24 juillet 2010

De l'inégalité des chances

Lu dans la presse :

3,94 - Un chauffeur routier allemand qui roulait avec près de 3,94 grammes d'alcool dans le sang et avait percuté avec son poids lourd un véhicule de gendarmes, blessant deux militaires, a été condamné à Colmar, lundi 5 juillet, à six mois de prison dont cinq avec sursis. Il avait bu de la vodka.


Il vaut mieux être bourré et allemand que gitan et à jeûn dans le Loir-et-Cher...

18 juillet 2010

Génocide

Entendu ce matin à la radio : le SIDA a déjà fait 25 millions de morts et fait toujours 2 millions de victimes par an.

Sans commentaire.

16 juillet 2010

Roman Polanski ne sera pas extradé

Ils (et non elles) s'en réjouissent. Moi, non.

Et merci aux "filles de rien" de le rappeler.

Et je les cite in extenso, parce qu'elles ont raison de le crier partout.

COMME UN SEUL HOMME
Certains refrains ne s’usent jamais et s’entonnent à plusieurs d’une voix forte et assurée, bras dessus-bras dessous, comme un seul homme.

Et depuis des mois, une chanson inaltérable répète encore et encore l’histoire d’un Tout (puissant), « au-dessus de ça », « grand artiste », un « bienfaiteur de l'humanité », assigné à résidence dans cette « prison » qu'est son chalet suisse de 1800 m². Face à Rien, quelques tristes gueuses à la recherche de leurs « trente deniers ».

Évidemment, tout ça n’a rien d’un conte, ce brouhaha incessant, ce bruit de fond, ce grésillement permanent renouvelé sans arrêt au gré des relais médiatiques. C’est une histoire « idiote », « sans importance », une accusation qui « n’a pas de sens », « absurde » et « infâme », à peine un « délit », cette affaire vieille de « trente-trois ans », « ridicule » !

Avec d’un côté, ceux qui comme un seul homme s'insurgent, font signer des pétitions et se soulèvent, prennent la plume et l’audience à témoin : c’est intolérable, ça leur « soulève le cœur » qu'on puisse ainsi s'attaquer à un des leurs, déjà traqué, diminué, diffamé. De cocktail en interview, à la une de partout, comme un seul homme, la mine offusquée et le verbe vibrant, les voilà qui se font juges, parce que c’est ainsi, ils SAVENT : cette « pure et simple opération de chantage » est « vraisemblablement » un mensonge...

Alors nous l'écoutons attentivement, cette caste des hommes entre eux, bien serrés, bien rangés, avec l’aplomb de leur rang, cette auto-proclamée élite intellectuelle au verbe haut, abasourdie d’être mise en cause contre des pas grand choses, bien dispensables. Une élite mâle qui s’arroge le droit du corps de quelques interchangeables et désobéissantes victimes qui ouvrent enfin la bouche.

Ceux pour qui elle était toujours habillée trop court, trop moulant, trop transparent, pour qui elle le voulait bien, faisait déjà femme, était une pute, ce n'était pas le premier, et ça l'arrangeait bien, qu'il prenne les devants. Trop provocatrice, trop inconsciente, trop lolita, trop menteuse, trop folle – et si ce n'est pas elle, c'est donc sa mère qui l’a laissée aller au rendez-vous. Et qui dit non consent, bien entendu... Et qui sont-elles, celles dont on parle, extirpées du silence où elles étaient rangées soigneusement après utilisation ? A cette question, comme un seul homme, il nous est répondu qu’il n’y a rien à voir, allez, les plaignantes ne sont : Rien.

Rien, à peine quelques tas de culs et de vagins anonymes et utilitaires devenus viande avariée de « mère de famille » pour l’une et « prostituée peut-être » « en mal de publicité » pour l’autre, petite chose oubliée, fille de rien, une petite voix sortie du passé et une photo trimballée sur le net, l’histoire d’une nuit dégueulasse commentée à l’infini.

Nous, nous passons des nuits blanches à nous retourner dans les échos de leurs précisions sordides « ce n'était pas un viol, c'était une relation illégale avec une mineure ». A nous demander, nous aussi, ce qui se passe là, ce qui se déroule sous nos yeux pour qu'ils puissent affirmer, sans rougir, sans transpirer, que le viol d'une adolescente de 13 ans, droguée, sodomisée, ayant dit non à dix-sept reprises, ayant porté plainte le soir même puisse être défini en ces termes légers. Cette histoire nous la connaissons depuis longtemps, et tous ces propos, ces adjectifs, nous les avons déjà entendus ou nous les entendrons. Propos banals, courants et vulgaires. Consternants. Les mêmes mots pour les mêmes histoires, encore, toujours, encore.

Nous sommes toutes des filles de rien. Ou nous l’avons été.

Nous filles de rien ne savons plus avec combien d’hommes nous avons couché.

Nous avons dit non mais pas assez fort sans doute pour être entendues.

Nous n’avons réussi à mettre des mots sur cette nuit-là qu’un an, dix ans, vingt ans plus tard mais nous n’avons jamais oublié ce que nous n’avons pas encore dit.

Nous filles de rien avons été ou serons un jour traitées de « menteuse », de « mythomane », de « prostituée », par des tribunaux d’hommes.

Nous avons été ou serons accusées de « détruire des vies de famille » quand nous mettrons en cause un homme insoupçonnable.

Nous filles de rien avons été fouillées de mains médicales, de mots et de questions, expertisées interrogées tout ça pour en conclure que nous n’étions peut-être pas des « innocentes victimes ». (Il existe donc des victimes coupables…)

Nous ne sommes rien. Mais nous sommes beaucoup à l'être ou à l’avoir été. Certaines encore emmurées vivantes dans des silences polis.

Et nous les détectons ces droits de cuissage revenus à la mode, ces amalgames défendant la révolution sexuelle, hurlant au retour du puritanisme, inventant commodément un « moralisme » « sectaire » et « haineux », faisant les gros yeux parce qu'une de ces innombrables, anonymes, utilitaires, sort de son « rang », oublie de se taire et parle de justice. Relents de féodalité drapée dans « l'honneur » des « citoyens » « de gauche », éclaireurs de la nation, artistes, intellectuels, tous d'accord, riant à gorge déployée à la bonne blague des « moi aussi Polanski m'a violé quand j'avais 16 ans » - en être, entre soi, cette connivence des puissants. A la suivante.

Nous la voyons cette frousse qu'on vienne, à eux aussi, leur demander des comptes, y regarder de plus près dans leur vie et au lit, y voir comment des viols, ces stratégies de pouvoir criminels, se font passer, sans l'ombre d'un doute, pour de la sexualité normale, joyeuse et libre, une sexualité avec sa « complexité » et ses « contradictions ». Nous l'avons vue, cette peur de l'effet « boule de neige » : et si toutes les autres, toutes ces filles de rien et de passage, toutes celles à qui il arrive, aujourd'hui, tous les jours, de se retrouver dans la situation de Samantha Greismer en 1977, si toutes ces quantités négligeables se mettaient à avoir un visage, une voix, une identité, une valeur ? Et si elle se mettaient à parler, à l'ouvrir bien grand cette bouche traditionnellement en cœur, faisant valdinguer tous leurs accords tacites, leurs secrets d'alcôve ? Que feraient-ils, ces hommes de gloire, d'exception, ces au-dessus de la mêlée, du peuple, de la masse, ces gardiens de tours d'ivoire, ces êtres si sensationnels et précieux ?

Ils se rendraient compte que tout cela n'a rien à voir avec cette « affaire politique » ou encore ce « choc des cultures » qu'ils essayent de nous vendre. Que tout cela ressemble à tous les viols de toujours où la victime n’est jamais assez victime : où on n’est jamais assez sûr qu’elle ait bien dit non.

Car ce qui se joue là c’est bien Ceux-là contre Rien, comme ils disent, tant il est entendu qu’il faut être Quelqu’Un(e) pour être entendue d’Eux.


Lola Lafon & Peggy Sastre
8 juin 2010


P.S les mots placés entre guillemets sont tous extraits de tristes discours existants.


Merci, les filles.

13 juillet 2010

Canicule et environnement

Alors que chaque trajet en métro est l'occasion de transpirer et de méditer sur l'efficacité (et le taux d'utilisation) des déodorants, une publicité attire mon regard.

Enfin la cosmétique soucieuse de l'environnement. Ne vous lavez plus qu'un jour sur deux, utilisez un déodorant efficace 48h !

12 juillet 2010

La France contre ses Roms

Un excellent article d'Emmanuel Filhol dans la vie des idées, ici.

Bref extrait.

Le traitement stigmatisant adopté envers les Tsiganes français s’inscrit dans la longue durée et ne peut être appréhendé qu’à la lumière de tout un ensemble de dispositifs législatifs et de politiques discriminatoires qui l’ont précédé. L’enracinement tsigane en France est un phénomène ancien puisqu’il remonte au Moyen Âge. Du début du XVe siècle, période de leur arrivée en France, à la première moitié du XVIIe siècle, les Tsiganes ont connu un âge d’or . Mais, par la suite, une série de facteurs entraînent un renversement d’attitude de la part des pouvoirs. [...]

L’internement des Tsiganes pendant les deux guerres mondiales

Deux ans après l’établissement du système disciplinaire engendré par la loi de 1912, la guerre éclatait entre la France et l’Allemagne. Les Tsiganes arrêtés à l’intérieur ou autour des territoires reconquis d’Alsace et de Lorraine sont aussitôt évacués, voire incarcérés, et dirigés vers les centres de triage, puis internés dans des camps. D’autres Tsiganes les rejoignent, y compris ceux qui, pourtant munis de certificats d’option, avaient choisi de quitter l’Alsace-Lorraine en 1871 ou 1872 et étaient venus vivre en France. Pour les « Romanichels alsaciens-lorrains », l’internement devait durer jusqu’à la fin de la guerre, et au-delà.

Durant la Seconde Guerre mondiale, le même scénario est cette fois appliqué à tous les Tsiganes circulant en France. Sans compter que certains d’entre eux, un petit nombre, furent déportés de Poitiers en 1943 vers les camps de concentration de Sachsenhausen et de Buchenwald, tandis que d’autres Tsiganes, raflés dans la région de Lille, aboutirent à Auschwitz, par le convoi Z parti de Malines le 15 janvier 1944. Le 6 avril 1940, un décret interdit aux « nomades » de circuler sur l’ensemble du territoire métropolitain. Ils sont astreints à résidence sous la surveillance de la police. Après la défaite, les Allemands ordonnent début octobre 1940 que les « nomades » de la zone occupée soient internés dans les camps. Ce sont les autorités françaises qui administrent les trente camps où séjournèrent un peu plus de six mille Tsiganes, internés par familles entières. Le constat est partout identique. La vie quotidienne dans les camps révèle des conditions de logement et d’hygiène déplorables. Les Tsiganes ne souffrent pas seulement de la faim et du froid, ils meurent dans les camps. L’internement apparaît d’autant plus pénible aux « nomades » (à 90 % de nationalité française) qu’ils ne reçoivent aucune aide extérieure.

L’indifférence persista après l’installation du gouvernement provisoire de la République. On pouvait escompter que la libération du territoire national aurait signifié pour tous les Tsiganes internés la sortie des camps. Il n’en a rien été. Les derniers « nomades » seront libérés le 1er juin 1946. Les familles qu’on libère manquent de tout, vêtements, nourriture, argent, et personne ne s’en préoccupe. Malgré tant de privations et de souffrances endurées, les Tsiganes qui rentrent chez eux sont aussitôt assignés à résidence (jusqu’à la loi du 10 mai 1946 portant fixation de la date légale de cessation des hostilités), avec interdiction de quitter la commune où ils doivent demeurer. Cette obligation touche tous ceux qui ont été internés en France mais aussi les survivants revenus des camps de concentration.


Le paragraphe suivant, sur l'anti-tsiganisme auourd'hui, se passe hélas de tout commentaire.

11 juillet 2010

Traquemort

Trouvé en traduction française à la bibliothèque municipale, la geste de Traquemort de Simon R. Green est une suite de huit forts volumes (plus de 400 pages chacun) dont je suis finalement venu à bout ce week-end.
Du space opera de bonne facture, des rebondissements à tous les coins de page, de l'hémoglobine à chaque ligne et quasiment pas de s***.


À noter le remarquable travail du traducteur, Arnaud Mousnier-Lompré, qui a francisé avec talent les toponymes et anthroponymes de cette suite dont je vous conseille la lecture (prévoir un peu de paracétamol quand même).

10 juillet 2010

Le cri d'un peuple et le silence des médias français

2006. Le parlement de la région autonome de Catalogne, en Espagne, approuve un nouveau statut d'autonomie. Le statut est ensuite soumis au parlement national espagnol, qui l'approuve, puis par référendum à la population, qui l'approuve. Le parti "populaire" espagnol (héritier du parti franquiste) dépose un recours devant le tribunal constitutionnel.

4 ans d'attente, un tribunal constitutionnel incapable de prendre une décision et de remplacer ses membres sortants en raison de l'obstruction du parti "populaire".

Juin 2010, le TC casse l'essentiel du texte du nouveau statut d'autonomie. Tous les partis politiques démocratiques de Catalogne protestent et appellent à la manifestation.

10 juin 2010, plus d'1 million de manifestants (1,1 million selon la police, pour 6 millions de Catalans !) dans les rues de Barcelone, avec en tête du cortège les présidents passés et présent de la région.



A Madrid, El Pais parle de "dérive indépendantiste" et invente un "organisme indépendant" qui aurait calculé... 56 000 manifestants seulement !

En France, silence total.

9 juillet 2010

Lepénisation des esprits à Libération

Sans équivoque, malheureusement :


"100 mètres: le Français Lemaitre, premier sprinter blanc sous la barre des 10 secondes"

Visible ici : http://www.liberation.fr/sports/0101646154-100-metres-le-francais-lemaitre-premier-sprinter-blanc-sous-la-barre-des-10-secondes

Société en déclin...