Le courage de Denis Robert n'a d'égal que l'acharnement de Clearstream contre lui. C'est l'un des rares vrais journalistes de ce pays. Et il est harcelé par une institution hyperfinancière qui n'a aucun scrupule à ne pas faire la preuve de la moindre humanité (car c'est une notion qui lui est étrangère). Le dernier texte de Denis, sur son blog
La domination du monde, narre ce harcèlement, accompagné d'une campagne de dénigrement auprès des médias (lequel d'entre eux en a fait part ?) Un court extrait :
Clearstream envoie les huissiers pour une saisie sur mes comptes personnels. Environ huit mille euros me sont réclamés. C’est la première fois. C’est à la suite d’une plainte contre une interview tronquée publiée par VSD. Je l’ai déjà écrit sur ce blog. De toutes les galères que je vis depuis que je me suis intéressé au fonctionnement trouble de Clearstream, cette condamnation est ce que j’ai le plus de mal à accepter. Tant elle est imméritée. Je suis condamné en première instance et pour diffamation alors que je ne me suis pas défendu sur le fond. Cette décision est de plus exécutoire. Ce qui est exceptionnel en matière de diffamation. Même si je fais appel et j’ai fait appel, je dois payer. Il y a généralement même entre des parties violemment opposées une sorte de gentlemen agreement pour attendre le jugement en appel avant d’exécuter un jugement.. Là, l’huissier de Clearstream vient de recevoir l’ordre impératif de me faire payer. N’oublions pas que le chiffre d’affaires de la multinationale s’est élevée à près de vingt milliards d’euros l’an passé…
Cette somme de 8000 euros n’est pas anodine. Les fonds récoltés jusqu’à présent par le comité de soutien (un peu plus de 20 000 euros) ne suffisent pas à régler entièrement les factures qui s’amoncellent en ce moment. Mais cette histoire est d’abord une question de principe et une manière d’expliquer comment s’exerce aujourd’hui la censure.
J’avais interprété le message du tribunal de Paris comme une semonce. Fermez là ou il vous en coûtera… Clearstream et son avocat ont su habilement faire un amalgame entre l’affaire du corbeau qui amuse les journaux français depuis un an et l’affaire Clearstream qui les fatigue par sa complexité supposée. Ma mise en examen récente n’a rien arrangé. Le service juridique de la firme et surtout son service de communication vont pouvoir faire publier (en partie à mes frais) dans des journaux français et étrangers le fait que j’ai été condamné pour avoir dit (à VSD) qu’ils étaient « un poumon
de la finance parallèle ». C’est le but de l’exécution de ce matin. Ils ont intérêt à agir vite. D’où les huissiers et la menace de saisie. Tout cela participe d’une stratégie de communication.
Il mentionne aussi les protagonistes de la seconde affaire Clearstream (celle du "corbeau", dans laquelle ont été nommés des ministres) et revient sur la publication du livre de Jean-Louis Gergorin. Extrait :
Je viens de lire le livre de Jean Louis Gergorin «Rapacités ». La sortie de cet ouvrage n’est pas étrangère, j’en suis persuadé, à la soudaine rapacité de Clearstream à mon égard.
Ce bouquin, malgré quelques prudences lexicales, est une bénédiction !
L’ex numéro deux d’EADS, ne cherche pas seulement à expliquer son rôle dans la manipulation des listings. Il renvoie la responsabilité du trafic sur son informateur dont on comprend vite qu’il s’agit d’Imad Lahoud. Il développe dans une longue partie édifiante les us et coutumes du milieu –nous sommes dans l’hyperfinance- qui vise à fabriquer des montagnes d’argent noir sur le point de détruire notre tissu économique. Les exemples ne manquent pas et cette lecture est roborative.
Les passages les plus novateurs sont ceux qui concernent Clearstream. Les chapitres 4 à 7. Gergorin raconte qu’il découvre « un instrument extraordinaire de la finance internationale aux capacités pour le moins inquiétantes ». Il cite un ancien directeur du Trésor qui explique "Clearstream facilite la réintégration dans le système financier de fonds dont il vaut mieux ne pas connaître l'origine".
Il développe, avec précision, les moyens utilisés par la multinationale pour fabriquer cette opacité et la vendre à ses clients. Par exemple, la technique du « nantissement » de comptes qui permet, en toute légalité, de sauter les frontières et d’échapper aux curieux. Dans mes livres (en particulier la boîte noire), j’évoquais les comptes publiés et non publiés, ou, dans le dernier (Clearstream, l’enquête), les comptes fermés et loués à des tiers. Lui utilise une éclairante métaphore automobile. Devenu par sa fonction de responsable de la stratégie d’Eads un fidèle abonné aux services Internet et Intranet de Clearstream, il peut montrer comment ouvrir des comptes dit « additionnels » qui servent de « véhicules financiers » aux transactions…
"Aux véhicules financiers immatriculés -les comptes principaux- peuvent se voir attelées, en quelques sorte, des remorques sans plaque d’identification visible, puisque les comptes additionnels ne sont pas forcément publiés » écrit-il page 81. Il ajoute que les ayant droit économiques de ces comptes ne sont pas forcément connus de Clearstream, que ces derniers peuvent être «des particuliers ». Et transférer à leur guise des liquidités. Ce qu’a toujours et d’une manière forcenée nié Clearstream.
Toute son explication repose sur des textes récupérés de l’intérieur de la firme. Ses annexes affinent tout ce que nous disons et écrivons depuis plusieurs années.
Tout est dit. Et le silence de la plupart des organes de presse à son égard n'est-il pas preuve de complicité au pire, de collusion au mieux ?
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