Ce qu’il y a de bien avec notre nouveau président c’est qu’il semble vouloir mettre en pratique ses promesses de campagne et que, pour être honnête, ça nous change de son mentor et prédécesseur, le si peu regretté Jacques Chirac. Le problème est qu’il a tant et tant promis, de tous cotés et sans aucune homogénéité, qu’il ne sait déjà plus bien comment s’y prendre. Et ce alors même qu’il n’est dans son auguste fonction que depuis une grosse quinzaine de jours ! Rien d’étonnant à cela quand on sait qu’il a piqué successivement et concomitamment des idées, lui, le prétendu gaulliste, au Front National, aux centristes, aux libéraux, aux socialistes et même aux écologistes ! Et quand on l’a vu, lu et entendu tout au long de la campagne ajouter les promesses aux promesses comme autant de perles à un collier. Mais les promesses hétéroclites n’ont jamais fait une politique, et encore moins une politique cohérente.Or donc, pour ne prendre ici que l’exemple fiscal, Nicolas Sarkozy avait à la fois promis la fin de l’impôt sur les successions pour la très grande majorité de ses futurs administrés, un bouclier fiscal renforcé pour les plus riches, le relèvement des minima sociaux pour les plus pauvres et la diminution de la dette de l’Etat pour tous ! Et, à cet inventaire à la Prévert il avait cru bon de rajouter, pour faire bon poids, la déduction fiscale des intérêts des emprunts immobiliers. Quant certains journalistes, non encore complètement inféodés, l’avaient interrogé sur ce sujet, il était resté d’un flou tout artistique et avait envoyé ses lieutenants claironner que cette déduction serait la plus large possible, aussi bien dans le temps qu’en matière de plafond déductible. Mais voila où les belles promesses se retrouvent tout à coups confrontées à la dure réalité. Car la facture risque d’être plutôt salée pour les finances publiques. Car si pour Patrick Devedjian, secrétaire général délégué de l'UMP et séide parmi les séides, « c'est de l'ordre de trois à quatre milliards d'euros sans doute », plusieurs économistes évoquent de leur côté un coût d'environ 10 milliards d'euros sur l'ensemble de la législature.
Et ces jours-ci certains des ministres fraîchement nommés, notamment à la place d’un Devedjian qui semble avoir ravalé sa rancœur contre une bonne place à l’Assemblée (Président du groupe de l’encore potentielle Majorité Présidentielle ou même président de l’hémicycle), indiquaient que la déduction des intérêts ne concernerait que les ventes actées depuis le 6 mai. Que nenni clama alors notre bon Président, cette mesure « s'appliquera à tous les emprunts en cours » ! Et d’en profiter au passage pour fustiger une fois de plus la fameuse « pensée unique » empêcheuse de réformer en rond. Et cela alors même que l’on est en droit de se demander, quant on a vu comment il a mené campagne, s’il n’en a pas été finalement le principal contempteur. Mais passons, et revenons en à nos moutons, moutons forcément emprunteurs et propriétaires cela va sans dire.
Parmi les économistes évoqués plus haut dans cet article, il s’en trouve un dont je souhaite maintenant évoquer quelques arguments. Vous allez voir, c’est édifiant. Et cela montre bien, ultime paradoxe de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkosy, combien cette dernière était totalement impréparée sur le fond alors que l’homme lui-même se préparait à briguer puis occuper la fonction depuis plus de 20 ans ! Nicolas Bouzou, du cabinet d'études sectorielles Asterès, estime que cela risque de « déséquilibrer la structure de l'endettement des ménages » au détriment du crédit à la consommation, qui joue pourtant un rôle primordial dans une économie principalement tirée par la consommation des ménages. Il en rajoute une couche en donnant raison à Ségolène Royal qui a estimé mercredi que « le principal risque d'une décision comme celle-ci, c'est la flambée du coût de l'immobilier ». Et il conclue, comme ses autres confrères, en évoquant un sale coup fait au pourtant indispensable travail à mener pour commencer de réduire l’incroyable dette du pays. Edifiant disais-je.
Une question se pose alors : si notre bien aimé président veut une France de propriétaires, à qui fera t’il payer ces 10 milliards d’euros envolés ? Sera ce aux seuls locataires ou, plus probablement, à tout le monde, par exemple en instaurant une surcharge de TVA sur les produits importés, la fameuse et si mal nommée TVA sociale ? Pour l’instant, c’est mystère et boule de gomme. Respecter ses promesses dit il, certes, mais lesquelles et comment, voici les deux bonnes questions à se poser avant d’aller voter pour le scrutin législatif ! Sous peine, d’ici quelques mois seulement, de ne voir s’appliquer de toutes ces belles promesses disparates que les plus libérales économiquement et les plus liberticides socialement. A bon entendeur …
1 juin 2007
Un pays de propriétaires
Un excellent texte trouvé ici qui démontre l'absolue incompétence d'un président qui prétendait, avant être élu, maîtriser ses dossiers, lui ;-(
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