5 octobre 2006

Censure

J'avoue ne plus être surpris de la façon dont les choses évoluent à l'approche des échéances électorales de 2007. Suppression d'émissions critiques sur les antennes publiques. Et, pour couronner le tout, censure officielle du blog de Bereno.

Sous ce pseudonyme, un remarquable inspecteur du travail tenait un blog sur le serveur de blogs du Monde. Sa hiérarchie a exigé, avec la menace de sanctions disciplinaires, de fermer immédiatement cet espace où il préservait pourtant l'anonymat des entreprises et des salariés inspectés ou le sollicitant. C'était un espace passionnant, qui m'a presque fait regretter le temps pas si ancien où, en tant que délégué du personnel, j'exerçais le périlleux exercice de porter des réclamations et de défendre mes collègues devant la direction de l'entreprise qui m'empoyait alors.

Dans les commentaires sur le post du Monolecte, qui dénonce cette censure, on trouve une citation qui peut éclairer notre lanterne sur le pourquoi du comment :

"Lorsque Sarkozy et ses sbires dénoncent le modèle social français, ce qu'ils vomissent n'est pas le chômage qui touche 10% de la population active, ni les super-profits de ces mêmes sociétés qui restructurent et délocalisent. Ce modèle social que Sarkozy ne supporte plus, c'est celui d'un DROIT DU TRAVAIL conséquent, celui d'un Etat redistributeur des richesses, celui d'un interventionnisme pour défendre des valeurs comme l'égalité et la fraternité, celui d'une main d'oeuvre qualifiée et bien payée pour être performante,etc...

Ce modèle social ne doit rien au hasard : il résulte des luttes sociales du XXé siècle : des grèves de 1936, en passant par la Libération et mai 1968, jusqu'aux conquêtes de 1981.

La France devrait donc abandonner son modèle social pour importer "ce qui marche", c'est-à-dire le modèle anglo-américain de régression sociale."

Paul Ariès, "Misère du sarkozysme. Cette droite qui n'aime pas la France", Ed. Parangon/Vs

Sans autre commentaire.
Comme Petaramesh, je cite intégralement un post de Bereno, pour montrer combien ce blog était passionnant.Il est encore dans le cache de Google, à la date du 21 juin 2006.

La haine condamnée...un peu.

Cela s'est passé durant les jours qui ont suivi l'assassinat des deux collègues en Dordogne. Quatre agriculteurs ont exprimés par écrit, après ce double meurtre, toute leur haine des agents de contrôle de l'inspection du travail en agriculture. Ils ont laissé libre cours à leur violence verbale en septembre 2004 sur le forum d'un site internet spécialisé sur les questions agricoles.

Leurs écrits, qui ne reflètent pas l'état d'esprit de l'ensemble du monde agricole, sont d'une extême violence, en voici quelques extraits:

"Au moins dans l'avenir, les inspecteurs effectuant leur sale besogne réfléchiront à deux fois avant de nous persécuter. Il est bien malheureux d'arriver à un drame (pour une fois du côté "des seigneurs" pour que certaines personnes commencent à se poser des questions sur le drame paysan que notre pays connaît depuis quelques années. On veut nous supprimer ! Cela ne se fera pas sans heurts (...) Ces contrôleurs de la MSA (Daniel BUFFIERE appartenait à cet organisme, Sylvie TREMOUILLE à l'inspection du travail pour le régime agricole) ce sont des gens bien que l'on aime et qu'on respecte quand ils finissent six pieds sous terre".

"Au Dakota, un éleveur peut légalement flinguer un voleur de troupeau s'étant introduit sur sa ferme, sans aucune poursuite judiciaire, à méditer pour les gnomes de la contrôlite aigûe."

L'un d'entre-eux évoquait dans sa prose "l'ouverture de la chasse aux nuisibles", traitant les contrôleurs de "fouinards".

Le Ministère du Travail (!) a déposé une plainte en novembre 2004 pour apologie d'atteinte volontaire à la vie et diffamation envers une administration publique.

Le 25 avril 2006, les quatre internautes agriculteurs ont comparu, devant la 17ème Chambre du TGI de Paris, pour répondre de leurs écrits. De nombreux collègues de l'inspection du travail se sont mobilisés afin d'être présents lors de cette audience. Les syndicats et le Ministère du Travail se sont constitués partie civile.

Le jugement a été rendu le 30 mai 2006. Finalement, deux agriculteurs ont été condamnés à une amende de 1000 euros pour l'un et 500 euros pour l'autre. Egalement, condamnés solidairement:

- à 5000 euros à titre de dommages-intérêts, et 1500 euros pour les frais à monsieur TREMOUILLE;

- à 1 euro à titre de dommages-intérêts et 500 euros pour les frais à l'Etat;

- à 1 euro à chacune des organisations syndicales parties civiles (CFDT, CFTC, CGT, FO, SNU, Sud);

- à la publication du jugement au choix de l'Etat, pour un montant limité à 3 000 euros.

Quant au meurtrier, son procès devrait intervenir avant la fin de l'année. A suivre.

2 commentaires:

  1. Vous faites bien de dénoncer ce genre de censures inacceptables.

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  2. Malheureusement cela risque de s'aggraver d'ici 2007... et plus encore si une majorité d'insconscients ne va pas voter ou se laisse berner par des choix chimériques.

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