Trouvé sur le blog de Michel del Castillo (attention les yeux : pas d'image, fond de page jaune vif) un excellent compte-rendu d'un ouvrage de Gema Martin Muñoz sur l'Irac, a priori non traduit en français, Iraq, un fracaso de Occidente (1920-2003). Le résumé qu'en fait MdC est suffisant pour rappeler un certain nombre de choses, d'autant qu'on ne peut pas trop compter sur les médias français, dans leur ensemble, pour faire ce travail... Je vous donne la fin, parce qu'elle doit être lue et entendue par tous. Et j'avoue que j'ai peur des canichabouchs qui nous entraîneraient encore plus vers le côté obscur ici dénoncé avec talent :
L’auteur fait un sort aux confusions sémantiques qui mélangent allègrement fondamentalisme, islamisme, radicalisme islamiste et terrorisme. Elle démontre que le fondamentalisme sert le plus souvent de police idéologique aux plus corrompus et aux plus favorables à l’Occident des régimes, notamment à l’Arabie Saoudite et à l’Egypte, qui puisent dans cet ordre moral une légitimité illusoire. Le fondamentalisme devient ainsi la façade de respectabilité qui permet aux gouvernements détestés de se maintenir au pouvoir, tout comme l’Eglise servait à Franco de paravent. C’est d’ailleurs de la révolte contre cette hypocrisie qu’est sorti Ben Laden, que sortent ses émules, en majorité des Saoudiens. Ils ont commencé par lutter contre les Soviétiques en Afghanistan, aidés et encouragés par la CIA, ils se sont ensuite retournés contre leurs protecteurs américains. Ce sont des enragés qui font de la violence contre l’Occident une arme politique, mais ils ne sortent pas du moule islamique, quand même ils se réclament de la religion. Nihilistes exaspérés par le cynisme de l’Occident, ils incarnent les maladies infantiles du gauchisme. Qu’ils soient musulmans n’explique pas plus leur combat que le catholicisme n’explique la fureur des paysans espagnols dressés contre l’invasion napoléonienne, pas plus que l’orthodoxie ne rend compte des attentats des populistes contre le tsarisme et ses symboles. Nous restons dans le politique, Gema Martin Muñoz le rappelle avec force, tordant le cou au cliché pernicieux qui fait de chaque musulman un islamiste, donc un terroriste. Elle montre aussi ce que cet essentialisme- musulman, l’Arabe est un fanatique, donc un terroriste qui s’ignore- tend à occulter : la situation intolérable des peuples arabes, leur exploitation et leur humiliation, quand il ne s’agit pas de leur destruction pure et simple. Elle débride la plaie qui produit cette gangrène, l’alignement aveugle de Washington sur les positions israéliennes, l’appui inconditionnel apporté aux pires dérives de l’état hébreu. Un nébuleux et dangereux prophétisme qui fait du judaïsme et du christianisme l’unique réalité spirituelle du Moyen Orient et qui prêche le choc des civilisations pour légitimer ses pires égarements.
En tant que Français, on voudrait se réjouir de la lucidité de nos gouvernants qui ont su résister aux pressions et aux menaces américaines. On n’oublie pas pour autant que la politique pro-arabe de la France n’a jamais abandonné ses intérêts, ni négligé ses marchés, souvent au prix de la plus élémentaire morale.
À la veille d’élections qui vont, pour longtemps, influencer les choix du pays, on redoute les conséquences d’un alignement sur les thèses messianiques du Pentagone. On le sent à chaque page de ce livre : pour éloignés qu’il nous semblent, le Proche et le Moyen Orient habitent nos villes. Il n’y a pas deux mondes, ni deux civilisations étrangères l’une à l’autre : il n’y a qu’un monde comme il n’existe qu’une seule humanité. Nos destins sont liés.
De cet Orient si proche, une guerre mondiale peut surgir, si les peuples ne mettent pas un frein aux délires de Bush et de ses émules. (Qu’on pense à l’Iran, cible privilégiée de l’équipe Bush ; qu’on écoute la petite musique de la fanfare militaire qui déjà se fait entendre ; qu’on prête l’oreille aux murmures de la propagande.)
Le sentiment populaire l’a flairé qui, dans toute l’Europe, s’est dressé contre cette croisade sanglante. Mais on a vu, en Espagne, en Grande-Bretagne, comment un gouvernement pouvait faire fi de son opinion.
On répète que les Français ne s’intéressent qu’aux affaires nationales. Pourtant, à l’heure de désigner un Président, on espère qu’ils se rappelleront qu’ils ne sont pas seuls, qu’ils restent, qu’ils le veuillent ou non, solidaires; que la France n’a jamais été plus fidèle à elle-même et à son Histoire que lorsque ses desseins dépassent les limites de l’hexagone.
Mais pourquoi, me direz-vous (je ne vous sens pas très concentrés aujourd'hui), ce "c" à "Irac" ? Pourquoi pas, pourquoi écrire un "k" à l'anglaise, ou un "q" de mauvaise transcription de l'arabe ?
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