Le 23 février 2012 à 6h du matin, une trentaine de policiers de l’anti-terrorisme débarque dans la campagne rouennaise. Sous les ordres du célèbre juge Fragoli, la meute cagoulée est à la recherche d’un forgeron, ou bien de son père. Ils trouveront l’un et l’autre à Roncherolles-sur-le-viviers, chez eux, en train de dormir.
Ca frappe à la porte, ça hurle, ça envahit la maison. Il est grand temps de se lever. Pourquoi ici? Pourquoi Roncherolles et pas ailleurs? La réponse ne se fait pas attendre, le forgeron est un ami des mis en examens de Tarnac. La police fouille, les canards caquetent, on auditionne le père. A 86 ans il sait manier la forge. Il suffit parfois de pas grand chose pour avoir les honneurs de la police anti-terroriste. Dans le fond, ils se prennent au sérieux ces officiers et ces juges avec leur histoire de Tarnac; mais tout de même, qui va ranger derrière eux?
Ce ne sera pas le forgeron car lui, on va l’emmener au siège de la DCRI à Levallois-Perret. Il n’y a pas de petites économies dans la traque au terroriste.
Aux policiers, le forgeron ne dira rien, trop impatient de rencontrer le médiatique juge Frangoli et d’entendre les raisons d’une telle fanfare. On lui demande quand même ses empreintes et son ADN. Lui, demande ce qui lui vaut d'être menotté et enfermé dans une espèce de grosse boite blanche au troisième sous-sol de la DCRI. C’est donnant-donnant, il ne donnera rien. En anti-terrorisme, on a souvent le droit à 96H de garde-à-vue, c’est le temps que la loi octroie aux professionnels de l’interrogatoire pour briser du terroriste. Bizarrement, il resort à peine 35 heures après son arrive. Peut-être s’est-on trompé de loi?
Le forgeron repart, libre mais dépité: le juge Fragnoli n’aura même pas eu 5 minutes à lui accorder. Ah mais non, attention, avant de rentrer chez lui, il doit faire une nouvelle garde-à-vue, il a refusé de donner son ADN. Encore une heure donc, au coeur des services secrets français. Puis s’en va acheter un billet de train. Ca a d’ailleurs encore augmenté.
C’est cependant le coeur plus léger qu’il accomplit le trajet retour. Il sait désormais pourquoi son telephone a été mis sur écoute pendant 2928 heures et ce qui lui a valu d’être suivi et surveillé pendant des mois: il est forgeron. Oui, cela il le savait avant d’être menotté par la police anti-terroriste mais ce qu’il ne savait pas, c’est que c’était un élément suffisant pour justifier son enlèvement à 6H du matin.
Mais comme le comique s’accommode toujours bien du dérisoire, notre ami forgeron est convoqué au tribunal de Rouen le 6 février prochain. Ce n’est pas parce que les sbires de l’anti-terrorisme n’ont rien à lui reprocher qu’on ne peut pas lui faire un petit procés pour avoir refusé son ADN aux policiers forts mal élevés qui l’avaient réveillé, sequestré puis relâché sans la moindre charge.
Parce qu’on ne peut que se réjouir de chaque humiliation que l’anti-terrorisme s’inflige à lui-même, nous vous invitons à venir rire avec nous mercredi 6 février au TGI de Rouen.
1 février 2013
Pieds nickelés
Sur le "blog du forgeron", une histoire digne des pieds nickelés ou plutôt décrivant nos pieds-nickelés modernes, basés à Levallois-Perret:
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