31 décembre 2006

So good...

This year was a great year. So good... sorry we'll be missing you, Mister Brown... Nice to hear you making the heaven groove, from now...

Whoa-oa-oa! I feel good, I knew that I would, now
I feel good, I knew that I would, now
So good, so good, I got you

Whoa! I feel nice, like sugar and spice
I feel nice, like sugar and spice
So nice, so nice, I got you

When I hold you in my arms
I know that I can't do no wrong
and when I hold you in my arms
My love won't do you no harm

and I feel nice, like sugar and spice
I feel nice, like sugar and spice
So nice, so nice, I got you

When I hold you in my arms
I know that I can't do no wrong
and when I hold you in my arms
My love can't do me no harm

and I feel nice, like sugar and spice
I feel nice, like sugar and spice
So nice, so nice, well I got you

Whoa!
I feel good, I knew that I would, now

I feel good, I knew that I would
So good, so good, 'cause I got you
So good, so good, 'cause I got you
So good, so good, 'cause I got you

Au secours !

Voltaire, réveille-toi ils sont devenus fous !

Décidément, il va bien falloir ouvrir une rubrique “Principe de précaution” - et ce ne sera pas un problème de la remplir ! Cette fois, nul besoin d’agiter le spectre des fatwas venues d’ailleurs puisqu’elles sont là, tout près, bien laïques et occidentales, et inspirées par la peur. Donc, l’autre soir, assistant au théâtre du Châtelet à une répresentation du Candide de Léonard Bernstein, mis en scène par Robert Carsen, le directeur artistique de la Scala Stéphane Lissner fut saisi d’effroi. Pourtant, il connaissait bien l’adaptation très libre que fit Bernstein du conte philosophique de Voltaire (c’était en 1955 sur fond de maccarthysme) pour en faire un opéra comique en deux actes. Seulement voilà, Carsen avait adapté l’adaptation encore plus librement. Il a pris au mot la satire. Dans une scène, les acteurs portent des masques de Bush, Blair, Berlusconi, Poutine et Chirac. Ils sont cravatés aux couleurs de leur drapeau respectif et dansent en sous-vêtements. Dieu du ciel ! “Pas dans la ligne” a tranché Monsieur de la Scala. Et la grande institution de déprogrammer illico ce Candide qu’elle avait pourtant annoncé pour juin dans ses murs. A ce moment là, même les escalopes n’étaient pas fières d’être milanaises. Cela se passait à l’avant-veille de 2007 dans les vestiges de ce que fut l’Europe des Lumières.

30 décembre 2006

Barbarie

La peine de mort n'est qu'une forme de barbarie.

Il n'est pas question d'oublier les nombreux crimes commis par Saddam Hussein abd Al-Majid Al Tikriti.

Mais le pouvoir irakien en place aurait fait preuve, dans un pays où des gens meurent tous les jours d'une guerre affreuse, de grandeur et d'indépendance en ne suivant pas la voie de son maître américain.

Comme disait je ne sais qui "oeil pour oeil, le monde deviendra aveugle". Ne l'est-il déjà pas ?

Peregrinatoris Enchiridion Galaxiae

...est computatrum ab quo radioprogramma librique Duglassii Adams appellati sunt. Merci à la Wikipédia en latin... Le titre original est The Hitch Hiker's Guide to the Galaxy.

Un vrai plaisir, relire ce petit livre de Douglas Adams, dans sa version presque originale (car en fait c'était à la base un feuilleton radiophonique diffusé par la BBC) anglaise. Cet ouvrage culte contient tant de formules qui sont passées dans le langage courant, sous forme de références, que c'est une surprise presque à chaque chapitre de retrouver par exemple 42 (la réponse donnée par l'ordinateur à la question fondamentale de la vide, de l'univers et de toute chose – voir par exemple l'excellent site de science-fiction – en français - http://www.quarante-deux.org), ou le poisson de Babel (babelfish, en anglais, qui par une improbable évolution permet, glissé dans un conduit auditif, de comprendre toutes les langues de la galaxie – voir le site de traduction d'Altavista http://babelfish.altavista.com), ou encore la poésie vogon (Vogon poetry).

J'avoue que la première traduction française, par Jean Bonnefoy (elle était intitulée le Guide du routard galactique) était aussi exemplaire, tant l'humour y était excellemment rendu (par notamment la réfection des jeux de mots normalement intraduisibles). Hélas entre les aléas du droit des marques (attaqué par Hachette, propriétaire du Guide du routard, le livre a dû être rebaptisé le Guide galactique, puis le Guide du voyageur galactique à la sortie du film que je n'ai d'ailleurs pas vu) et un étrange choix éditorial, la version française la plus récente a semble-t-il été refaite, avec changement des noms des personnages...

Et ce n'est que le premier des cinq tomes d'une trilogie réellement spéciale. Il ne me reste qu'à retrouver les quatre autres au fond de ma bibliothèque...

29 décembre 2006

La honte

Je reproduis ce post du blog d'Olivier, Plume de presse. J'en tremble encore de rage.

Une enfant de 3 ans séparée de sa mère expulsée

catherinedelmascomolli02Le droit fondamental au respect de la vie familiale et l’obligation de prendre en considération l’intérêt supérieur de l’enfant sont inscrits dans la Convention Européenne des Droits de l'Homme. Catherine Delmas-Comolli, préfète des Ardennes, n'a pourtant pas craint de signer l'arrêté d'expulsion de Mélanie Rasoanasolo, ressortissante malgache mère d'une petite Winnie âgée de trois ans et demi, née en France. Depuis le 26 décembre et le renvoi de Mélanie à Madagascar, Winnie vit désormais séparée de sa mère. Honte au ministre de l'intérieur, qui autorise des actes d'une telle inhumanité, et honte à la préfète, diplômée de l'ENA en 1981, promotion baptisée des Droits de l'Homme !

Sur le blog, la chronique de l'expulsion de la famille Raba fait aussi frémir de honte et de colère. Comme le dit Olivier, Un récit chronologique détaillé exemplaire de la façon dont sont traités les êtres humains dans la France de Nicolas Sarkozy. Imaginons la France d'après !

Quand c'est l'État qui fait ça, on se demande où est passée la République... d'autant que sur le même blog, Olivier revient également sur la recolonisation de la Polynésie, le retour au pouvoir de la mafia Flosse, protégée et soutenue par la mafia UMP...

République bananière

Une découverte, le blog de Corinne Lepage, avec un bel article, Trafic d'influence (et des tas d'autres, allez y faire un tour...) sur l'avenir de quelques fournitures fondamentales (gaz, électricité...). Je vous le donne ici...

Avant les voeux traditionnels, les Français ont eu le droit à deux surprises sympathiques qui démontrent jusqu'où s'étend le champ du trafic d'influence dans notre pays ainsi que le règne du cynisme et du mensonge.
Tout d'abord, la disposition votée à la sauvette à la demande expresse des marchands d'eau d'interdire aux départements de moduler les subventions en fonction du choix des communes, en faveur de la régie ou de la délégation du service public de l'eau. Henri Emmanuelli, dont je partage peu de points de vue, avait décidé de cette mesure. Le Conseil d'Etat lui a donné raison, et c'était un bienfait pour tous les usagers qui payent moins chère leur eau quand elle est en régie que quand elle est concédée. C'était trop. Nos députés ont donc voté une loi qui l'interdit. Les usagers paieront donc le prix fort. Pour comprendre pourquoi, je vous invite à lire le très intéressant ouvrage de Vincent Nouzille, « Députés sous influence ».
Deuxième nouvelle :le prix du gaz et de l'électricité ne seront plus réglementés et on nous a donc très clairement menti et les sociétés nouvellement privatisées pourront donc librement fixer le prix. De plus, le bas coût de l'énergie qui justifie auprès des français le maintien de la filière nucléaire fera désormais partie de l'histoire, non pour des raisons environnementales et d'économies d'énergie, mais de profit des sociétés privatisées.
Beau cadeau qui consiste à nous faire supporter les risques du nucléaire pour le reste de l'Europe, à nous transformer en poubelle nucléaire et à nous faire payer le même prix que pour de l'énergie verte qui, elle, crée des emplois et s'inscrit dans le développement durable. Nous avons vraiment l'impression que le mot d'intérêt général a perdu tout son sens.

28 décembre 2006

Malédiction

Travailler entre Noël et jour de l'an présente des avantages. J'ai pu avancer tranquillement – j'ai même passé deux jours sans recevoir d'emails professionnels, un luxe... J'ai aussi été victime de la malédiction des bases de données. J'ai passé mon jeudi à répéter ma journée du mercredi : paramétrage d'une base de donnéees. C'est que le mercredi soir, croyant supprimer une autre base de test, j'ai détruit de deux clics de souris mon travail de la journée... Jeudi matin, j'ai bousillé ma base de données personnelle de généalogie. Heureusement, rien de grave, à part une soixantaine de personnes saisies depuis la veille, date de la dernière sauvegarde. Vous croyez que j'aurais dû rester chez moi ?


Signez la charte

Les enfants de Don Quichotte proposent de signer une charte dont voici le texte... Pour signer, c'est ici. Merci à Soumission Sociale...

CHARTE DU CANAL ST MARTIN
POUR L’ACCÈS DE TOUS À UN LOGEMENT

PRÉAMBULE

Nous, citoyens et citoyennes, refusons la situation inhumaine que vivent certains d’entre nous, sans domicile fixe. Nous voulons que soit mis fin à ce scandale, à la honte que cela représente pour un pays comme le nôtre.
La Constitution garantit le droit à la dignité, à des moyens convenables d’existence, et nous avons un devoir d’assistance à personne en danger.
Nous n’acceptons plus que les plus fragiles ou les plus pauvres soient laissés au bord de la route.
Il faut rompre avec les solutions provisoires, les logiques d’urgence qui aggravent la précarité et condamnent tant de personnes à une souffrance insupportable, et même certaines à une mort prématurée.
Nous demandons à l’Etat de mettre en place dès aujourd’hui une politique ambitieuse garantissant l’accès de tous à un vrai logement, à travers les mesures suivantes. Pour la dignité de tous.

ARTICLE 1:
OUVRIR LES STRUCTURES D’HÉBERGEMENT 24H/24H, 365 JOURS PAR AN, ET HUMANISER LES CONDITIONS D’ACCUEIL.

Parce que certains centres d’hébergement sont inadaptés, parce que beaucoup de personnes sans domicile fixe refusent d’y aller, il faut humaniser les conditions d’accueil dans les foyers :

  • Ouverture 24H/24, 365 jours par an de tous les centres d’hébergement
  • Mise en place de locaux décents et à taille humaine
  • Accueil en chambre individuelle, ou double si désirée
  • Garantie de places accessibles pour les couples et les personnes ayant des chiens
  • Participation des personnes à la vie et l’organisation du centre
  • Renforcement de l’accompagnement social
Les locaux ne permettant pas de répondre à ces exigences doivent être fermés et remplacés par des structures adéquates. Le nombre de places doit être ajusté à la demande, pour que nul ne reste sans hébergement.

ARTICLE 2:
FINI LE RENVOI À LA RUE ! TOUT ACCUEIL EN H
ÉBERGEMENT DOIT MENER À UNE SOLUTION STABLE

Le système actuel d’urgence porte atteinte à la dignité des personnes lorsqu’on les envoie d’hébergement en hébergement, pour des périodes arbitraires, de quelques jours, entrecoupées de passages à la rue. L’appel au 115 devrait être unique et entraîner un hébergement de la durée nécessaire! Les dispositifs comme l’accueil «7 nuits» du 115 à Paris doivent être abolis! On entretient ainsi l’errance, par une répétition de ruptures alors que tout être humain a besoin de stabilité et de liens durables.
Cette pratique, qui décourage et casse tant de personnes, ruine leur santé et les met en danger, doit cesser immédiatement.
La durée d’accueil dans un hébergement doit toujours être personnalisée et conduire à une solution durable et librement choisie.

ARTICLE 3 :
CR
ÉER IMMÉDIATEMENT UNE OFFRE DE LOGEMENTS TEMPORAIRES :

En attendant la pleine application des articles 4,5 et 6, et parce que l’hébergement en hôtel, ou le maintien en foyer au-delà de la durée nécessaire, sont coûteux et inadaptés, il faut immédiatement mettre des logements à disposition de manière temporaire par :

  • la location de logements dans le parc locatif privé
  • l’application de la loi de réquisition
  • la mobilisation des logements sociaux vacants notamment ceux voués à la démolition

ARTICLE 4 :
CR
ÉER PLUS DE LOGEMENTS SOCIAUX, ACCESSIBLES AUX MÉNAGES LES PLUS PAUVRES

Compte tenu d’un déficit important de logements, de leur cherté, et de la saturation des hébergements temporaires, il convient de développer, plus qu’actuellement, une offre massive de logements sociaux, accessibles aux personnes et familles les plus modestes.

ARTICLE 5 :
D
ÉVELOPPER DES FORMES ALTERNATIVES D’HABITAT

Pour certaines personnes, il convient de proposer des structures adaptées de logement, permettant de maintenir des liens sociaux et d’éviter l’isolement, tout en permettant à chacun d’avoir son propre espace personnel. Les structures de type « pension de famille » ont montré tout leur intérêt. Des projets novateurs doivent être d’avantage développés et soutenus, compte tenu de la diversité des besoins et des choix de vie (Maisons relais, auberges, auto construction, habitats semi collectifs, structures autogérées...).

ARTICLE 6 :
RENDRE LE DROIT AU LOGEMENT OPPOSABLE SUR TOUT LE TERRITOIRE

Tout citoyen ne pouvant pas se loger décemment par ses propres moyens doit pouvoir obtenir une proposition de logement, et à défaut saisir le juge.
Les pouvoirs publics doivent avoir une obligation de résultat, comme pour le droit à l’éducation et aux soins.
Il est temps de marquer une volonté politique pour prendre cette décision, et mettre en place un calendrier de mise en oeuvre.

«Si on relève toutes les personnes qui sont au plus bas, on relève tout notre peuple »

P.O, Enfant de Don Quichotte

«La lutte contre les exclusions est un impératif national fondé sur le respect de l'égale dignité de tous les êtres humains et une priorité de l'ensemble des politiques publiques de la nation. »
Art. 1.Loi no 98-657 du 29 juillet 1998 d'orientation relative à la lutte contre les exclusions

Avec le concours de membres de nombreuses associations intervenant dans les domaines du logement et de l’exclusion, qui ont bien voulu nous apporter leur expertise, et que nous remercions.

Dans l’immédiat, nous exigeons l’arrêt de toute mesure consistant à évacuer par des pressions ou la force une personne de l’abri dont elle dispose, sauf cas de danger avéré.

Les Enfants de Don Quichotte
Campement du Canal St Martin
Paris, le 25 décembre 2006

Je ne peux qu'approuver, et surtout déplorer qu'on doive en arriver là. Le pays "des droits bla-bla-bla" a beaucoup de mal à appliquer les textes qu'il signe, les lois qu'il vote... Illettrisme des dirigeants ? Incompétence ? Abus de position dominante pour ne rien faire ?

M. Leroyer, reposez en paix...

Pierre Charles Marcel Napoléon Leroyer, plus connu sous le nom de Pierre Delanoë, vient de décéder après avoir écrit plus de cinq mille chansons dont "Et maintenant" interprété par François Gilbert Silly, "Stewball" chanté dans toutes les colos par les fans de Jean dit Hugues Auf(f)ray, "la ballade des gens heureux" du Normand...

Parmi ses mots célèbres (je fais, ça fait un peu "fouille...") : « Pour moi c'est pas de la musique, c'est des vociférations, des éructations (...) J'admets que le rap soit une forme d'expression pour des gens primitifs (...) » (France Inter, juillet 2006, face à Abd al Malik rappeur).

Une belle leçon de tolérance... Allez, encore un qui n'aura pas passé l'hiver...

Et merci à la kikipédia...

27 décembre 2006

Blog de l'année 2006 : Droits des enfants

Dans cette semaine de bilan, je dois rendre un hommage particulier à M. Rosenczveig, dont le blog est exemplaire : il donne la preuve éclatante de l'utilité des blogs ; il donne ensuite une image forte et respectable de notre justice.

Un texte pour exemple :

On peut aussi se demander comment les jeunes vont respecter un ordre qu’ils estiment profondément injuste. Car je n’en démords pas, la violence des jeunes et des moins jeunes n’est pas seulement une démarche d’affirmation de l’adolescence, mais bien l’expression de personnes qui ne partagent une bonne partie des règles du jeu social pour avoir le sentiment, à tort ou à raison, que ces règles ne le prennent pas en compte. Bien sur qu’ils se trompent ces jeunes en oubliant que nous jouissons fondamentalement de la paix et d’un certain développement social. Ils ont guère de culture historique ni de comparaison avec ce qui se passe ailleurs. Autant leur parler chinois, pour autant pas question de céder et de renoncer à appeler un chat un chat.

Dans mon cabinet, notamment dans les procédures d’injures ou d’outrages ou encore de violences, je leur dis que si telle est leur opinion, ils doivent s’engager en usant des moyens qu’offre un pays démocratique : le droit de s’exprimer individuellement ou collectivement, mais par des arguments au-dessus de la ceinture, le droit de contester et de proposer; sans compter qu’un jour chacun d’eux aura le droit de voter.

En tous cas il ne sert à rien d’affirmer l’ordre pour l’ordre. Cela me rappelle en son temps les condamnations de principe de la violence. Il est malheureusement des violences légitimes. L’histoire de France en fourmille.

C’est bien parce qu’il est vécu comme juste qu’un ordre sera respecté. La militance politique ou syndicale n’est rien d’autre que la volonté de transformer l’ordre établi pour lui en substituer un autre.

Merci M. Rosenczveig.

2006 : le ...isme nouveau est arrivé ?

Quelle triste année, si l'on regarde le monde autour de nous. La "bête immonde" est toujours là, et elle compte de nouveaux alliés. Je crois quand même en la capacité de chacun à changer d'avis, à devenir meilleur, alors...

Dieudonné M'bala M'bala. Quel gâchis ! Passer de l'humour à la fête Bleu-Blanc-Rouge. De la dérision à l'antisémitisme. Un homme intelligent qui amalgame "juif" et "sioniste". Il est temps de revenir à la raison.

Raphaël Confiant. Quel dommage ! Par pitié ne reproduisez pas ce qu'a fait la droite israélienne (se cacher derrière la shoah pour construire un fascisme juif au détriment des palestiniens) en appuyant la montée d'un fascisme antillais. La souffrance subie ne justifie pas que l'on en impose une autre à d'autres ! (1)

Pascal Sevran. Là, j'avoue que je ne sais pas si vous êtes récupérable... Quand même, quelle vulgarité, quelle bassesse...

Nicolas de Petit Botcha. Vous avez transformé la police de la République en instrument de répression, d'expulsion, de bavures... en lui donnant un sentiment d'impunité, comme en ne cessant d'attaquer l'institution judiciaire (pour un avocat, quel paradoxe), vous abîmez la démocratie dans ce pays. Et vous voudriez que l'on vous donne un mandat pour cinq ans ?

Ségolène Royal. C'est quoi, cette idée d'enfermer les mineurs en difficulté ? N'avez-vous pas été mère ?

Et il y en a tellement d'autres...

Notes :
(1) Le Monde cite notamment un des passages du texte de Confiant : "L'une liée à sa personne, à son être métis (père africain, mère blanche) ; l'autre liée à ces gens qu'il est interdit de nommer (il a été partenaire de scène de l'un d'eux pendant une dizaine d'années (Elie Semoun, ndlr)) et que dans ce papier je désignerai donc sous le vocable d'Innommables."
Le texte, titré "La faute (pardonnable) de Dieudonné", a pour l'instant circulé par mail et est intervenu en réponse d'une tribune de Pierre Pinalie, écrivain créole, sur les relations entre Dieudonné et Jean-Marie Le Pen.
Aux Antilles, c'est essentiellement le terme "innommables", visant à qualifier les juifs, qui commence à faire débat, selon Le Monde qui revient sur "la radicalisation" de l'écrivain.
En juillet dernier, Raphaël Confiant s'en était pris très violemment à Serge Bilé, journaliste, auteur de "Noirs dans les camps nazis" (Ed. Le Serpent à plumes), après la parution d'un article de celui-ci dans Le Nouvel Observateur, intitulé "Fierté noire". Raphaël Confiant avait notamment qualifié Bilé de "nègre à Blanc", "Nègre français" et "Français noir".

26 décembre 2006

ジュワイユーノエル!

(Meri kurisimasu - comprenez Merry Christmas)
Lu dans Libération :
Les couloirs de la mort japonais n'ont que faire des départs en vacances et des visites au sanctuaire pour aller prier les dieux de la vie et de l'amour. Les couloirs de la mort japonais ne connaissent pas la trêve de la Noël. Hier, après une pause de plus d'un an, le Japon a décidé de reprendre les exécutions. En ordonnant non pas une, mais quatre mises à mort. Une façon de célébrer les quatre mois au pouvoir du Premier ministre, Shinzo Abe, dont le gouvernement a fait une priorité de la lutte contre l'insécurité et la multiplication inquiétante des crimes.
Comme d'habitude, car c'est la coutume dans un Japon qui compte près de un millier de condamnés à perpétuité et où le débat sur la peine de mort reste néanmoins marqué du sceau du silence, le nom des condamnés pendus hier n'a pas été rendu public. [...]
Voilà un grand progrès pour l'humanité, de la part d'un pays qui nous avait habitué à mieux... enfin... après 1945...

Trouvé ici, par exemple...

De 1933 à 1945, le Japon mena d'affreuses expériences sur des cobayes humains (les marutas) de diverses nationalités .

Les civils chinois mais aussi les prisonniers de guerre britanniques et américains constituèrent en des termes violents, les "rats de laboratoire" des chercheurs nippons. En effet, les Japonais considérant la reddition comme le déshonneur suprême, les forces militaires japonaises appliquaient ce même type de raisonnement à leurs ennemis. Un prisonnier de guerre n'était plus rien ! Bien qu'aujourd'hui bon nombre de japonais continuent de nier l'existence de telles pratiques et mettent même en doute le monstrueux sac de Nankin, les crimes japonais n'ont finalement rien à envier à ceux perpétrés par les médecins nazis, tel Mengele, dans les camps de la mort allemands. Quant à Nankin, des milliers de Chinois y trouveront la mort tandis qu'un nombre incalculable de femmes y furent violées puis assassinées en compagnie de leurs enfants.

À partir de 1931, en Mandchourie, un centre d'expérimentation sur l'utilisation militaire d'armes bactériologiques fut créé. Deux années plus tard, une équipe, dirigée par la médecin Shiro Ishii, commença à utiliser des cobayes humains pour ses expérimentations. Cette unité, dite 731 marque un bien triste record : elle généra la mort d'environ 3.000 personnes dans d'horribles conditions.

Dans le Mandchoukouo (l'état fantoche créé par les Japonais en Chine avec à sa tête Pou Yi, le dernier empereur de Chine), à Pingfan, dans le sud de Harbin, se trouvait un grand centre. Un complexe de 150 bâtiments, divisé en 8 services travaillaient en concurrence pour trouver la "meilleure" arme. Au coeur de ce complexe, se trouvait le "bloc Rô" où s'opéraient des expériences sur des êtres humains. Toutes les personnes arrêtées arbitrairement à Harbin devenaient alors des marutas. Maruta signifiant en japonais bout de bois ou bâton, on peut aisément imaginer la considération que les chercheurs japonais et leurs séides portaient à ces malheureux hommes...

À titre d'exemple, certaines expériences consistaient à faire exploser des "bombes à gangrènes" ou porteuses de bacilles de maladies à proximité de cobayes. Les victimes étaient attachées à des poteaux, la tête et le dos protégés afin d'éviter une mort immédiate due à l'explosion elle même... On testait également des shrapnels porteurs de maladies, la résistance au froid, l'exposition aux rayons X, la suppression atmosphérique (on augmentait ou abaissait la pression de l'air), la vivisection... L'horreur était quotidienne. A 500 km de Pingfan, existait le camp de Moukden : un camp de 1 485 prisonniers de guerre alliés. Des expériences étaient menées sur eux afin d'en constater les effets sur les occidentaux. Les résultats étaient ensuite envoyés à Pingfan pour analyse.

Au Japon cette fois-ci, à côté de Tokyo, un groupe de recherche mixte fut constitué de scientifiques et de militaires. Ils utilisèrent eux aussi les résultats des affreuses expériences réalisées en Chine occupée. En coopération avec le haut commandement, ce groupe devait réfléchir à l'utilisation d'armes bactériologiques et/ou chimiques contre les populations civiles américaines ! En effet, dès la fin de l'année 1942, les Japonais avaient imaginé une multitude de solutions plus ou moins fantaisistes pour porter le conflit sur le territoire des États-Unis. D'aucuns par exemple, avaient prôné l'envoi de sous-marin géants, transporteurs d'hydravions, au large des côtes californiennes. Objectif : mener des raids aériens nocturnes. Cela restait d'une efficacité plus que douteuse sur un plan strictement militaire...
[...]

Malgré le caractère abominable de ces crimes, très peu de Japonais furent poursuivis. Quelques chefs de guerre tout de même furent jugés par les alliés américains et britanniques pour crimes de guerre, d'autres par les Soviétiques.

On n'en est certes pas encore là... mais on peut se poser des questions... la lepénisation du Japon ? Le premier ministre actuel, M. Abe, ne gagne pas à être connu, si l'on en croit cet article du "Diplo" :

Fortement secouée par l’essai nucléaire effectué le 9 octobre dernier par la Corée du Nord, l’Asie du Nord-Est avait été non moins perturbée, quelques jours auparavant, le 26 septembre, par l’entrée en fonctions au Japon d’un nouveau premier ministre, M. Shinzo Abe.

Issu, comme son prédécesseur, M. Junichiro Koizumi, du Parti libéral-démocrate (PLD), qui domine la vie politique au pays du Soleil-Levant depuis 1955, M. Abe, 52 ans, est le plus jeune premier ministre nippon depuis 1945. Il n’en est pas moins considéré par la gauche japonaise comme un politicien ultralibéral, archiconservateur et nationaliste. Ses adversaires dans la région n’hésitent pas à le qualifier de « faucon ».

Fils d’un ancien ministre des affaires étrangères, M. Abe appartient à une grande dynastie de la droite au passé sulfureux, avec lequel il n’a pas pris de distance. Son grand-père, Nobusuke Kishi, fut ministre dans le cabinet de guerre du général Tojo, qui lança l’attaque sur Pearl Harbor. Arrêté en 1945 en tant que suspect de crimes de guerre, Kishi ne fut finalement pas jugé par le tribunal militaire de Tokyo (équivalent, pour les grands criminels de guerre japonais, du tribunal de Nuremberg, qui jugea les dirigeants nazis) car les Américains, la guerre froide s’amorçant, souhaitaient reconstruire une droite japonaise. Kishi fut donc un de leurs hommes. Libéré en 1948, et nommé deux fois premier ministre, en 1957 et en 1958, il signa un nouveau traité mutuel de sécurité avec les Etats-Unis.

Un grand-oncle de M. Abe, Yosuke Matsuoka, ministre des affaires étrangères, était partisan de l’expansionnisme nippon en Asie. En 1940, il fit adhérer le Japon à l’Axe, l’alliance formée par l’Allemagne de Hitler et l’Italie de Mussolini. Accusé lui aussi de crimes de guerre, il mourut en prison avant d’être jugé.

Dans un pays qui n’a pas officiellement demandé pardon pour ses crimes de guerre, M. Abe n’a jamais renié vraiment un tel passé familial. Au contraire, dénonçant ceux qui portent un regard « masochiste » sur l’histoire du Japon, il minimise les responsabilités de son pays. Il s’est rendu régulièrement au sanctuaire Yasukuni, où sont honorés les militaires « ayant donné leur vie pour le Japon », parmi lesquels quatorze criminels de guerre (et son grand-oncle Matsuoka), comme M. Koizumi. Ce qui avait valu à celui-ci, on s’en souvient, de ne plus être reçu à Pékin ni à Séoul, qui l’ont accusé de « révisionnisme » et de « vouloir glorifier le passé militaire du Japon ».

Issu du clan le plus droitier du PLD, M. Abe a bâti sa carrière publique en dénonçant le sort fait aux Japonais survivants enlevés jadis, à l’époque de Kim Il-sung, sur les plages nippones par des agents nord-coréens. C’est en réclamant toujours plus de fermeté et de sanctions contre la Corée du Nord, non sans démagogie (car il ne resterait plus qu’un seul cas en litige), et en flattant les sentiments racistes anticoréens relayés par de nombreux médias, que M. Abe est devenu populaire. Il a exigé, et obtenu, le 19 septembre dernier, de nouvelles sanctions contre Pyongyang après les essais balistiques nord-coréens du 5 juillet. Et a annoncé, au prétexte de la « menace nord-coréenne », son intention de modifier, par référendum, l’article 9 de la Constitution pacifiste pour permettre de transformer les forces d’autodéfense du Japon en véritables forces armées débarrassées des limitations exigées en 1945 par les vainqueurs. Une intention désormais encouragée, à Washington, par l’entourage du président George W. Bush, qui souhaite disposer en Asie du Nord-Est d’un allié militairement puissant pour contenir la Chine.



24 décembre 2006

Joyeux Noël

C'est un instant privilégié, mais pourquoi ne pas essayer de le faire durer toute l'année ? Je me rappelle cette chanson d'il y a quelques années...

C'est Noël chaque fois qu'on essuie une larme dans les yeux d'un enfant.
C'est Noël chaque fois qu'on dépose les armes et chaque fois qu'on s'entend.
C'est Noël chaque fois qu'on arrête une guerre et qu'on ouvre les mains.
C'est Noël chaque fois qu'on force la misère à reculer plus loin.
C'est Noël sur la terre chaque jour, car Noël, mon frère, c'est l'Amour.

C'est Noël quand nos coeurs oubliant les offenses sont vraiment fraternels.
C'est Noël quand enfin se lève l'espérance d'un amour plus réel.
C'est Noël quand soudain se taisent les mensonges faisant place au bonheur.
C'est Noël dans les yeux du pauvre qu'on visite sur son lit d'hôpital.
C'est Noël sur la terre chaque jour, car Noël, mon frère, c'est l'Amour.

C'est Noël dans le coeur de tous ceux qu'on invite pour un bonheur normal.
C'est Noël dans les mains de celui qui partage aujourd'hui notre pain.
C'est Noël quand le gueux oublie tous les outrages Et ne sent plus sa faim.
C'est Noël sur la terre chaque jour car Noël, mon frère, c'est l'Amour.

Mort aux pauvres...

Il y a presque une semaine, la presse se faisait l'écho de descentes de police destinées à confisquer aux sans-abri... leurs abris, justement, les tentes fournies par des associations pour mieux les protéger des rigueurs de l'hiver. En réaction, d'autres ont invité les Parisiens à venir passer une nuit sous la tente avec des SDF.

Il faut souligner la brillante réaction de la ministre de je ne sais plus trop quoi,
qui a indiqué que globalement c'était là une manoeuvre politicienne... bravo à l'UMP, le parti de l'argent et de la rupture...

Quelques jours avant, le soir, un reportage sur Sangatte après la fermeture du centre d'hébergement... les mêmes images, des policiers qui font détruire des abris de fortune pour migrants clandestins... sans doute en espérant que le froid les en débarrasse ???

Hier soir, dernière diffusion de la série "Commander in chief" sur M6. Série intéressante, car elle permet de comprendre la conception du pouvoir aux USA. Le dernier épisode met en images un homme désespéré car son assurance maladie ne lui donne pas les moyens de soigner sa femme cancéreuse. Réaction de "la présidente" et de son staff : on ne négocie pas, cet homme est un terroriste. Aucune critique du système, de l'absence de protection sociale qui laisse mourir des gens que l'on pourrait soigner en y mettant les moyens.

On voit le modèle de M. de Petit Botcha : les pauvres sont dangereux, il faut renforcer la police pour contrer la menace terroriste, et protéger les courageux médecins qui refusent de soigner les bénéficiaires de la CMU (les mesures de rétorsion ont étrangement été ajournées...)

Quoi, je schématise trop ? Même pas si sûr...

23 décembre 2006

Olivetti, Moulinex, Chaffoteaux et Maury

Le livre suivant que j'ai relu est "Olivetti, Moulinex, Chaffoteaux et Maury" de Quim Monzó. Une série de nouvelles saignantes, dans le style incisif de cet auteur catalan. J'ai relu tout cela avec plaisir. Pour info, ce livre a été traduit en français (deux éditions...)

22 décembre 2006

Que faire ?

Les policiers dressés à réprimer, à laisser mourir les gens en détresse ou avec un coup dans l'aile (Taoufik El-Amri, Guillaume Perrot). La justice dressée à protéger l'armée (Bugaled Breizh), à réprimer les Basques (Unai Errea et Itziar Larraz), à acquitter les politiciens véreux... La presse dressée à raconter n'importe quoi, un enfant meurt et on a presque l'impression que ses camarades de classe ont eu raison de le tabasser (c'est vrai que la violence d'émissions comme le journal de Claire Chazal ne peut que donner de mauvaises idées aux enfants...)

Et je m'interroge, que faire ?
Je relis les classiques, les textes de référence...
Article 29. Lorsque le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs.
(Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, 1793)

21 décembre 2006

Unai et Itziar

Un communiqué du collectif Askatasuna, le 20 décembre 2006 :

La 14ème section anti-terroriste de Paris [la presse gratuite parisienne indique : le "tribunal correctionnel" - ça donne une idée de la fiabilité des informations qu'elle publie et du sérieux de ses journalistes...] a rendu son verdict dans le procès des avocats Unai Errea et Itziar Larraz, et des prisonniers politiques basques Lorentxa Beyrie, Ainhoa Mujika, Josetxo Otegi et Aintzane Orkolaga, à qui les deux avocats sont accusés d’avoir passé des documents de façon frauduleuse. Nous le voyons une fois encore aujourd’hui : cet appareil judiciaire spécial est un véritable tribunal de guerre contre les citoyens basques.

En ce qui concerne les deux avocats, Unai Errea a été condamné à 4 ans de prison et Itziar Larraz à 3 ans. Tous deux ont été arrêtés immédiatement après l’énoncé du verdict, et sont incarcérés. Ils sont condamnés également à 10 d’interdiction d’exercer leur métier et à l’interdiction définitive du territoire français.[...] Après la dispersion meurtrière, après le rallongement arbitraire des condamnations jusqu’à la perpétuité (Iñaki de Juana en est à son 43ème jour de grève de la faim, dans un état très grave, et trois autres prisonniers de l’État espagnol ont rejoint son mouvement ces derniers jours : Sebas Prieto, Gorka Martinez et Jon Garmendia), après la privation de soins et de droits, après le durcissement des conditions de détention, ce sont ses avocats qu’on emprisonne. Jusqu’où iront les deux États qui combattent le peuple basque avec tant d’acharnement ? Et croient-ils vraiment qu’il leur suffira ensuite de quelques petits retours en arrière pour nous donner l’illusion de grands pas politiques ?

Quant aux quatre prisonniers, ils sont tous condamnés à 5 ans de prison et à l’interdiction définitive du territoire français sous l’accusation d’être restés en relation avec ETA. Différents points sont à souligner dans ce procès surréaliste. Tout d’abord, de tels faits relèvent habituellement d’une procédure administrative interne à la prison, et non d’une procédure judiciaire. C’est une première, et cela montre la volonté des autorités française de s’aligner sur l’Espagne dans la recherche du moindre prétexte pour maintenir les prisonniers basques le plus longtemps possible derrière les barreaux. Ainsi, et dans la mesure où chacun de ces prisonniers a été et/ou sera lourdement condamné dans d’autres dossiers, il devient évident que ces condamnations obéissent à une volonté politique de frapper ces militants le plus durement possible. (Voir le procès dernier procès parisien en date, lors duquel 14 militants basques ont reçu de très lourdes peines, certains pour la troisième fois !). Nous le redisons : c’est le chemin opposé à une résolution démocratique du conflit, c’est le chemin opposé à la justice et à la démocratie tout court. C’est une provocation évidente.
[...]


20 décembre 2006

Seznec, fin

On peut comprendre l'entêtement du petit-fils de Guillaume Seznec à vouloir réhabiliter son grand-père. La décision de la cour de cassation a cependant toutes les apparences d'une décision sage et juste. Il est vrai que l'indépendance de la justice est souvent remise... remise en cause par les plus hautes sphères de l'état (entre un président auto-impuni et un sinistre de l'intérieur à haute pression médiatique)... remise en question par ceux qui s'estiment, trop souvent à juste titre, lésés...

Dans son blog, Maître Eolas fait un résumé clair et sans détour de l'affaire, qui renforce le sentiment que Guillaume Seznec était bien coupable. Cela, sans évidemment remettre en question la cruauté de la déportation au bagne encore en vigueur à l'époque. Un texte remarquable, que je vous invite à prendre le temps de lire sur ce blog-là.

19 décembre 2006

La Suisse aux quatre langues

Après le livre d'Olivier Sillig, je me suis retrouvé en panne de lecture - je n'ai pas eu le temps de passer à ma bibliothèque municipale. Heureusement, j'ai une bibliothèque assez fournie, et je suis resté "en Suisse" en relisant "La Suisse aux quatre langues", un livre remarquable qui présente la situation linguistique en Suisse...

Pas si simple, la Suisse a 4 langues nationales : l'allemand, le français, l'italien et le romanche. Le romanche a récemment gagné le statut de langue officielle, qu'il n'avait pas jusque-là.

Mais la réalité est plus complexe :

En Suisse alémanique, le dialecte alémanique est revenu à la mode. Il est parlé de plus en plus, y compris dans les médias et dans l'enseignement.
Cela pose un problème aux autres communautés car la distance avec l'allemand standard est considérable, et l'intercompréhension quasiment impossible. Alors que c'est l'allemand standard qui est enseigné par exemple en Suisse romande. Les méthodes d'alémanique commencent à paraître, mais la fragmentation dialectale de l'alémanique fait qu'il n'existe pas de variante unifiée...

Enfin, toute la Suisse alémanique ne parle pas alémanique : une vallée à l'est des Grisons parle le dialecte bavaro-autrichien...

En Suisse "italienne" (Tessin, partie des Grisons) le dialecte parlé est le lombard occidental... sauf dans une vallée des Grisons qui parle le lombard oriental... Ces deux dialectes sont en fait des variantes du gallo-italien (rebaptisé padanien par des mauvaises fréquentations) une langue en fait distincte de l'italien standard... qui a regagné des locuteurs par la forte immigration italienne en Suisse.

En Suisse romande, la langue vernaculaire n'est pas vraiment le français, mais le francoprovençal ou arpitan (sauf dans le canton du Jura et dans quelques communes du canton de Berne qui parlent un dialecte français). Le francoprovençal a été anéanti dans les cantons protestants (Genève, Vaud, Neuchâtel) et est à l'agonie dans les cantons catholiques...

Enfin, j'avais à l'origine acheté ce livre pour avoir une introduction au romanche. Cette langue ou ces langues est très fragmentée. Au début du second tiers du vingtième siècle, la Lia rumuntscha a procédé à une réforme linguistique qui a fixé cinq langues écrites, surmiran, surselvan, sutselvan, ladin puter et ladin vallader. D'autres formes dialectales ont subsisté. Mais difficile de fonctionner comme langue administrative avec une telle variété. À la fin des années 1980 est apparu le rumantsch grischun, une langue artificielle construite sur le principe du plus grand dénominateur commun. Elle a connu un certain succès, mais cela n'empêche pas le lent déclin du romanche dans un canton où la langue de communication est l'allemand...

Je ne pourrai terminer sans souligner que la Suisse reste la preuve qu'un état plurilingue est viable et que l'acharnement jacobin, en France, contre les langues régionales, est d'autant plus ridicule que cela se passe dans un pays limitrophe...

15 décembre 2006

Bzjeurd

Drôle de titre... Olivier Sillig est Suisse, c'est aussi un artiste, il a un site web passionant... J'ai découvert tout cela après avoir pris ce roman à la bibliothèque, l'avoir lu d'un aller-retour de RER, et en avoir conclu que décidément, la Suisse est un pays plein de bonnes choses.

Non, je ne le raconterai pas, je redonnerai juste un bout de l'extrait du site web. À lire.
Dans ce pays, les gens disent "la Terre" pour désigner la terre. Ils disent "la Mer", pour désigner la mer. Et ils parlent des Limbes pour désigner les limbes. Quand ils ne sont pas chez eux, ils sont en mer ou sur les limbes. Et sur les limbes, la terre c'est des archipels, quelquefois, mais c'est plus souvent des îles ou des îlots isolés.
Pour aller d'une terre à l'autre, il faut généralement une carte et une boussole que le voyageur porte autour du cou et qui bien souvent lui fournira l'unique repère pour atteindre son but. Certes, des passages ont été balisés, mais il faut alors constamment les rectifier, car ils sont sans cesse déroutés par la mouvance des limbes. Et l'installation de ces accès ou leur entretien se heurte à la prudence des habitants des terres.
Même du haut de son cheval, l'horizon de Bzjeurd est limité, comme sur une mer où les rares vagues se seraient figées, refusant d'ouvrir ces coïncidences de creux qui permettent aux marins d'anticiper le lointain. Mais Bzjeurd mène son cheval avec assurance car depuis ce matin il est en territoire connu. Les limbes d'ici sont relativement stables et une année ne suffit pas à les remodeler entièrement.
Sous les grandes sangles de la selle il a pu ranger les carrés que, hier encore, il avait dû utiliser. Ce sont des pièces de bois, plus larges à l'arrière qu'à l'avant, avec une moulure de bois dur en arc de cercle pour y loger le sabot du cheval qu'on immobilise avec des courroies de cuir. Les quatre carrés, s'ils ralentissent énormément le cheval sur un sol stable, lui permettent de passer sa route quand les limbes deviennent mouvants. Sans eux, les fines jambes du cheval s'enfonceraient immanquablement, ralentissant jusqu'à l'immobilité une marche épuisante.
En plus des carrés, tout voyageur qui s'aventure sur les limbes est encore équipé de la planche. Il peut la glisser sous les flancs de sa bête quand même les carrés ne suffisent plus à les supporter. La planche, que l'on transporte fixée à la selle, a permis à de nombreux cavaliers de sauver leur cheval ou tout au moins, leur vie.
Bzjeurd force le pas. Mais il laisse les rênes lâches. De temps en temps il flatte sa monture à la base de l'encolure, tout près de la selle.
-Va, Capour.
Bzjeurd est un homme. Il a dix-neuf ans et à dix-neuf ans, après une année d'absence, on est un homme. Il est petit, costaud bien que fin, musclé. Il a la peau très blanche - seuls les marins ont la peau hâlée, les cheveux très noirs, suffisamment courts pour qu'on y distingue encore la spirale de leur implantation. Seuls des yeux très foncés le différencient des autres terriens de la région. Il porte autour du cou, à un lacet, une amulette. C'est un chaman de Zobeïde qui la lui a donnée. Selon lui, si la matière jaune qui constitue ce portebonheur vire au rouge, son porteur mourra peu de temps après. Et Bzjeurd s'était demandé si la plaquette virerait vraiment au rouge peu avant sa mort.
Là! Capour!
[...]
C'est pourquoi, dans tous les villages, le paysagiste est un homme très important. Il désigne son successeur et le forme pendant de longues années. Celui d'ici avait choisi Bzjeurd et Bzjeurd était parti faire son tour de compagnon. Maintenant il rentre pour être initié à cet art difficile. C'est réellement d'initiation qu'il s'agit car le paysagiste est considéré comme le sage du village. Souvent on l'interroge sur des choses qui dépassent largement les problèmes du sol. Il est, en quelque sorte, à lui tout seul, le rempart du village contre les limbes. Ou plutôt, contre les mouvements des limbes. Et les limbes ne sont pas la seule chose que le terrien redoute quand il scrute l'horizon rapproché.
Bzjeurd a déjà passé les drains, il est à pied, menant Capour par la bride. La rue est déserte, mais il y a une femme, en noir, assise sur le pas de sa porte. C'est la vieille Kataïna, elle lui tourne le dos, mais il la reconnaît à sa silhouette. Il s'approche d'elle. De son index tendu, sa main posée sur le genou, elle indique le centre du village. Ses yeux sont immobiles. Elle a juste un peu de sang coagulé aux commissures des lèvres. A la couleur de sa peau Bzjeurd constate qu'elle n'est pas morte depuis longtemps. Il s'arrête, hésite, puis continue dans la direction que depuis hier déjà elle semble avoir voulu indiquer.
La place est jonchée de cadavres épars. Ils baignent dans leur sang. Seuls les enfants ont ce sourire d'angoisse terrifiée d'avoir aperçu la mort juste avant qu'elle ne les frappe. Bzjeurd attache Capour à un des gros anneaux de fer de la fontaine. Mais Capour n'y touche pas, car l'homme agenouillé qui semble y boire a déjà teinté de rouge l'eau de l'abreuvoir, des caillots bruns flottent à la surface.
Bzjeurd parcourt les corps. Il les identifie, les reconnaît, et se les nomme à voix basse. Tout le village est là. Seuls les très jeunes femmes et les enfants mâles de moins de cinq ans manquent. Il a vu sa mère, ses deux frères, mais pas Gaéva, sa soeur qui avait dix-sept ans l'an passé, ni son neveu dont il vient d'essuyer le visage du père pour bien l'identifier une dernière fois.
Sur les terres des limbes, comme le bois est rare et précieux, les maisons sont construites sans charpente, en briques de limon séché. Elles sont circulaires. Au début, elles ressemblent à un gros bonnet de laine, mais au fur et à mesure des besoins de leurs habitants, on y accole des absides. Et elles finissent par se rejoindre les unes aux autres pour former une sorte de termitière, organisée autour d'une place centrale et percée de galeries qui en dessinent alors les rues. Au centre de la place, il y a la fontaine et le seul édifice charpenté, la tour. Elle dépasse légèrement les toits et permet quelquefois aux habitants des terres d'anticiper leur destin en leur découvrant une portion d'horizon.
Bzjeurd charge quelques corps sur une charrette. Il les ramène vers la tour. Il a mis des fagots dans la pièce basse. Avant d'y abandonner les morts, il sort de ses sabretaches de quoi écrire et il marque leurs noms. Il les organise par famille. Ainsi il pourra aussi faire l'inventaire des absents.
La vieille Kataïna, Bzjeurd est allé la chercher en dernier. Quand il la ramène, la nuit est tombée. Il l'inscrit, c'est le trois cent quarante-neuvième corps.
(Copyright éditions l'atalante, 1995)

13 décembre 2006

Pitoyables

La gauche anti-libérable nous livre un triste spectacle... naïfs sont ceux qui ont cru ou croient encore à une candidature unique, à un mouvement unitaire, alors que les principaux mouvements de cette mouvance ont une longue histoire d'isolationnisme, de scissionisme, d'intolérance et j'en passe.

Que ce qui reste de communistes (au sens : membres du PCF) s'arc-boute sur sa candidate (et la confirme avec 45% des adhérents - 81% des suffrages exprimés, mais 56% de votants seulement, ça montre combien les adhérents y croient)...

Que chaque cellule trotskyste prépare son candidat inénarrable, "seul à défendre les travailleurs", "seul à prendre des congés pour faire campagne", etc...

Que les autres, sans appareil partisan, ou désavoués par le parti dans lequel ils s'entêtent à jouer la "gauche républicaine" (contre la "droite royaliste" ?)... finissent par jeter l'éponge, en ralliant le pire des possibles (Chevènement me surprendra toujours) ou en envisageant une candidature de division (Mélenchon-ne-nous-mélenchons-pas)...

... rien de plus normal. Finalement, le seul vrai parti de gauche qui reste, c'est les Verts ???

11 décembre 2006

Une forme de guerre

Le "troisième" volume du "cycle de la Culture" de Iain M. Banks étant revenu à la bibliothèque, je l'ai dévoré en deux jours dans le RER.

C'est chronologiquement le premier publié, avec un titre anglais Consider Phlebas, que le traducteur a jugé préférable de changer. C'est devenu Une forme de guerre. Un métamorphe s'oppose à la Culture, cette civilisation galactique qui s'appuie sur la technologie et sur une fomr d'hédonisme. L'intrigue est bien ficelée, le récit tient en haleine, seule la fin manque de surprise et d'intérêt.

Je crois bien que je vais quand même essayer de lire Iain Banks (le même retire le "M." de son nom quand il écrit autre chose que de la sci-fi) et en anglais...

10 décembre 2006

Clignotant

Et voici que ce blog clignote... mis à jour... en sommeil... mis à jour... en sommeil... mis à jour... en sommeil... mis à jour... en sommeil...

C'est que, contrairement à certains, je n'en fais pas une condition de ma survie morale et intellectuelle. J'ai beaucoup d'autres passions, et mes passions restent au second plan quand mon temps libre diminue pour surcharge de travail... Dans ce cas, ce sont mes enfants et ma chère et tendre qui reçoivent toute mon attention.

Du 10 au 23 décembre 2006, pas une minute à moi sur ce blog. Les posts entre ces dates sont antidatés, pour des raisons de commodité de classement.

9 décembre 2006

Ça fait du bien

Malgré la méchanceté dont j'ai fait preuve dans mon post précédent vis-à-vis des États-Unis (leur envoyer Sarkozy, quand même...) j'aime bien ce pays qui a vu naître ou grandir Groucho Marx (ma seule référence marxiste) et Michael Moore. Celui-ci a publié dans le Los Angeles Times un texte traduit dans Courrier International. Je vous le livre ici.

Je souhaiterais tendre un rameau d’olivier. Ceux d’entre vous qui se disent conservateurs et votent généralement républicain viennent de passer quelques semaines douloureuses. Faites-moi confiance, je sais ce que c’est. De fait, nous autres du camp adverse ne savons pas vraiment ce qu’est la victoire et, si nous n’avons pas l’air très à l’aise ces derniers temps, il ne faut pas nous en vouloir. Je sais que vous êtes décontenancés par les résultats du 7 novembre.
Ce que je ne veux pas, c’est que vous sombriez dans la même grande frousse qui nous a envahis, à gauche, pendant plus de vingt ans. Certes, c’en est fini de votre révolution républicaine, mais accrochez-vous quand même. Ne vous laissez pas abattre. Ni moi ni les millions d’électeurs qui ont voté démocrate n’avons intérêt à crier vengeance pour les douze dernières années. Bien au contraire, laissez-moi vous faire douze promesses quant à l’attitude que nous adopterons envers l’opposition dans les années à venir.
Voici donc mon
Serment d’un progressiste à des conservateurs démoralisés :

1 – Nous vous respecterons toujours. Jamais, au grand jamais, nous ne vous traiterons d’
“antipatriotes” au seul motif que vous n’êtes pas d’accord avec nous. Mieux, nous vous encourageons à la dissidence et au désaccord.

2 – Nous vous laisserons épouser qui vous voulez (et cela bien que certains d’entre nous jugent le comportement républicain
“différent”, voire “immoral”). Qui vous voulez épouser n’est pas notre affaire. Aimez, tombez amoureux – c’est un merveilleux cadeau.

3 – Nous ne dépenserons pas l’argent de vos petits-enfants pour nos caprices personnels ou pour enrichir nos amis. Ce sont vos comptes à vous aussi, et nous les équilibrerons pour vous.

4 – Bientôt, quand nous ferons rentrer d’Irak nos fils et nos filles, nous ramènerons aussi vos fils et vos filles. Nous nous engageons à ne jamais envoyer vos enfants dans une guerre fondée sur une présentation PowerPoint minable mitonnée par des types qui n’ont jamais fait la guerre.

5 – Quand nous ferons des Etats-Unis la dernière démocratie occidentale à offrir une couverture maladie universelle et que tous les Américains bénéficieront d’une aide en cas de maladie, nous vous promettons que vous pourrez vous aussi consulter un médecin, que vous puissiez le payer ou non. Et quand la recherche sur les cellules souches aura mis au point des traitements et des remèdes contre des maladies qui vous touchent, nous ferons en sorte que vos proches et vous ayez aussi accès à ces progrès.

6 – Quand nous aurons dépollué notre air et notre eau, vous aussi pourrez respirer cet air plus propre et cette eau plus pure. Quand nous aurons enrayé le réchauffement climatique, vous n’aurez même plus besoin de chercher votre future maison au bord de la mer à Yuma, au beau milieu de l’Arizona.

7 – Si jamais un meurtrier tue 3 000 personnes sur notre sol, nous consacrerons tous nos moyens à sa traque et à sa traduction en justice. Immédiatement. Nous vous protégerons.

8 - Nous n’irons jamais regarder ce que vous faites sous la couette ou ce qui se passe dans votre ventre. Ce que vous faites en tant qu’adultes consentants est votre affaire. Nous continuerons à calculer votre âge à partir de votre date de naissance, pas à partir de la date de votre conception [allusion aux militants antiavortement].

9 – Nous ne vous reprendrons pas vos fusils de chasse. Mais si vous avez besoin d’un fusil d’assaut ou d’un pistolet pour tuer un oiseau ou un cerf, c’est que vous n’êtes pas très bon comme chasseur et que vous devriez peut-être vous trouver un autre sport. Parallèlement, par souci d’équité, nous armerons le cerf.

10 – Quand nous augmenterons le salaire minimum, cela concernera aussi vos employés. Ils utiliseront cet argent pour acheter davantage, ce qui signifie que vous serez remboursés ! Et quand les femmes seront enfin payées comme les hommes, nous ferons en sorte que les femmes de droite en bénéficient également.

11 – Nous respecterons vos croyances religieuses, même lorsque vous ne les mettez pas en pratique. Nous allons même tout faire pour promouvoir les aspects les plus audacieux de vos croyances religieuses –
“Heureux ceux qui procurent la paix, car ils seront appelés fils de Dieu”, “Aimez vos ennemis”, “Il est plus facile pour un chameau de passer par le chas d’une aiguille que pour un riche d’entrer au royaume de Dieu” et “Tout ce que vous avez fait à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait”. Nous ferons savoir aux peuples des autres pays que Dieu ne bénit pas seulement les Etats-Unis, qu’il bénit tout le monde. Nous découragerons l’intolérance et le fanatisme religieux – en commençant par balayer devant notre porte.

12 – Nous ne tolérerons pas les politiques qui sont corrompus et enfreignent la loi. Et nous vous promettons de mener notre chasse aux politiciens corrompus en commençant par notre propre parti. Si nous manquons à cet engagement, nous comptons sur vous pour nous rappeler à l’ordre. Le simple fait d’être au pouvoir ne nous donne pas le droit de fermer les yeux si notre parti se dévoie. Merci d’accomplir ce grand devoir qui incombe à une opposition loyale.
Si je prends tous ces engagements envers vous, c’est que ce pays est aussi le vôtre. Vous êtes aussi américains que nous. Et nous sommes tous dans la même galère. Merci pour ces années passées au service du pays et merci de nous donner l’occasion de voir si nous pouvons améliorer ne serait-ce qu’un peu le sort de nos 300 millions de compatriotes – et du reste du monde.
Et maintenant reprenez-vous, et allons boire un Frapuccino.

Si vous n'aimez pas la France...

Provocation gratuite, ces mots d'un président de parti majoritaire... mais c'est qu'on pourrait lui retourner le propos. Ses déclarations tonitruantes se posant en rupture franche contre la conception européenne de la société (issue d'un humanisme de racine chrétienne qui a quand même réussi à donner le jour à la laïcité...) m'ont poussé à une réflexion dont je vous livre rapidement mes premières conclusions : le programme de M. Sarkozy, soutenu par l'UMP, est en contradiction avec les valeurs fondamentales de ce pays, et de l'Europe telle que l'ont voulue les européanistes sincères. Il prône le retour de la barbarie que nos parents et grands-parents ont contribué à chasser avec opiniâtreté (luttes sociales, résistance contre le fascisme et le communisme, abolition de la peine de mort...) Cette barbarie s'exprime déjà dans ses orientations : utilisation de la police comme instrument de répression (et non comme élément de protection des citoyens), mensonges et manipulations à répétition (ce n'est plus de la communication, mais de la propagande), déni du droit (notamment du droit du travail qui n'est pourtant pas si favorable que ça aux salariés, j'en sais quelque chose de mon expérience de délégué du personnel), exclusion à tous les étages (paupérisation, suppression de protections sociales élémentaires, élitisme, racisme anti-immigrés). M. Sarkozy n'a pas sa place en Europe. Puis-je lui suggérer aimablement d'aller s'établir outre-Atlantique ?

Cinq anguilles dans une botte d'humain

Drôle de titre, drôle de "collection"...
Surfant sur le succès du POULPE dans le domaine du Polar, les éditions Baleine ont fait une tentative en SF en créant le personnage récurrent de MACNO. Comme le résume Ayerdhal, auteur du premier roman de la série, MACNO c'est "quelque chose qui est probablement une intelligence artificielle qui fout le bordel. Elle peut se placer au service de gens qui ont des questions à poser ou des choses à remuer".

Au sommaire de cette collection qui n'a jamais vraiment trouvé son public et dont la plupart des titres peuvent être oubliés assez vite, on retrouve des grands noms de la SF francophone (R.C.Wagner, Ayerdhal, J.P. Andrevon, C.Ecken, J.M. Ligny), des auteurs de polar (F.Mizio, J.Vettier, Ph. Manoeuvre) et des auteurs aussi improbables que Riton V. (source)
À ma fameuse bibliothèque municipale, j'ai trouvé la contribution de Jean-Pierre Andrevon, je l'ai dévorée hier dans le TGV, un roman court, une écriture énergique et très plaisante...

Sekyra

Ce roman de Ludvík Vaculík a même été traduit en français (la hache). Je l'ai acheté il y a longtemps, je l'ai fini hier dans le TGV.

Une belle écriture, une belle histoire aussi, celle de l'entrée d'une famille des montagnes de Moravie dans l'ère communiste, avec des relations père-fils pleines de tendresse.

Un roman parsemé de phrases remarquables, une seule (excusez ma traduction) : "c'est une invention typiquement tchèque : l'auto-terreur démocratique, qui fait que nous n'avons pas besoin de commettre d'attentat". Une bonne définition du totalitarisme communiste dans sa quotidianité finalement assez banale.

Et puis, cette langue pleine d'expressions dialectales "du même dialecte que ma grand-mère", c'est mieux que la madeleine de Proust...

8 décembre 2006

Bon anniversaire (4)

Tu as 70 ans aujourd'hui, Maman. Je voulais tellement que cela soit un anniversaire plein d'amour.
J'ai pris le TGV tôt ce matin, je vous ai retrouvés à la gare, nous avons dégusté dans un restaurant 4 étoiles un repas hors du commun, j'ai ensuite dû courir pour attraper le TGV de retour et rentrer à la maison pour retrouver ma petite famille.

Nous avons passé un excellent moment, et je ne remercierais jamais assez mon amour de m'avoir suggéré cette surprise (j'ai téléphoné ce matin du TGV pour te demander de venir me chercher à la gare avec papa).

Tout le reste, je n'ai pas envie d'en parler.

7 décembre 2006

Au revoir et merci pour tout le poisson...

Cela fait une semaine que j'ai déjà envoyé ma lettre de démission à mon ancienne boîte... en congé sabbatique, je n'ai pas à revenir pour faire le préavis. Et j'ai été confirmé en fin de période d'essai dans ma nouvelle boîte, où je m'éclate plus, pour un salaire net correspondant au salaire brut précédent.

Pour la formulation de la lettre de démission, j'ai failli (non, je rigole) utiliser cette phrase de Douglas Adams. Et puis non, car si en presque seize ans de présence, à des postes divers et vairés, j'ai appris plein de choses, j'ai surtout développé mon instinct de survie dans le monde du travail... Je n'ai pas laissé beaucoup d'amis, surtout de nombreuses relations cordiales, parce qu'on ne sait jamais, et une empreinte forte pour ceux que j'ai aidés en tant que délégué du personnel (entretiens préalables à licenciement, etc.)

Côté social, l'herbe n'est pas forcément plus verte dans ma nouvelle boîte. Mais les différences de taille, de politique commerciale, de façon d'encadrer les cadres, rendent le travail bien plus intéressant...

Alors au revoir, et dommage que le poisson n'ait pas été plus abondant...

6 décembre 2006

Aucune étoile aussi lointaine

Mon premier contact avec l'oeuvre de Serge Lehman, et je suis plutôt enthousiaste.

Bien écrit, plein de rebondissements, Aucune étoile aussi lointaine est un space opéra original, dont on n'arrive pas à se détacher jusqu'à la dernière ligne. J'ai failli à deux reprises rater mon arrêt de RER, c'est tout dire. Non, je ne dirai rien de l'histoire, à vous de la lire !

Et je sais déjà ce que je vais prendre à mon prochain passage à la bibliothèque : il y a d'autres livres de Serge Lehman.

5 décembre 2006

Un paysage du temps

Dans la série "romans de science-fiction avec le mot temps dedans", celui de Gregory Benford est ma dernière lecture. Je regrette presque de ne pas avoir lu la version anglaise, tant des passages de ce livre m'ont fait tiquer (même si je compatis avec le traducteur fatigué payé au mot qui a envie d'en finir vite et d'avoir de quoi nourrir sa famille...) Je regrette moins, parce que la longueur du livre, les lenteurs dans le scénario ne sont pas dues au thème du roman, mais plutôt à un formatage moderne de l'écriture américaine : pas moins de N pages, on pourrait presque prendre le travail pour un mémoire de fin d'atelier d'écriture. Je n'aime pas ne pas finir des livres, mais là, c'était pesant à la fin...

L'auteur est un scientifique de renom. On trouve de nombreuses références à des théries telles celle des tachyons, à l'histoire contemporaine de la science... J'espère qu'il n'a pas poursuivi sa carrière littéraire...

L'histoire ? En 1998 (oui, je sais, on est fin 2006...) la vie sur Terre est menacée d'extinction suite à une réaction chimique provoquée par l'usage massif des pesticides. Une équipe de scientifiques essaie donc de transmettre un message vers le passé pour prévenir du danger...

Le reste est écriture plus que littérature...

4 décembre 2006

Kontakt

Un étrange roman d'un étrange auteur.

Sorti en 1990, il aborde l'invasion corporelle par des extraterrestres dont les agissements ressemblent fortement à ceux d'une idéologie au pouvoir en Tchécoslovaquie les années précédentes... Une écriture fluide, un humour très tchèque (ce sens unique de l'autodérision).

Rudolf Kylián - c'est un pseudonyme, personne ne sait vraiment son nom, juste qu'il vivait en Slovaquie à ce moment-là...

Kdo jste, pane Kyliáne?