31 janvier 2007

Matraquage

Dans la presse gratuite distribuée à la sortie du RER, Economie Matin. Un hebdomadaire tout à la gloire du modèle économique libéral. Un exemple parmi tant d'autres, cet article d'un certain "Jacques Bonjawo, PDG de Genesis Ft, Consultant chez Microsoft."

Je cite :

Une étude inédite de l’Institut mondial de recherche sur l’économie du développement de l’université des Nations Unies l’affirme : la moitié de la richesse mondiale serait détenue par les 2 % les plus riches. Cette même étude montre qu’en 2000 le 1 % d’adultes les plus riches du monde possédaient à eux seuls 40 % des biens mondiaux. Inversement, la moitié la plus pauvre de la population adulte du monde ne détenait qu’à peine 1 % de la richesse mondiale. Voilà pour les chiffres, de quoi donner le vertige. Ainsi est-on tenté, dans chaque pays, d’appeler l’État au secours pour une « meilleure » répartition de la richesse nationale. D’où, souvent, l’apparition d’une politique de prélèvement accru de l’impôt suivi d’une redistribution, onéreux frais de fonctionnement à la clé. En réalité, aussi bien intentionnée soit-elle, cette démarche se révèle pour le moins simpliste et conduit très souvent à un ralentissement, sinon à une stagnation de la croissance. Répétons-le ici. Ce ne sont pas les pouvoirs publics qui créent la croissance économique, mais les entreprises, à travers leurs investissements. Une entreprise investit la part de revenus que lui laissent le fisc et la sécurité sociale. Les pays qui connaissent une forte croissance économique et des taux de chômage faibles sont simplement ceux où les impôts et les charges sont faibles, et les réglementations souples. Voilà tout. Il faut rompre avec toute forme de bureaucratie qui sclérose la société en bridant les initiatives individuelles et donner le maximum de liberté à ceux qui travaillent, créent et innovent. Favoriser la recherche et l’entreprise, et établir partout le principe de l’excellence et de la récompense selon le travail.

Sous couvert d'une étude des Nations Unies, le chroniqueur se lance dans un crédo néolibéral assez intéressant : "donner le maximum de liberté à ceux qui travaillent, créent et innovent".

De quelle liberté s'agit-il ?
Liberté de licencier sans motif? Liberté de presser le citron, sans limitation ? Liberté de ne pas contribuer à payer en retour la collectivité (qui forme, qui soigne, qui protège) en plaçant son argent ailleurs ?

Et "ceux qui travaillent, créent, innovent" ? Rien de très créatif dans les agissements ci-dessus. Rien de très innovateur. Nos patrons (pas tous, certains... d'autres plus rares sont aussi plus intelligents et considèrent à juste titre les individus qu'ils emploient comme une richesse) n'ont de cesse de demander de pouvoir licencier plus facilement, de payer moins de charge (voire, mais là avec moins de superbe, de bénéficier de quelque aide publique en faisant semblant de faire travailler moins leurs gens...)

Et on parle de réhabiliter le travail... comment ? en exemptant de droits ceux qui héritent de la richesse de leurs parents sans travailler ? en exemptant d'ISF ceux qui spéculent en bourse (enfin, ceux qui font spéculer leur banquier pour eux) ?

Ceux qui travaillent vraiment dur, qui se lèvent tôt pour aller travailler en CDD ou en intérim, avec parfois le couperet du CNE au-dessus de leur tête, qui survivent plus qu'ils ne vivent car ils ne trouvent plus de logements dans leur budget... doivent se demander de quel droit une certaine population de privilégiés souhaite s'assimiler à eux.

S'ils décident d'aller voter, c'est certainement pas M. de Petit Botcha qui aura leurs voix...

2 commentaires:

  1. C'est toujours un plaisir de vous lire. Comment faites-vous pour réunir tant d'informations avec un métier aussi prenant que le vôtre ?

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  2. Je crois au hasard des clics comme en celui des rencontres ;-)

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