5 juillet 2007

Honneur de la police

Je n'ai pas l'habitude de proférer des insanités dans mes billets. Je respecte le travail de chacun, et donc celui des gardiens de la paix (terme que je préfère aux forces de l'ordre, qui a un relent fascisant). Mais voilà, dans toutes les professions il y a des imposteurs, des incompétents, et il serait inique de ne pas pouvoir dénoncer des actes indignes. Sauf que... le Parquet est trop souvent glissant en ce qui concerne la liberté de parole et l'expression de la vérité, surtout quand elle dérange. Thierry nous le rappelle, il est mal vu de dénoncer les "bavures" dans ce pays qui replonge à grande vitesse dans le totalitarisme.
Reviens Papon, on déconnait !

Lamine Dieng avait 25 ans. Il est mort dimanche 17 juin, rue de la Bidassoa (Paris XXe), après être passé entre les mains de la police. Sa famille a été prévenue le lendemain à 17h30 et a été autorisée à voir le corps mardi 19 juin à 14 heures.

Dimanche 24 juin, un millier de personnes manifestaient dans le calme, à Belleville, pour réclamer la vérité sur sa mort. Silence assourdissant des médias.

Mardi 26 juin, Hamé, chanteur du groupe La Rumeur est renvoyé une nouvelle fois devant les tribunaux. En cause son article «Insécurité sous la plume d’un barbare», publié dans son fanzine en 2002.
Passage incriminé: «Les rapports du ministère de l’intérieur ne feront jamais état des centaines de nos frères abattus par les forces de police sans qu’aucun des assassins n’ait été inquiété.»
Poursuivi par la radio Skyrock et par le ministère de l’intérieur, il est relaxé une première fois en 2004, relaxe confirmée en appel en 2006.

Cette fois c’est l’avocat général de la Cour de cassation qui fait appel de la relaxe, l’affaire sera jugée une nouvelle fois le 11 juillet prochain, estimant que l’article de Hamé comporte bien «des faits déterminés à porter atteinte à l’honneur de la police».

On espère que la justice saura faire taire les divagations d’un agité, tout le monde sait que Malik Oussekine a glissé dans l’escalier, l’encaustique a d’ailleurs lourdement été condamné.
Quant aux victimes d’octobre 1961, elles n’ont jamais existé et se sont jetées toutes seules à la Seine. Il faut mettre hors d’état de nuire tous ces gauchistes mythomanes, sinon ils iront toujours plus loin. Vous verrez qu’un jour ils en arriveront à affirmer que nos gardiens de la paix ont collaboré à la déportation en 1942 des 4031 enfants juifs parisiens qui ne sont jamais revenus d’Auschwitz.

Le dessinateur Placid a été condamné pour avoir représenté un policier avec un groin, c’est un bon début ! Il faudrait maintenant attaquer Forton et Pellos à titre posthume car on trouve d’innombrables «faits determinés à porter atteinte à l’honneur de la police» dans les albums des Pieds Nickelés.

Plus sérieusement l’acharnement dont est victime Hamé est révélateur. Skyrock diffuse à longueur de journées des groupes de rap bas de plafond dont les paroles glorifient le machisme et la violence, pérennisant ainsi le cliché de la racaille décérébrée. En revanche, qu’un jeune des quartiers replace la question des cités et de l’insécurité sur le terrain qu’elle n’aurait jamais du quitter, celui de la lutte des classes, c’est tout bonnement insupportable pour notre gouvernement de combat.
Au fait, ça a donné quoi l’enquête sur le tabassage de deux noirs menottés (voir mon post Peur Bleue) par la police, au mois d’avril ?
Qu’on poursuive au moins le jeune homme qui a filmé la scène, car elle dévoile, là encore, indéniablement «des faits déterminés à porter atteinte à l’honneur de la police» !




2 commentaires:

  1. Aujourd'hui, le dessinateur Maëster publie un texte de Guillaume Dumora de la librairie Monte-en-l'air, à Paris, qui avait mis sur sa vitrine une affiche évoquant la mort de Lamine Dieng : "Ici, on meurt dans des fourgons de police". Il a été convoqué au commissariat sous prétexte qu'il "portait atteinte" à la police.

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  2. Merci pour l'information. On se croirait dans une boîte privée : ceux qui font mal leur travail s'en tirent en allumant des contre-feux et en surcommunicant...

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