5 août 2008

Juste une fin de partie

C'était dans les débuts de ce blog. Une chanson d'Hubert Félix Thiéfaine, Sentiments numériques revisités. Je reviens avec un autre titre du même chanteur pour vous informer de l'arrêt de ce blog. Je resterai présent sur la blogosphère, pour lire notamment mes blogueurs préférés mais j'ai d'autres activités qui me prennent tout mon temps. Et si l'envie me reprend, je reviendrai sans doute avec mon vrai nom, car en cette période néovichyste, où Gisèle n'est plus une princesse mais un fichier scélérat mis en place par M. Le Pen de Nagy-Bocsa, il n'est pas utile de se cacher, cela prend trop d'énergie pour rien.

Je retourne à mes activités syndicales et de représentant du personnel. Je viens de me faire élire au comité d'entreprise de ma nouvelleboîte, le travail est énorme et le chemin semé d'embûches (entre une direction fondamentalement rétrograde et des collègues syndiqués pas vraiment claires...)

J'amplifie mes contributions à la Wikipédia, dans tous les domaines et dans plusieurs langues. Ne cherchez pas, si vous trouvez un Ouadou, ce n'est pas moi... Je suis aussi inscrit sur Citizendium et sur Knol, qui verront peut-être des copies de mes articles en anglais...

Je poursuis doucement mes autres activités préférées : passer du temps avec ma famille, avec mes amis, et même aller travailler.

Comment voulez-vous qu'en plus je blogue ?

Sic transit gloria blogi.

6 juillet 2008

Brève de web

Une piètre chanteuse... aphone.... qui relance la croissance en boostant... les ventes de sonotones...
Rien à ajouter, vous savez tous de qui parle ce commentaire sur un article de Guy Birenbaum.

Réveil difficile

C'est vrai que mon rythme de publication a fortement baissé. Non que je baisse les bras, mais je fais tellement de choses que je ne fais jamais tout à fond en même temps... et puis j'ai eu un projet un peu prenant au travail, qui vient de se terminer...

Le réveil a été dur quand, après plus d'un mois, j'ai cliqué sur les liens de mon blogue et découvert que Denis Robert déposait les armes. C'est dur, mais c'est compréhensible et on ne peut vraiment pas lui en vouloir. Son combat reste exemplaire, pour dénoncer le vrai ennemi de la démocratie, de la liberté, de toutes les valeurs humanistes qui ne savent plus où se réfugier faute d'organisation politique crédible. Quand un parti politique héberge dans ses rangs un Vanneste ou un Mélenchon, quelle crédibilité peut-il avoir ? Mais je m'égare... Denis Robert nous a instruit sur notre ennemi commun, cette mafia militaro-financière qui s'engraisse et fait taire ses adversaires par tous les moyens possibles. Qu'il en soit remercié.

Un bref extrait du pourquoi du comment : "Ma confiance envers la justice et les hommes qui ont à juger de mes écrits s’est émoussée. Les tribunaux sont plus sensibles à l’air du temps et au harcèlement juridique d’une société aux moyens inépuisables, qu’à l’examen des faits. Je suis condamné par des magistrats qui, la plupart du temps, ne connaissent des mécanismes financiers que leur livret de Caisse d’Epargne." Aucun commentaire supplémentaire n'est utile...

Le blog de Denis Robert restera en tête de mes blogues lus, même s'il n'y a plus rien à lire...

J'ai continué de cliquer et j'ai vu qu'Irène Delse me considérait comme sympathique... Merci Irène...

J'aime bien butiner dans les blogues, mais je n'ai pas le temps d'y aller régulièrement. Mes préférés sont dans ma liste fixe, cela n'empêche en rien le plaisir de la découverte.

Blogues détestés : j'avoue m'être totalement désintéressé de tous ces espaces d'autopromotion de "blogueurs incontournables" qu'il est pourtant si facile de ne pas aller voir !

5 juillet 2008

Totalitarisme

Lu dans le Monde.

La polémique a surgi en novembre 2007, dans une école primaire d'Albi (Midi-Pyrénées). Dans le cadre d'un travail d'art plastique sur les sentiments et les expressions du visage, une enseignante de l'école Claude-Nougaro, Valérie Framit, demande à ses élèves de CM1 de collecter des photos et des images illustrant les sentiments de joie, colère, crainte, fatigue, méchanceté... Ces photos sont collées sur de grandes affiches placardées sur les murs de l'école. Parmi elles, figure un portrait de Nicolas Sarkozy, choisi par un élève pour illustrer le thème de la méchanceté. "J'ai regardé les expressions et non les visages", explique l'institutrice.

SANCTION

La présentation n'est pas ouverte au public. Mais un parent d'élève envoie une lettre à l'Elysée pour dénoncer ce qu'il perçoit comme une atteinte à l'image du chef de l'Etat. Le nom de l'auteur de cette lettre, non anonyme, n'a pas été révélé. Vendredi dernier, la directrice de l'école, Claudie Jalby, est informée par l'inspecteur d'académie qu'une enquête a été diligentée par le recteur.

"On peut reprocher à l'enseignante un manque de vigilance pour lequel sera appliquée une sanction qui devrait se limiter à une simple remontrance", a indiqué l'inspecteur d'académie Michel Azéma. Pour lui, "l'enseignante aurait dû être plus attentive à l'utilisation de ces images (...). Elle aurait dû profiter de l'occasion pour faire une leçon d'instruction civique pour expliquer la démocratie et le rôle du président de la République et des personnalités du monde politique".

Depuis, l'affiche litigieuse a été retirée du mur.

Quand un journal prétendûment indépendant désigne les noms de la directrice et de l'institutrice et n'est pas choqué que le nom du courageux parent d'élève ne soit pas dévoilé, c'est bien qu'il y a bien quelque chose de pourri.

Il n'y a pas longtemps, ce graffiti fleurissait dans les couloirs du métro : "Sarko casse-toi, tu pues le fric et la haine". Comment voulez-vous qu'un enfant ne ressente pas cela ?

4 juillet 2008

Ingrid Uribe et Nicolas Betancourt

Ah, il s'en passe des choses dans la jungle colombienne ! J'avais été choqué par l'assassinat de Raul Reyes, ce chef des FARC en train de négocier avec la France (via l'Équateur) la libération de la médiatique otage. Olivier Bonnet, comme souvent, nous en donne l'explication, qu'il tient de Mediapart : "Ces deux guérilleros [qui ont échappé à l'attaque du camp de R. Reyes] ont décrit la précision de l’attaque qui a détruit ce camp, attaque à la laquelle ils ont échappé parce qu’ils s’étaient éloignés de quelques centaines de mètres. Ils ont raconté que cinq bombes ont frappé simultanément la vingtaine d’hommes qui y vivaient depuis quelques jours. Selon plusieurs sources, ces bombes ou missiles n’ont pas été largués par des avions colombiens mais par des appareils américains volant à haute altitude. Ils ont été guidés par le faisceau d’ondes émis par l’un des téléphones satellites utilisés par Raul Reyes. Ayant réussi à se procurer quelques jours auparavant le numéro de ce téléphone, et en accord avec le gouvernement colombien, les responsables américains ont estimé nécessaire de mettre un terme à la négociation qui était sur le point d’être finalisée. La libération d’Ingrid Betancourt était alors programmée pour le 8 mars, journée internationale de la femme. L’objectif de cette attaque, toutes les informations et les adolf uribeindices l’indiquent, était de remettre en cause la libération d’une otage médiatique. Car, dans ces conditions, cette libération aurait redoré la réputation d’une guérilla en perte de vitesse ; elle aurait été porté au crédit de l’Equateur, du Venezuela et de la France." Voici comment, avec l’assistance empressée de ce grand humaniste de George W. Bush, le président colombien, responsable des escadrons de la mort massacrant paysans réputés proches des FARC, syndicalistes et militants de gauche - ce qui lui vaut d’être représenté par certains opposants sous les traits d’un clone d’Adolf Hitler -, a sciemment empêché la libération de Betancourt ! Ce qu’avait du reste vigoureusement dénoncé le président équatorien Correa : "Regardez la bassesse d’Alvaro Uribe, il savait qu’en mars douze otages allaient être libérés, parmi eux Ingrid Betancourt. Il le savait et il a utilisé ses contacts pour monter ce traquenard et faire croire au monde qu’il s’agissait de contacts politiques et pour lancer un écran de fumée sur son action injustifiable".

Il revient ensuite sur la "libération" d'Ingrid Bétancourt, pour rappeler que plusieurs informations concordantes indiquent qu'il y a eu probablement versement de rançon (quelques millions de dollars) et promesse (par notre président) d'asile pour les FARC renonçant à la lutte armée. Dans le même temps, exactement, un autre Sarkozy, moins directement souriant, laisse extrader vers l’Italie de son ami fasciste Berlusconi une femme qui a depuis longtemps renoncé à la lutte armée. Libérez Marina Petrella !

20 juin 2008

Menteur II

Trouvé sur alter-info qui le tient du Canard enchaîné...

"Sarkozy : déclarer moins pour gagner plus.

Parue au Journal Officiel du 11 mai 2007, la déclaration de situation patrimoniale de Nicolas Sarkozy proclamé Président de la République ressemble à une plaisanterie.

Sarkozy "certifie sur l’honneur" qu’à la date du 17 mars 2007, ni lui, ni Cécilia (son épouse de l’époque), ne possèdent le moindre "meuble meublant", ni de "collection, d’objets d’art, de bijoux, de pierres précieuses, ou d’or".

Pour chacune de ces rubriques, Sarkozy a répondu par un "Néant" sans réplique.

A croire que le couple Sarkozy n’était même pas propriétaire d’un vieux sommier, d’une chaise branlante, ou d’un service de table dépareillé.

Sarkozy avait pourtant raconté à la presse qu’en attendant les résultats de l’élection présidentielle, il avait dû louer un garde-meubles pour stocker le mobilier de son ancien appartement de Neuilly.

Côté collection, Nicolas le pudique passe sous silence les albums de timbres rares qu’il s’était vanté de posséder.

Même énigme du côté des bijoux. Il ne mentionne même pas la bague Dior « Cœur romantique » (prix catalogue 19 600 euros) qu’il avait offerte à Cécilia, son ancienne épouse.

Sarkozy oublie également sa passion pour les montres. La presse people regorge pourtant de clichés où l’on voit Madame et Monsieur Sarkozy équipés de montres pas spécialement bon marché. Le journal Le Monde (3 juin 2007) a fait un petit inventaire de leur collection. On découvre ainsi une Rolex Daytona en or blanc à 22 530 euros (prix du neuf), une Rolex Oyster Datejust estimée à 2 000 euros, une Breitling Old Navitimer (entre 3 600 et 5 000 euros selon les modèles), une Bréguet en or blanc avec réserve de marche, dates et phases de Lune, qui vaut à elle seule la bagatelle de 25 000 euros. A l’inventaire du journal Le Monde, il convient d’ajouter une autre Breitling Old Navitimer, mais en or, vendue en boutique à partir de 10 000 euros, selon les modèles. D’autres photos, antérieures à l’élection présidentielle, montrent Cécilia portant un chrono blanc en céramique J12 de Chanel dont le prix officiel varie entre 4 500 euros (modèle de base) et 21 900 euros (avec un cadran serti de brillants). Au total, la collection de montres du couple pouvait être estimée entre 62 000 euros et 94 000 euros (au prix du neuf). […]

« Pour le Président de la République, c’est le peuple français qui est seul juge, explique un ponte du Conseil d’Etat. Si un citoyen estime qu’il y a eu fraude, il peut toujours porter plainte contre Sarkozy pour faux en écritures publiques contre le candidat élu. »

Comme le Président de la République est intouchable pendant la durée de son mandat, ledit citoyen râleur devrait attendre 2012, voire 2017 pour qu’un juge se penche éventuellement sur le dossier. »

Sans commentaire

19 juin 2008

Heureux-péen

Il y a des semaines où l'on se sent Européen plus que Français.

Cette semaine, les Irlandais ont fait preuve d'exemplarité en renvoyant la Commission européenne et le despote Sarkozy à leur illégitimité. Favorable à une Europe unie, politique, ayant aboli les Nations totalitaires qui l'ont eu composée, je ne peux qu'approuver et apprécier ce rejet d'un machin loin, trop loin du peuple européen.

Cette semaine, les Italiens ont renvoyé chez eux un sélectionneur plus préoccupé par son image que par la réussite de son équipe, et une vieille garde incapable de se retirer. Place au sport pour la phase finale du championnat d'Europe de football.

Cette semaine, l'Académie française et le Sénat nous on rappelé à nous, Alsaciens, Arpitans, Basques, Bretons, Catalans, Corses, Flamands, Occitans, que nous sommes des citoyens de seconde zone dans un pays qui nous refuse le droit de sauver nos langues.
Oui, résolument Européen, pas du tout Français.

14 mai 2008

Quand on parle d'huiles

Lu dans Libé...

Il faut désormais se méfier des plats, sauces, et autres conserves préparées avec de l'huile de tournesol. Celle-ci pourrait en effet être coupée à l'huile de moteur, peu recommandée a priori pour rester en bonne santé, selon le Canard enchaîné de cette semaine.
Toujours selon le journal satirique, le groupe Saipol, numéro un français de la transformation des oléagineux et propriétaire de Lesieur, aurait reçu fin février une cargaison d'huile en provenance d'Ukraine, mélangée à de l'huile minérale dérivée d'hydrocarbures. Elle ne s'en aperçoit qu'un mois plus tard, quand un industriel du nord de l'Europe l'avertit.

La répression des fraudes est alertée le 21 avril. Le 26 avril, officiellement, tous les bidons et les plats contenant de l'huile frelatée auraient été retirés des rayons de supermarchés.

Mais problème : Saipol a raffiné l'huile et l'a vendue à «une trentaine de clients de l'industrie agroalimentaire» qu'il refuse de citer. Et du côté de la Répression des fraudes, on admet que « compte tenu du nombre d'entreprises concernées » il est impossible de « connaître le nombre exact» de lots concernés. Bref, tous les produits qui contiennent de l'huile de moteur n'ont pas été retirés.

Mais rassurons nous, la Répression des fraudes a assuré au Canard qu'en «l'absence de toxicité aiguë» il n'y a pas de quoi alarmer les consommateurs de mayonnaise. Le 2 mai, raconte le Canard, «la Commission européenne s'est fendue en catimini d'une recommandation autorisant la vente de tous les aliments contenant moins de 10% d'huile de tournesol frelatée»... Car, selon l'Autorité européenne de sécurité des aliments, un homme de 60 kilos peut avaler chaque jour jusqu'à 1,2 gramme d'huile ukrainienne sans danger...

À la libération, il ne faudra pas se limiter à tondre Carla Bruni : il faudra juger tous les irresponsables qui gravitent autour de son mari.

12 mai 2008

Je suis un ...

Il n'est jamais trop tard pour citer ce remarquable petit texte de Santiago Alba Rico (espagnol)...

Je ne condamne pas le roi Fahd, honoré par le roi d’Espagne, qui taille les têtes, coupe les mains et arrache les yeux, qui humilie les femmes et bâillonne les opposants, qui fait l’important en l’absence de périodiques, de parlement et de partis politiques, qui viole les Philippines et torture Indiens et Egyptiens, qui dépense le tiers du budget de l’Arabie Saoudite entre les 15.000 membres de sa famille et finance les mouvements les plus réactionnaires et violents de la planète.


Je ne condamne pas le général Dostum, allié des Etats-Unis en Afghanistan, qui a asphyxié
dans un container mille prisonniers talibans auxquels il avait promis la liberté y qui sont morts en léchant les parois métalliques de leur prison.

Je ne condamne pas la Turquie, membre de l’OTAN et candidat à l’UE, qui a rayé 3.200 villages kurdes de la surface de la terre dans les années 90, qui a laissé mourir de faim 87 prisonniers politiques et emprisonne celui qui ose transcrire en Kurde le nom de leurs villes.


Je ne condamne pas le sinistre Kissinger, l’assassin le plus ambitieux depuis Hitler, responsable de millions de morts en Indochine, au Timor, au Chili et dans tous les pays dont le nom est sorti une ou autre fois de ses lèvres.


Je ne condamne pas Sharon, homme de paix, qui dynamite les maisons, déporte les civils, arrache les oliviers, vole l’eau, mitraille les enfants, pulvérise les femmes, torture les otages, brûle les archives, fait exploser les ambulances, rase des camps de réfugiés et caresse l’idée « d’extirper le cancer » de trois millions de Palestiniens pour renforcer la pureté de son état « juif ».


Je ne condamne pas le roi Gianendra du Népal, éduqué en Amérique, qui le mois dernier a exécuté sans jugement 1.500 communistes.

Je ne condamne ni la Jordanie ni l’Egypte qui bastonnent et emprisonnent ceux qui manifestent contre l’occupation de la Palestine par Israël.


Je ne condamne pas le Patriot Act ni le programme TIPS, ni la disparition de détenus par le FBI, ni la violation de la Convention de Genève à Guantànamo, ni les tribunaux militaires, ni le « permis de tuer » accordé à la CIA, ni la fouille de tous les touristes qui entrent aux USA, en provenance d’un pays musulman.

Je ne condamne pas la tentative de coup d’Etat au Venezuela ni le gouvernement espagnol qui l’a appuyée, ni les journaux qui, ici et là, ont financé, légitimé et applaudi la dissolution de toutes les institutions et la persécution armée des partisans de la Constitution.


Je ne condamne pas la compagnie américaine Union Carbide qui, le 2 décembre 1984, a assassiné 30.000 personnes dans la ville indienne de Bophal.


Je ne condamne pas l’entreprise pétrolière américaine Exxon-Mobil accusée de séquestrer, de violer, de torturer et d’assassiner des dizaines de personnes qui vivaient dans un édifice propriété de la compagnie dans la province de Aceh (Indonésie).


Je ne condamne pas l’entreprise Vivendi qui a laissé sans eau tous les quartiers pauvres de La Paz, ni Monsanto qui a laissé sans semence les paysans de l’Inde et du Canada, ni Enron qui, après avoir laissé sans lumière une demi-douzaine de pays, a laissé 20.000 personnes sans leurs économies.


Je ne condamne pas les entreprises espagnoles (BBVA, Endesa, Telefonica, Repsol) qui ont vidé les caisses de l’Argentine, obligeant les Argentins à vendre leurs cheveux aux fabricants de perruques et à se disputer un cadavre de vache pour pouvoir manger.


Je ne condamne pas la maison Coca-Cola qui est entré en Europe dans l’ombre des tanks nazis et qui licencie, menace et assassine aujourd’hui des syndicalistes au Guatemala et en Colombie.

Je ne condamne pas les grands laboratoires pharmaceutiques qui se sont mis d’accord pour
tuer 20 millions d’Africains malades du SIDA.


Je ne condamne pas l’ALCA qui viole et dépèce les ouvrières des « maquilladoras » de Ciudad Juarez et fait naître des enfants sans cerveau à la frontière du Mexique avec les USA.


Je ne condamne pas le FMI ni l’OMC, providence de la famine, de la peste, de la guerre, de la corruption et de toute la cavalerie de l’Apocalypse.


Je ne condamne ni l’UE ni le gouvernement des USA qui mettent les accords commerciaux au-dessus des mesures pour la protection de l’environnement et qui ont décidé, sans referendum ni élections, l’extinction d’un quart des mammifères sur la Terre.


Je ne condamne pas les tortures sur Unai Romano, jeune Basque qui, il y a un an, fut transformé en ballon tuméfié dans un commissariat espagnol, défiguré à un tel point que ses parents le reconnurent uniquement à un grain de beauté sur son visage.

Je ne condamne pas le Gouvernement espagnol qui, au mois d’avril, a mis en place l’état d’exception sans consulter le Parlement et a suspendu pendant trois jours les droits basiques de notre Constitution (liberté de mouvement et d’expression), avec la circonstance aggravante que les Basques ne pouvaient se rendre à Barcelone à l’occasion du dernier sommet de l’UE.


Je ne condamne pas la loi sur les étrangers qui expulse les hommes faibles et affamés, les enferme dans des camps de rétention ou les prive du droit universel à l’assistance sanitaire et à l’éducation.


Je ne condamne pas le « coup de décret » qui précarise encore plus l’emploi, supprime les aides et laisse les travailleurs, comme des feuilles mortes, à la merci des caprices du vent des chefs d’entreprise.


Je ne condamne pas, naturellement, Dieu quand il pleut, quand il y a des éclairs ou le tonnerre, ni quand la terre tremble, ni quand le volcan crache ses flammes sur les hommes.

Je suis un démocrate : peu m’importe la mort d’enfants qui ne sont pas espagnols ; peu m’importe la persécution, le silence sur l’assassinat de journalistes et d’avocats qui ne pensent pas comme moi ; peu m’importe l’esclavage de deux millions de personnes qui ne pourront jamais acheter mes livres ; peu m’importe l’atteinte aux libertés du moment que je manie librement les ciseaux ; et peu m’importe la disparition d’une planète sur laquelle je me suis tant amusé.


Je suis un démocrate : je condamne l'ETA, ceux qui l’appuient ou qui gardent le silence, même s’ils sont muets de naissance ; et j’exige, en outre, qu’on prive de leurs droits de citoyens 150 000 Basques, qu’on les empêche de voter, de manifester et de se réunir, qu’on ferme leurs bars, leurs journaux, leurs périodiques, et même leurs garderies ; qu’on les mette vite en prison, eux et tous leurs camarades (du jeune militant anti-mondialisation à l’écrivain affirmé) et que, si ce n’est pas suffisant pour protéger la démocratie, on demande l’intervention humanitaire de nos glorieuses forces armées, déjà auréolées de la reconquête de l’îlot du Persil.

Je suis un démocrate : j’ai condamné l'ETA.


Je suis un démocrate : je n’ai condamné que l’ETA et je fais partie, par conséquent, de toutes les autres bandes armées, les plus sanguinaires, les plus cruelles, les organisations terroristes les plus destructrices de la planète.
Je suis un démocrate. Je suis un connard.

31 mars 2008
Source : http://radiopays.org/euskadi/actualite.php?id=414
Version originale : http://bellaciao.org/es/spip.php?article4989

24 mars 2008

Colonialisme ?

Finalement, c'est peut-être dans le sens inverse que cela se passe, si l'on en croit cet article de Congoplus :
Image de l\Doit-on admettre en France le grand pouvoir insoupçonné des chefs d'Etats africains ? L'Elysée n'aurait-il pas les mains libres face à ces encombrants "amis" africains de la France ? En tout cas une chose est sûre, on ne soupçonne pas souvent l'immense pouvoir dont disposent certains chefs d'Etats africains. Eh oui, la Françafrique a ses revers, et ceux-ci peuvent être aussi dangereux pour la France que ne le sont ses réseaux mafieux pour l'Afrique. La Françafrique serait-elle pas tout simplement contre-productive pour la France et l'Afrique ?

En France, le gabonais Omar Bongo, ce roi nègre, a toujours tiré sur les ficelles. Cet inamovible et indétrônable roi nègre dispose en effet d'un pouvoir immense et d'importants leviers de pression sur les locataires successifs de l'Elysée depuis de Gaulle jusqu'à Jacques Chirac et maintenant Nicolas Sarkozy qui prônait pour tant la rupture. Ainsi, de son palais de bord de mer à Libreville, d'un simple coup de colère accompagné d'un simple coup de fil à l'Elysée, il fait et défait des gouvernements français depuis des décennies. Le récent « limogeage » de l'ex-secrétaire d'Etat à la coopération, Jean-Marie Bockel par Nicolas Sarkozy est à cet égard une parfaite illustration. Comme bien d'autres avant lui, Omar Bongo a eu la peau de Jean-Marie Bockel. Et, à Libreville il est presque de notoriété publique que c'est Omar Bongo qui avait obtenu de Jacques Chirac la nomination de Dominique de Villepin au poste de Premier ministre.

"L'un des premiers freins au développement, c'est la mauvaise gouvernance, le gaspillage des fonds publics, l'incurie de structures administratives défaillantes, la prédation de certains dirigeants. Quand le baril est à 100 dollars et que d'importants pays producteurs de pétrole ne parviennent pas à se développer, la gouvernance est en question. Quand les indicateurs sociaux de ces pays stagnent ou régressent, tandis qu'une minorité mène un train de vie luxueux, la gouvernance est en question. Que deviennent ces revenus pétroliers? Pourquoi la population n'en bénéficie-t-elle pas? Est-il légitime que notre aide au développement soit attribuée à des pays qui gaspillent leurs propres ressources ?" Ces récentes déclarations du secrétaire d'Etat à la Coopération avaient déplu au roi nègre. Elles lui ont coûté son poste. Le reportage diffusé sur France 2 début mars n'a sans doute pas aidé à reconduire le patron de la Coopération. Reprenant les informations mises au jour par les policiers et les juges l'été dernier, la chaîne publique a montré l'étendue du patrimoine immobilier de grand et tout puissant roi nègre : 33 appartements ou maisons, un hôtel particulier de 19 millions d'euros...
Re-colère d'Omar Bongo qui, en guise de représailles, expulse deux ressortissants français. Evoquant une véritable "cabale" et un "complot contre le Gabon et son président", le porte-parole de son gouvernement, René Ndemezo' Obiang, fustige la diffusion du reportage dans un communiqué : "En autorisant la diffusion par les chaînes publiques de reportages divulguant l'adresse privée du président de la République gabonaise en France, mettant ainsi en danger son intégrité physique ainsi que celle de sa famille, les autorités françaises ont manqué à leurs obligations de protection d'un chef d'Etat en exercice."

Le ton menaçant et inhabituellement peu diplomatique laisse augurer des conversations houleuses échangées entre l'Elysée et le palais de bord de mer. Deux semaines plus tard, Bockel fait ses valises pour les Anciens combattants, où il pourra sans doute méditer sa propre réponse faite en janvier dernier au journal Monde, qui l'interrogeait sur le précédent de Jean-Pierre Cot, écarté en 1982 de la Coopération par François Mitterrand pour cause de réformisme trop enthousiaste : "C'est un vieil ami. Il s'est vite isolé et n'a pas forcément fait la bonne analyse. Moi, je suis avant tout un pragmatique. Je sais gérer les gens, les budgets, les contradictions. Je sais qu'on ne décalquera pas du jour au lendemain notre morale en Afrique. Je sais aussi que l'Afrique est le continent de demain, et qu'il en va de l'intérêt de la France de mettre en œuvre cette rupture. La jeunesse africaine l'attend." Eh bien, la jeunesse africaine attendra encore. Et tant pis pour les promesses de rupture annoncées lors de la campagne présidentielle.

Tuer les petites pratiques moribondes et renouveler le dialogue avec les Africains ? En coulisse, le syndicat des chefs d'Etat africains s'organise. Bongo, Sassou (président du Congo) et Biya (président du Cameroun) prennent leur téléphone pour réclamer à Nicolas Sarkozy la tête de l'impétrant. Les jeux sont faits. Deux mois plus tard, la sanction tombe, alors même que le flamboyant Bockel s'est ravisé. Ainsi va la relation franco-africaine et plus exactement les relations franco-gabonaise et franco-congolaise. "C'est un signe intéressant." C'est en ces termes ironiques que le porte-parole du gouvernement gabonais a accueilli chaleureusement la "bonne nouvelle" du départ de Jean-Marie Bockel du secrétariat d'Etat à la Coopération. En clair : victoire par KO d'Omar Bongo qui, ayant demandé sa tête, a obtenu la dépouille du maire Gauche moderne de Mulhouse. Celui qui, dans ses voeux à la presse, appelait à signer "l'acte de décès de la Françafrique". Vous avez dit "rupture"?...

Alors doit-on parler d'une humiliation de plus pour la France comme l'avait récemment décrié l'opposition et le Parti socialiste, et d'autres membres de la majorité dans l'affaire Kadhafi ? Pas si sûr. En effet, le vrai problème dans ce pays, c'est que tout le monde ou presque est d'accord avec cet état des choses. L'opposition politique fondamentale en France réside aujourd'hui entre ceux qui soutiennent une gouvernance de droite plus libérale sous l'impulsion de l'Union pour un mouvement populaire (UMP) et ceux qui, avec pour chef de fil le Parti Socialiste (PS), prônent un capitalisme plus modéré et plus social synonyme d'une meilleure répartition des richesses. Mais s'agissant de la politique africaine de la France, au-delà de quelques petites hostilités entre amis, ce clivage s'estompe nettement. À ce niveau en effet, la grille de lecture traditionnelle française opposant une gauche à une droite n'a plus de pertinence - car on retrouve des deux côtés des partisans de la Françafrique. C'est dire que parmi ceux qui dans le monde politique français aujourd'hui doivent s'inquiéter en cas d'un éventuel « déballage » des affaires illicites et compromettantes liées aux réseaux françafricains, il y a sûrement une majorité, même sûrement tous les membres des gouvernements successifs de droite depuis 1960. Et cela doit être exactement le même cas de l'autre côté de la barrière politique.

Parallèlement aux élites politiques, d'importantes opérations de lobbying auprès des décisionnaires africains sont constamment organisées par des hommes d'affaires représentant des intérêts tricolores en Afrique comme Total, Areva, Bouygues, Bolloré, CFAO (de François Pineau), Castel... ; et par les représentants des principales compagnies pétrolières (BP, Shell, ExxonMobil, Chevron, Total et Eni).

Voilà pourquoi pendant des décennies les locataires successifs de l'Elysée (du général de Gaulle à Jacques Chirac) ont toujours montré une déférence extrême à l'égard des chefs d'Etats africains, notamment le gabonais Omar Bongo, le congolais Sassou-Nguesso, la camerounais Paul Biya, l'angolais José Eduardo dos Santos ou l'équato-guinéen Tedero Obiang Nguema dont les pays regorgent d'importantes ressources pétrolières, en faisant tant de concessions superflues que l'on a l'impression qu'un basculement a eu lieu dans lequel les deux parties ont oublié laquelle a le grand pouvoir et laquelle le petit. En effet, certains chefs d'Etats africains qui ont bien compris l'enjeu capital que représentent leurs colossales ressources naturelles pour les puissances occidentales et les appétits qu'elles aiguisent, se sentent pousser des ailes et se voient de ce fait investis d'un très grand pouvoir.
Suffisamment grand en tout cas pour leur permettre d'exiger et d'obtenir de l'Elysée de nommer un Premier ministre ou de limoger un ministre et ou encore d'influer la liberté de la presse et sur le cours de la justice en France. De plus ils se sont offerts en France de supers réseaux de communicants et de lobbyistes bien introduits dans la classe politique française de tous bords. C'est pourquoi quand par exemple Omar Bongo, non content qu'on lui fasse un procès pour ses quelques « masures » à Paris, menace de fermer l'antenne librevilloise de Radio France internationale (RFI), les autorités françaises s'empressent de le calmer par un coup de fil apaisant. Une seule règle donc lorsque vous êtes élu président français et arrivez à l'Elysée : Ne surtout pas offusquer le « doyen » des chefs d'Etats africains, Omar Bongo qui a connu toutes les présidences françaises depuis le général de Gaulle. Ce roi nègre connaît tout le monde, sait tout sur tout le monde et surtout il maîtrise tous les dossiers brûlants de la Françafrique. C'est donc une véritable bombe qui peut vous exploser à la figure si vous n'y prenez garde. C'est à croire que pour les autorités françaises, ces encombrants « amis » chefs d'Etats africains seraient devenus une vraie menace.
Il faut dire que cette politique hasardeuse et très risquée de l'Elysée, essentiellement axée sur des relations personnalisées avec les chefs d'Etats africains, a en effet solidarisé les présidents français successifs : Giscard D'Estaing, François Mitterrand et Jacques Chirac, avec des régimes corrompus et dictatoriaux qui ont même parfois commis des crimes contre l'humanité. Comme nous pouvons le voir, l'Elysée n'a donc pas les mains libres face à ces encombrants « amis » africains de la France.

Alors la question est : L'Elysée, qui redoute qu'un jour ces puissants et encombrants « amis » chefs d'Etats africains, qui connaissent bien trop de secrets et de dossiers sensibles, et qui prennent trop de liberté, soient tôt ou tard emmenés à tout déballer sur la place publique, ne ferait-il pas mieux de les mettre aujourd'hui hors circuit, à la loyale, par la voie judiciaire ?

Bienvenu MABILEMONO

Étonnant, non ?

18 mars 2008

Patate

Je parlais hier de garder le sens de l'humour. Voici un site qui aide... L'actu en patate, de Martin Vidberg, dont est extrait le dessin ci-après.

Excellent.

17 mars 2008

Bilan

Tout va bien... maire socialiste réélu avec 56% des voix contre un ex-maire incompétent et xénophobe. Le conseil général qui reste à gauche.



Tout pourrait aller mieux... encore 4 ans avec un président incompétent et xénophobe et sa majorité parlementaire. D'autant que ces incapables vont devoir faire face à une crise économique majeure.

Garder le sens de l'humour... (source Courrier
international)

12 mars 2008

« Travailler plus pour mourir plus »

Un article de Paul Moreira sur son blog. Une émission à regarder... Je cite :

« Travailler plus pour mourir plus », c'est le titre que je voulais donner au documentaire qui sera diffusé par Infra-Rouge sur France 2, jeudi 13 mars à 23h10. Et puis j'ai eu des doutes sur l'humour noir, pas sûr que tout le monde rigole à gorge déployée… Le titre est donc : « Travailler à en mourir »…

Au départ, il y a la vague au printemps 2007 des suicides professionnels, à Renault, Peugeot, IBM et EDF. Des entreprises qui se sont fermées comme des huitres pour qu'on ne cherche pas à comprendre ce qui s'était passé. Avec Virginie Roels, c'est cette zone grise que nous avons voulu explorer. La Terra Incognita du monde des entreprises. L'entreprise est l'univers le plus opaque de la société. Il est plus facile d'aller à Sadr city, le bastion chiite de Bagdad, que dans les couloirs d'IBM à la Défense (ceci n'est pas une blague). Dans la tête des dirigeants de certaines boites, l'économie est une guerre.
Nous voulions comprendre la mécanique qui détruit les hommes dans le monde de l'entreprise.
Cette question, nous voulions que ce soit d'abord les salariés qui y répondent. Ceux qui avaient plongé dans la dépression, frôlé le geste ultime du suicide, ceux que le stress avait usés jusqu'à la maladie.
Nous nous sommes intéressés à trois secteurs industriels particulièrement pathogènes : la banque, les plateformes téléphoniques et la sidérurgie. Et l'enquête ne portait pas sur le harcèlement au travail. Certaines méthodes de travail ont un pouvoir bien plus destructeur que celui de petits chefs aux manières autoritaires. Ce sont plus souvent des technologies, des modes d'organisation, qui rendent malades.
Dans le monde de la banque, les concentrations de ces dernières années ont bouleversé les méthodes de management et soumis leurs employés à une pression inconnue jusqu'alors. Il y a ceux qui s'adaptent. Il y a les champions fous, comme Jérôme Kerviel. Et il y a les salariés qui refusent et qui deviennent des « perdants ». Nous avons rencontré deux d'entre eux : Jean Marc et Roger. Ils travaillaient au CIC-Crédit Mutuel. Quand j'ai appelé le service de presse pour avoir le point de vue de la direction, on m'a dit : « Donnez nous les noms, on a les dossiers… ». Et puis après vérification des dossiers, la banque a choisi de se taire. Comme toutes les entreprises abordées dans ce doc (sauf SFR qui a accepté de me faire une déclaration téléphonique).
Nous nous sommes intéressés aussi aux invisibles de la sous-traitance dans l'industrie sidérurgique. Contrats à durée déterminée. Intérim. A la marge des grandes entreprises, les travailleurs précaires sont les premières victimes de la réorganisation du travail. Ils sont ceux sur lesquels tombent toute la pression de l'urgence. Des dégâts d'autant plus terribles qu'ils sont difficilement repérables.Voire invisibles. Rudy et Jean Luc était précaires dans la métallurgie. L'un est mort d'arrêt cardiaque après 21 heures de travail, l'autre est dans le coma. 21 heures de travail de suite... c'est suffisamment illégal pour que la justice ai déclenché une procédure pour homicide involontaire. Vous en avez entendu parler ?... Imaginez si l'ouvrier sidérurgiste avait été tué par une bande de racailles dans une cité HLM. Combien de temps cela aurait-il occupé la Une des journaux ?... Il y a des zones de non-droit plus médiatiques que d'autres.

Comment repérer les processus de destruction ? J'ai pu constater de visu que très souvent les directions des ressources humaines servent à les dissimuler. Après tout, ils sont payés par la direction pour que les choses se passent sans vagues. Dans l'apparence de la correction. Cela aussi participe de l'invisibilité.

Combien sommes nous à aller au travail la boule au ventre ? Difficile à dire, il n'existe pas d'enquête épidémiologique globale. En 2007, après la vague de suicides sur les lieux de travail, le ministre de la Santé a demandé à deux experts –Nasse et Légeron- de plancher sur la question, de trouver des solutions. Ils rendent leur rapport ces jours ci.
Ils le soulignent : les seuls contre-pouvoirs sont les inspecteurs du travail et les médecins du travail.
Or, ceux ci voient leur prérogatives de plus en plus limitées, comme le souligne un collectif de médecins du travail de Bourg en Bresse, le plus actif sur la question.
Face à une épidémie de troubles psycho-sociaux massifs, on réduit les moyens pour le combattre. Comme si on mettait les pompiers au chômage technique l'été dans l'arrière pays varois.

J'ai personnellement la chance de "travailler vite". Dans mon entreprise, je fonctionne donc au ralenti, ce qui me permet, lors des "coups de bourre", de terminer mon travail dans les délais sans interférer exagérément avec ma vie personnelle et familiale. Mais je constante les effets de ce "culte du finit tard, si possible plus tard que le patron" sur mes collègues... Au secours, on a besoin d'une gauche au pouvoir... une vraie... tolérante, humaniste, honnête, sociale... comment, ça n'existe pas ? Argh !

Le président de la République devra fournir tôt ou tard des explications

C'est sur Bellaciao, mais il faut le dire partout, le président Sarkozy est aussi corrompu que son prédécesseur, espérons que la Justice sera plus prompte à faire son travail...

Le journaliste Eric Decouty a révélé le scandale Denis Gautier-Sauvagnac, l'ancien président de l'Union des Industries et Métiers de la Métallurgie (UIMM). Eric Decouty a révélé notamment que l'UIMM disposait d'une caisse noire de 600 millions d'euros. Le 11 mars 2008, il écrit dans le journal Marianne ( page 18 ) :

« Au fond, c'est peut-être le silence de Nicolas Sarkozy qui en dit le plus long sur les secrets de Denis Gautier-Sauvagnac et de l'UIMM.

Le président de la République n'a rien dit de l'affaire. Presque rien. A l'Elysée, on brandit le prétexte de la « procédure judiciaire en cours » pour justifier cette discrétion. Argumentaire repris dans un entretien-fleuve dans Le Figaro, où Sarkozy élude : « C'est une affaire interne au MEDEF. De surcroît, il y a une procédure judiciaire qui suit son cours. »

On connaît la raison de la gêne présidentielle dans cette affaire. Comme Marianne l'a relaté (lire notre édition du 24 novembre 2007), en 2004, alors ministre des Finances, Nicolas Sarkozy a eu connaissance par Tracfin (la cellule antiblanchiment de Bercy) des opérations de Denis Gautier-Sauvagnac. Nicolas Sarkozy a alors choisi de ne pas transmettre le dossier à la justice. Après lui, Thierry Breton a fait de même, les ministres des Finances laissant perdurer en connaissance de cause le système. Pourquoi ?

Le président de la République devra fournir tôt ou tard des explications. En coulisses aujourd'hui, off the record comme le veut l'usage, beaucoup évoquent avec insistance l'existence de valises de billets à destination d'hommes ou de femmes politiques, afin de financer, par exemple, des campagnes électorales. »


À quelques jours du second tour des élections municipales et cantonales, les électeurs ont intérêt à mesurer la portée de leur vote : plus il y aura de communes et de départements tirés des griffes du système politico-mafieux (et accessoirement xénophobe) Sarkozy-UMP, mieux ça vaudra pour les habitants de ce pays.

Droits de l'homme ?

Lu dans la presse :
Les Etats-Unis ont retiré mardi la Chine de leur liste noire des pires violateurs des droits de l'Homme, sur laquelle ils ont ajouté la Syrie, le Soudan et l'Ouzbékistan.

La Chine figurait sur cette liste en 2005 et 2007.

Dans son rapport annuel sur les droits de l'Homme, publié par le département d'Etat, Washington cite dix pays dans lesquels le pouvoir est resté en 2007 «concentré entre les mains de dirigeants n'ayant aucun compte à rendre»: la Corée du Nord, la Birmanie, l'Iran, la Syrie, le Zimbabwe, Cuba, le Bélarus, l'Ouzbékistan, l'Erythrée et le Soudan.

Bons points

En revanche, la situation des droits de l'Homme s'est améliorée dans quatre pays au cours de l'année passée: la Mauritanie, le Ghana, le Maroc et Haïti. Ces deux derniers pays avaient déjà reçu un bon point des Etats-Unis pour leurs progrès l'an dernier.

Peu ou aucun progrès ont été réalisés au Népal, en Géorgie, au Kirghizstan, en Irak, en Afghanistan ou en Russie, tandis que la situation s'est détériorée au Pakistan, au Bangladesh et au Sri Lanka, selon le département d'Etat.

Bizarre, rien sur le veto de M. Bush à l'interdiction de la torture, ni sur la chasse aux étrangers légalisée par Adolf Sarkozy et Francisco Hortefeux Bahamonde...

11 mars 2008

Craintes

Un article traduit par le Grand Soir me fait craindre le pire en Amérique du Sud... et les "espoirs" démocrates ne sont pas épargnés...
Je cite...
LES $300 MILLIONS DE CHAVEZ AUX FARC : UNE INVENTION
Greg PALAST
 
Raul Reyes et son ordinateur portable magique
Rédaction : bien que les événements aient évolué depuis la rédaction de cet article de Greg Palast, ce dernier nous donne un petit - tout petit - aperçu de l'étendue de la désinformation, volontaire ou non, à laquelle les grands médias peuvent se livrer. Bonne lecture quand même.

C'est dingue, non ?

Le semaine dernière, la Colombie a envahi l'Equateur, a tué un chef de la guérilla dans la jungle, puis a ouvert son ordinateur portable et… devinez ce que les Colombiens ont trouvé ? Un message à Hugo Chavez selon lequel il aurait envoyé 300 millions de dollars aux FARC pour acheter de l'uranium et fabriquer une bombe !

C'est ce que Bush nous raconte. Et il le tient de son copain, l'étrange président d'extrême droite de la Colombie, Alvaro Uribe.

Donc : une fois l'acte accompli, la Colombie justifie sa tentative de provoquer une guerre des frontières comme un acte destiné à éliminer la menace d'une Arme de Destruction Massive ! Hum... on a déjà entendu ça, quelque part...

La presse étasunienne a repris l'histoire des « 300 millions de dollars de Chavez aux terroristes » en moins de temps qu'il n'aurait fallu au jeune Bush pour sniffer un rail de poudre colombienne.

Ce que la presse étasunienne a omis de faire [pas que cette presse là, d'ailleurs – NDT] c'est de vérifier l'information fournie par un courrier électronique trouvé dans un ordinateur portable magique. (On suppose que les dernières paroles du dirigeant des FARC furent, « et mon mot de passe est … »)

J'ai lu ce courrier. Et vous aussi vous pouvez le lire, ici : http://www.gregpalast.com/farc-docu...

Vous pouvez lire tout le document en espagnol, mais voici la traduction du seul et unique passage qui fait mention des prétendus 300 millions de Chavez :

« … en ce qui concerne les 300, que nous désignerons désormais comme le "dossier", des efforts sont déployés sur instructions du chef au "cojo" (terme d'argot pour "handicapé"), que j'expliquerai dans un autre courrier. Appelons le patron "Angel" et le handicapé "Ernesto" ».

Vous avez compris ? Où est Hugo ? Où sont les 300 millions ? Et de quels 300 parle-t-on ? En fait, remis dans le contexte, la note parle de l'échange d'otages avec les FARC sur lequel Chavez travaillait à l'époque (le 23 décembre 2007), à la demande du gouvernement colombien. En réalité, tout le reste du courrier ne parle que des modalités d'échange des otages. Voici la suite :

« pour accueillir les libérés, Chavez propose trois solutions : Plan A. Recourir à une « caravane humanitaire » qui impliquerait le Venezuela, la France, le Vatican [ ?], la Suisse, l'Union Européenne, des démocrates [société civile], l'Argentine, la Croix-Rouge, etc. »

Pour ce qui concerne les 300, il me faut souligner que le précédent échange des FARC concernait 300 prisonniers. S'agit-il des mêmes 300 dont parle Reyes ? Qui sait ? A la différence d'Uribe, de Bush et de la presse US, je ne vais pas me lancer dans des conjectures ou inventer une histoire fantasmagorique sur Chavez et des courriers envoyés au milieu de la jungle.

Pour apporter de l'eau à leur moulin, les Colombiens affirment, sans aucune preuve, que le mystérieux « Angel » est le nom de code de Chavez. Mais dans le courrier découvert, Chavez est appelé par le nom de code de… Chavez.

Et alors ? Et alors, ceci…

L'invasion de l'Equateur est une violation flagrante du droit international, condamnée par tous les pays latins membres de l'Organisation des Etats d'Amérique. Mais George Bush a tout simplement adoré. Il a appelé Uribe pour soutenir la Colombie contre « les assauts incessants des narco-terroristes ainsi que les manœuvres provocatrices du régime vénézuelien ».

Notre président s'est peut-être bien un peu mélangé les pinceaux, mais Bush sait ce qu'il fait : il soutient son dernier allié vacillant en Amérique du Sud, Uribe, qui est désespéré et dans une situation politique difficile. Uribe affirme qu'il va traîner Chavez devant la Cour Pénale Internationale. Si Uribe s'y rend en personne, je lui suggère d'apporter sa brosse à dents : on vient de découvrir que des escadrons de la mort d'extrême droite on tenu des réunions préparatoires dans le ranch même d'Uribe. Les amis d'Uribe ont été convoqués devant la Cour Suprême colombienne et risquent la prison.

En d'autres termes, c'est le moment où jamais pour Uribe de sortir ce vieux lapin politique de son chapeau, la menace d'une guerre, pour noyer les accusations de crimes portées contre lui. De plus, les attaques d'Uribe ont littéralement mis fin aux négociations en tuant le négociateur des FARC, Raul Reyes. Reyes était en pourparlers avec l'Equateur et Chavez sur un nouvel échange de prisonniers. Uribe avait autorisé les négociations. Cependant, Uribe savait que si ces négociations aboutissaient à la libération de prisonniers, tout le crédit en serait revenu à l'Equateur et à Chavez, et tout le discrédit sur lui.

Heureusement pour un continent au bord d'une explosion, le président de l'Equateur, Raphael Correa, est un des hommes les plus réfléchis et les plus posés qu'il m'est arrivé de rencontrer.

Correa s'est rendu à Brasilia et Caracas pour tenter d'empêcher un embrasement. Tout en plaçant des troupes à la frontière car aucun chef d'état ne peut tolérer de voir des blindés étrangers fouler le territoire national. Correa refuse que l'Equateur serve de sanctuaire aux FARC. En fait, l'Equateur a démantelé 47 bases des FARC, plus même que l'armée corrompue de la Colombie.

Pour sa gestion calme et posée de la crise, je vais pardonner à Correa de s'être excusé d'avoir qualifié Bush de « Président crétin (dimwitted - NDT) qui a causé beaucoup de dégâts dans son pays et dans le monde. » (voir un extrait de mon interview de Correa ).

L'heure des amateurs a sonné

Nous pouvons faire confiance à Correa pour maintenir la paix au sud de la frontière. Mais pouvons-nous faire confiance aux futurs ex-présidents ? L'actuel occupant du bureau ovale, George Bush, ne peut tout simplement pas s'en empêcher : une invasion illégale par un promoteur des escadrons de la mort lui conviendrait parfaitement.

Mais devinez qui n'a pas pu s'empêcher d'imiter Bush ? Hillary Clinton, qui en est encore à expliquer que son vote en faveur de l'invasion de l'Irak n'était pas un vote en faveur de l'invasion de l'Irak, a fait une déclaration en termes quasi identiques à ceux de Bush, qualifiant l'invasion de l'Equateur comme le droit de la Colombie « à se défendre ». Elle ajouta, « Hugo Chavez doit cesser ses provocations ». Ah bon ?

Je pensais qu'Obama éviterait ce terrain miné – surtout après avoir été accusé d'être un amateur en politique étrangère pour avoir suggéré qu'il franchirait la frontière Pakistanaise pour pourchasser les terroristes. Il est embarrassant de voir Barack répéter pratiquement mot pour mot les phrases de Hillary en déclarant « le gouvernement Colombien a tout à fait le droit de se défendre ».

(Je suis certain que la position de Hillary n'a rien à voir avec le prêt pour sa campagne électoral accordé par Frank Giustra. Giustra a versé plus de 100 millions de dollars aux projets de Bill Clinton. L'année dernière, Bill Clinton a présenté Giustra à Uribe, le président Colombien. Aussi sec, Giustra a signé un accord juteux avec Uribe sur le pétrole colombien.)

Sans oublier M. Héros de la Guerre, John McCain, qui en tient déjà une sacrée couche, et qui a déclaré que « Hugo Chavez est en train d'instaurer une dictature » probablement parce que, contrairement à Bush, Chavez, lui, fait compter tous les bulletins de vote lors des élections vénézueliennes.

Mais voici que les choses deviennent vraiment vicieuses.

Le critique des medias Jeff Cohen m'avait dit qu'il fallait guetter le moment où la presse allait commencer à qualifier McCain d'expert en politique étrangère et les Démocrates d'amateurs. Et ça n'a pas loupé. Le New York Times, dans son édition de mercredi, qualifia McCain de « pro de la sécurité nationale ».

McCain, c'est ce « pro » qui avait affirmé que la guerre en Irak ne coûterait pratiquement rien en terme de vies et d'argent.

Mais, parlant de l'invasion de l'Equateur par la Colombie, McCain a dit « j'espère que les tensions baisseront, que le président Chavez retirera ces troupes de la frontière – de même que les Equatoriens – et que les relations continuent à s'améliorer entre les deux. »

Ce n'est pas tout à fait de l'anglais (les approximations grammaticales de McCain ont été plus ou moins rendues dans la traduction française – NDT), mais ce n'est définitivement pas du Bush. Et bizarrement, ce n'est définitivement pas du Obama ou du Clinton en train de saluer bruyemment l'agression Colombienne contre l'Equateur.

Démocrates, entendez-vous ? Il y a quelque chose de pire que de voir les medias accuser Obama et Clinton d'être des amateurs, et c'est de voir les candidats Démocrates se démener comme des fous pour leur donner raison.

Greg Palast
6 mars 2008

Traduction par Le Grand Soir


22 février 2008

Démocratie en péril

Un très bel article de Bernard Langlois dans Politis, qui revient sur un titre accrocheur de Libération qui critique deux penseurs indépendants (une espèce rare et si éloignée des pseudo-philosophes imposteurs du type BHL). Un extrait que j'ai apprécié :

Comment ne pas applaudir à ceci : « Modèle américain ou modèle chinois, je ne veux pas vivre dans ce choix. » ( Zizek). Et à ceci : « Il faut réinventer des modalités de mobilisation populaire.[...] Je n’aime pas la violence physique, j’en ai peur, mais je ne suis pas prêt à renoncer à cette tradition de la violence populaire. Cela ne veut pas toujours dire violence sur les personnes. » (Zizek encore.) Bien entendu, dans la phrase précédente, c’est l’adverbe « toujours » qui fera sauter en l’air nos humanistes démocrates : « Ah, vous voyez bien, il n’exclut pas la violence sur les personnes ! » Et vous, vous l’excluez, cette violence-là ­cent, mille fois plus fréquente et féroce­ que le marché, le capitalisme, sa loi d’airain et ses gardes prétoriennes, par les violations quotidiennes des droits de l’homme par eux engendrées (toutes les semaines, on se pend en prison, on se jette par la fenêtre pour échapper aux expulsions, on crève de froid et de faim sous les néons des boutiques de luxe, on se saoule et se drogue pour tenter d’oublier qu’on n’a aucun avenir, on se fait pute pour payer son loyer ou nourrir son môme...), que cette société de merde, dirigée par des crapules et/ou des incapables, impose au peuple prétendument souverain, dites, vous l’excluez ? Ah, il est plus facile d’aller faire de la retape au dîner du Crif et d’inventer, au nom du « devoir de mémoire », je ne sais quel projet d’adoption virtuelle des pauvres petites victimes juives (et merci à Simone Veil d’avoir promptement flingué cette connerie) que d’offrir une vie acceptable à des milliers de pauvres petits vivants ­ceux à qui on promet des « plans Marshall » (mais non financés) et qui ne voient débarquer que des bataillons de flics suivis d’escadrons de journaleux. Ah, la belle politique, la délicieuse démocratie !

« Le drapeau, la patrie, le civisme, la morale », dit-il. Qui ça ? Le grand copain de Balkany-les pots de vin, Doc Gyneco-la fumette, Johnny-l’Helvète, Bolloré-le voyagiste, Idriss Deby-l’humaniste, et tant d’autres que, quand on les croise, on change vite de trottoir pour respirer plus pur. Et Dieu, dans tout ça, sacré Chancel (aussi un ami du président bling-bling) ! Dieu, on s’en tape ; mais la religion, pour les faire tenir tranquille, hein (Napoléon le professait déjà, mais il avait légèrement plus de classe) ! « Opium du peuple », disait l’autre vieux barbu, qui n’habitait pas, lui, dans les nuages. Au fait, voulez-vous que je vous dise, la violence : je la redoute aussi, moi. Celle des désespérés, qui n’ont lu ni Badiou ni Zizek. « Les émeutes de banlieues en France sont nées d’un mécontentement non-articulé à une pensée, même de façon utopique. C’est ça, la tragédie. » (Zizek)

Le reste ici.

15 février 2008

Mémoire

Vous le savez sans doute, la dernière mauvaise idée de notre (il faut assumer, je sais, c'est dur...) Président, c'est de donner à chaque enfant de CM2 le nom d'un enfant juif victime de la Shoah.

Ce qui m'a choqué (outre l'instrumentalisation de l'histoire qui hélas se banalise) c'est que cela se limite aux enfants juifs. L'holocauste n'a pas épargné non plus les enfants Roms. Et rien sur les Arméniens, les Cambodgiens, ou les Rwandais (c'est vrai que dans ce dernier cas, le devoir de mémoire de l'état français est mis sérieusement à l'épreuve).

Mais voilà, Simone Veil en rajoute :
Interrogée par L'Express.fr, elle juge, vendredi 15 février, que cette proposition est"inimaginable, insoutenable, dramatique et surtout, injuste". "On ne peut pas infliger ça à des petits de 10 ans, on ne peut pas demander à un enfant de s'identifier à un enfant mort, souligne-t-elle, cette mémoire est beaucoup trop lourde à porter." La suggestion de M. Sarkozy risque d'attiser les antagonismes religieux, dit-elle encore : "Comment réagira une famille très catholique ou musulmane quand on demandera à leur fils ou à leur fille d'incarner le souvenir d'un petit juif ?"
De famille catholique, je ne vois pas ce qui m'empêche de rendre hommage aux victimes de la Shoah... ni à celles des autres holocaustes... dire que j'oubliais Srebrenica ou la Tchétchénie... Mme Veil ferait-elle de l'incitation à l'intolérance ?

Elle persiste :
Déportée à l'âge de 16 ans, elle témoigne : "Nous mêmes, anciens déportés, avons eu beaucoup de difficultés, après la guerre, à parler de ce que nous avions vécu, même avec nos proches. Et, aujourd'hui encore, nous essayons d'épargner nos enfants et nos petits-enfants."
Je viens de lire I sommersi ed i salvati, de Primo Levi. Déporté à Auschwitz, il raconte dans ce livre comment la mémoire de la déportation est difficile : entre les survivants, qui soit culpabilisent, soit mentent parce qu'ils doivent leur survie à une position en quelque sorte privilégiée et les bourreaux, qui forcément mentent...

Mais cette mémoire est nécessaire, même si elle n'a pas empêché ce qui s'est passé de se reproduire... Sa récupération par un président dont l'objectif est de détruire les acquis du Conseil national de la résistance est simplement dégoûtante, comme son utilisation au Moyen Orient pour construire et défendre un état qui s'appuie sur les mêmes idées de suprématie ethno-religieuse que celles finalement en vigueur dans le Troisième Reich.

N'oublions pas. Et agissons.

Au fait, quelqu'un a-t-il la liste des habitants de Béziers massacrés par les Français en 1209 ?

13 février 2008

Pour Sébastien

Sébastien,

J'ai lu dans Libé Lyon un résumé de la courte vie de votre fils Julien. Je cherchais juste un nom à qui faire part de ma tristesse.

Julien a été broyé par un système infâmant, comme seules des élites égoïstes et dépourvues d'humanité en est capable. Hélas, ces élites sont confortées dans leurs agissements par un électorat qui n'ouvre les yeux que bien trop tard.

Je vous souhaite tout le courage du monde pour faire face à cette absence et continuer à avancer dans la vie. Ensemble, les hommes et femmes de ce pays, dont vous faites partie, sont , s'ils le veulent, encore capables de chasser par les urnes de tels incompétents.

6 février 2008

Françafrique quand tu nous tiens

C'est écrit dans les dépêches d'agences qui remplacent peu à peu la presse, Idris Déby, président du Tchad, pourrait gracier les condamnés de l'arche de Zoé en remerciements pour l'intervention française qui lui a permis de sauver son régime. En termes de pratiques françafricaines, la rupture avec la rupture est donc consommée.

D'ailleurs, un vrai organe d'information, Bakchich, nous raconte les mésaventures d'un fournisseur français du propriétaire du Congo-Brazzaville :

Bricolage judiciaire autour de la villa de Sassou
mardi 5 février 2008 par Jacques-Marie Bourget

Que pèse un petit maçon français face au dictateur congolais quand ce dernier a « omis » de lui régler quelques menues factures ? La justice tricolore semble avoir son avis.

Le type qui n’a vraiment pas de chance c’est l’entrepreneur en bâtiment français qui poursuit depuis des mois Sassou Nguesso, le dictateur rouge (la couleur du sang noir) qui règne sur le Congo. Mardi 5 février, le maçon très entêté a fait, une fois de plus, convoquer le clan Nguesso devant le tribunal de grande instance de Versailles, porte 152 à 8 heures 45. Il réclame qu’on lui paye enfin une facture de travaux bel bien exécutés. Quelle sotte idée de réclamer des sous à ce sage d’Afrique, au moment où l’appui qu’il donne à Idriss Déby, dans l’embarras avec ses rebelles sur le dos, est jugé « capital » par l’équipe Sarkozy. Nguesso envoie donc des armes à son ami tchadien, et même quelques-uns de ces hommes qui vont si bien avec le bon bout du fusil, la crosse. Troubler en ce moment la bonne volonté d’un ami d’ami de la France ? Ce n’est pas bien malin. D’autant que ce Sassou (combien d’opposants morts au compteur ?), Nicolas Sarkozy le trouve « sympa ». Il n’y a que Rama Yade qui a boudé ce grand Congolais lors de sa visite à l’Elysée. On se demande pourquoi ?

Sur le sujet, celui de cet entrepreneur qui veut ses sous, le tribunal de Versailles a été bien « briefé » par la chancellerie de Rachida Dati. L’affaire est ultra « signalée ». Un membre du parquet aurait même pris contact avec l’avocat du maçon pour le dissuader « de faire du tapage. De traiter tout cela dans la discrétion qui convient… » à cette affaire d’Etat. Pas de chance, Bakchich, qui suit le rôle des tribunaux avec attention, a repéré la discrète audience. Au cours de laquelle le tribunal, hélas, va examiner des documents, titres de propriété et papiers de succession qui ne correspondent pas tout à fait à la réalité.

Sassou perd la tête depuis qu’il a vu Suzette

Donc ce bon maçon, sur ordres de la nébuleuse familiale Nguesso, a effectué des travaux dans un hôtel particulier du Vésinet, la « Villa Suzette », au 45 de la rue Maurice Berteaux. Officiellement c’est Valentin, frère du « conducator » africain, qui est le propriétaire de « Suzette ». Sassou ne faisant « qu’utiliser » la maison de son frère… Dans l’histoire de ces 485 m2, il y a aussi Wilfrid, le neveu du maître, qui met aussi son nez. Wilfrid agit par amour pour son oncle. Car le neveu n’est pas à l’étroit. Il vit à Courbevoie dans une villa un peu plus grande, 550 m2, avec garages pour Porsche, Ferrari, Aston Martin et autres crache-carbone.

Entre Chirac et Sassou, Wilfrid a joué un rôle de grand tisonnier : celui qui entretient la flamme de l’amitié. Par ailleurs, dixit le Canard Enchaîné : « Wilfrid Nguesso joue un rôle important dans le business franco-congolais : il dirige la Société Congolaise de Transports Maritimes, qui a pour partenaires le pétrolier Total ainsi que le groupe Bolloré et les autres. » Un type qui est ami de Deby et de Bolloré ne saurait être fondamentalement mauvais.

Bref, au Vésinet, une première tranche de travaux (3 400 000 euros), jugée pas assez chic, est cassée pour qu’on s’oriente vers les robinets d’or et le marbre de Carrare. On attaque donc une seconde tranche qui se monte à 800 000 euros. Sassou le vaut bien. Sur ce chantier de la gloire, l’entrepreneur, lui, attend toujours un solde de 600 000 euros, ce qui le rend grincheux. Sassou argue que cette maison n’est pas à lui. Quant à Wilfrid, il a tout oublié de « Suzette ». L’hôtel particulier, c’est bien commode, est présenté aujourd’hui comme la propriété d’une société de droit luxembourgeois aux actionnaires anonymes. Vivre heureux, c’est vivre caché.

« Sherpa » monte au créneau

Bien plus commode quand on sait que, cet été, ce bien de famille a été au cœur d’une autre bataille judiciaire. « Sherpa » , le réseau international de juristes qui n’a rien compris à la nouvelle politique sarkozienne de « rupture », a assigné Sassou devant la justice française. Avançant que les biens hexagonaux du dictateur « ont été payés avec l’argent du peuple congolais ». Incroyable. Et nos magistrats du parquet ont dit que non. Que la preuve de la chose n’était pas rapportée et qu’il n’y avait donc pas matière à poursuivre. Mais l’impérial William Bourdon, l’avocat-président de « Sherpa » et par ailleurs ami de Bakchich, continue d’enfoncer son clou dans la croix de Sassou : « Tous ces biens immeubles ont été acquis par flux financiers qui proviennent de sociétés off-shore, elles-mêmes alimentées par des détournements d’argent public ou d’argent de sociétés semi-publiques. » Et on a le sentiment que, dans cette histoire de robinets, la justice a beaucoup de mal à s’occuper du droit. Alors qu’elle a tant à faire avec le tordu.

Sans commentaire...

31 janvier 2008

Pour nos pôvres

... ou j'ai failli rater cet article du Monde 2, paru le 25 janvier dernier...

Enquête sur les HLM de Neuilly
LE MONDE 2 | 25.01.08 | 17h01 • Mis à jour le 26.01.08 | 09h17

n collaboration avec les sociologues Monique et Michel Pinçon-Charlot, " Le Monde 2 " s'est intéressé au logement social à Neuilly-sur-Seine, l'une des plus riches communes de france. Hauts fonctionnaires, cadres de l'UMP, membres des clubs parmi les plus sélects, figures du "bottin mondain" et du "who's who", on est loin du profil classique des occupants de HLM. Enquête dans la ville qui, de 1983 à 2002, a été administrée par l'actuel président de la République.


Au château le week-end, en HLM la semaine. Voilà le mode de vie plutôt singulier de certains bénéficiaires de logements sociaux à Neuilly-sur-Seine. Dans cette ville, l'une des plus riches de France, celle-là même qu'a dirigée pendant près de vingt ans (de 1983 à 2002) le président de la République Nicolas Sarkozy, rien, ou presque, ne se passe comme ailleurs. Smicards, foyers monoparentaux, familles nombreuses des classes moyennes : la population habituelle des appartements à loyer plafonné s'enrichit à Neuilly de profils plus inattendus.

Familles nobles, PDG ou hauts responsables de l'administration du département des Hauts-de-Seine, souvent propriétaires de résidences secondaires, parfois même de châteaux en province, bénéficient d'appartements dans le parc social locatif de Neuilly.

Ajoutez à cela des cadres supérieurs d'entreprise, professions libérales, fonctionnaires bien placés de la Ville… Une partie des 954 logements sociaux de Neuilly, recensés comme tels au 1er janvier 2007 au titre de la loi SRU (solidarité et renouvellement urbains), n'est pas attribuée à des familles défavorisées, ou qui n'auraient pas les moyens de louer dans le secteur privé. Mais à des Neuilléens qui, à l'abri du besoin, résident dans ce havre de luxe et de verdure francilien pour un coût inférieur à celui du marché.

"ICI, CE N'EST PAS LA TRANSPARENCE "

A l'origine de cet édifiant constat, en pleine crise du logement, une rencontre avec Monique et Michel Pinçon-Charlot. Tout juste retraités du Cnrs, les deux sociologues, fins observateurs des us et coutumes de la grande bourgeoisie, viennent de publier Les Ghettos du gotha (Seuil), qui détaille les stratégies de concentration territoriale des plus riches. Ils nous avouent une frustration. S'ils parlent longuement de Neuilly dans leur livre, et de ses rares HLM, ils n'ont pas eu le temps de creuser un aspect crucial : qui en sont les occupants ?

On sait que les logements sociaux ne représentent que 3 % des résidences principales de Neuilly, quand la loi SRU impose un objectif de 20 % à l'horizon 2020, mais on ne sait rien de la population qui y réside. Nous nous associons pour mener l'enquête.

Première étape, conversation avec les élus de l'opposition de gauche. Le tour est vite fait : ils ne sont que trois sur les quarante-cinq membres du conseil municipal. Deux PS, un Vert. Quelle est la liste des HLM de la ville ? Combien y a-t-il d'appartements ? De quel type exact de logements sociaux s'agit-il ? Quelles sont les procédures d'attribution ?… Silence. Rien. Ils n'en savent rien.

"C'est mon cheval de bataille depuis vingt-quatre ans… Et je ne sais toujours rien ! lance, désabusée, Lucienne Buton, élue PS depuis 1983. Ici, ce n'est pas la transparence ! J'ai commencé à poser des questions sur les HLM parce que je voyais partir toutes les classes populaires et moyennes. Je me rendais bien compte que Neuilly devenait de plus en plus un ghetto de riches !"

DES HLM D'UN STANDING CERTAIN

Depuis des années, à chaque conseil municipal, elle revient donc à la charge. Interroge sur le nombre de demandes en attente. Réclame la liste exhaustive des logements HLM existants. Des explications sur le mode de fonctionnement de la Semine, la société d'économie mixte détenue à 80 % par la Ville qui joue ici le rôle d'office HLM, et dont le président est le premier adjoint au maire, en charge du logement.

Qui sont les membres de la commission d'attribution ? Quels sont les critères d'attribution des logements ? Peine perdue. "A la mairie, ils savent que nos demandes sont légitimes. Alors, ils nous disent sans cesse : On vous donnera des listes, des chiffres en fin d'année , mais on ne voit jamais rien venir !", s'agace Thierry Hubert, urbaniste, élu Vert depuis 2001.

Comme Lucienne Buton, il a demandé à siéger à la commission d'attribution ou au conseil d'administration de la Semine. Et a essuyé un refus. Une seule fois, en 1995, l'opposition a eu un droit de regard. Grâce à l'Eglise catholique, qui cédait des terrains à la Ville sous condition que soient bâtis des immeubles à caractère social. Ces logements HLM neufs situés avenue du Roule ont été attribués par une commission dans laquelle siégeait l'opposition. Lucienne Buton tempère : " Nous avons siégé, choisi, mais nous n'avons jamais eu la liste finale des 52 locataires… ".

Nous demandons officiellement à la direction départementale de l'équipement (DDE) des Hauts-de-Seine l'inventaire des logements sociaux de Neuilly établi chaque année dans le cadre de la loi SRU. Après plusieurs semaines d'attente, la responsable du service Habitat nous informe que "ces listes ne font pas l'objet à ce jour d'une publication officielle des services de l'Etat", et nous précise qu'elle n'a pas obtenu l'accord de sa hiérarchie pour nous les fournir. Sur le site Internet des Verts de la ville, une liste apparaît bien : ce sont deux étudiantes qui, en 2006, ont obtenu ce document auprès du service de l'urbanisme de la mairie. " Je pense avoir eu de la chance, explique l'une d'elles. Le fait que ce soit un technicien qui me l'ait fourni et non un élu y a sans doute été pour beaucoup… "

DIX-HUIT ADRESSES HLM, POUR UNE VILLE DE 61 000 HABITANTS

Sur la demande pressante des élus de l'opposition, la direction de l'urbanisme à la mairie, puis la DDE acceptent du bout des lèvres de valider la liste des 937 logements sociaux neuilléens au 1er janvier 2006 (à laquelle se sont ajoutés 17 appartements courant 2006).

Nous démarrons une tournée pédestre avec Monique et Michel Pinçon-Charlot, habitués à arpenter la ville en tous sens depuis vingt ans. Dix-huit adresses HLM, pour une ville de 61 000 habitants. Des immeubles proprets des années 1920, à façades de brique. Des constructions cubiques des années 1960, avec pare-balcons en verre fumé et jardins intérieurs soigneusement entretenus. Et des nouveautés au classicisme de bon aloi : pierre de taille, balcons en fer forgé, entrées en similimarbre, verre et bois clair… Au 39, rue de Villiers, dernier HLM érigé, la façade offre un arrondi qui doit donner du charme aux salons, et même de grandes terrasses à certains étages. "Pour qui ne dispose pas des adresses, relèvent les deux sociologues, la plupart des HLM sont d'un standing qui les rend indécelables, d'autant qu'ils sont dispersés aux quatre coins de la ville."

Lorsque les concierges et les multiples digicodes nous le permettent, lorsqu'une porte s'entrouvre, nous recueillons le patronyme des habitants sur les boîtes aux lettres ou les interphones à noms déroulants. Monique, d'emblée chaleureuse, a l'art de lier conversation avec les gardiennes ; Michel celui de noter sans en avoir l'air. Premières constatations : nous relevons très peu de noms à consonances africaines ou maghrébines, et remarquons quelques sociétés domiciliées dans ces appartements.

La discussion s'engage parfois avec des habitants. Ici des adolescents confient que leur père est gestionnaire de fortune dans une banque suisse. Là une jeune femme, qui avait déjà vécu en HLM avant d'emménager au 28, boulevard du Général-Leclerc, en bord de Seine, n'en revient pas que ses nouveaux voisins soient si "chics" : "C'est agréable, ici ! Il y a même un jardin intérieur… Et dans le parking, les voitures, ce ne sont pas des voitures de HLM !" Nous y pénétrons avec elle. Peugeot 607, Citroën C5, énorme 4 x 4, BMW, coupé Alfa Romeo de collection…

Autre adresse. "Y a-t-il dans votre immeuble des gens que vous ne vous attendriez pas à voir en HLM ? , demande-t-on à une habituée des lieux. Elle éclate de rire. "Pour être honnête, à part deux ou trois personnes, il n'y a que ça ! On est dans un château ici. Il n'y a que des gens qui ont de bonnes positions, qui sont très exigeants. Que des Blancs. Faut dire, c'est relativement cher, faut avoir l'emploi ou la retraite qui va avec l'appartement. Et puis, il faut pouvoir vivre à Neuilly. Moi, pour faire mes courses, je dois prendre la voiture et aller en banlieue ! Expression savoureuse. Neuilly, ce n'est pas la banlieue.

DU WHO'S WHO AU BOTTIN MONDAIN

C'est un monde à part. Avenue du Roule, une gardienne tirée à quatre épingles nous décrit "ses" locataires : "Il y a de tout ici, on a même d'adorables petits Noirs. Des Cap-Verdiens."

L'immeuble, en pierre blanche, est éclairé par des lanternes à l'ancienne et bordé d'une allée plantée d'arbres. "C'est du HLM de Neuilly, justifie-t-elle. Il fallait bien que ça reste dans le cadre !" Sur Internet, l'annuaire nous fournit d'autres noms : aux adresses des HLM, nous retrouvons tous les détenteurs de lignes téléphoniques fixes qui n'ont pas souhaité se dissimuler sur liste rouge. Et grâce au recensement électoral, nous complétons le tableau. Des centaines de noms que nous passons ensuite systématiquement aux filtres du Bottin mondain, l'annuaire de la haute société, du Who's Who, qui inventorie l'élite professionnelle du pays, et des moteurs de recherche du Web.

Résultat : les membres de la noblesse et de la grande bourgeoisie occupent une part non négligeable des appartements. Dans le parc social neuilléen, nous retrouvons ainsi une trentaine de familles ou de personnalités qui ont confié leur adresse privée au Who's Who ou au Bottin mondain, publications librement accessibles. Dans ce dernier ouvrage, parmi les 1 463 familles mentionnant Neuilly comme lieu de résidence, 21 ont fourni une adresse qui correspond au parc social.

Au total, nous découvrons sept fils ou filles de comtes et de comtesses. Une douzaine de propriétaires de résidence secondaire ("domaine" au Lavandou, "prieuré" en Suisse…), parfois même de plusieurs, ainsi que six membres de familles qui possèdent au moins un château. De fil en aiguille, nous lisons même sur Internet la petite annonce passée en août 2007 par un bénéficiaire de logement social au nom riche de deux particules, qui met en location un appartement dont il est propriétaire au métro Pont-de-Neuilly…

Les cercles les plus prestigieux et fermés sont représentés : membres du Jockey Club, de l'Automobile Club de France, de l'Association sportive du Cercle du bois de Boulogne (pour ce dernier, les droits d'inscription atteignent 8 000 euros, la cotisation annuelle 800 euros). Tout comme les décorés de la Légion d'honneur, de l'Ordre national du mérite, des Palmes académiques. Autre singularité, la présence de dirigeants de société et de cadres supérieurs d'entreprise. A l'instar de Nicolas Arthus-Bertrand, pdg de la société Arthus-Bertrand, fondée en 1803, installée place Saint-Germain-des-Prés, à Paris, qui emploie 280 salariés et a réalisé 24 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2006.

EN TOUTE LÉGALITÉ

Dans les logements sociaux de Neuilly, comptabilisés au titre de la loi SRU, on a encore le loisir de croiser de hauts responsables de chez, entre autres, Nissan, Total ou Veolia environnement, ou de la télévision publique. Une poignée de dirigeants de PME, d'administrateurs de société, de médecins, d'avocats, magistrats, experts-comptables, analystes financiers, inspecteurs des impôts, etc. Un ex-grand secrétaire de la Grande loge nationale française.

On remarque aussi des responsables du conseil général des Hauts-de-Seine et de l'office départemental d'HLM. Comme Hervé Bolze, bras droit du directeur de l'Office, qui fut aussi le directeur de cabinet de Patrick Balkany à la mairie de Levallois. Ou Halina Gruda-Hendzel, actuelle directrice générale adjointe du conseil général. Puis viennent des proches de l'UMP. La responsable de la communication du parti, Sabine Rozier-Deroche. Le trésorier départemental du même parti, Sami Chatila, également conseiller municipal de la majorité à Neuilly. Un ancien conseiller municipal RPR de Neuilly. Et une chargée de mission auprès du chef de cabinet de Nicolas Sarkozy.

"ALEXANDRE VOULAIT ÊTRE À NEUILLY. ET NEUILLY, C'EST CHER"

Dernière découverte, au 18-20, rue Garnier : Alexandre Balkany, qui vient à peine de déménager après sept années de présence dans l'immeuble. Il est le fils d'Isabelle Balkany, actuelle vice-présidente du conseil général des Hauts-de-Seine et de Patrick Balkany, député-maire UMP de Levallois-Perret, ex-vice-président du conseil général des Hauts-de-Seine (1982-1988), ex-président de l'office HLM du département (1985-1988) et ami de longue date de Nicolas Sarkozy.

Alexandre dirige une petite société de production audiovisuelle, Kawa productions, qui vend une émission de poker à la chaîne Direct 8, installée à Puteaux et appartenant au groupe Bolloré. En 2004, alors qu'Alexandre Balkany occupait déjà son appartement à loyer plafonné de Neuilly, le conseil municipal de Levallois-Perret lui avait octroyé une indemnité d'éviction de 75 000 euros pour récupérer le local de sa société Netconnect (logiciels informatiques) loué à la municipalité et y réaliser… des logements sociaux.

Nous sollicitons Alexandre, c'est sa mère, Isabelle Balkany, qui nous répond : "Mon fils a eu ce logement en 2000, à 20 ans. Il voulait son indépendance mais ne pouvait pas s'assumer financièrement. Or ce sont bien les revenus personnels du demandeur qui comptent. Nous, nous l'aidions autant que nous pouvions mais à l'époque, nous étions dans une situation professionnelle et financière moins facile. Son père n'était plus ni député ni rien…" Mme Balkany souligne la cherté du loyer payé : 950 euros, charges comprises, pour un 35 mètres carrés. Pourquoi, alors, ne pas avoir cherché dans le secteur privé ou dans une ville voisine ? "Alexandre voulait être à Neuilly. Et Neuilly, c'est cher", rétorque-t-elle.

Pour choquante qu'elle soit, cette situation peut parfaitement être en phase avec la loi. Bien des locataires "sélects" habitent des HLM dont l'attribution n'était soumise à aucune condition de ressources au moment de leur entrée dans les lieux. C'est le cas des ILN (immeubles à loyer normal) qui s'élèvent au 28, boulevard du Général-Leclerc et au 17-23, rue d'Ybry. Propriété de l'office HLM des Hauts-de-Seine jusqu'au début 2007, ces bâtiments ont été cédés à la Semine. Une convention vient d'être signée avec l'Etat et les 212 logements sociaux qui se trouvent à ces deux adresses seront, à l'avenir, loués à des particuliers dont les revenus n'excèdent pas un seuil donné.

"GAGNER SUFFISAMMENT D'ARGENT POUR ENTRER DANS LES LIEUX… "

Mais jusqu'alors les critères de ressources n'entraient pas en ligne de compte bien que ces logements soient recensés au titre de la loi SRU de décembre 2000, supposée "garantir un meilleur respect du droit au logement et de la mixité sociale". Le trésorier de l'UMP des Hauts-de-Seine assure avoir obtenu son logement en 1988, alors qu'il n'exerçait aucune fonction politique, dans des conditions " tout à fait normales ". Idem pour le Pdg d'Arthus-Bertrand : "A l'époque, on ne parlait pas de revenu maximal. Il fallait même gagner suffisamment d'argent pour entrer dans les lieux… " Ou pour Hervé Bolze, de l'office HLM des Hauts-de-Seine." M. Bolze s'est vu attribuer un logement qui n'était soumis à aucune condition de ressources. Rien n'interdisait de le lui louer", fait-on valoir à l'office.

La sociologie du peuplement des HLM neuilléens résulte aussi des techniques de financement du logement social. L'apport du conseil général fait de cet organisme un "réservataire" qui dispose d'un contingent d'appartements. Trente agents du conseil général des Hauts-de-Seine sont donc logés dans le parc social de Neuilly, dont six dans les appartements sociaux les plus haut de gamme. La directrice de la communication de l'UMP, ancienne attachée de presse puis directrice de la communication du conseil général, bénéficie d'un appartement social (de 90 mètres carrés pour 1 150 euros) à ce titre, mais nous avoue s'être parfois "posé la question d'un déménagement

" depuis sa prise de fonctions à l'UMP. En revanche, la directrice générale adjointe du conseil général, Halina Grunda-Hendzel, ex-chef de cabinet de Charles Pasqua lorsqu'il présidait le conseil, est logée en dehors de ce contingent. Elle n'a pas souhaité s'exprimer.

Autre explication : le foncier est rare et cher à Neuilly, comme le rappelle sans cesse la mairie. Les bailleurs en sont donc réduits à acquérir des immeubles anciens du parc privé pour les transformer en HLM. Les locataires en place au moment du rachat ont le droit de rester, même avec des revenus supérieurs aux plafonds, du moment qu'ils s'acquittent d'un surloyer. Cinq adresses HLM de la ville sont concernées. En 2000, par exemple, le bailleur social I3F a acheté à la Caisse nationale d'assurance-vieillesse (Cnav) un ensemble immobilier donnant sur deux rues, au 43, rue de la Ferme et au 125, boulevard du Général-Koenig. Lorsque la transaction a été actée, la plupart des 214 appartements étaient déjà occupés. Il reste encore seize anciens occupants payant un surloyer.

Depuis 2000, 148 nouveaux ménages se sont installés rue de la Ferme et boulevard Koenig, fait-on remarquer chez I3F. La population s'est renouvelée à 70 %, et 20 % des nouveaux habitants bénéficient de l'APL, prestation distribuée aux personnes ayant de faibles revenus. Reste que dans les appartements déclarés sociaux (financés en partie par la mairie, ce qui lui permet d'éviter les pénalités liées à la loi SRU) résident bon nombre d'anciens locataires aisés du secteur privé. Comme ce haut responsable de la télévision publique, originellement locataire du Gan, qui " se tamponne " de voir son appartement figurer dans la liste des logements sociaux de la ville : " Ce ne serait pas normal que pour loger des gens, on en vire d'autres ! " Selon lui, sur la vingtaine d'appartements que compte son immeuble, une moitié est encore occupée par des ex-locataires du privé.

Le maire (UMP) de Neuilly, Louis-Charles Bary, assure au Monde 2 respecter " totalement la loi et les règles d'attribution " : " Nous n'avons jamais donné de logements sociaux à des gens au-dessus des plafonds de ressources. Plafond qui est, au maximum, de 47 000 euros annuels pour un ménage avec enfant. Je le sais puisque quand un logement social appartenant à la ville se libère, ce qui est rare, c'est moi qui l'attribue ! On ne va tout de même pas réunir une commission d'attribution de quatorze personnes pour quelques logements chaque année ! Si les familles déjà installées viennent ensuite à dépasser les plafonds, nous appliquons des surloyers. " Mais en région parisienne, ce supplément de loyer ne comble pas le fossé avec les prix du marché. Insuffisamment dissuasif pour inciter les familles aisées à céder la place.

Certains HLM, remarquons-nous, sont réservés à des clientèles spécifiques et assurément solvables. A Neuilly, 30 % des logements sociaux accueillent des jeunes fonctionnaires (contrôleurs et inspecteurs des impôts) du ministère des finances, des personnes âgées et des handicapés dans des résidences prévues pour eux.

L'élu Vert, Thierry Hubert, nous décrit ce qu'il considère comme autant de stratégies de sélection des bénéficiaires : "On impose aux postulants un critère de cinq années de résidence préalable dans la commune. On ne construit pas n'importe quel type de HLM. On loge en priorité des fonctionnaires de la ville. Et on n'applique pas le plan départemental d'aide au logement des personnes défavorisées, en vertu duquel chaque commune est censée faire un effort en faveur des plus démunis." Ce que reconnaît devant nous le maire d'un simple : "Je n'ai pas les appartements pour les loger."

Bref, poursuit Thierry Hubert, "le premier souci de la mairie n'est pas de mener une politique sociale, de répondre à l'enjeu du logement des personnes sans emploi, des travailleurs précaires, des petits salaires du privé. C'est de ne rien dépenser ! De faire en sorte que les opérations qu'elle est obligée de mener sous la contrainte légale soient rentables. Donc, récemment, ce sont essentiellement des logements PLS, le haut de gamme du HLM, qui ont été livrés. La mairie le justifie en disant qu'avec le prix du foncier, ici, c'est la seule façon d'équilibrer les comptes ".

METTRE "FIN AUX ABUS" ?

Et elle peut faire ce choix en toute légalité. Car pour prendre sous son aile des catégories socioprofessionnelles diverses, ce qui est sa vocation, le monde HLM propose plusieurs types d'habitations, avec des niveaux de loyer et des critères d'éligibilité très différents : PLAI (prêt locatif aidé d'intégration) réservés aux ménages à faibles ressources, PLUS (prêt locatif à usage social) correspondant au " HLM standard " auquel peuvent prétendre les deux tiers de la population, et enfin PLS (prêt locatif social), plutôt dédiés aux catégories sociales intermédiaires.

Les PLS représentent un peu plus du tiers du logement social à Neuilly, alors que les PLAI sont trois fois moins nombreux. Au 39, rue de Villiers par exemple, un F3 en PLS se loue 660 euros (charges comprises), un F4 de 85 mètres carrés, 960 euros. Logements bon marché pour Neuilly, mais inaccessibles aux ménages à faibles ressources.

Le maire, qui parle plus volontiers de "logements familiaux" que de HLM, confirme volontiers cette préférence pour le haut de gamme. "C'est tout à fait normal. Nous faisons en fonction de la population de Neuilly, à laquelle nous donnons la préférence. L'idée, c'est d'abord de faciliter l'accès au logement des jeunes nés ici qui démarrent."

LES NEUILLÉENS PEUVENT ÊTRE TRANQUILLES

Comme ces deux locataires du parc social, filles d'un conseiller-maître à la Cour des comptes, ancien conseiller à la présidence de la République. " Avec ce système de gestion, les Neuilléens peuvent être tranquilles, constatent Monique et Michel Pinçon-Charlot, en sortant du vaste bureau du maire. Dans cette ville, ce n'est pas du parc social que pourra venir le danger de la mixité résidentielle. Les HLM reproduisent, un cran en dessous, la structure sociale de Neuilly. "

A tel point que les ménages démunis s'autocensurent, persuadés qu'il ne sert à rien de déposer une demande de logement à Neuilly. "Il y a bien des petites gens à Neuilly, pour servir la soupe des grands, résume, caustique, Michel Laubier, premier adjoint au maire PC de Nanterre et conseiller général des Hauts-de-Seine. Ils nous écrivent, désespérés. Ils nous disent que ça ne sert à rien de demander un logement à Neuilly, et nous en demandent à nous, à Nanterre."

Le 11 décembre 2007, présentant en Meurthe-et-Moselle son plan logement, le président de la République a exigé que de la "transparence" soit "réintroduite" dans les procédures d'attribution des HLM pour mettre "fin aux abus".

Rappelant que 1,5 million de ménages étaient inscrits sur liste d'attente pour accéder à un HLM et que 400 000 logements sociaux étaient occupés par des ménages dépassant les plafonds de ressources, il a plaidé pour que "le logement social joue à nouveau son rôle d'intégration sociale", précisant que "le parc social [devait] accueillir en priorité ceux dont les revenus ne leur permettent pas d'être logés dans des conditions décentes par le libre jeu du marché". Reste maintenant à savoir si la parole du chef de l'Etat sera suivie d'effets dans son fief.

Interrogé par Le Monde 2, David Martinon, porte-parole de l'Elysée et candidat à la mairie de Neuilly, n'a pas souhaité répondre nos questions.

Pascale Krémer
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