26 décembre 2006

ジュワイユーノエル!

(Meri kurisimasu - comprenez Merry Christmas)
Lu dans Libération :
Les couloirs de la mort japonais n'ont que faire des départs en vacances et des visites au sanctuaire pour aller prier les dieux de la vie et de l'amour. Les couloirs de la mort japonais ne connaissent pas la trêve de la Noël. Hier, après une pause de plus d'un an, le Japon a décidé de reprendre les exécutions. En ordonnant non pas une, mais quatre mises à mort. Une façon de célébrer les quatre mois au pouvoir du Premier ministre, Shinzo Abe, dont le gouvernement a fait une priorité de la lutte contre l'insécurité et la multiplication inquiétante des crimes.
Comme d'habitude, car c'est la coutume dans un Japon qui compte près de un millier de condamnés à perpétuité et où le débat sur la peine de mort reste néanmoins marqué du sceau du silence, le nom des condamnés pendus hier n'a pas été rendu public. [...]
Voilà un grand progrès pour l'humanité, de la part d'un pays qui nous avait habitué à mieux... enfin... après 1945...

Trouvé ici, par exemple...

De 1933 à 1945, le Japon mena d'affreuses expériences sur des cobayes humains (les marutas) de diverses nationalités .

Les civils chinois mais aussi les prisonniers de guerre britanniques et américains constituèrent en des termes violents, les "rats de laboratoire" des chercheurs nippons. En effet, les Japonais considérant la reddition comme le déshonneur suprême, les forces militaires japonaises appliquaient ce même type de raisonnement à leurs ennemis. Un prisonnier de guerre n'était plus rien ! Bien qu'aujourd'hui bon nombre de japonais continuent de nier l'existence de telles pratiques et mettent même en doute le monstrueux sac de Nankin, les crimes japonais n'ont finalement rien à envier à ceux perpétrés par les médecins nazis, tel Mengele, dans les camps de la mort allemands. Quant à Nankin, des milliers de Chinois y trouveront la mort tandis qu'un nombre incalculable de femmes y furent violées puis assassinées en compagnie de leurs enfants.

À partir de 1931, en Mandchourie, un centre d'expérimentation sur l'utilisation militaire d'armes bactériologiques fut créé. Deux années plus tard, une équipe, dirigée par la médecin Shiro Ishii, commença à utiliser des cobayes humains pour ses expérimentations. Cette unité, dite 731 marque un bien triste record : elle généra la mort d'environ 3.000 personnes dans d'horribles conditions.

Dans le Mandchoukouo (l'état fantoche créé par les Japonais en Chine avec à sa tête Pou Yi, le dernier empereur de Chine), à Pingfan, dans le sud de Harbin, se trouvait un grand centre. Un complexe de 150 bâtiments, divisé en 8 services travaillaient en concurrence pour trouver la "meilleure" arme. Au coeur de ce complexe, se trouvait le "bloc Rô" où s'opéraient des expériences sur des êtres humains. Toutes les personnes arrêtées arbitrairement à Harbin devenaient alors des marutas. Maruta signifiant en japonais bout de bois ou bâton, on peut aisément imaginer la considération que les chercheurs japonais et leurs séides portaient à ces malheureux hommes...

À titre d'exemple, certaines expériences consistaient à faire exploser des "bombes à gangrènes" ou porteuses de bacilles de maladies à proximité de cobayes. Les victimes étaient attachées à des poteaux, la tête et le dos protégés afin d'éviter une mort immédiate due à l'explosion elle même... On testait également des shrapnels porteurs de maladies, la résistance au froid, l'exposition aux rayons X, la suppression atmosphérique (on augmentait ou abaissait la pression de l'air), la vivisection... L'horreur était quotidienne. A 500 km de Pingfan, existait le camp de Moukden : un camp de 1 485 prisonniers de guerre alliés. Des expériences étaient menées sur eux afin d'en constater les effets sur les occidentaux. Les résultats étaient ensuite envoyés à Pingfan pour analyse.

Au Japon cette fois-ci, à côté de Tokyo, un groupe de recherche mixte fut constitué de scientifiques et de militaires. Ils utilisèrent eux aussi les résultats des affreuses expériences réalisées en Chine occupée. En coopération avec le haut commandement, ce groupe devait réfléchir à l'utilisation d'armes bactériologiques et/ou chimiques contre les populations civiles américaines ! En effet, dès la fin de l'année 1942, les Japonais avaient imaginé une multitude de solutions plus ou moins fantaisistes pour porter le conflit sur le territoire des États-Unis. D'aucuns par exemple, avaient prôné l'envoi de sous-marin géants, transporteurs d'hydravions, au large des côtes californiennes. Objectif : mener des raids aériens nocturnes. Cela restait d'une efficacité plus que douteuse sur un plan strictement militaire...
[...]

Malgré le caractère abominable de ces crimes, très peu de Japonais furent poursuivis. Quelques chefs de guerre tout de même furent jugés par les alliés américains et britanniques pour crimes de guerre, d'autres par les Soviétiques.

On n'en est certes pas encore là... mais on peut se poser des questions... la lepénisation du Japon ? Le premier ministre actuel, M. Abe, ne gagne pas à être connu, si l'on en croit cet article du "Diplo" :

Fortement secouée par l’essai nucléaire effectué le 9 octobre dernier par la Corée du Nord, l’Asie du Nord-Est avait été non moins perturbée, quelques jours auparavant, le 26 septembre, par l’entrée en fonctions au Japon d’un nouveau premier ministre, M. Shinzo Abe.

Issu, comme son prédécesseur, M. Junichiro Koizumi, du Parti libéral-démocrate (PLD), qui domine la vie politique au pays du Soleil-Levant depuis 1955, M. Abe, 52 ans, est le plus jeune premier ministre nippon depuis 1945. Il n’en est pas moins considéré par la gauche japonaise comme un politicien ultralibéral, archiconservateur et nationaliste. Ses adversaires dans la région n’hésitent pas à le qualifier de « faucon ».

Fils d’un ancien ministre des affaires étrangères, M. Abe appartient à une grande dynastie de la droite au passé sulfureux, avec lequel il n’a pas pris de distance. Son grand-père, Nobusuke Kishi, fut ministre dans le cabinet de guerre du général Tojo, qui lança l’attaque sur Pearl Harbor. Arrêté en 1945 en tant que suspect de crimes de guerre, Kishi ne fut finalement pas jugé par le tribunal militaire de Tokyo (équivalent, pour les grands criminels de guerre japonais, du tribunal de Nuremberg, qui jugea les dirigeants nazis) car les Américains, la guerre froide s’amorçant, souhaitaient reconstruire une droite japonaise. Kishi fut donc un de leurs hommes. Libéré en 1948, et nommé deux fois premier ministre, en 1957 et en 1958, il signa un nouveau traité mutuel de sécurité avec les Etats-Unis.

Un grand-oncle de M. Abe, Yosuke Matsuoka, ministre des affaires étrangères, était partisan de l’expansionnisme nippon en Asie. En 1940, il fit adhérer le Japon à l’Axe, l’alliance formée par l’Allemagne de Hitler et l’Italie de Mussolini. Accusé lui aussi de crimes de guerre, il mourut en prison avant d’être jugé.

Dans un pays qui n’a pas officiellement demandé pardon pour ses crimes de guerre, M. Abe n’a jamais renié vraiment un tel passé familial. Au contraire, dénonçant ceux qui portent un regard « masochiste » sur l’histoire du Japon, il minimise les responsabilités de son pays. Il s’est rendu régulièrement au sanctuaire Yasukuni, où sont honorés les militaires « ayant donné leur vie pour le Japon », parmi lesquels quatorze criminels de guerre (et son grand-oncle Matsuoka), comme M. Koizumi. Ce qui avait valu à celui-ci, on s’en souvient, de ne plus être reçu à Pékin ni à Séoul, qui l’ont accusé de « révisionnisme » et de « vouloir glorifier le passé militaire du Japon ».

Issu du clan le plus droitier du PLD, M. Abe a bâti sa carrière publique en dénonçant le sort fait aux Japonais survivants enlevés jadis, à l’époque de Kim Il-sung, sur les plages nippones par des agents nord-coréens. C’est en réclamant toujours plus de fermeté et de sanctions contre la Corée du Nord, non sans démagogie (car il ne resterait plus qu’un seul cas en litige), et en flattant les sentiments racistes anticoréens relayés par de nombreux médias, que M. Abe est devenu populaire. Il a exigé, et obtenu, le 19 septembre dernier, de nouvelles sanctions contre Pyongyang après les essais balistiques nord-coréens du 5 juillet. Et a annoncé, au prétexte de la « menace nord-coréenne », son intention de modifier, par référendum, l’article 9 de la Constitution pacifiste pour permettre de transformer les forces d’autodéfense du Japon en véritables forces armées débarrassées des limitations exigées en 1945 par les vainqueurs. Une intention désormais encouragée, à Washington, par l’entourage du président George W. Bush, qui souhaite disposer en Asie du Nord-Est d’un allié militairement puissant pour contenir la Chine.



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