27 janvier 2007

Force ennemie

Quelle surprise ! Force Ennemie, trouvé dans le rayon science-fiction de ma bibliothèque municipale est le roman qui a reçu le premier prix Goncourt, en 1903. L'auteur, John Antoine Nau, est tombé dans l'oubli.

Ce livre est étonnant sur bien des aspects : la langue (le style est étonamment proche des traductions françaises de H. G. Wells), la thématique, l'histoire... Je n'ai pas envie de trop vous raconter l'histoire, ne serait-ce que pour vous inciter à la lire vous-mêmes.

Un extrait quand même (venu de ) :
Je prie les amis inconnus qui voudront bien me, ou plutôt nous, lire de ne pas réclamer, d'urgence, mon internement à Sainte-Anne ou dans tout autre asile. Je n'ai collaboré à ce volume que dans les proportions les plus modestes. "Force Ennemie" est en réalité l'oeuvre d'un aliéné à demi-lucide que j'ai pu souvent et longuement visiter et qui me chargea, peu, avant sa mort, de publier sa prose après. Or, mes retouches n'ont porté que sur des détails. Le fond demeure parfaitement insane malgré une apparence de suite dans les idées, C'est peut-être, à mon humble avis, ce qui rendra l'ouvrage curieux, voire intéressant, pour des lecteurs doués de quelque indulgences Je me hâte de déclarer que je n'ai vu, de ma vie, une maison de santé pareille ou seulement analogue à celle dont le vrai auteur nous entretient. Certes, j'ai visité bon nombre de ces établissements, j'ai causé avec force médecins aliénistes, gardiens et gardiennes ; mais je puis jurer que je n'ai jamais rencontré ni un Dr Bid'homme, ni une Céleste Bouffard, ni un Lancier, ni un Barrouge, ni une Aricie Robinet. J'ai toujours vu les déments et démentes bien traités et soignés avec dévouement ou tout au moins avec le zèle convenable. Encore une fois, le livre a été écrit par un fou raisonnant mais sujet à caution. Mon habituelle modestie - encore peu notoire mais que le public aura, je l'espère, mainte occasion d'apprécier dans un prochain avenir, - me pousse à faire aux amis lecteurs une dernière recommandation Quand ils découvriront, par hasard, dans les pages qui suivent, un passage bien écrit, des finesses de pression, une phrase dénotant de la délicatesse de sentiments, de la hauteur morale, - une belle Ame, enfin - qu'ils n'hésitent pas une seconde à m'attribuer le passage, les finesses, la phrase... Quand, au contraire, ils seront choqués par un style bas ou impropre, des idées baroques ou banales des scènes plus ou moins indécentes ou grossières, des longueurs, des platitudes, qu'ils en rendent responsable le mauvais fou, le vilain fou ! Je suis d'autant plus noble et généreux en agissant ainsi que je reconnais, dès lors, la part de travail du défunt et peu regrettable aliéné comme égale aux neuf dixièmes et demi du volume.
J'ai quand même trouvé (ici) quelques infos sur l'auteur, par Catherine Harlé-Conard, les voici :
Au Cimetière Marin de Tréboul repose John-Antoine NAU, le premier des lauréats du Prix Goncourt. Non loin de là, longeant le stade Henri Guichaoua, se trouve la rue qui porte son nom.
C'est en effet à la villa Ker Jeanne, route de Saint Jean, que s'est éteint le poète et romancier, le 17 mars 1918, au terme d'un long voyage commencé sur les rives du Pacifique, 57 ans auparavant, sous le nom d'Eugène TORQUET.

Dans le registre des baptêmes de l'église française Notre Dame des Victoires de San Francisco se trouve inscrit celui d'Eugène Léon Edouard TORQUET, né le 19 novembre 1860, fils de Paul Torquet et de Sophie Petibeau. Ce document dissipe tous les doutes qui traînent encore dans les dictionnaires, anthologies et catalogues. John-Antoine Nau est né citoyen américain ; il l'était encore en 1915, et probablement même jusqu'à son dernier jour.

Ses parents s'étaient mariés dans la même église le 27 février 1858. Leur premier fils, Louis, né en Janvier 1859, était déjà mort quand vint le second. Suivirent encore deux fils : Jules, en Août 1862 qui n'aurait vécu que trois ans et demi ; et Charles, né le 6 mai 1864, qui se fera, lui aussi, un nom en littérature.

Petit-fils de Jean Adrien Torquet, instituteur et clerc de la paroisse de Mesmoulins près de Fécamp ; fils de Jean Pierre Nicolas Torquet, lieutenant de vaisseau retraité, marchand libraire à Bolbec, Paul Pierre Noël Adrien TORQUET y est né le 10 juin 1827. Sa mère, fille d'un enseigne de vaisseau, avait été adoptée par Jean Noël Ambroise Maillard, commis principal de marine au Havre. La mer et les lettres étaient donc inscrites au patrimoine familial.
Aîné des fils dans une fratrie de cinq, il est probable qu'après la mort de son père en 1842, Paul Torquet se sera embarqué très jeune vers des terres lointaines. On est en droit de supposer qu'il sera arrivé en Californie vers 1845, à l'époque où la province était mexicaine, et qu'il aura eu le temps d'y constituer une solide petite fortune, avant que les Américains, à partir de 1848, ne spolient les précurseurs au profit de l'immigration continentale.
Nous ne connaissons que sa dernière situation : ingénieur et actionnaire, il dirigeait une société qui importait des pièces de mécanique et construisait des machines à vapeur, et dont les ateliers, installés à San Francisco au quartier de South of Market, ont subi les dommages d'un incendie en 1863.
Le typhus devait l'emporter en quelques heures le 27 août 1864. Il laissait à sa veuve la recommandation de ramener ses enfants en France pour qu'ils reçoivent l'instruction latine et grecque qui lui avait manqué. Naturalisé américain depuis le 6 novembre 1860, secrétaire de la Société française de Bienfaisance mutuelle (première société d'assurance mutuelle des Etats-Unis), homme de grand bien jouissant de la plus haute estime des san franciscains, il avait, aux dires de son fils, été honoré de funérailles publiques dans une ville endeuillée.
C'est à San Francisco que les parents d'Eugène Torquet s'étaient connus.

Sophie Petibeau avait 15 ans et son frère 14, quand ils sont arrivés, en octobre 1849, en Californie, dans le sillage d'une mère intrépide. Fille d'un receveur de rentes parisien malchanceux, sœur d'un éminent anatomiste et chirurgien, et d'un maître de forges et fondeur d'art de renommée internationale (la statue de Lafayette à Washington a été coulée dans ses ateliers), Anne Charlotte Virginie DENONVILLIERS avait épousé en 1831 Louis PETIBEAU, percepteur à Montlhéry où sont nés, en 1834 et 1835, ses deux enfants. Peu après la mort de son mari survenue en 1839, elle est partie en avant pour New York. Une fois rejointe par les siens, elle s'est lancée avec eux à travers les Etats-Unis dans le grand mouvement de la ruée vers l'Ouest. Pendant quelques années, elle a dirigé une école de jeunes filles à San Francisco ; puis, passant vers 1867 par Eastchester, près de New York, elle est allée ensuite, en pionnière de Colombie britannique, prendre la direction d'un établissement de jeunes filles à Victoria. Pendant ce temps, son fils, naturalisé américain et pharmacien, avait fondé une famille sur place, à San Francisco.

Il aurait été difficile à Sophie Torquet de se mettre en route pour la France avec trois enfants en bas âge. Aussi est-il plus plausible de penser qu'elle se sera attardée à San Francisco, pendant un temps suffisant pour qu'Eugène apprenne les trois langues en usage autour de lui (le français, l'espagnol et l'américain) et qu'il s'imprègne des paysages et de la lumière des bords du Pacifique.
Eugène avait près de 7 ans quand la famille débarqua au Havre, où elle était attendue par de proches parents de son père. Il fut inscrit au Lycée impérial de la ville et il collectionna les nominations pendant ses sept premières années de scolarité. Cet exil lui a laissé des souvenirs lugubres. Pourtant il a bien accepté le remariage de sa mère en 1870 avec Louis Alfred DUCHESNE, médecin en exercice. Dès l'âge de 9 ans, dit-on, il composait des poésies. Mais il a raconté lui-même qu'une audace littéraire l'avait fait exclure de l'établissement, au printemps 1877.
Sans hésiter, Sophie Duchesne s'est alors installée à Paris pour inscrire ses deux fils au Collège Rollin. Au terme d'années de triste mémoire, Eugène en est sorti en 1879 avec son baccalauréat,-seul titre universitaire dont il ne manquait pas de se prévaloir.
Réfractaire à toutes les sciences, qu'elles soient exactes ou naturelles, Eugène Torquet n'avait jamais cessé de montrer de grandes dispositions pour les matières littéraires. Aussi a-t-il été tenté par la fréquentation des Hirsutes, avant de collaborer au Chat Noir dès son premier numéro. Sa famille, inquiète de cet avenir incertain, lui avait trouvé des emplois de bureau auxquels il a dû s'essayer sans succès.-On en retrouve l'évocation dans Le Prêteur d'Amour.

Majeur, prenant sa vie en main, il s'embarque en 1881 en qualité de pilotin, sur un trois-mâts faisant le commerce avec Haïti et les Antilles. Ce rude apprentissage lui a inspiré des récits qui, regroupés par les soins de Jean Royère, ont paru en 1923 sous le titre de Pilotins. Une effroyable tempête, racontée dans Force Ennemie, l'a fait renoncer à la marine à voile. C'est alors qu'il tenta une autre expérience maritime, en se faisant enrôler comme aide-commissaire aux vivres pour un voyage sur le paquebot " La France ", à bord duquel il ne fit pas preuve des capacités attendues : il y fait allusion dans Le Prêteur d'Amour.
Sans perdre le goût des pays lointains, il repart pour un long voyage d'agrément au cours duquel il aurait visité les côtes du Venezuela et celles de la Colombie,-souvenirs qu'il exploitera dans Les Trois Amours de Benigno Reyes. Faisant une dernière escale à New York, il revient en France en quête de son avenir littéraire.

Éternel rêveur, c'est alors que commence sa vie itinérante, à la découverte de nouveaux paysages que, dès qu'il en aura épuisé la veine poétique, il quittera pour d'autres.
À Port en Bessin, en 1883, il fait la connaissance d'André Lemoyne, " inventeur, a-t-on dit, de la veine maritime de la poésie ".
La même année, il s'installe à Asnières, station balnéaire des Parisiens où il retrouve son ami Paul Signac : une huile du peintre, intitulée " les bains Bailet ", datée 1883 et dédiée " à l'ami Gino ", a fait l'objet d'une vente publique en l'année 2000. À Asnières encore, Eugène Torquet rencontrera Henriette DIEUDONNÉ, avec laquelle il se mariera en juillet 1885 et qu'il emmènera en voyage de noces à la Martinique, avec l'espoir d'y rester. Un malheur dans la famille d'Henriette les a obligés à revenir en France au printemps 1886. Jamais Eugène Torquet ne pourra retourner en Martinique, autrement qu'au travers de ses écrits.

La trace de ce couple inséparable a été relevée par Jean Royère dans la préface de Thérèse Donati,-roman de John-Antoine Nau paru en 1921. Certaines des étapes méritent d'être mentionnées.
Au cours d'un long séjour à Piriac, sur l'estuaire de la Loire, Eugène Torquet entre en relation avec Dominique Caillé, avocat nantais érudit d'histoire littéraire et poète, vice-président de la Société académique de Nantes et de Bretagne.
De son passage aux Sables d'Olonne, il a restitué le paysage dans La Gennia.
Une fièvre typhoïde déclarée à Fleury sur Andelle lui a valu une convalescence au Lavandou, au cours de laquelle il a trouvé l'amitié du peintre Henri-Edmond Cross.

À Pontoise, sa mère est venue séjourner chez eux et les a suivis à Carteret,-villégiature de prédilection où Eugène Torquet et sa femme viendront à plusieurs reprises, en alternance avec des séjours hivernaux en divers lieux d'Espagne : Malaga, Soller, Barcelone. Au Seuil de l'Espoir sera commencé à Carteret en mars 1896 et terminé à Malaga en janvier 1897. Publié à compte d'auteur, cet ouvrage poétique est le premier écrit signé John-Antoine Nau.
De 1899 à 1901, le couple est installé aux îles Canaries, à Orotava del Puerto,-point de départ du héros des Trois Amours de Benigno Reyes. John-Antoine Nau y aura des démêlés avec un négociant des moins honnêtes, sur lequel il prendra une revanche caricaturale dans Les Galanteries d'Anthime Budin. Contraint de quitter l'île à cause de lui, il prend la direction de Lisbonne.
De là, il traverse le sud du pays et l'Andalousie pour aller se fixer près de Huelva, au bord du Rio Tinto. La " Lettre d'Espagne à un parent ", insérée dans les Lettres exotiques (parues en 1933 aux éditions des Marges), relate ce voyage. Il se fait propriétaire, mais une malheureuse expérience de culture maraîchère dans leur jardin les contraint, en automne 1902, à revendre la maison et à retourner à Malaga pour y passer l'hiver.
Alors qu'il l'avait commencé à Orotava, c'est à Huelva que John-Antoine Nau a terminé Force Ennemie, en juin 1902. En février 1903, son roman paraît, à compte d'auteur, aux éditions de la Plume. Sans déflorer le sujet de l'ouvrage, un extrait, très caractéristique du style maritime et colonial de Nau, est aussitôt publié dans les pages de la revue. Le roman n'échappera pas à la critique de Fagus dans la Revue Blanche, puis à celle, très bienveillante, de Robert Scheffer dans la Plume.

En juillet 1903, John-Antoine Nau demeure à Saint-Tropez, au hameau des Canoubiers, dans une maison exiguë que Lucie Cousturier fréquentera assidûment (au printemps 1905, il s'installera Plage de Granier).
Pendant ce temps, à Paris, les membres de l'Académie Goncourt s'affairent au choix des romans à mettre aux voix lors de l'attribution du Prix en décembre. Force Ennemie est l'un d'eux, et l'on cherche activement plus de renseignements sur son mystérieux auteur, déjà connu par des écrits parus dans la Revue Blanche.
Dans la nuit du 21 au 22 décembre, contre toute attente, John-Antoine Nau reçoit un télégramme lui annonçant qu'il est le lauréat. Après avoir envoyé une lettre de remerciements à chacun des membres de l'Académie, il court à Saint-Clair, chez son ami Henri-Edmond Cross, qui le garde chez lui pour faire son portrait. John-Antoine Nau ne se déplacera pas à Paris pour recueillir sa récompense : il en chargera son frère Charles, secrétaire de Maurice Donnay depuis octobre dernier.
Poursuivant son travail, il termine en 1904 la traduction du " Journal d'un Ecrivain " de Dostoïevski. Il dépose chez Messein son manuscrit d'Hiers Bleus, recueil de poèmes en attente de parution, dédié à Paul Signac. En 1905, Le Prêteur d'Amour, dédié à Lucien Descaves, est prêt pour son édition chez Fasquelle. Nau compose les poèmes de Vers la Fée Viviane, qui paraissent en 1905 aux Ecrits pour l'Art, et grâce auxquels il entre en relation d'amitié avec Jean Royère.

En avril 1906, il s'embarque pour Alger, où il séjournera trois ans avec quelques brefs retours sur terre de France. C'est de là qu'il envoie son manuscrit de La Gennia aux éditions Messein, pour sa parution en Juillet de la même année. Il fréquente le milieu algérianiste : Les Lettres de Corse et de Bretagne, parues en 1949 aux éditions " Afrique ", sont un précieux témoignage de l'amitié littéraire qu'il noua avec Robert Randau. En 1908, il confie aux éditions de La Phalange la publication de Vers la Fée Viviane, dédié à Félix Fénéon, cycle auquel il ajoute Côte d'Emeraude, qu'il avait écrit lors d'un séjour à Saint-Cast. Les réalités de la vie urbaine lui inspireront le roman truculent de Cristobal le Poète, qu'il dédiera à Gustave Geffroy. Survient en mars 1909, la mort de sa mère, qu'il évoquera dans deux passages de Thérèse Donati, et qui le rappelle en France.

Il ne fait qu'un court passage à Paris et revient sur la Côte d'Azur. L'amitié de Guy Lavaud ne parvient pas à lui faire aimer Golfe Juan et il s'installe au plus vite au Lavandou. Devenu frileux, il quitte la métropole à l'automne pour s'installer sur l'Ile de Beauté.

À Cargese, il fait la connaissance du peintre Camille Boiry qui deviendra un grand ami et qui fera un très beau portrait de l'écrivain. Fuyant sans doute l'afflux des estivants, il passe l'été 1910 à l'intérieur du maquis, à Zicavo. Mais à l'automne, il élit domicile à Porto-Vecchio, Tournant de la Marine ;-le chemin de ronde de la citadelle sera baptisé rue John-Antoine Nau.
Quatre années s'y passent où l'écrivain prend, dans le village, la place d'un bienfaiteur. Cristobal le Poète paraît en feuilleton dans la Phalange, de novembre 1910 à mai 1911 ; le roman sortira chez Ollendorff au printemps 1912. L'observation de la population corse lui inspire son roman Thérèse Donati, que, de son vivant, il hésitait à publier. En janvier 1914 paraît, chez Crès,un recueil dédié à Jean Royère, En suivant les Goélands, dont nombre de poèmes ont déjà paru dans La Phalange.
À la déclaration de guerre, il déménage de Porto-Vecchio à Ajaccio, pour une installation moins précaire. En septembre 1916, le couple quitte définitivement l'île pour se rendre à Rouen, où la sœur d'Henriette vient de mourir. Découragés par la tristesse de la ville, ils n'y resteront que quelques mois, le temps de trouver un nouveau port d'escale.
John-Antoine Nau a choisi la baie de Douarnenez et, le 17 mars 1917, ils arrivent à Tréboul. C'est là que le poète mourra un an plus tard, jour pour jour, laissant d'ultimes poèmes d'une très haute inspiration religieuse.

Réputé de caractère sauvage, John-Antoine Nau a eu de très nombreux et très bons amis, choisis certes parmi les poètes et romanciers, mais aussi parmi les artistes peintres. Il serait infiniment heureux que soient réunies, pour une publication complète, les lettres qu'il leur a écrites : Nau excellait en effet dans l'art épistolaire, où on le connaît dans toute sa spontanéité, avec sa bonne humeur.
Il n'a eu cure de son renom d'auteur, car il écrivait pour la perfection de l'art. La lecture de ses ouvrages en prose paraît ardue à qui n'a pas commencé par Les Trois Amours de Benigno Reyes. Il faut savoir passer de portraits en portraits, souvent caricaturaux, et de paysages en paysages, pour ne pas attacher une importance primordiale à l'intrigue de ses romans. On ne peut pas s'empêcher d'apprécier la langue et le style de l'écrivain.
Au Seuil de l'Espoir est un long poème épique, traversé par la quête de la femme irréelle, aux rythmes et aux couleurs duquel on se laisse prendre. Beaucoup des poèmes des recueils suivants sont des évocations autobiographiques, dédiées à divers parents et amis. Nau n'imaginait pas les paysages, il les avait vus avec des yeux de peintre et les transformait en musique.

Dès 1908, dans La Phalange qu'il dirigeait, Jean Royère a écrit un long article sur John-Antoine Nau. À partir de la mort de son ami, dont il fut le témoin, il a multiplié les publications pour que le poète et romancier ne passe pas dans l'oubli : dans les Marges d'abord en 1918, dans le Douar en 1919, dans les Belles Lettres en 1922, dans " Clartés sur la Poésie " en 1925.
Avec l'aide d'Henriette Torquet, Jean Royère a rassemblé de nombreux écrits inédits, en vers et en prose. C'est ainsi qu'ont pu paraître Thérèse Donati en 1921 ; Les Galanteries d'Anthime Budin (auxquelles sont joints différents contes et nouvelles) en 1923 ; la même année, Les Trois Amours de Benigno Reyes (parus initialement dans la Revue Blanche en 1902), ouvrage comportant en outre les textes constituant Pilotins, ainsi que la fantaisiste nouvelle du Duelliste ; les Poèmes triviaux et mystiques en 1924 ; enfin les nouvelles d'Archipel caraïbe en 1929 et en 1933, les Lettres exotiques, réunissant les correspondances de Nau avec différents amis entre 1896 et 1915.
L'activité littéraire de John-Antoine Nau n'avait jamais connu de trêve depuis qu'il avait remis le pied sur la terre ferme : en témoignent ses contributions aux revues de l'époque. La Revue Blanche, La Plume, Le Festin d'Esope, les Ecrits pour l'Art, Vers et Prose, La Phalange, La Grande Revue, et en dernier La Vie, sont les périodiques auxquels, entre autres, John-Antoine Nau a apporté sa collaboration par des écrits en vers et en prose, dont certains sont encore inédits à l'heure actuelle

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