C'est 
Survival France qui en parle et cela touche bien plus de 80 personnes.
Une enquête de Survival International a apporté des preuves  alarmantes selon lesquelles les tribus indigènes sont spoliées de leurs  terres agricoles les plus productives pour être allouées à des  compagnies étrangères qui y pratiqueront une agriculture intensive  d’exportation – alors que des milliers de personnes souffrent de la  famine en cette grave période de sécheresse qui affecte le sud de  l’Ethiopie.
 Des grandes étendues de terres fertiles de la vallée de l’Omo, au  sud-ouest de l’Ethiopie, ont été cédées à des compagnies malaisiennes,  italiennes et coréennes, ou sont directement gérées par l’Etat, pour y  pratiquer une agriculture d’exportation, alors que les 90 000  autochtones qui vivent dans la région dépendent étroitement de leur  terre pour leur survie.
 Le gouvernement projette d’étendre à 245 000 hectares la superficie  des terres qu’il destine principalement à la culture de la canne à  sucre.
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 | Des dizaines de milliers d'autochtones dépendent de la rivière pour leur survie. © E. Lafforgue/Survival
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  Des millions de personnes endurent la famine en cette période de  sécheresse, la plus rude que connaît cette région depuis ces soixante  dernières années. Les tribus de la vallée de l’Omo  sont pour le moment relativement à l’abri. Mais le gouvernement les  considère comme des ‘arriérés’ et est déterminé à les ‘moderniser’. Il  veut que, de fermiers auto-suffisants, éleveurs et chasseurs, ils se  convertissent en ouvriers agricoles dans les plantations. Cependant ils  pourraient tout simplement être expulsés de leurs terres.
 Une partie du projet gouvernemental implique la construction d’une série de barrages le long de la rivière Omo, dont celui de Gibe III  qui deviendra le plus grand barrage du continent africain. La  construction de centaines de kilomètres de canaux d’irrigation suivra  celle du barrage, détournant les eaux indispensables à la survie des  tribus qui ne pourront plus compter sur les crues annuelles pour cultiver.
 Les populations locales, qui n’ont jamais été consultées,  ont été réduites au silence avec l’interdiction de s’adresser aux  étrangers ou aux journalistes. Un visiteur qui s’est récemment rendu  dans la région à révélé à Survival que le gouvernement et ses forces  policières répriment, emprisonnent, torturent les autochtones et violent  leurs femmes pour déjouer toute opposition à la spoliation de leurs  terres. Un membre d’une tribu lui a déclaré : ‘Notre peuple vit  désormais dans la peur – il craint le gouvernement. S’il vous plaît,  venez au secours des peuples pastoraux du sud de l’Ethiopie, ils vivent  sous une terrible menace’.
 Stephen Corry, directeur de Survival International, a déclaré  aujourd’hui : ‘Les tribus de la vallée de l’Omo ne sont pas ‘arriérées’  et n’ont pas besoin d’être ‘modernisées’ – elles sont tout autant dans  le XXIe siècle que les multinationales qui cherchent à s’approprier leur  terre. Le tragique de cette affaire est qu’en les forçant à devenir des  ouvriers agricoles, leur qualité de vie sera réduite à néant et ils  seront condamnés à la famine et à l’exclusion, comme bon nombre de leurs  concitoyens’.