23 mars 2007

Ça fait du bien...

De lire ça dans Libération :
En Belgique, mariages blancs contre le racisme
Par solidarité avec le maire-adjoint noir, «boycotté» par certains couples, 1 200 personnes se sont unies mercredi dans sa ville de Saint-Nicolas.
Par Sabine CESSOU
Le vent, le froid et les giboulées n'ont pas gâché la fête. Ils étaient plus de 1 200, mercredi soir, sur la grand-place de Saint-Nicolas, ville de 70 000 habitants située entre Anvers et Gand, venus pour un mariage de masse contre le racisme. A 20 heures, sous le carillon de l'hôtel de ville, le premier maire adjoint noir de Flandres, Wouter Van Bellingen, est apparu en chemise blanche et veston rose. «Je vous déclare unis par les liens du mariage», a-t-il déclaré à la foule, dans un néerlandais marqué par l'accent de la région d'Anvers, avant d'embrasser sa femme. Ce geste symbolique a été fait en présence de 626 couples, parents et amis, venus lui témoigner leur sympathie.
Riposte médiatique. Tout a commencé en décembre, lorsque deux fiancés de Saint-Nicolas ont refusé d'être unis par un Noir. Un deuxième, puis un troisième couple, en février, ont eux aussi renoncé au mariage, plutôt que de passer devant monsieur le maire, un échevin d'origine africaine. Wouter Van Bellingen, 34 ans, aurait pu s'en offusquer. Au lieu de poursuivre les mauvais coucheurs devant la justice, ce candidat du parti de centre gauche Spirit, élu lors des dernières municipales, en octobre, a pensé à une riposte plus médiatique.
Né en Belgique d'une mère rwandaise, adopté à la naissance par un couple belge de Saint-Nicolas, Wouter Van Bellingen a préféré l'idée d'une grosse fête, suggérée par ses amis. Pourquoi ne pas célébrer un gigantesque mariage, avec musique, kermesse et buffet multiracial ? L'initiative, qui a plu au maire, a été fixée au 21 mars, date de la commémoration du massacre de Sharpeville, en Afrique du Sud, et journée mondiale de lutte contre le racisme. L'événement a été soutenu avec ardeur par le Centre pour l'égalité des chances et la lutte contre le racisme, une structure nationale qui dépend du Premier ministre.
«Il n'y a jamais eu de société monoculturelle, il faut oublier ça», a déclaré Jozef De Witte, le directeur de ce centre, qui a fait le déplacement à Saint-Nicolas. Sur la grand-place, des couples de tous les âges et tous les horizons lui ont donné raison. Sous un ciel bas, parapluie en main, ils ont fait la queue pour s'inscrire, certains emmitouflés, d'autres en tenue de soirée ou de mariage. «Notre réponse au racisme bête et méchant, c'est que nous voulons être mariés par un Noir», témoigne un grand blond, employé de poste, son épouse à son bras et une rose à la boutonnière.
«Comme nous avons vécu en Afrique et que nous avons fêté nos vingt-cinq ans de mariage hier, ça nous a paru normal de venir», explique un médecin venu d'Anvers avec sa femme, infirmière. «La Belgique est aussi faite de gens comme nous», souligne Idrissa, un Sénégalais venu de Bruxelles, avec sa femme belge, tous deux en tenue africaine.
«L'autre visage». A Saint-Nicolas, mercredi, il n'y avait guère de place pour les râleurs. Les commerçants ont été de la partie, deux boulangers ayant confectionné un gâteau de cinq mètres sur cinq, pour l'occasion. «Voilà comment un incident négatif provoqué par des racistes stupides est devenu un signal positif», s'est félicité Freddy Willockx, le maire, devant les nombreuses caméras de télévision, venues de toute l'Europe. «A Saint-Nicolas, il n'y a pas d'autre maire adjoint disponible pour célébrer les mariages», a-t-il répété. Wouter Van Bellingen, de son côté, a tenu à «garder la porte ouverte» à tous ceux qui voudraient se marier. Dans une région qui vote à 20 % pour le Vlaams Belang («intérêt flamand»), un parti d'extrême droite, cet élu local a réussi à montrer l' «autre visage» de sa ville.

2 commentaires:

  1. "Voilà comment un incident négatif provoqué par des racistes stupides est devenu un signal positif"

    Oui, ça donne encore des raisons d'espérer ! Merci d'avoir signalé cet article...

    RépondreSupprimer