Oui, ce sont bien des enfants, nos enfants, les tristes héros de cette histoire de bus cramé à Marseille.
Des enfants jouant avec de l’essence et un briquet, parce que personne ne leur a jamais appris que ça pouvait être dangereux, que ça pouvait avoir des conséquences terribles. Ce n’est pas la première fois (souvenez-vous de ces gamines qui avaient enflammé la boîte aux lettres d’une copine, pour quelque grief de mômes, et le drame qui s’en était suivi), ce ne sera pas la dernière. Parce que l’émulation, la contagion. Peut-être que le drame de Marseille, le souvenir de cette pauvre petite victime - une enfant aussi, une jeune femme - transformée en torche, le choc que ça provoque donneront un coup d’arrêt à ce jeu de petits cons : faire flamber un bus. Peut-être.
Mais il y aura d’autres jeux de cons qui prendront le relais, et d’autres drames.
Nos enfants ? J’en entends qui protestent. « Les miens ne sont pas comme ça. » Soit. Je vais vous dire : les miens non plus (enfin, mes petits-enfants, parce que mes enfants ne sont plus des enfants...). Ils ont toujours su qu’on ne jouait pas avec les allumettes. On leur a appris.
Quand je dis : nos enfants, c’est manière de parler. Je veux dire : les enfants de ce pays où nous vivons, la France. Les enfants de la République. Je veux dire que nous avons tous, collectivement, la responsabilité de ces enfants-là, qui vivent ici, dans notre pays, qui y sont nés, y resteront - même s’ils ont des origines lointaines, « exotiques », « indigènes ». Ils sont sensibles, gais, attachants, comme tous les enfants ; ils sont aussi remuants, terribles, intenables, comme tous les enfants ; mais à la puissance dix. Parlez-en avec des profs qui exercent dans des quartiers « sensibles » : ils vous diront qu’ils les aiment, ces petits, qu’ils savent être charmeurs, adorables. Mais aussi qu’il leur arrive de les détester, de les craindre. Les mêmes parfois, tour à tour. Prof dans ces quartiers, avec ces gosses-là - qui dès 13-14 ans vous dépassent parfois d’une tête -, ce n’est vraiment pas une sinécure. Il faut, pour tenir, une vraie vocation. Au bout de quelques années de carrière, beaucoup de jeunes profs, usés, demandent leur changement pour des bahuts plus calmes. Ils vont enseigner chez les enfants de bourges, c’est plus « cool », on les comprend.
N’empêche : parfois, ils les regrettent, leurs petits sauvageons.
Le bloc-notes de Bernard Langlois appelle dans la foulée à la démission de monsieur de Petit Botcha, pour incompétence, il a ô combien raison.
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