Bon, un bref résumé pour ceux qui n'ont pas encore fini d'apprendre le tchèque : De Gaulle a convaincu les Alliés de faire libérer Paris par les soldats quasi exclusivement "blancs" de la seconde division blindée du Général Leclerc, et non par les soldats indigènes beaucoup plus nombreux et engagés notamment sur le front italien... paraît-il pour le "moral" des populations métropolitaines...To jsou známá fakta. Dosud neznámé však bylo, že Leclerkova divize byla pro osvobození Paříže vybrána už o pět měsíců dříve. Zčásti proto, že byla francouzská, ale především kvůli tomu, že většina Leclerkových vojáků byli běloši. Tvrdí to historik Olivier Wieviorka z pařížského Ústavu pro soudobé dějiny ve své nové knize Histoire du Débarquement en Normandie (Historie vylodění v Normandii). V ní popisuje nejen slavný den D, ale i události, které následovaly.
Britští a američtí generálové trvali na počátku roku 1944 na tom, aby francouzské koloniální jednotky vůbec nebyly zapojeny do osvobozování Paříže. Arabští vojáci přitom tvořili značnou část armády, která Francii osvobozovala od nacismu. Pod francouzskou vlajkou padlo za druhé světové války na 130 000 koloniálních vojáků. Jejich téměř zapomenuté osudy shodou okolností vypráví také alžírský film Les Indigenes (Domorodci), který je nyní nominovaný v kategorii nejlepší neanglicky mluvený film na Oscara.
Wieviorkova kniha ukazuje vylodění v Normandii a následující události ve světle skutečností nově objevených v amerických a britských archivech. Na počátku roku 1944 byla Leclerkova obrněná divize v Maroku a z celé francouzské armády právě ona byla vybrána pro klíčovou roli v osvobozování Paříže. Důvody tohoto rozhodnutí Spojenců osvětlují materiály, které profesor Wieviorka nalezl ve washingtonském národním archivu.Koloniální armáda
V doporučení generála Waltera BedellSmithe určeném generálu Eisenhowerovi se píše: „Bylo by velmi vhodné, aby (francouzská) divize byla složená z výhradně bílých vojáků. To ukazuje na druhou obrněnou divizi, z níž domorodci tvoří jen čtvrtinu, a je tak jedinou francouzskou divizí, která se dá sestavit ze samých bělochů.“
Všechny ostatní jednotky francouzské armády byly v té době ze dvou třetin složené z vojáků původem z Afriky. Ti bojovali v Itálii a jižní Francii v srpnu 1944, jejich podíl na porážce nacismu však nebyl během války ani po ní nikdy doceněn. Mnoha koloniálním veteránům nebyly přiznány ani plné vojenské penze.
Američtí a britští velitelé se shodli, že osvobození se musí účastnit francouzská divize z propagandistických důvodů a kvůli národní morálce Francouzů. Nicméně právě oni, a ne generál Charles de Gaulle, trvali na tom, že její součástí nesmí být koloniální jednotky. Za jejich žádostí však pravděpodobně stály spíš politické pohnutky než rasismus, řekl profesor Wieviorka britskému deníku The Independent. Důvodem byl podle něj předpoklad, že tato událost se bude ve Francii i zahraničí těšit velké publicitě. Postoj amerických velitelů mohl být přitom prý ovlivněn tím, že Američané neodváděli černochy do bojových jednotek.
Je précise (5 février) : Michel Wieviorka a eu accès aux documents récemment déclassés des archives américaines, dans lesquels il a puisé, comme d'autres historiens, essentiellement américains, de nouveaux faits jusque-là non accessibles.
Mais ce n'est pas tout. Le Monde parle du même livre, et ce fait n'apparaît pas...
La preuve, voici l'article en question :
Étonnant, non ?Olivier Wieviorka : un regard froid sur le jour le plus long
Depuis une dizaine d'années, certains auteurs britanniques et américains ont entrepris de présenter la campagne de Normandie d'une façon moins triomphaliste et héroïque que jusqu'alors. J. Robert Lilly a révélé les crimes commis par les troupes américaines en Normandie, et Alice Kaplan a montré que les soldats noirs étaient exécutés plus fréquemment que les blancs pour le viol de femmes françaises ; Paul Fussell a décrit les souffrances, les doutes et le malaise du fantassin américain ; enfin John Charmley a, avec d'autres, accusé Winston Churchill d'avoir perdu sa guerre sur le long terme parce qu'il avait épuisé l'Angleterre et subordonné son pays aux Américains.L'impressionnant travail d'Olivier Wieviorka renforce cette nouvelle approche. Se fondant sur les ouvrages publiés mais aussi sur des recherches minutieuses dans les archives américaines et britanniques, il jette un "regard froid" sur la campagne de Normandie, décrite comme "un événement essentiellement humain, dans sa grandeur comme dans ses faiblesses".
Parmi les nombreuses faiblesses qu'il relève chez les Alliés, la plus frappante est sans doute le faible moral des troupes. Les phénomènes de commotion ou de stress du combat n'étaient pas nouveaux - au cours de la première guerre mondiale, le haut commandement avait fini par comprendre que la détresse émotionnelle qui affectait certains soldats sur le champ de bataille n'était pas un signe de couardise mais révélait de véritables traumatismes psychiques.
En Normandie, le moral s'effondra en juillet lorsque Britanniques et Canadiens furent bloqués devant Caen, tandis que les Américains piétinaient dans le bocage du Cotentin. Un des facteurs que Wieviorka ne mentionne pas était l'habitude américaine de remplacer les pertes en intégrant des soldats non aguerris dans des unités où ils se sentaient isolés et vulnérables.
Le moral des troupes américaines s'améliora après le 25 juillet, date de la percée d'Avranches, qui ouvrit la route de Paris. Confronté au même genre de problème, le commandement allemand fit exécuter 15 000 soldats et en fit emprisonner 420 000. Les Soviétiques appliquèrent les mêmes méthodes répressives. L'armée britannique, elle, n'exécuta que quarante de ses soldats.
Quant à la 2e division blindée française, elle échappa à cette baisse de moral, phénomène que Wieviorka explique à la fois par son arrivée sur place après l'immobilisation forcée de juillet, et par le fait qu'elle était uniquement composée de volontaires aguerris. Il aurait pu ajouter que ces hommes se battaient pour la libération de leur pays... On peut également se demander si la 2e DB disposait elle aussi du personnel psychiatrique qui a établi les surprenantes statistiques citées par Wieviorka à propos des armées britannique, canadienne et américaine.
Il est toujours hasardeux de former des jugements sur les différents caractères nationaux en se fondant sur les performances au combat, lesquelles varient en fonction de l'expérience, de l'entraînement, du commandement et du ravitaillement. Du reste, les troupes alliées améliorèrent leurs capacités au fur et à mesure des combats. Mais il demeure que, de l'avis général, les soldats allemands s'avérèrent dans cette campagne les plus résilients et les plus entreprenants, les plus tenaces et les plus spartiates.
Si cet ouvrage est remarquablement bien documenté, certaines de ses conclusions paraissent cependant inutilement négatives. On peut difficilement affirmer par exemple que l'impréparation américaine de 1940 était due à la "sourde oreille" que le président Roosevelt aurait opposée à ceux qui le pressaient de réarmer. Le plus souvent, on a au contraire accusé Roosevelt d'avoir abusé de ses pouvoirs présidentiels, face à la puissante opposition des républicains, en aidant les Britanniques par des mesures qui confinaient à la déclaration de guerre, comme la loi prêt-bail (Lend-Lease Act) de mai 1941. Il fallut attendre l'attaque japonaise sur Pearl Harbor, le 7 décembre 1941, pour que l'opinion publique américaine, jusqu'alors massivement isolationniste, bascule en faveur de l'intervention.
De même, s'il est exact que les Etats-Unis sont parvenus à maintenir un meilleur niveau de vie à leurs citoyens que n'importe quel autre belligérant, et qu'ils n'ont pas appelé leur main-d'oeuvre industrielle sous les drapeaux, Wieviorka sous-estime l'intensité de la mobilisation de guerre en Amérique. Loin de recourir exclusivement à des "mesures libérales", le gouvernement américain procéda à l'arrêt total de la production de certains secteurs comme l'automobile, imposa contrôle des prix et rationnement et institua un impôt de 94 % sur les plus hauts revenus. Enfin, c'est le conflit avec le Japon, absorbant 35 % de l'effort de guerre américain, qui fut à l'origine de la pénurie de barges de débarquement, et non pas, comme il est suggéré, le refus américain de se plier aux impératifs des temps de guerre.
OPÉRATION DE DÉSINFORMATION
A l'énumération de tout ce qui n'a pas marché de leur côté, le lecteur peut légitimement se poser la question : comment les Alliés ont-ils pu l'emporter ? Un des facteurs-clés de la victoire fut l'élément de surprise. Une vaste campagne de désinformation, complétée par le stationnement d'une fausse armée dans le sud-est de l'Angleterre, avec chars en bois et échanges radio bidons, convainquit les Allemands de maintenir jusqu'à fin juillet des forces nombreuses dans le Pas-de-Calais, en attente du "vrai débarquement". Un autre facteur fut le ravitaillement. Même si les Alliés ne surmontèrent jamais complètement leurs problèmes en ce domaine, les pénuries dont pâtirent les Allemands furent aggravées du fait que les attaques aériennes empêchaient tout transport durant la journée.
D'autres éléments qui expliquent la victoire des Alliés ne sont pas mentionnés dans ce livre, lequel se concentre d'abord sur le front normand. L'une de ces conditions, décisive, fut le front russe, qui mobilisa la plus grande partie des forces hitlériennes. Une autre fut la campagne de bombardements sur l'Allemagne. Si ces pilonnages échouèrent à faire baisser la productivité allemande, ils obligèrent Hitler à maintenir 70 % de son aviation en Allemagne, laissant ainsi aux Alliés une supériorité aérienne cruciale en Normandie. Le troisième élément fut, après mai 1943, la solution du problème des sous-marins nazis dans l'Atlantique nord, qui permit d'acheminer plus d'un million d'hommes et leur matériel en Angleterre.
Wieviorka étudie d'un regard moins "froid" la contribution française à la libération de la Normandie. Une grosse surprise émerge au fil de son analyse, extrêmement critique, des réticences alliées à l'égard de la Résistance et des forces de la France libre. L'auteur conclut que, contrairement à "une légende tenace", les Alliés n'avaient aucune intention d'imposer un gouvernement militaire en France.
Malgré quelques passages inutilement sévères, le travail d'Olivier Wieviorka constitue, parmi les ouvrages de langue française, la synthèse la mieux informée sur la campagne de Normandie. Il mérite à ce titre de figurer aux côtés du livre remarquable que François Bédarida consacra naguère au Débarquement (Normandie 44, Albin Michel, 1987).
Traduit de l'anglais par Gilles Berton.
HISTOIRE DU DÉBARQUEMENT EN NORMANDIE. Des origines à la libération de Paris (1941-1944) d'Olivier Wieviorka. Seuil, 448 p.,24 €.Article paru dans l'édition du 05.01.07.Robert O. Paxton
Merci de cette référence, c'est très intéressant. Je note dans l'article du Monde, à la fin, la réserve sur "certains passages inutilement sévères" du livre d'Olivier Wieworka. Peut-être un signe de leur malaise devant l'attitude de de Gaulle, révélée par ce livre ?
RépondreSupprimerN'oublions pas que le Monde est né à la Libération, quand le Temps a été "supprimé" pour collaboration... renvoi d'ascenseur post-mortem ?
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