13 mars 2013

Le Zahir (Paulo Coelho)



Ce roman de Paulo Coelho est étonnant. Il raconte l’expérience d’un homme qui s’affranchit du Zahir. Qu’est-ce que le Zahir ? Ma traduction de la définition donnée par l’auteur (j’ai lu la version anglaise, la version française officielle est probablement différente) :


Le Zahir est une fixation sur tout ce qui a été transmis de génération en génération; il ne laisse aucune question sans réponse; il remplit tout l’espace; il ne nous a jamais permis de considérer la moindre possibilité que les choses puissent changer. Le tout-puissant Zahir semble être né dans chaque être humain et atteindre sa force maximale pendant l’enfance, en imposant des règles qui devraient ensuite être respectées: les gens différents sont dangereux; ils appartiennent à une autre tribu; ils veulent nous voler nos terres et nos femmes.
Nous devons nous marier, avoir des enfants, perpétuer l’espèce. L’amour n’est qu’une petite chose, assez pour une seule personne, et toute suggestion que le cœur puisse être plus grand est considérée comme perverse. Quand nous nous marions, nous avons le droit de prendre possession de l’autre, corps et âme.
Nous devons occuper des emplois que nous détestons car ils contribuent à l’organisation de la société, et si tout le monde n’en faisait qu’à sa tête, notre monde disparaîtrait.
Nous devons acheter des bijoux; ils nous identifient à notre tribu, tout comme le piercing identifie une tribu différente.
Nous devons être drôles tout le temps et dédaigner ceux qui expriment leurs sentiments; c’est dangereux pour une tribu d’autoriser ses membres à montrer leurs sentiments. Nous devons à tout prix éviter de dire non car les gens préfèrent ceux qui disent toujours oui, et que cela nous permet de survivre en terre hostile. Ce que les autres pensent est plus important que ce que nous ressentons. Ne jamais se faire remarquer, cela peut attirer l’attention d’une tribu ennemie. Si vous vous comportez différemment, vous serez expulsé de la tribu car vous pourriez contaminer les autres et détruire quelque chose qu’il a été extrêmement difficile à organiser au commencement.
Nous devons toujours être attentifs à l’apparence de notre grotte, et si nous n’avons pas les idées claires, faire appel à un décorateur qui fera de son mieux pour montrer aux autres combien nous avons bon goût.
Nous devons faire trois repas par jour, même si nous n’avons pas faim, et si nous n’entrons pas dans les canons de beauté, nous devons jeûner, même si nous sommes affamés.
Nous devons nous vêtir selon les diktats de la mode, faire l’amour que nous en ayons envie ou non, tuer au nom de notre patrie, espérer que le temps passe vite pour que vienne rapidement la retraite, élire des politiciens, nous plaindre du coût de la vie, changer de coiffure, critiquer tous ceux qui sont différents, aller au culte le dimanche, le samedi ou le vendredi, selon notre religion , et là demander pardon pour nos péchés et nous goberger car nous connaissons la vérité et méprises l’autre tribu qui vénère un faux dieu.
Nos enfants doivent suivre nos pas; après tout, nous sommes plus âgés et connaissons la vie. Nous devons avoir un diplôme universitaire même si nous n’aurons jamais de travail dans la discipline que nous avons été forcés d’étudier. Nous devons étudier des choses que nous n’utiliserons jamais, parce que quelqu’un nous a dit qu’il était important de les connaître: l’algèbre, la trigonométrie, le code d’Hammourabi.
Nous ne devons jamais rendre nos parents tristes, même si cela signifie renoncer à tout ce qui nous rend heureux.
Nous devons écouter de la musique doucement, parler doucement, pleurer en privé, parce que c’est le tout-puissant Zahir qui dicte les règles et détermine la distance entre les rails, la signification de la réussite, la meilleure façon d’aimer, l’échelle des honneurs.

Pour s’affranchir de tout cela, il faut en quelque sorte renaître. Vaste programme. Mais pourquoi pas?

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