Mais là, nous venons juste nous servir un café. Nous sommes des assistantes parlementaires. »

Et comme le pauvre type de l’UMP se rend compte de son impair, il emprunte plus qu’un terrain glissant, question de se rattraper : « Vous savez, je ne suis pas raciste, mon beau-frère est antillais, mais je pensais que vous veniez là pour travailler. » Allons, allons, avis aux autres qui se livreraient à un tel amalgame : prévoyez un beau-frère de couleur. Mieux encore, vous pouvez trouver un beau-frère de votre beau-frère qui a épousé une personne de couleur...

M. Portelli est maire d'Ermont, dans le Val d'Oise. Sûr que ses administrés apprécieront...
Les employeurs des deux attachées parlementaires sont pour leur part conseiller municipal de Dammarie-les-Lys et conseiller général du Lot.

Collusion... dans les commentaires du post on apprend que le sénateur Portelli a pu intervenir sur RTL pour nier les faits sans qu'il lui soit porté contradiction. Pourtant, le Canard enchaîné en date du 25 octobre persiste et signe.

Il a engendré son père

J'adore cette expression. C'est un ancien chef qui l'employait en lieu et place de "il a des dents qui rayent la moquette". Un commentaire savoureux d'Amin sur le blog de Loïc Lemeur vaut la peine d'être redonné ici. Il est tellement réaliste...

Très amusant ce Loïc Lemeur. Comme pas mal de jeunes musclés qui croient avoir découvert le secret de la vérité universelle en sortant d'une grande école et en fondant une entreprise, il s'imagine faire parti d'une courageuse élite, qui travaille plus d'heures qu'il peut y en avoir dans une journée, tout en ayant le temps de faire du jogging, de voyager, et de s'occuper d'un blog.

Il gagne beaucoup d'argent, mais c'est grâce à cette extraordinaire force de travail, développée lors de trop copieux petit déjeuners de travail, déjeuners de travail, dîners de travail, karaokés de travail, sans parler de ces innombrables réunions (où l'on parle beaucoup...) : épuisant. Quel homme, quel sur-homme !

Le maçon, futur cancéreux du poumon, la femme de ménage, qui récure les toilettes de Loïc (juste après les repas de travail cités plus haut) et qui prend le dernier RER pour rejoindre sa banlieue, dormir 4h et reprendre le RER dans l'autre sens vers les chiottes du bohneur, ne connaissent pas leur chance, ces feignants.

Travailler plus pour gagner plus... rien entendu de plus drôle. Depuis 20 ans, j'en ai vu des boîtes : tout le monde travaille déjà plus, les 35h du bohneur n'existent que dans les fantasmes des loïcs, mais pour ce qui est de passer à la caisse, on à en général surtout droit à un patron chialant sur la conjoncture, menaçant de devoir mettre la clé sous la porte si on ose leur demander ce que simplement il nous doit. Puis ils s'en vont, vexé des notre manque d'esprit d'entreprise, rejoignant leur Audi A8 4.0l, tandis qu'on reprend le RER, pour expliquer à notre banquier, que malgré nos 70h/hebdo, on aura du encore du mal ce mois-ci...

Mais gageons que bientôt, grâce à la formation (payée par l'état, fô pas déconner) la France sera peuplé de 60 millions de chefs d'entreprise, plus femme de ménage, plus de maçon, plus de prof, ces parasites contre-productifs qui ne savent pas quel est le seul véritable eden possible !

Pour l'instant nous ne pouvons que tenter de vivre dans l'ombre d'un géant tel que Loïc, self-made man, ou plutôt devrais-je dire daddy-made man ?

27 octobre 2006

Bêtises (3)

Le swâmi nous le rappelle, il n'y a rien de plus abject que d'humilier un enfant...

Le 5 juin, Journée mondiale de l’Environnement, eut lieu la cérémonie de remise des prix aux gagnants du 15e Concours international de peinture d’enfants sur l’environnement (Programme des Nations Unies pour l’environnement), tenu pour le plus important du monde. [...]
Les gagnants recevaient des cadeaux : un T-shirt [...] et un appareil photo numérique de marque Nikon, une firme japonaise.
À l’exception de l’enfant cubain, tous les autres enfants ont reçu leur appareil photo, comme chaque année dans le cadre de cette cérémonie.
Motif : Le blocus américain.
Messieurs de chez Nikon, on n’humilie pas un enfant !

On trouve sur Ahora.cu un article [...] qui contient une interview du professeur qui accompagnait l'enfant (Raysel) à cette remise de prix nous apprend un certain nombre d'éléments factuels intéressants :

  • La remise des prix de ce concours sous l'égide de l'ONU s'est déroulée au Palais des Nations d'Alger. Du coup on comprend très mal l'argument de l'embargo américain sur Cuba, pour qu'une société japonaise refuse d'offrir un appareil photo à un enfant cubain à... Alger. Le bras (d'honneur) de la World Company s'étend-il aussi loin ?
  • La remise des prix a eu lieu en présence des représentants [...] de Nikon (avec, en tête, son président) et de la Fondation pour la paix globale du Japon. On ne peut donc pas glisser "l'incident" sous le tapis en l'attribuant à l'erreur ou à l'incompétence d'un quelconque sous-fifre, Ooops ! Pardon ! On s'a gourré !
  • La société Nikon n'a pas jugé utile de contacter les représentants cubains, ni le professeur accompagnant l'enfant, ni avant, ni après la remise des prix, pour les prévenir de ce qui allait se passer, ni se justifier de ce qui s'était passé : (Le professeur) Personne n'est venu me trouver en tant que représentant légal de l'enfant à la cérémonie, personne ne s'est adressé non plus à l'ambassadeur de Cuba en Algérie, M. Roberto Blanco, représentant du gouvernement de mon pays, ni même à M. Ricardo Sanchez, directeur général du PNUE pour l'Amérique latine et les Caraïbes, pour fournir une explication.
  • Pire que tout, la sournoiserie : Discrétos, pas que ça se voie sur la photo, pas faire de vagues avec les journalistes : l'enfant n'a pas été visiblement privé d'appareil photo, non, on lui a remis... une boîte vide. Enfin sinon vide (elle contenait selon le professeur du matériel de dessin de qualité), du moins une boîte dont l'appareil photo avait été retiré : (Le professeur) à la fin de la cérémonie, j'examine le paquet cadeau de Raysel et je constate qu'il y manque l'appareil photo ; il y avait juste un étui de la firme Nikon, de couleur beige, avec du matériel de dessin de très haute qualité, de marques anglaises, japonaises, etc.

Avec les détails, cette affaire déjà bien sordide apparaît comme absolument ignoble.

Quels que soient les motifs d'embargo évoqués par Nikon, et quand bien même l'appareil aurait été fabriqué aux U.S.A. ou aurait contenu des pièces ou des logiciels en provenant, cela ne justifie en rien qu'un enfant en ait été privé pour d'aussi boueuses considérations. Comme si un appareil numérique que l'on remet à un enfant, et que l'on trouve certainement en vente dans des dizaines de milliers de magasins du monde entier pouvait constituer en quoi que ce soit une arme de guerre ou un objet secret ou dangereux !

Et quand bien même le fait de remettre cet appareil à un enfant aurait contrevenu à une loi U.S., il aurait été un devoir moral d'enfreindre cette loi, décision d'autant plus facile à prendre que le président de Nikon lui-même était présent. On peut tenir pour certain que jamais l'administration américaine n'aurait osé se couvrir de honte et de ridicule en tentant de poursuivre ou sanctionner Nikon pour une telle affaire, et, quand bien même, qu'aurait représenté l'amende ou la sanction encourure, pour une société de la taille de Nikon ? Imagine-t-on une seconde que l'entreprise aurait subi une sanction de nature à la mettre en danger ou à lui poser le moindre réel problème ?

Il me semblait que dans le passé, les Japonais s'enorgueillissaient, au plus haut niveau, d'un code de l'honneur extrêmement exigeant. Il y a des samouraïs qui se sont fait seppuku pour moins que ça. Mais on dirait que l'honneur, c'est un peu passé de mode. Surtout à la tête des multinationales.

(Fin de citation.)

Je sens déjà quelques bonnes âmes m'accuser d'anti-américanisme. Ils se trompent, mais peu importe, je suis certainement déjà fiché...

Bêtises (2)

J'adore feuilleter le Petit Champignacien illustré. Aujourd'hui, il doit avoir mis mals à l'aise des dizaines d'électeurs du département de la Somme qui pourraient tirer quelque fierté à avoir un jour voté pour ce ministre. Allez... c'est bref, c'est ici :

Pauvre Senghor

Le ministère français de l'Éducation nationale veut célébrer le centenaire de la naissance de Senghor l'année prochaine ! (Texte officiel en lien.) Robien a vraiment de très gros problèmes de lecture : les documents officiels pour l'année internationale Senghor en 2006 ont dû être lus selon la méthode syllabique et il lui a fallu du temps pour comprendre ce que cela voulait dire...

Bêtises (1)

Deux bêtises trouvées sur mes blogs préférés (que Microsoft appelle moustaches, rouflaquettes ou favoris... à défaut de les appeler amants ou concubins, Henri III au secours !) et me revoici disposé à recopier des textes entiers. Ça risque de déplaîre, voire même de contrevenir au code de la propriété intellectuelle. Mais voilà, avez-vous réellement le temps de lire 28000 blogs par jour ? Même, comme l'insinuent certains, en étant privés d'emploi ? Même, diraient d'autres, en vous interrogeant sur la relation entre la taille d'un de vos membres et le système d'exploitation de votre ordinateur ? Je continuerai donc à citer. Et à donner mes sources.

26 octobre 2006

Questions...

Le fameux Loïc Le Meur nous donne son sentiment sur le débat interne au PS. Ses remarques (du style "Il faut arrêter de mentir aux français et de diaboliser le capitalisme et l'entreprise, il faut au contraire les réconcilier avec le travail et la création") ont appelé un commentaire de ma part, que je vous redonne ici brut de fonderie...

Je précise d'emblée que je ne suis pas socialiste, que j'ai voté Jospin au 1er tour en 2002 contre Chirac, et que je suis assez sidéré par l'archaïsme de votre façon de présenter le PS comme une sorte de parti bolchevik a couteau entre les dents (refaites, certes...)
Avec ça, comment voulez-vous être crédible ?
La seule question que je vous pose, entrepreneur que vous dites être, est la suivante :
Comment envisagez-vous l'avenir si vous souhaitez avoir un REVENU en VENDANT quelque chose à des gens qui N'ONT PAS ASSEZ D'ARGENT pour déjà vivre au quotidien. C'est cela, la réalité du chômage, de la chasse aux RMistes, de la dérèglementation du remboursement des médicaments, etc.
Que proposez-vous concrètement ?
Allez-vous CREER DES EMPLOIS sans demander une aide publique, ni un abaissement de charges ?
Combien ?
Pouvez-vous passer le mot à vos amis entrepreneurs ? Merci d'avance !

Bizarrement, je n'attends pas vraiment de réponse...

60 milliards d'euros

Ah, l'économie... ah, l'art de gouverner... Ce post déjà ancien de Démos est mentionné par le Monolecte (merci !) et mérite d'être largement répandu. En effet, on y apprend que les aides aux entreprises (un domaine dans lequel Madame Petit Paris est semble-t-il peu diserte...) atteindraient ce montant astronomique, sans réel contrôle...

Encore une lecture indispensable pour comprendre les enjeux de 2007.

Mes chers amis, il est question dans ce petit article des aides financières et publiques accordées aux entreprises dans notre pays. Un domaine parfaitement inconnu de la comptabilité publique. En 2003, un rapport du commissariat au plan estima que « le dispositif d’aides publiques aux entreprises se caractérise en France par une méconnaissance des aides distribuées aux niveaux national, régional et local » . A l'époque, rien que pour les aides de l'Etat, le rapport estima leur montant à 15 milliards d’euros pour l'année 2001, soit 1% du PIB, sans compter donc, les collectivités territoriales savoir : la région, le département et la commune. Le même rapport nota par ailleurs « que le système d’aides français bénéficie largement aux grands groupes au détriment des petites et moyennes entreprises » .. Cela on s'en doutait...

Mais il y a plus préoccupant. En 2005, lors de la fameuse affaire Hewlett-Packard, Le Premier ministre chargea le Conseil d'orientation pour l'emploi (COE) - un organisme composé de 50 élus crée pour la circonstance - de rendre une étude "d'évaluation de l'utilisation et l'efficacité des aides publiques accordées aux entreprises". Comme lors du précédent rapport, le COE conclût que « les aides aux entreprises constituent aujourd'hui un champ vaste, mal connu et peu évalué », il déplora « qu'il n'existe à ce jour aucun recensement exhaustif des aides publiques attribuées en France » . Reprenant le premier rapport pour y inclure les aides des collectivités territoriales et autres obscurs organismes publics, le COE estima le montant des aides à 3,5% du PIB soit, tenez-vous bien, 60 milliards d'euros par an ! Il s'agit là des aides directes et indirectes telles que les allègements fiscaux où, là aussi, il n'existe aucune étude ou rapport de synthèse laissant la porte ouverte à toutes sortes de spéculation. ... bref ... l'opacité du montant des aides publiques est une constante sauf un commencement de chiffre officiel qui donne le vertige : 60milliards d''euro !

Mes chers amis, 60 milliards d'euros représentent une masse budgétaire qui n'est pas de dimension ordinaire. Pour en évaluer l'importance, il convient de la comparer à d'autres budgets. Par exemple, celui de la défense (32 milliards d'euros en 2005) , celui de la Justice (5 milliards), 13 milliards pour l'intérieur, 6 milliards pour le logement, et 56 milliards pour le budget de l'Education nationale, c'est à dire le poste le plus important de tous les ministères. Je n'aurai pas l'impudeur de prétendre que les entreprises reçoivent d'une main ce qu'elle versent de l'autre au titre de leur contribution à l’impôt sur les sociétés puisque comme son libellé l'indique, cet impôt ne concerne pas le commerce exploité en nom propre, mais je note qu'en 2005, les entreprises outre les sociétés ont reçu 60 milliards de subventions directes alors que le montant de l'impôt sur les sociétés s'est élevé à 50 milliards.

Et pour tous les branleurs, les assistés, c'est à dire les Rmistes et autres chômeurs selon le MEDEF, les fainéants profiteurs qu'il est absolument urgent de « contrôler avec plus d'énergie », il en coute à la collectivité 5 malheureux milliards d'euros par an; 5 milliards d'euros desquels il faut inclure les aides directes attribuées aux entreprises pour l'emploi d'un RMIste qui sont, bien évidemment, comptabilisées dans le coût du Rmi au lieu de figurer en partie dans le calcul des aides publiques aux entreprises puisque c'est du fric qu'elles reçoivent.

Mes chers amis, il n'y a tout de même qu'en France que l'on assiste à des contradictions aussi évidentes. Quand on pense que Madame Parisot au nom du Medef n'a de cesse de réclamer un contrôle accru des demandeurs d'emploi alors que des sommes pharaoniennes versées aux entreprises ne font l'objet d'aucune comptabilité nationale, que leur contrôle est inexistant, et que pour clore le tout, les entreprises reçoivent des aides publiques pour créer de l'emploi alors qu'elles licencient à tour de bras comme HP ou Danone par exemple; entreprises voleuses de deniers publics qui prennent de l'argent pour une mission tout en délocalisant dans le but de profiter davantage de la misère des salariés misérables des pays émergeants. Outre l'irresponsabilité juridique instituée par le droit français des procédures collectives à l'égard des dirigeants d'entreprise (1), on est en droit de se demander comment il est tolérable de laisser le Medef condamner le modèle "d'assistanat" français alors que lui même a l'audace de se mettre dans la poche 60 milliards d'euros nets libre de tout engagement ...?

J'avoue être resté sans voix...

Irac

Trouvé sur le blog de Michel del Castillo (attention les yeux : pas d'image, fond de page jaune vif) un excellent compte-rendu d'un ouvrage de Gema Martin Muñoz sur l'Irac, a priori non traduit en français, Iraq, un fracaso de Occidente (1920-2003). Le résumé qu'en fait MdC est suffisant pour rappeler un certain nombre de choses, d'autant qu'on ne peut pas trop compter sur les médias français, dans leur ensemble, pour faire ce travail... Je vous donne la fin, parce qu'elle doit être lue et entendue par tous. Et j'avoue que j'ai peur des canichabouchs qui nous entraîneraient encore plus vers le côté obscur ici dénoncé avec talent :

L’auteur fait un sort aux confusions sémantiques qui mélangent allègrement fondamentalisme, islamisme, radicalisme islamiste et terrorisme. Elle démontre que le fondamentalisme sert le plus souvent de police idéologique aux plus corrompus et aux plus favorables à l’Occident des régimes, notamment à l’Arabie Saoudite et à l’Egypte, qui puisent dans cet ordre moral une légitimité illu­soire. Le fondamentalisme devient ainsi la façade de respectabilité qui permet aux gouvernements détestés de se maintenir au pouvoir, tout comme l’Eglise servait à Franco de paravent. C’est d’ailleurs de la révolte contre cette hypocrisie qu’est sorti Ben Laden, que sortent ses émules, en majorité des Saoudiens. Ils ont commencé par lutter contre les Soviétiques en Afghanistan, aidés et encouragés par la CIA, ils se sont ensuite retournés contre leurs protecteurs améri­cains. Ce sont des enragés qui font de la violence contre l’Occident une arme politique, mais ils ne sortent pas du moule islamique, quand même ils se réclament de la religion. Nihilistes exaspérés par le cynisme de l’Occident, ils incarnent les maladies infantiles du gau­chisme. Qu’ils soient musulmans n’expli­que pas plus leur combat que le catholicisme n’explique la fureur des paysans espagnols dressés contre l’invasion napoléo­nienne, pas plus que l’orthodoxie ne rend compte des attentats des populistes contre le tsarisme et ses symboles. Nous restons dans le politique, Gema Martin Muñoz le rappelle avec force, tordant le cou au cliché pernicieux qui fait de chaque musul­man un islamiste, donc un terroriste. Elle montre aussi ce que cet essentialisme- musulman, l’Arabe est un fanatique, donc un terroriste qui s’ignore- tend à occulter : la situation intolérable des peuples arabes, leur exploitation et leur humiliation, quand il ne s’agit pas de leur destruction pure et simple. Elle débride la plaie qui produit cette gangrène, l’alignement aveugle de Washington sur les positions israéliennes, l’appui in­condi­tionnel apporté aux pires dérives de l’état hébreu. Un nébuleux et dangereux prophétisme qui fait du judaïsme et du christianisme l’unique réalité spirituelle du Moyen Orient et qui prêche le choc des civilisations pour légitimer ses pires égarements.

En tant que Français, on voudrait se réjouir de la lucidité de nos gouvernants qui ont su résister aux pressions et aux menaces américaines. On n’oublie pas pour autant que la politique pro-arabe de la France n’a jamais abandonné ses intérêts, ni négligé ses marchés, souvent au prix de la plus élémentaire morale.

À la veille d’élections qui vont, pour longtemps, influencer les choix du pays, on redoute les conséquences d’un alignement sur les thèses messianiques du Pentagone. On le sent à chaque page de ce livre : pour éloignés qu’il nous semblent, le Proche et le Moyen Orient habitent nos villes. Il n’y a pas deux mondes, ni deux civilisa­tions étrangères l’une à l’autre : il n’y a qu’un monde comme il n’existe qu’une seule humanité. Nos destins sont liés.

De cet Orient si proche, une guerre mondiale peut surgir, si les peuples ne mettent pas un frein aux délires de Bush et de ses émules. (Qu’on pense à l’Iran, cible privilégiée de l’équipe Bush ; qu’on écoute la petite musique de la fanfare militaire qui déjà se fait entendre ; qu’on prête l’oreille aux murmures de la propagande.)

Le sentiment populaire l’a flairé qui, dans toute l’Europe, s’est dressé contre cette croisade sanglante. Mais on a vu, en Espagne, en Grande-Bretagne, comment un gouvernement pouvait faire fi de son opinion.

On répète que les Français ne s’intéressent qu’aux affaires nationales. Pourtant, à l’heure de désigner un Président, on espère qu’ils se rappelleront qu’ils ne sont pas seuls, qu’ils restent, qu’ils le veuillent ou non, solidaires; que la France n’a jamais été plus fidèle à elle-même et à son Histoire que lorsque ses desseins dépassent les limites de l’hexagone.

Mais pourquoi, me direz-vous (je ne vous sens pas très concentrés aujourd'hui), ce "c" à "Irac" ? Pourquoi pas, pourquoi écrire un "k" à l'anglaise, ou un "q" de mauvaise transcription de l'arabe ?

Le monde inverti

Même petit, le rayon science fiction de ma bibliothèque minicipale regorge de bons livres. J'ai aussi découvert Christopher Priest, et son Monde inverti.

L'histoire : à l'âge de 1 000 km, Helward devient adulte. Nous découvrons peu à peu avec lui le monde étrange où il vit : une ville qui de déplace sur des rails dans un environnement hostile. Admis dans la guilde des topographes du futur, qui lui donne le droit de sortir de la ville, il aura une autre vision de la vie des siens...

Excellent.

25 octobre 2006

Jalousie

Encore chez Denis Robert, l'explication somme toute banale du comportement de cet homme qui vient de se présenter pour "sauver Libération", Edwy Plenel. La jalousie, devant un homme tellement plus compétent et efficace que lui...

Extrait :
Sur ses accusations à mon encontre répétés des dizaines de fois dans tout Paris, et maintenant tout Bruxelles, que dire ? Je n’ai jamais prétendu apporter des révélations définitives. Au contraire, je cherche, je tâtonne, j’invente et parfois je trouve. Avec Clearstream, j’ai trouvé. Pas du tout la plus grande lessiveuse d’argent sale du monde comme l’écrit bêtement Plénel mais un outil de dissimulation qui sert à des milliers de clients sur la planète. Je fournis des preuves, des centaines de comptes ouverts dans des paradis fiscaux (je donne leurs numéros, leurs dates d’ouvertures), des microfiches. J’apporte des dizaines de témoignages que je filme et que j’enregistre. Tout l’état-major de Clearstream a été viré après mon premier livre. Bien sûr, la boîte noire de la finance a obtenu un non lieu à Luxembourg mais en raison de prescriptions. Il suffit de lire les jugements luxembourgeois. Et depuis quand un paradis bancaire est-il un modèle de vertu ?
[...] Que fait Plénel des dizaines de jugements qui me sont favorables comme celui du TGI de Paris qui juge mon enquête «sérieuse, utile, contradictoire, étayée » et qui a condamné Clearstream à me verser des indemnités. Je suis fatigué de devoir chaque fois me justifier. Je suis fatigué de la mauvaise foi et de l’aveuglement de Plénel, de Gattégno et de quelques autres. J’en ai ras le bol de leurs attaques incessantes. Jamais aucun d’eux n’a été capable de sortir un centième de ce que nous avons sorti avec l’affaire Clearstream. La vraie. Jamais. C’est sûrement ce qui les rend si mauvais et teigneux.

Souvent, les gens un peu informés me demandent ce que je leur ai fait pour qu’ils me poursuivent avec autant de constance et d’agressivité les années passant, je suis bien ennuyé pour répondre. Je ne sais pas. Ils pourraient me laisser en paix. Ce n’est jamais moi qui tire le premier. Ils doivent être jaloux. Je ne vois pas d’autres explications à tant de hargne. Ils sont comme dans une cours de récré. [...] Mes livres se vendent avec un centième des papiers et des invitations de complaisance qu’ils ont dans tous les médias. Mes films sur Clearstream sont depuis une semaine en tête de gondole dans les FNAC. Ça les rend verts de rage. Plénel est dans l’incantation, la fiction, sa fiction. Rien de ce qu’il dit n’est étayé par un début de preuves. Tout ce que j’écris est vérifiable, visible. Lui, pas. Il est dans le complot, la parano et le fantasme. Je suis dans le réel.


Cela me fait peur pour Libé, enfin, ce qu'il en reste...

Messager des tempêtes lointaines

La science fiction en langue française regorge d'auteurs méconnus du grand public, mais qui valent bien voire mieux que les médiocres essais des scribes officiels de Francimard ou de Grassouillet.

Je me suis ainsi plongé avec délices dans cette oeuvre de Pierre Pelot, qui reprend trois nouvelles publiées auparavant mais constituant une histoire (L'homme au bord de la pluie, Ailleurs sous zéro, Naufragé de la foudre parues chez Fleuve Noir).

Après un passage difficile où la Terre a été bouleversée par le cataclysme atomique et des guerres, les vaincus - qui sont devenus des citoyens de troisième zone - attendent un "messie" qui semble arriver sous la forme d'un être surgi de nulle part au milieu d'un chantier où l'on a redécouvert une poubelle nucléaire. Mais ce "messie" ne semble pas très à la hauteur de la situation…

À partir d'un canevas qui ressemble à certains romans des années 60-70, Pierre Pelot développe une histoire originale avec rebondissements. Une technique de "vieux routier" et une maîtrise de l'écriture qui permettent un renouvellement du genre, hors des tartes à la crème du cyber-machin. Un roman qui devrait intéresser les élèves à partir de la seconde.

24 octobre 2006

Fondation

« La violence est le dernier refuge de l'incompétence. »
Une citation parmi tant d'autres tirée de la trilogie Fondation, Fondation et empire, Seconde Fondation d'Isaac Asimov, que j'ai avalée dans le train de banlieue la semaine dernière...

Une langue (enfin, une traduction dans une langue) fluide, une histoire qui tient en haleine, de la belle ouvrage. Merci à ma bibliothèque municipale, qui me permet de lire des classiques alors que dans mes achats de livres je me suis toujours laissé guider par le hasard, voire la compulsion. La bibliothèque n'a pas tous les autres titres, seulement Fondation foudroyée (que je lirai à partir de demain ou d'après-demain.)

Allez, j'aime bien aussi celle-là :
« La flatterie est une arme précieuse quand on a affaire à des jeunes; surtout quand cela ne vous engage à rien... »

Menteurs

Je ne ferais pas l'injure à l'intelligence de mes lecteurs de leur asséner chaque jour les poncifs qui peuplent les conversations de comptoir et de machine à café sur les politiciens menteurs et corrompus. Malgré les efforts de plus en plus concentrés des amis de Madame Parisot et de Monsieur de Nagy Bócsa (francisons à l'outrance... je voulais donc dire de Madame Petit Paris et Monsieur de Grand Botcha), l'institution scolaire persiste à enseigner un certain esprit critique.

Pourtant, il est des partis qui semblent plus répondre à cette caricature que d'autre. Le parti à vocation unique institué par le maréchal, pardon, je m'égare, général De Gaulle, semble concentrer en son sein toutes ces propriétés : mensonge, corruption, coups bas... Non que les autres en soient exempts, mais quand même, autant prendre le plus significatif.

Évidemment, c'est le chef du parti qui doit donner l'exemple, et donc Monsieur de Grand Botcha a encore, hier soir, osé affirmer, sur son canal privé (connu parfois sous le nom de TF1) que grâce à lui les violences et la délinquance avaient diminué. C'est d'autant plus remarquable, que la même constellation télébouygues & lecanichabouc (marque déposée...) met de l'huile sur le feu en instillant un nouveau concours pour les désoeuvrés banlieusards : qui tendra l'embuscade la plus réussie, qui brûlera le plus de bus en pleine journée ? (réponse dans métro et ving minutes, relais écrits gratuits de la constellation précitée).

Il convient donc de lire avec attention le blog de Grabuge, qui fait un parallèle réussi avec la Corée du Nord et qui n'oublie pas le Turkménistan.

Mais les lecteurs réguliers le savaient sans doute déjà...

23 octobre 2006

Cauchemars

... ou comment bien commencer la semaine. 1 heure du matin, j'entends des sanglots... ils proviennent de la chambre du grand. Trop de lectures sur les dinosaures... il bredouille le mot monstre dans son sommeil. Je reste allongé un peu à ses côtés, comme d'habitude je m'assoupis...

2 heures 30, cela fait quelques minutes que je suis retourné dans mon lit. À nouveau des sanglots. Elle se lève, va le consoler, il se rendort.

3 heures 30, environ, des pas dans notre chambre. C'est le petit, il a fait un cauchemar dans lequel il est question de fantômes... je vais avec lui, je m'assoupis à ses côtés...

Retour dans la chambre vers 5 heures 20... pour regarder l'heure et me dire qu'il reste 35 minutes de sommeil.

Vous me trouvez l'air fatigué ce matin ???

21 octobre 2006

Économie

Un peu d'économie, sur le blog La lettre volée. Edmund Phelps vient de recevoir le prix Nobel. En conclusion, ne croyez pas de que dit Madame Parisot, ni son caniche (qu'elle partage volontiers avec Monsieur Bush fils)... Et ne croyez que modérément en l'infaillibilité des prix Nobel d'économie... ça me rappelle l'époque où le premier économiste de France était premier ministre. Ah, vous n'avez pas connu Raymond Barre ?

Extraits choisis, pour ceux qui n'aiment pas cliquer...

Phelps [...] signe un papier platement binaire et fait une proposition assez étrangement rétrograde. Le papier du Wall Street Journal fait l'éloge du capitalisme anglo-saxon opposé au capitalisme européen. Les arguments de Phelps sont cependant étonnants. Le modèle européen continental serait caractérisé par des "banques monopolistiques". Je ne sais pas s'il fait référence à l'encadrement du crédit, il faudrait lui écrire pour lui dire que ça a été supprimé en 1984.

Plus loin, il explique que la productivité horaire du salarié américain est supérieure à celle des trois plus gros pays européens, c'est faux. La productivité horaire du salarié français est régulièrement meilleure, encore en 2005 selon les stats de l'OCDE (niveau US = 100, France = 101, Royaume-Uni = 83, Allemagne = 91).

Le reste de l'article allie de l'intéressant à du pas original, pour conclure avec un argument qui mériterait que le concept de jésuitisme eût été créé pour lui. En gros, selon une optique de justice rawlsienne élargie (Rawls, pour faire vite, indique qu'une société juste doit s'assurer que les inégalités bénéficient aux plus démunis - financièrement s'entend), il faut éviter d'entraver les entrepreneurs qui sinon se retrouveraient les plus démunis de "développement personnel".

J'ai bien aimé le rappel sur la productivité. Avec 35 heures, et tout le reste, les Français sont quand même plus productifs que les Américains et les Britanniques. Pourquoi ne pas l'expliquer au reste du monde (et aux handicapés du cortex qui peuplent les sièges de la Commission de Bruxelles) ? Il y a là une faute grave de la part de ces messieurs de l'UMP au pouvoir, non ? (Madame Parisot, qui les connaît bien, peut-elle leur expliquer ce qui est dit dans le Code du travail au sujet de la faute grave ? ou cela relève-t-il encore d'un statut pénal particulier ?) (Comment ça, elle veut le réformer ? L'a-t-elle seulement lu ? Comment, faites ce que je dis, pas ce que je fais ???)

20 octobre 2006

Au secours

Sur le blog de Jean-Pierre Rosenczveig, un article intitulé avec humour Madonna pourrait adopter les enfants du TGI de Bobigny ? qui même plusieurs sujets. Le premier, qui est grave et peu médiatisé, mérite toute notre attention.

J'apprends en revenant du TGI [Tribunal de grande instance] où se tenait une assemblée générale de l'association "SOS Victimes 93" que, pour une modeste contribution de 5 millions de dollars destinée à financer un orphelinat, l'ex-sulfureuse Madonna vient de ramener en Angleterre un enfant de 13 mois dont on nous dit qu'elle veut l'adopter.

Toutes les associations d'adoption poussent des cris d'orfraie devant ce passe-droit abominable. Cela me donne une idée !

Madonna ne pourrait-elle pas verser une modique obole de 30 000 euros à "SOS Victimes 93" pour lui permettre de maintenir son intervention comme administrateur ad hoc en faveur de quelques 150 enfants violentés de la Seine Saint Denis afin que justice leur soit rendue ? Et pourquoi pas "adopter" les enfants violentés de Seine Saint-Denis?

J'explique : quand les parents ne peuvent pas assumer le pilotage de la défense des intérêts de leurs enfants, soit parce qu'ils sont traumatisés par l'agression, soit parce qu'ils en sont les auteurs, la justice désigne un administrateur ad hoc qui lui-même veillera à ce qu'un avocat intervienne devant la juridiction. L'administrateur donne des instructions à l'avocat sur la ligne à conduire, il cadre les choses, il accompagne la jeune victime, physiquement et psychologiquement etc. Le rôle de cet adminstrateur ad hoc qui n'a rien à voir avec le héros d'Hergé est essentiel .

Passons les détails mais observons que l'Association n'a a plus les moyens de payer son unique salariée qui se consacre à cette tache essentielle. Pour 2006 des bouts de ficelle ont permis grâce au Conseil départemental d'accès au droit et au président du TGI ainsi qu'au sous préfet chargé de la ville de boucler le budget. La Chancellerie a été alertée au printemps, apparemment sans réaction; le Défenseur des enfants mobilisé est intervenu, les parlementaires ont tous été mobilisés. On est en fin d'année 2006. Le budget 2007 ne permet pas de reconduire le contrat de cet salariée qu'il faut donc licencier et de ce fait il faut arrêter.

On imagine les titres des journaux : "A Bobigny les enfants victimes ne sont plus défendus!" Après le juge laxiste et idéologue, une nouvelle occasion de faire connaître le nom de Bobigny

Le risque est énorme et on y va droit.

Au 15 décembre le mandat des avocats actuellement désignés tombera pour les 150 situations aujourd'hui suivies par l'association. Et plus question de reprendre de nouveaux cas. Comme le Conseil général - qui assume lui aussi 150 cas - n'est plus actuellement sur la liste des administrateurs ad hoc, l'application de la loi du 17 juin 1998 sera bloquée en Seine Saint-Denis. On imagine le tollé!

Tout cela pour 30 000 malheureux euros.

Mme Madonna, faites escale à Bobigny, SVP ! On vous recevra bien. D'après M. Lagarde, député-maire de Drancy, les juges sont des pères Noël ! Tout un programme.

À défaut du mécénat de la star - ou d'une autre - nous serons conduits à inscrire le TGI à "Qui veut gagner des millions ? ".

Nous avions bien pensé faire appel à notre précédent sponsor " N. S ." qui d'un seul coup médiatique nous avait rapporté il y a deux semaines 12% d'effectifs éducatifs supplémentaires, mais nous nous sommes dits qu'il était actuellement mobilisé sur d'autres fronts et qu'il ne fallait pas abuser !

Quitte à avoir des moyens de fonctionnement en créant un événement, j'ai donc pensé à Mme Madonna qui un temps était très appréciée à l'Elysée si ma mémoire est bonne !

Une bien triste et bien vraie histoire qui illustre que l'intérêt des enfants est tenu pour supérieur à tous autres dans notre pays ! On en pleurerait.

Il y a de quoi... J'avoue que je suis admiratif devant le travail de M. Rosenczveig, qui ne lui empêche pas de garder le sens de l'humour. La France, c'est aussi cela, des tas de gens qui travaillent dans des conditions difficiles, qui avancent, qui plaisantent, qui savent discuter. Ce devrait être surtout cela, et pas la coalition de corrompus, de pisse-vinaigre et autres fachos que nous présente le parti de M. de Nagy Bocsa.

Hypocrites...

Lu dans la presse...

L'Union européenne de football association (UEFA) a interdit à l'AS Nancy Lorraine d'arborer, lors de ses matches de Coupe de l'UEFA, un maillot où figure, brodée en rouge sur le col, l'inscription "Non au racisme". Ironie de l'affaire, cette interdiction intervient au moment où l'UEFA lance une semaine de sensibilisation contre les discriminations raciales, dans le cadre de sa campagne intitulée "Le football contre le racisme". Si les dirigeants nancéiens persistaient dans leur démarche, ils encourraient une forte sanction pouvant aller jusqu'à l'annulation de leur prochain match de Coupe de l'UEFA (le jeudi 2 novembre contre Cracovie) ou une interdiction de le jouer. À L'ASNL, on s'avoue tout de même un peu surpris de cette mesure. "L'an passé, nous avions décidé, en accord avec notre équipementier, de faire figurer la mention "Stop à la violence", rappelle M. Holveck. Mais quand nous avons envoyé nos équipements au siège suisse de l'UEFA, cette année, on nous a dit par retour du courrier que tout était très réglementé et qu'il fallait enlever cette mention concernant le racisme." En réaction, les dirigeants de l'ASNL ont proposé d'étendre cette inscription à tous les clubs participant à la Coupe de l'UEFA.

Bravo aux dirigeants de l'ASNL... mais je suis quasiment sûr que l'UEFA n'en fera rien. Imaginez... une idée plus importante qu'une marque de lessive. Je vois déjà tous les petits épargnants prêts à voter Sarko trembler d'effroi, craindre même la rupture d'anévrisme.

19 octobre 2006

Elle a dit...

Ma fille est extraordinaire. Un samedi soir, de retour du supermarché, nous apercevons le disque brillant de la lune. Elle s'exclame : "mais je croyais qu'elle était en forme de petit pain au chocolat".

18 octobre 2006

Édifiant

Dans l'excellent blog de Denis Robert, on peut lire un texte qui résume bien ce qui se passe dans notre société. Extraits choisis :

Dans l’article sur les dix ans de l’appel de Genève, je fais un parallèle entre la création de pauvreté et les fuites de capitaux vers les paradis fiscaux. Depuis une dizaine d’années, beaucoup de ce que j’écris tourne autour de cette question que résume assez bien un ami journaliste qui vient de m’écrire: « Ton analyse de dire que l'argent dissimulé qui part on ne sait où via des canaux comme Clearstream manque aux SDF et aux travailleurs pauvres, si elle n'est pas fausse, n'est pas assez clarifiée. Si tu veux fonder un modèle explicatif global, il faut à mon avis être plus précis sur ce thème ».
ll a raison…

Il y a une dizaine d’années, j’ai croisé sur le parking de la cathédrale de Metz un sdf qui venait de gagner sa place de rangeur de voitures. C’était un vrai combat de l’obtenir. Il s’appelait Gilles. J’espère qu’il s’appelle toujours. Donc Gilles était à la rue depuis un an. Il avait 40 ans. Il avait travaillé pendant 15 ans dans une usine familiale de la région de Sarreguemines spécialisée dans la réfrigération… [...] L’usine avait une filiale très rentable qui se chargeait aussi d’équiper des camions.
[...] Le propriétaire avait 90 ans… Pas de fils mais des filles dont un des gendres avait finalement accepté de vendre son usine, contre un petit pactole à un groupe anglais qui faisait le même genre de container en Irlande… Ce que ne savait pas le gendre, c’est que le groupe anglais avait été racheté par des banques anglaises et taiwanaises. Il l’aurait su, ça n’aurait pas changé grand chose, sauf dans sa manière de faire passer la pilule aux ouvriers… L’usine lorraine a mis cinq années avant de fermer.

On a proposé à Gilles un boulot de routier en Alsace mais il ne voulait pas quitter sa famille et était vraiment spécialisé dans la chaîne du froid… Faire chauffeur ne le branchait pas trop. Quitter sa femme et ses mômes, non plus… On peut dire que c’est son tort ou sa liberté… Gilles est resté chez lui, a pointé à l’ANPE, a fait des petits boulots en intérim. Et puis, la femme de Gilles s’est barrée.
[...] Et puis Gilles est parti et s’est retrouvé dans la rue avec un RMI. Il ne votera pas aux prochaines élections.

Cet été,
[...] un copain est venu me voir avec son beau-père qui possédait un bateau dans le coin. [...] Le beau père était insupportable. Frimeur, vantard, n’écoutant personne, imbu de lui-même. [...] Mais comme mon pote était mon pote et qu’il avait une femme à laquelle il tenait, je n’ai rien dit. [...] Comme je n‘avais rien d’autres à faire [...], j’ai écouté ce que disait le beau-père. C’était vraiment intéressant. Le fond de son discours tenait en ces quelques mots : « J’en ai eu marre de filer mon argent aux impôts »… Il essayait ainsi de justifier sa vie de pacha et sa retraite anticipée à 52 ans. Vente de ses usines à des fonds de pension puis investissement dans la pierre. Il est aujourd’hui rentier, fait dans l’immobilier de bureau et dans l’investissement off shore. Il ne paie pas l’ISF mais possède appartement à Londres, Ferrari, Jaguar et villa près de saint Trop. Sous l’identité de ses fils, de sa femme, ou d’une société civile immobilière dont les actionnaires majoritaires sont des prête-noms. Il votera Lepen au first et Sarko au second.

Un troisième personnage importe dans ma démonstration. Malcolm travaillait chez Deloitte and Touche, gros cabinet d’audit avant de se mettre à son compte avec deux amis. Il est gestionnaire de fortune.
[...] Il aide ses clients à défiscaliser. « Mais attention, tout est légal » jure-t-il chaque fois que je le vois. Je l’ai vu souvent lors de mon enquête sur Clearstream. [...] Avec lui, j’ai mieux assimilé certains raffinements de la machine à transférer et à dissimuler les investissements. Il utilise Swift, Euroclear et surtout Clearstream où sa société est co-propriétaire d’un compte depuis longtemps pour de nombreux placements off shore. Le compte est au nom d’une banque d’affaires suisse. Malcolm jongle avec les comptes, les écrans et les intermédiaires [...] Il ne craint rien, sauf sa conscience qui parfois le rattrape. Il n’a pas le permis, connaît Paris Hilton et quelques jetseters qui sont parfois dans Voici. Il se moque d’eux. Il a tort. Il est pareil. Il jure qu’il arrêtera de bosser dans cinq ans. Ça fait dix ans qu’il le dit.
Pour mettre Gilles sur la paille, il a fallu des circonstances, des outils, une chaîne de responsabilité. Il a fallu un beau père et un Malcolm. Un environnement. Une politique globale. Je pourrais faire des schémas pour expliquer, être plus global et plus précis. L’argent volé est toujours volé quelque part et par quelqu’un. Il faut un voleur, un receleur et des outils de banquier off shore pour réaliser ce pillage en règle. Aucun politique n’aborde ces questions. Jamais. Ils préfèrent aller serrer la louche à Juncker…

Édifiant, non ?

17 octobre 2006

Hippocrate !

Hippocrate, au secours !

Lu dans Le Monde :

Près de quatre médecins sur dix refusent les soins aux bénéficiaires de l'aide médicale d'Etat (AME) ou tentent de les dissuader de venir les consulter, et près d'un médecin sur dix refuse ces soins aux patients relevant de la couverture maladie universelle (CMU), affirme Médecins du monde après un "testing" auprès de médecins généralistes. Il s'agit de la quatrième enquête depuis 2002 sur ce sujet "tabou" du refus de soins, rappelle Médecins du monde, et de la plus large par le nombre de médecins testés (725) et de régions concernées (10 villes).
[...]
"Au-delà de l'affichage politique, on observe depuis plusieurs années un recul dans l'accès aux droits des plus démunis", affirme Jean Toussaint, l'un des responsables du mouvement ATD Quart Monde, dont le fondateur Joseph Wrésinski a initié en 1987 cette journée contre la misère, reconnue en 1993 par les Nations unies au niveau mondial.
Rendez-vous a été demandé début 2006 par téléphone au même médecin par trois personnes ayant une couverture maladie différente : l'AME, qui s'adresse aux étrangers en situation irrégulière, la CMU, destinée aux personnes ayant des ressources inférieures à 587,16 euros mensuels, ou la Sécurité sociale plus complémentaire privée.
Près de quatre généralistes sur dix (37 %) ont refusé les soins aux bénéficiaires de l'AME ou donné des réponses dissuasives, et près de 10 % ont fait de même pour les bénéficiaires de la CMU. Parmi ceux ayant refusé l'AME, 108 médecins ont émis un refus direct et 38 ont fait valoir de fausses indisponibilités, auxquelles s'ajoutent 123 réponses proposant des rendez-vous tardifs ou demandant une avance de frais.
[...]
Les médecins du secteur 2 (tarifs libres) refusent pratiquement deux fois plus souvent les soins que ceux du secteur 1, quel que soit le type de couverture maladie. D'un cinglant "l'AME me révulse", au catégorique "je ne m'occupe pas de ces patients", les réponses des médecins peuvent être très directes. D'autres sont plus embarrassées : "On ne peut pas vous prendre, allez à l'hôpital." Certains évoquent des difficultés de remboursement : "On n'est jamais payé, je ne vous prendrai pas, même malade", ou administratives : "Je ne prends pas de nouveaux AME, car c'est trop compliqué", ou même : "je ne suis pas agréé AME".
Un refus direct de la CMU a été assorti d'un "ça ne m'intéresse pas", un autre d'un "je ne prends que les CMU que je connais". Des réponses témoignent d'une méconnaissance du dispositif : "Il n'y a que les hôpitaux et les dispensaires qui la prennent."
Médecins du monde rappelle que le "refus de soins est une infraction et une faute". "Les dispositifs facilitant l'accès aux soins des plus démunis sont du registre du droit, pas de l'humanitaire ou de l'assistance", rappelle l'association qui demande "une seule couverture maladie véritablement universelle incluant aussi l'aide médicale d'Etat et que le seuil d'obtention soit aligné sur le seuil de pauvreté (774 € sur la base de revenus 2003)".


Cet article m'a donné envie de gerber, mais m'a certainement fait économiser quelques cafés dans la journée.

Je fais partie des salariés qui paient tous les mois des cotisations à la Sécurité Sociale qui, d'une certaine façon, permet à ces médecins de vivre. Et je me demande simplement pourquoi on ne donne pas les moyens à cette institution pour réprimer de tels comportements. Collusion ? À vous de juger.

Putain 24 ans...

Oui, vingt quatre ans aujourd'hui que je débarquais à Paris, pour poursuivre des études et ne jamais les rattraper. Cela fera 7 ans à la fin de l'année que je m'en suis suffisamment éloigné pour pouvoir dormir la nuit sans masque à oxygène, mais quand même, c'est la preuve que l'homme s'adapte à tout.

16 octobre 2006

Super-state

J'ai lu aujourd'hui ce roman de Brian Aldiss, dont le titre a été traduit par Super-État. J'avoue avoir été dérangé pendant toute ma lecture. Non par l'environnement (tous ces gens, dans les transports, ceux qui oublient leur déodorant, ceux qui étalent bruyamment les petites misères de leur vie de bureau, ceux qui commencent à ronfler doucement, bercés par le roulis et le tangage conjugués du transilien RER D...) mais par la mauvaise qualité de la traduction française, derrière laquelle suintait l'anglais caustique de l'auteur. Par exemple, si je vais sauver mon travail, cela suppose-t-il que j'accepte une baisse de salaire (version Parisot & Sarkozy), ou que je me mette en grève (version Besancenot & Buffet) ? Non, il s'agit de quelqu'un qui travaille sur ordinateur, et qui doit penser à enregistrer son document. To save his work. Cool, non ?

Sinon, le roman est très classique de la part d'Aldiss, ce côté très nonsense et cette féroce satire de l'eurocratie, mêlée d'une exploration spatiale de circonstances (et les spationautes qui découvrent de la vie sur Europe, satellite de Jupiter... la mangent car leurs provisions se sont avariées en chemin). Je vous recommanderais donc de vous procurer la version anglaise.

15 octobre 2006

Extrême-fiction

J'ai cette semaine passée frôlé l'overdose de bonnes lectures. Après Douglas Adams et Terry Jones, j'ai en effet découvert Henri-Frédéric Blanc. Un livre extraordinaire, bien écrit, dans un français vivant et délicieux qu'on aurait du mal à imaginer sur les bords de la Seine. Extrait :
Est-ce ma faute si tant de gens se tuent au travail afin de se payer des échappées dans des univers-jeux et sont prêts à tout pour venger Jeanne d'Arc, conquérir la Toison d'or ou revenir dans leur deux-pièces avec un brevet de surhomme estampillé par Zarathoustra en personne ? Tout le monde veut jouer, jouer, jouer, et si l'on risque sa peau c'est encore mieux ! Les cyberpsys appellent cela le syndrome du sphinx : on est irrépressiblement attiré par ce qui menace de nous dévorer. Pourquoi ? Parce que le pire des monstres c'est la routine. Horrible pieuvre qu'on ne peut fuir que dans la fiction... - C'est vrai qu'il faut être très solide pour ne pas se faire écraser par la locomotive impitoyable du train-train.

Et tout le reste est même mieux.

14 octobre 2006

Starship Titanic

God, what a book! Je ne savais pas que Douglas Adams avait écrit ce livre, d'ailleurs ce n'est pas lui, c'est juste une idée qu'il a fait mettre en oeuvre par le Terry Jones des Monty Python. Emprunté à ma bibliothèque municipale samedi dernier, lu sans coup férir dans les trains et métros dès le lundi. Un vrai régal.

Intéressante, aussi, la préface qui explique que si les gens aiment écouter les histoires, l'invention de la littérature (puis de la télévision) a fait un tort considérable à notre capacité imaginative. Car c'est totalement contradictoire avec le contenu dudit livre.

13 octobre 2006

Bratislava (2)

Je reviens sur ce que j'ai dit. La vieille ville est très jolie, et comme elle est toute petite, on peut en faire rapidement le tour à pied. Le Danube est à deux pas (même si de nuit je n'ai pas pu vérifier sa couleur bleue...) L'ambiance est plutôt sympathique, et la taverne où nous avons bu de la bière et grignoté était très chaleureuse.

Ce qui est surprenant, c'est l'absence de métro. En fait, la capitale de la Slovaquie n'a que 500000 habitants, et le réseau de bus, trolleys et trams est dense. De plus, il n'y a pas de contrôles des tickets (disponibles par des distributeurs à pièces, valables pour 10 minutes, 30 minutes ou la journée), j'ai donc voyagé gratuitement ces trois jours...

Dernier détail, la monnaie. Très bizarres, ces chevrons sur les billets. Tous les billets en couleur sont sur le site de la banque nationale (comment, vous ne parlez pas slovaque ?) en attendant l'euro.

12 octobre 2006

Bloc débloque

La traduction du mot blog a évidemment suscité des débats sans fin chez les pourfendeurs misanglophones qui peuplent le ouèbe et la blogosphère... J'aime bien bloc - utilisé en catalan - qui rappelle bloc-notes. Pas blogue qui est aussi ridicule que bogue pour bug. Enfin, quoi... la vivacité d'une langue ne se mesure pas à ses emprunts, mais à la contagion syntaxique de ses élites... Êtes-vous prêts à être challengés sur le sujet ? Je peux initier ce débat... mais je vous avertis, je ne crains pas la compétition...

Trêve de plaisanteries, moi qui ne lisais que les blogs, voici que je me suis aventuré dans les commentaires... pour découvrir qu'en fait les blogueurs n'attendent que ça. Être commentés, trackbackés (yes!), bref, la classique recherche de la reconnaissance. Et cela atteint des proportions inouïes, entre abonnés aux commentaires qui ne supportent pas les nouveaux venus (ma chère et tendre en a fait l'expérience sur un blog aviaire) et groupes de pression... Voyez l'édifiante "Affaire Natacha" décrite par Laurent G.

Bref, finalement, to summarise it, les blogs, ça craint, mais les commentaires, that stinks!

11 octobre 2006

Bratislava

J'ai testé Sky Europe, compagnie à bas prix basée en Europe Centrale, et dont le premier avion arborait le portrait de Madame Sklenaříková-Karembeu... Sandwiches payants et froids, café OK, j'ai eu de la place pour mes jambes car on m'a proposé spontanément une issue de secours. Atterrissage impeccable.

Que cette ville est laide. Enfin, jeudi soir je visite le centre historique, j'espère mieux... Hôtel correct coincé entre autoroute et voie ferrée (et bien insonorisé, j'ai bien dormi). J'ai pu apprécier la cuisine dans un restaurant avec la carte en slovaque.

Mais voilà, ma petite famille me manque.

10 octobre 2006

Contrariétés

C'est étrange comme le désir va et vient... Ces jours-ci, je suis plein d'allant et je ne cesse de solliciter ma douce pour des câlins que je m'égarerais à trop décrire ici. Parfois, c'est niet. Trop fatiguée, pas la tête à ça. Dimanche soir, le petit avait 39 de fièvre. Je l'ai dûment paracétamolisé, il s'est finalement endormi. Je suis redescendu, j'ai passé quelques minutes avec elle. Elle a abandonné l'ordinateur. Le temps de lire mes emails et de monter, elle dormait... Frustré, j'ai mis une bonne heure à m'endormir...

La nuit, je me suis levé à plusieurs reprises pour vérifier la température du bonhomme. Cela s'est terminé vers 3 heures par une nouvelle prise de paracétamol. Comme il tardait à "refroidir", j'ai ajouté un gant humidifié à l'eau froide sur son front. Je suis resté avec lui deux bonnes heures. Le matin, j'avais quand même envie de rendre un vibrant hommage à ma tendre épouse. Mais non, quand les enfants sont malades, sa libido bat en retraite.

Je suis resté la matinée avec le petit. Heureusement, manouvelleboite m'a fourni un PC portable sur lequel je peux travailler à la maison. L'après-midi, je suis allé au travail. Je suis rentré tard, la petite famille m'attendait pour dîner. Les enfants étaient heureux de partager leur repas avec moi. Elle portait un de ces petits hauts noirs qui la mettent aussi bien en valeur... Cela m'a ouvert l'appétit. Mais voilà, je suis monté dans la chambre... j'ai attendu une heure et elle était encore en bas... Elle sera monté plus tard, épuisée, fatiguée, pas envie, et si j'insiste, "mais comment fais-tu pour... c'est une maladie..."

Eppure l'amo...

Silences

La vie de couple est faite de dialogues, parfois vifs, mais aussi de silences nécessaires. Parfois, simplement parce qu'on sait que la réponse engendrerait une dispute sans grand intérêt. Parfois, parce que l'on n'a pas envie de parler de ce qui nous soucie, pour ne pas en charger l'autre.

Ces silences sont salutaires, mais parfois ceux de l'autre sont inquiétants. Non, pas parce qu'ils pourraient susciter de la jalousie ou de la colère... mais parce qu'ils sont d'une extrême pudeur. J'avoue que ma sensibilité m'a parfois fait comprendre ce qui pouvait se cacher derrière de tels silences. J'ai lu une détresse, une volonté d'enfouir définitivement des moments douloureux. Cela m'a terriblement ému, et je me suis senti impuissant, de ne pas pouvoir inverser ce passé pour elle. En même temps, j'ai appris à l'admirer aussi pour cela : elle a une telle force, une telle volonté de ne construire et de ne donner que du bon, que de l'amour... et son choix s'est porté sur moi.

Depuis hier soir, je suis mal à l'aise. J'étais fatigué, j'ai fait une colère silencieuse et j'ai peur de l'avoir blessée.

Politique

La politique ne m'ennuie pas, même si elle peut prendre parfois plus de place que ce qu'elle mérite. C'est un privilège que trop de gens ignorent que de pouvoir s'exprimer librement sur un tel sujet. C'est un exercice périlleux, un apprentissage permanent, une école de tolérance.

Mais il n'y a pas que la politique dans la vie. Disons que c'est juste l'un des leviers d'interaction avec la société autour de nous. Aussi maigre soit-il, l'espoir de faire bouger les choses ne doit jamais être abandonné. Je me souviens de mes séjours étudiants de l'autre côté du rideau de fer. J'avais pris contact avec des éditeurs de revues d'opposition, et je partais, la bouche en coeur, avec un sac à dos pleins de livres et de revues, et toujours aussi quelques paquets de cigarette et quelque bonne bouteille de cognac, aussi bons pour le moral. J'ai même transporté des machines à écrire. Tout cela semblait alors totalement utopique, Brejniev, puis Andropov, puis Tchernienko régnaient avec une main de fer... Et puis il y eut 1989, ces révolutions de toutes les formes, Berlin, Prague, Bratislava, Bucarest. La preuve que tout peut arriver.

En ces jours où la Russie est retombée sous une chape de plomb, où l'on pleure la courageuse journaliste assassinée Anna Politkovskaya, je me dis que les Russes ne doivent pas perdre espoir.

9 octobre 2006

Dur d'être une femme

Lu sur le blog de Didier Jacob, ce texte qui laisse songeur :

Virginie Despentes vous écrit de Buchenwald. De son petit Buchenwald à elle, qui est celui de la vie des femmes aujourd'hui. Ca s'appelle « King Kong Theorie » (Grasset) : « J'écris de chez les moches, pour les moches, les vieilles, les camionneuses, les frigides, les mal baisées, les imbaisables, les hystériques, les tarées, toutes les exclues du grand marché à la bonne meuf.


» Envoyé, c'est pesé.
Despentes raconte l'horreur masculine. Elle en est passée par là : un viol, un peu de prostitution, des activités diverses que la morale n'approuve pas. Au fond, tout laissait croire que Virginie Despentes, en littérature, c'était pire que Rocky. Vous êtes durs, elle est pire, dirait Télérama. Tout dans le muscle, rien dans le style. En quoi l'on se trompait : il y a du muscle, et du style. L'une des bêtes noires de Virginie Despentes, c'est la presse féminine. Elle, en gros. La bible hebdomadaire du féminisme bien-pensant. D'ailleurs le journal, cette semaine, y va avec des pincettes. Question de Elle à Despentes : « Mais pourquoi vous complaisez-vous à dire que vous êtes moche, alors que ce n'est pas le cas ? » Traduction : « Tu ne peux pas aller t'acheter le dernier sac Gucci et fermer ta gueule, connasse ? » Question de Elle : « Vous dites, la féminité, c'est la putasserie. » Traduction : « T'es sûre que tu n'aimes pas mon jean Dolce Gabbana à 1200 euros que j'ai eu gratos en service de presse ? » Question : « Quand vous parlez de pétasse, c'est péjoratif ? » Traduction : « C'est nous, les pétasses en question ? » Mais le pire, le pire du pire, vient maintenant : « Que vous a enlevé le viol et que vous a-t-il apporté ? » Apporté. Que des journalistes, femmes en plus, dans un journal féminin, dans THE journal féminin, puissent supposer que le viol peut apporter quelque chose, voilà qui donne envie d'aller finir sa vie en Mongolie extérieure, à plus de dix mille kilomètres du premier kiosque à journaux. Première de Taddéï, sur FR3, il y a dix jours. Semprun et Lanzmann causent du nouveau roman de Littell. Ca ne lui fait pas plaisir, à Lanzmann, qu'un petit jeune touche à la Shoah. C'est chasse gardée, cueillette des champignons à vos risques et périls. Et pourtant, on sent bien qu'il admire le livre. Il aurait aimé l'écrire, voilà le truc. Qu'un autre l'écrive à sa place, c'était carrément un affront. Face à lui, Semprun. Très gentleman, presque très anglais. Il y a quelque chose qui le chiffonne, Semprun. Cette phrase de Lanzmann, dans je ne sais plus quel journal : « Il n'y a que deux personnes au monde qui peuvent comprendre ce livre : Hillberg (l'historien, auteur de « La destruction des juifs d'Europe »), et moi. » Au fait, ça ne fait pas beaucoup de femmes, tout ça. Même pas une sur deux pour comprendre la Shoah. Allez, au moins une, quoi. Auschwitz, pour Lanzmann, ça doit être une histoire de mecs. Semprun : « Vous croyez que je ne peux pas comprendre le livre ? » Il ne se dégonfle pas, reprend la phrase de Lanzmann, la tourne en ridicule. Lanzmann s'entête. Lanzmann confirme. Alors Semprun lâche l'argument Rocky ; le doux, le sage Semprun se transforme en Rocky Despentes : « Où étiez-vous en 1945 ? » La question fait vaciller l'adversaire. Lanzmann bredouille, évoque un obscur passé de combattant quand Semprun définitivement l'émascule : « J'étais à Buchenwald…» On croirait entendre Despentes IV : « J'écris d'ici, de chez les invendues, les tordues, celles qui ont le crâne rasé, celles qui ne savent pas s'habiller, celles qui ont peur de puer, celles qui ont les chicots pourris, celles qui ne savant pas s'y prendre, celles à qui les hommes ne font pas de cadeau, celles qui baiseraient avec n'importe qui voulant bien d'elles, les grosses putes, les petites salopes, les femmes à chatte toujours sèche, celles qui ont des gros bides, etc. » Une sorte de train, de train du quotidien, de train-train de la mort des femmes au quotidien. De Gaulle : « Les Français parlent aux Français. » Despentes : « Les moches parlent aux moches. » Sarkozy, il y a quelques semaines (parlant de Ségolène) : « C'est de la politique, ce n'est pas un concours de beauté. » Le Point, cette semaine : « Ségolène Royal, les secrets d'un hold-up ». Remplacez Ségolène par le premier tocard masculin du Parti socialiste, le Point aurait titré : « Les secrets d'une réussite. » De Lanzmann à Sarkozy en passant par Giesbert, nos chers mâles sont donc d'accord. Ces dames ne doivent pas davantage se mêler de comprendre la Shoah que de gouverner le pays. Pas leur job. On voit combien les esprits ont changé, en France, depuis la révolution sexuelle. Depuis cette révolution dont Virginie Despentes note à juste titre que, comme dans la blague des bistrots à blagues (de mecs), tout le monde sauf toi lui est passé dessus. Regardez la panique des dirigeants socialistes, depuis quelques semaines, à l'idée que l'une d'entre elles puissent concourir à leur place. Et la haine des mêmes, à peine dissimulée, contre François Hollande : non pas qu'il n'ait pas fait son travail de premier secrétaire, mais qu'il n'ait pas su tenir madame à la maison. Voyez la confusion, les un pas en avant-trois pas en arrière. Le visage défait d'un Jospin, réalisant que le pouvoir était en train d'échapper à cette caste masculine qui pensait que ce pouvoir lui revenait de droit. L'alternance, OK. Droite-gauche, OK. Mais pas messieurs-mesdames. Messieurs-messieurs. Le livre de Virginie Despentes va déranger. Il va déranger les hommes mais probablement surtout les femmes. Le féminisme, dit Virginie Despentes, n'est pas de voter pour Ségolène. Il n'est pas dans cette éternelle promesse de justice faite aux femmes, qu'appellent de leurs vœux tous les discours des politiques. Il n'est pas dans ces propositions de justice que les politiques sortent de leur chapeau avant les élections, pour les y réenfouir dès la clôture des bureaux de vote. Le féminisme, dit Virginie Despentes, « est une révolution, pas un réaménagement des consignes marketing, pas une vague promotion de la fellation ou de l'échangisme, il n'est pas seulement question d'améliorer les salaires d'appoint. Le féminisme est une aventure collective, pour les femmes, pour les hommes, et pour les autres. Une révolution, bien en marche. Une vision du monde, un choix. Il ne s'agit pas d'opposer les petits avantages des femmes aux petits acquis des hommes, mais bien de tout foutre en l'air. » Faites passer.

J'ai beaucoup d'admiration pour Jorge Semprun. Et j'avoue que V. Despentes me paraît digne d'intérêt à lire cet article. Merci à D. Jacob qui me conforte dans ma bonne opinion sur Le Point...

8 octobre 2006

Esclaves-nés ?

Bordeaux est l'une des villes qui a le plus profité (avec Nantes) du trafic d'êtres humains... Les Bordelais sont d'incorrigibles individus chez lesquels il fait drôle de vivre quelques années... ce fut mon cas, mais j'avoue que la semaine la vie était bien plus agréable car les étudiants venus d'ailleurs étaient plus nombreux que les gens du cru.

Et voilà, après des années d'immobilisme (l'ère Delmas, nom de guerre Chaban), voici que ce bon peuple réélit le landais corrompu de droite Juppé (à ne pas confondre avec le landais raciste de gauche Emmanuelli) dès le premier tour. Masochisme ?

7 octobre 2006

Turkménistan

Derrière les barbelés, un peuple tremble, victime d'un dictateur fou, Saparmurad Niazov. Celui qui se fait appeler Turkmenbashi, père des Turkmènes, tente aujourd'hui de se faire passer pour un prophète. Au pouvoir depuis la chute de l'empire soviétique en 1991, il réduit les Turkmènes au silence, à la misère et à l'ignorance tandis qu'il s'enrichit grâce au gaz et au pétrole dont regorge le sous-sol turkmène. Il est urgent de parler de ce qui se passe au pays
dont personne ou presque ne parle.

Pour l'actualité, je vous conseille le blog help Turkmenistan, qui parle notamment de la mort sous la torture de la journaliste Ogulsapar Muradova. Cela s'est passé au mois de juin dernier. En aviez-vous entendu parler ?

Et dans la série, entre démocrates on s'entraide, qui a les plus gros chantiers de BTP dans ce pays ? Tiens, cela ne me surprend plus que TF1 ne parle pas de ce pays...

Trouvé sur un autre site :

[...] ces délires mégalomaniaques ne seraient qu’amusants s’ils ne s’accaparaient pas 70 % du PIB d’un pays qui selon les ONG cumule un certain nombre de records : taux de mortalité infantile extrêmement élevé, espérance de vie comparable à celle de l’Afghanistan voisin qui sort de 25 années de guerre, sous-éducation de la population et violation permanente des droits de l’homme.

Dément mais lucratif

(JPEG) Et surtout si ces mêmes délires n’impliquaient pas l’étroite collaboration du groupe Bouygues présent depuis douze ans au Turkmenistan. Dans Le pays où Bouygues est Roi, David Garcia montre l’incroyable aventure que mènent les cow-boys du BTP dans ce pays improbable, loin des lumières médiatiques : construction tous azimuts de mosquées, de palais présidentiel, Parlement, banque centrale, répondant aux exigences toujours plus démentes mais lucratives du Turkmenbachir.
Différentes sources à l’intérieur du groupe ont fait à Garcia des descriptions ubuesques de leur travail sur place, des changements de cap lunatiques de Niazov qu’on flatte en permanence : jusqu’à l’inviter au siège du groupe, organiser une visite officielle en France et même faire semblant de réaliser des documentaires sur le Turkmenistan pour TF1. TF1 qui aura le privilège de rénover aussi la désuète télé turkmène qui chante la gloire de Niazov du lever du soleil à la tombée de la nuit.

Grands travaux et omerta

Le pays Bouygues est roi c’est l’invraisemblable épopée des cow-boys du bâtiment qui ont l’occasion unique de bâtir des villes entières dans le désert, une sorte de conquête de l’ouest sans garde-fou qui assure plus d’un tiers des revenus de la filiale internationale du batisseur, un milliard d’euros en une dizaine d’années.
C’est aussi la rencontre forcément fructueuse entre deux entités qui ont le même goût des grands travaux et de l’omerta médiatique (la plupart des cadres de Bouygues ont refusé de répondre à Garcia ceux qui l’ont fait ont pris moult précautions).
C’est presque un rêve : Bouygues assure quasiment la seule présence française dans l’économie de l’Asie centrale dans un pays qui ne représente aucun risque politique, son président étant isolé et peu vindicatif à l’international. Du coup, Saparmourad Niazov rencontrera Mitterrand en 1993 et aura le droit à une visite officielle à l’Elysée en 1996. Personne ne songera alors à casser l’ambiance avec les histoires de droits de l’homme. Et surtout pas TF1.

Le pays où Bouygues est Roi
David Garcia
Editions Danger Public

6 octobre 2006

Censure (2)

Ma pierre à l'édifice de la sauvegarde du blog censuré de Bereno... Ce post datait du 26 septembre. À noter que je n'ai jamais réellement apprécié cet acteur, mais que cela n'a rien à voir. C'est une preuve de plus de sa mauvaise éducation (même école qu'Adolphe-Bénito Fogiel ?)

Depardieu et les inspecteurs du travail.

 Les outrages envers les contrôleurs et les inspecteurs du travail ne sont pas l'exclusivité d'employeurs allergiques à l'inspection du travail. Certaines célébrités peuvent également se laisser aller à ce type de comportement, comme ce fut le cas récemment pour l'acteur Gérard Depardieu.

Septembre 2005: un contrôleur et deux inspecteurs du travail se présentent sur le tournage du film "Michou d'Auber". Leur mission, ce jour là, consiste à contrôler les conditions d'emploi des travailleurs intermittents du spectacle.

Parmi les acteurs présents: Gérard Depardieu. L'acteur n'apprécie pas cette venue de l'inspection du travail et il s'emporte contre les trois fonctionnaires qui font leur travail.

-"Qu'est-ce que c'est que ces trois rigolos ?" s'exclame-t-il.

De toute évidence, ça l'énerve méchamment Gérard Depardieu cette intervention, d'autant plus qu'il a le sentiment d'être leur employeur:

-"C'est moi qui les paie avec les 75 % d'impôts qu'on me prend".

A la suite de ces propos, les inspecteurs saisissent le Procureur de la République. Ce dernier décide de poursuivre l'acteur pour délit d'outrage à l'encontre du contrôleur et des inspecteurs du travail. En effet, il s'agit bien d'un délit prévu par le code du travail et réprimé par le code pénal.

Lors de l'audience du Tribunal Correctionnel de Montluçon, le Procureur de la République dénonce "une attaque injuste à leur fonction" et évoque "les conditions de travail difficiles des inspecteurs du travail". Il requiert à l'encontre de monsieur Depardieu une amende de 4000 euros.

Finalement, Gérard Depardieu (représenté par son avocat) sera condamné à 3500 euros d'amende. D'après son avocat, l'acteur, ce jour là, était "stressé" ...peut-être, mais ni le stress, ni la notoriété,  n'autorisent l'outrage.

5 octobre 2006

Censure

J'avoue ne plus être surpris de la façon dont les choses évoluent à l'approche des échéances électorales de 2007. Suppression d'émissions critiques sur les antennes publiques. Et, pour couronner le tout, censure officielle du blog de Bereno.

Sous ce pseudonyme, un remarquable inspecteur du travail tenait un blog sur le serveur de blogs du Monde. Sa hiérarchie a exigé, avec la menace de sanctions disciplinaires, de fermer immédiatement cet espace où il préservait pourtant l'anonymat des entreprises et des salariés inspectés ou le sollicitant. C'était un espace passionnant, qui m'a presque fait regretter le temps pas si ancien où, en tant que délégué du personnel, j'exerçais le périlleux exercice de porter des réclamations et de défendre mes collègues devant la direction de l'entreprise qui m'empoyait alors.

Dans les commentaires sur le post du Monolecte, qui dénonce cette censure, on trouve une citation qui peut éclairer notre lanterne sur le pourquoi du comment :

"Lorsque Sarkozy et ses sbires dénoncent le modèle social français, ce qu'ils vomissent n'est pas le chômage qui touche 10% de la population active, ni les super-profits de ces mêmes sociétés qui restructurent et délocalisent. Ce modèle social que Sarkozy ne supporte plus, c'est celui d'un DROIT DU TRAVAIL conséquent, celui d'un Etat redistributeur des richesses, celui d'un interventionnisme pour défendre des valeurs comme l'égalité et la fraternité, celui d'une main d'oeuvre qualifiée et bien payée pour être performante,etc...

Ce modèle social ne doit rien au hasard : il résulte des luttes sociales du XXé siècle : des grèves de 1936, en passant par la Libération et mai 1968, jusqu'aux conquêtes de 1981.

La France devrait donc abandonner son modèle social pour importer "ce qui marche", c'est-à-dire le modèle anglo-américain de régression sociale."

Paul Ariès, "Misère du sarkozysme. Cette droite qui n'aime pas la France", Ed. Parangon/Vs

Sans autre commentaire.
Comme Petaramesh, je cite intégralement un post de Bereno, pour montrer combien ce blog était passionnant.Il est encore dans le cache de Google, à la date du 21 juin 2006.

La haine condamnée...un peu.

Cela s'est passé durant les jours qui ont suivi l'assassinat des deux collègues en Dordogne. Quatre agriculteurs ont exprimés par écrit, après ce double meurtre, toute leur haine des agents de contrôle de l'inspection du travail en agriculture. Ils ont laissé libre cours à leur violence verbale en septembre 2004 sur le forum d'un site internet spécialisé sur les questions agricoles.

Leurs écrits, qui ne reflètent pas l'état d'esprit de l'ensemble du monde agricole, sont d'une extême violence, en voici quelques extraits:

"Au moins dans l'avenir, les inspecteurs effectuant leur sale besogne réfléchiront à deux fois avant de nous persécuter. Il est bien malheureux d'arriver à un drame (pour une fois du côté "des seigneurs" pour que certaines personnes commencent à se poser des questions sur le drame paysan que notre pays connaît depuis quelques années. On veut nous supprimer ! Cela ne se fera pas sans heurts (...) Ces contrôleurs de la MSA (Daniel BUFFIERE appartenait à cet organisme, Sylvie TREMOUILLE à l'inspection du travail pour le régime agricole) ce sont des gens bien que l'on aime et qu'on respecte quand ils finissent six pieds sous terre".

"Au Dakota, un éleveur peut légalement flinguer un voleur de troupeau s'étant introduit sur sa ferme, sans aucune poursuite judiciaire, à méditer pour les gnomes de la contrôlite aigûe."

L'un d'entre-eux évoquait dans sa prose "l'ouverture de la chasse aux nuisibles", traitant les contrôleurs de "fouinards".

Le Ministère du Travail (!) a déposé une plainte en novembre 2004 pour apologie d'atteinte volontaire à la vie et diffamation envers une administration publique.

Le 25 avril 2006, les quatre internautes agriculteurs ont comparu, devant la 17ème Chambre du TGI de Paris, pour répondre de leurs écrits. De nombreux collègues de l'inspection du travail se sont mobilisés afin d'être présents lors de cette audience. Les syndicats et le Ministère du Travail se sont constitués partie civile.

Le jugement a été rendu le 30 mai 2006. Finalement, deux agriculteurs ont été condamnés à une amende de 1000 euros pour l'un et 500 euros pour l'autre. Egalement, condamnés solidairement:

- à 5000 euros à titre de dommages-intérêts, et 1500 euros pour les frais à monsieur TREMOUILLE;

- à 1 euro à titre de dommages-intérêts et 500 euros pour les frais à l'Etat;

- à 1 euro à chacune des organisations syndicales parties civiles (CFDT, CFTC, CGT, FO, SNU, Sud);

- à la publication du jugement au choix de l'Etat, pour un montant limité à 3 000 euros.

Quant au meurtrier, son procès devrait intervenir avant la fin de l'année. A suivre.