17 octobre 2006

Hippocrate !

Hippocrate, au secours !

Lu dans Le Monde :

Près de quatre médecins sur dix refusent les soins aux bénéficiaires de l'aide médicale d'Etat (AME) ou tentent de les dissuader de venir les consulter, et près d'un médecin sur dix refuse ces soins aux patients relevant de la couverture maladie universelle (CMU), affirme Médecins du monde après un "testing" auprès de médecins généralistes. Il s'agit de la quatrième enquête depuis 2002 sur ce sujet "tabou" du refus de soins, rappelle Médecins du monde, et de la plus large par le nombre de médecins testés (725) et de régions concernées (10 villes).
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"Au-delà de l'affichage politique, on observe depuis plusieurs années un recul dans l'accès aux droits des plus démunis", affirme Jean Toussaint, l'un des responsables du mouvement ATD Quart Monde, dont le fondateur Joseph Wrésinski a initié en 1987 cette journée contre la misère, reconnue en 1993 par les Nations unies au niveau mondial.
Rendez-vous a été demandé début 2006 par téléphone au même médecin par trois personnes ayant une couverture maladie différente : l'AME, qui s'adresse aux étrangers en situation irrégulière, la CMU, destinée aux personnes ayant des ressources inférieures à 587,16 euros mensuels, ou la Sécurité sociale plus complémentaire privée.
Près de quatre généralistes sur dix (37 %) ont refusé les soins aux bénéficiaires de l'AME ou donné des réponses dissuasives, et près de 10 % ont fait de même pour les bénéficiaires de la CMU. Parmi ceux ayant refusé l'AME, 108 médecins ont émis un refus direct et 38 ont fait valoir de fausses indisponibilités, auxquelles s'ajoutent 123 réponses proposant des rendez-vous tardifs ou demandant une avance de frais.
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Les médecins du secteur 2 (tarifs libres) refusent pratiquement deux fois plus souvent les soins que ceux du secteur 1, quel que soit le type de couverture maladie. D'un cinglant "l'AME me révulse", au catégorique "je ne m'occupe pas de ces patients", les réponses des médecins peuvent être très directes. D'autres sont plus embarrassées : "On ne peut pas vous prendre, allez à l'hôpital." Certains évoquent des difficultés de remboursement : "On n'est jamais payé, je ne vous prendrai pas, même malade", ou administratives : "Je ne prends pas de nouveaux AME, car c'est trop compliqué", ou même : "je ne suis pas agréé AME".
Un refus direct de la CMU a été assorti d'un "ça ne m'intéresse pas", un autre d'un "je ne prends que les CMU que je connais". Des réponses témoignent d'une méconnaissance du dispositif : "Il n'y a que les hôpitaux et les dispensaires qui la prennent."
Médecins du monde rappelle que le "refus de soins est une infraction et une faute". "Les dispositifs facilitant l'accès aux soins des plus démunis sont du registre du droit, pas de l'humanitaire ou de l'assistance", rappelle l'association qui demande "une seule couverture maladie véritablement universelle incluant aussi l'aide médicale d'Etat et que le seuil d'obtention soit aligné sur le seuil de pauvreté (774 € sur la base de revenus 2003)".


Cet article m'a donné envie de gerber, mais m'a certainement fait économiser quelques cafés dans la journée.

Je fais partie des salariés qui paient tous les mois des cotisations à la Sécurité Sociale qui, d'une certaine façon, permet à ces médecins de vivre. Et je me demande simplement pourquoi on ne donne pas les moyens à cette institution pour réprimer de tels comportements. Collusion ? À vous de juger.

1 commentaire:

  1. Merci pour cette information alarmante.
    p.s : joli titre ;-)

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