Voltaire, réveille-toi ils sont devenus fous !
Décidément, il va bien falloir ouvrir une rubrique “Principe de précaution” - et ce ne sera pas un problème de la remplir ! Cette fois, nul besoin d’agiter le spectre des fatwas venues d’ailleurs puisqu’elles sont là, tout près, bien laïques et occidentales, et inspirées par la peur. Donc, l’autre soir, assistant au théâtre du Châtelet à une répresentation du Candide de Léonard Bernstein, mis en scène par Robert Carsen, le directeur artistique de la Scala Stéphane Lissner fut saisi d’effroi. Pourtant, il connaissait bien l’adaptation très libre que fit Bernstein du conte philosophique de Voltaire (c’était en 1955 sur fond de maccarthysme) pour en faire un opéra comique en deux actes. Seulement voilà, Carsen avait adapté l’adaptation encore plus librement. Il a pris au mot la satire. Dans une scène, les acteurs portent des masques de Bush, Blair, Berlusconi, Poutine et Chirac. Ils sont cravatés aux couleurs de leur drapeau respectif et dansent en sous-vêtements. Dieu du ciel ! “Pas dans la ligne” a tranché Monsieur de la Scala. Et la grande institution de déprogrammer illico ce Candide qu’elle avait pourtant annoncé pour juin dans ses murs. A ce moment là, même les escalopes n’étaient pas fières d’être milanaises. Cela se passait à l’avant-veille de 2007 dans les vestiges de ce que fut l’Europe des Lumières.
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