17 juin 2007

U comme Unique, M comme Mafia, P comme Présidentielle

Pierre Catalan, sur son blog, nous rappelle quelques faits historiques en Polynésie française.

Flosse septique

Le Canard, puis d'autres journaux, dont Libération, ont reparlé récemment des comptes Nippons de Jacques Chirac, cette rumeur qui avait fait jour avec Clearstream, et qui est réapparue avec les petits carnets du Général Rondot.

Dans les années 1980, deux vrais journalistes menaient l'enquête sur le système Flosse à Tahiti. L'un des deux est mort mystérieusement, et l'enquêteur de sa disparition, un gendarme, a été muté loin, très loin, en Polynésie. Ce n'est pas un cauchemard, c'est la République française. Un petit mot de celui des deux journalistes qui peut encore aujourd'hui écrire, 21 ans après les faits. Pour réveiller la conscience professionnelle des journalistes. Pour réveiller notre conscience citoyenne.

Il y a 21 ans, j'étais à la tête des Nouvelles de Tahiti et j'avais choisi pour m'épauler un rédacteur en chef /enquêteur talentueux - Jean-Pascal Couraud - mystérieusement "suicidé", il y a plus de dix ans maintenant, après que Flosse eût obtenu de mes employeurs, après quelques intimidations de personnages très haut placés, mon renvoi manu militari en métropole. En 24 heures. Mon quotidien, qui mettait en cause Flosse régulièrement pour ses pratiques peu orthodoxes fut alors rapidement vendu au groupe Hersant...

Nous avions parfaitement identifié, Jean-Pascal et moi, les réseaux qui irriguaient les caisses d'un parti dont le chef nourrissait des ambitions présidentielles. Au mépris des lois et de la justice. Même les juges locaux, à l'époque, nous condamnaient quasiment toutes les semaines pour diffamation. Nous étions en pleine cohabitation et mon chef de service à Paris - j'étais également correspondant du Monde à Papeete - m'assurait que le "Château" désapprouvait mes initiatives pour lutter contre la corruption endémique qui pourrissait le territoire.

Il est trop tard, aujourd'hui, pour empêcher les corrupteurs d'agir. Pour se lamenter sur la vaisselle brisée, sur la confiance perdue. la Polynésie s'est accoutumée au cynisme ambiant et comme me l'avait dit un ministre de Flosse à l'époque: "Nous, Polynésiens, nous ne nous aimons plus... Tu avais raison de nous mettre en garde dans tes éditoriaux." Ce qui faisait sourire la presse de métropole, dans les années 80, a ruiné la foi des Tahitiens dans leur système politique et a entraîné, directement ou indirectement, la mort du plus valeureux journaliste local : Jean-Pascal Couraud, un ami cher. L'histoire de Flosse est édifiante, universelle. Les Flosse ont de beaux jours devant eux, ici ou ailleurs, si l'on traite avec condescendance le travail des enquêteurs locaux, des soutiers du journalisme.



Le RPR, puis l'UMP, n'a jamais cessé de soutenir Gaston Flosse. Ce sont d'ailleurs deux députés UMP qui viennent d'être élus en Polynésie...

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