31 mars 2007

Facho

Guy Birenbaum a raison, nous avons trois candidats d'extrême-droite. Il est temps pour les gens de droite de se détourner de M. de Petit Botcha, et de prévoir de donner leur suffrage à M. Bayrou, M. Nihous ou Mme Royal.
Boute-feu.

Nicolas Sarkozy a tenu hier soir, lors d'un meeting à Nice, des propos que je trouve extrêmement graves, plus que douteux même.

Grâce à l'AFP, je vous en livre les extraits que je considère comme les plus fâcheux.

[Evoquant l'homme à l'origine des incidents de la gare du Nord, M. Sarkozy a dit qu'il était devenu] "une sorte de héros pour Mme Royal et M. Bayrou et pour une partie de ce microcosme parisien qui ne prend jamais le métro".

"Cette gauche qui voudrait nous faire croire que les voyous qui ont tout cassé à la gare du Nord étaient juste révoltés par l'injustice, cette gauche-là a perdu tout sens moral".

"L'ordre juste c'est quand ceux qui ne veulent ni étudier ni travailler ont le droit de piller un magasin pour se procurer des chaussures de sport sans avoir à les payer! (...) L'ordre juste, c'est tenir toute intervention de la police pour une provocation!".

"Prendre la défense du fraudeur, toujours trouver des excuses à ceux qui ne respectent rien, voilà ce que j'appelle la faillite morale d'une certaine gauche".

"Je ne veux pas laisser l'ordre à l'extrême droite".

"Je veux dire aux Français que le 22 avril et le 6 mai, ils auront à choisir entre ceux qui sont attachés à l'identité nationale et qui veulent la défendre et ceux qui pensent que la France a si peu d'existence qu'elle n'a même pas d'identité".

[Les Français] "devront choisir entre ceux qui ne veulent plus entendre parler de la nation et ceux, dont je suis, qui exigent qu'on respecte la nation".

"La France n'a pas à rougir de son histoire, la France n'a pas commis de génocide. Elle n'a pas inventé la solution finale (...) Je suis convaincu que pour un Français, haïr la France, c'est se haïr lui-même".

"Tous les colons n'étaient pas des exploiteurs; il y avait parmi eux beaucoup de gens courageux (...) Ils ont tout perdu, je veux qu'on les respecte".

"Quand on refuse d'enseigner Antigone au fils d'ouvrier ou à l'enfant d'immigré, on ne fait pas la politique qui permet à chacun de conquérir l'estime de lui-même, on fait la politique du nivellement, de l'égalitarisme et de l'assistanat".

Il est impossible de flirter davantage avec les refrains les plus nauséabonds et les thèmes les plus éculés du Front national.

Jusqu'aux évocations de la colonisation et de la solution finale.

Non Nicolas Sarkozy, la France n'a pas commis de génocide.

Ni inventé la solution finale...

Mais elle a bien aidé à l'appliquer...

Comme l'a si bien expliqué, en 1995, Jacques Chirac. Au Vel-d'Hiv.

Ces propos ne sont malheureusement pas une "première".

Nicolas Sarkozy ne fait que répéter là ce qu'il a déjà dit à Caen.

J'ai toujours refusé ici l'amalgame, le raccourci facile, Sarko=Facho, Sarko=Le Pen.

Je suis donc bien placé pour affirmer que ce discours est celui d'un candidat irresponsable, d'un boute-feu.

Nicolas Sarkozy veut gagner l'élection présidentielle.

Et, après tout, il en a bien le droit.

Mais il a compris que s'il veut la gagner avec certitude, il n'a qu'une possibilité.

Une martingale.

Il doit y être opposé à Jean-Marie Le Pen.

Comme Jacques Chirac le fut en 2002.

En effet, si Ségolène Royal ou François Bayrou venaient à l'affronter, Nicolas Sarkozy sait pertinement que ce second tour tournerait très certainement au referendum "Pour ou contre Sarko !".

Et qu'il a de bonnes chances de le perdre ce referendum. Comme il perdit celui sur le statut de la Corse, ou celui sur le TCE.

Du coup, Nicolas Sarkozy, servi par une actualité "opportune", pousse les feux sur des thèmes qui vont tout naturellement permettre à Jean-Marie Le Pen de grimper.

Et Ségolène Royal - plutôt que de se concentrer sur les enjeux qui pourraient l'aider à sortir du guépier du premier tour (le social, l'éducation, notamment) - a embrayé sur le drapeau et l'identité nationale. Sans comprendre que ce n'est pas ce qu'elle dit qui compte, mais juste les couleurs qu'elle a hissées...

Jean-Marie Le Pen, comme je vous l'avais laissé entendre dès le week end dernier, explose déjà tous les sondages d'intention de vote de son histoire.

Et demain - oui, dès demain...° - il réalisera sans doute une percée historique...

D'abord dans les sondages.

Puis dans les urnes.

En allant ainsi chercher Le Pen pour meilleur ennemi (souvenez-vous du petit coup de pouce au moment des 500 signatures), Nicolas Sarkozy pratique une politique désolante de la terre brûlée.

Il va y laisser son honneur.

Mais je fais surtout le pari qu'il n'en tirera rien électoralement.

Parce que si ce cirque continue, ce que je sens venir, c'est effectivement Le Pen au second tour.

Mais, si c'est le cas, c'est Nicolas Sarkozy que je vois "passer par la fenêtre" du premier tour. Par un simple phénomène de vases communicants.

À toi ? À moi !

Il l'aura alors bien cherché.

Pour finir, juste un détail.

Oui un "détail".

Si par malheur, je me vautre et que l'affiche du second tour est Sarkozy/Le Pen, surtout, surtout, ne comptez pas sur moi...


4 commentaires:

  1. J'avoue que c'est un cas de figure qui m'inquiète beaucoup... Avec un peu de chance, toutefois, l'ex-Ministre de l'intérieur piquera une crise de nerf en public, ce qui déjouera toutes ses manoeuvres nauséabondes. On peut toujours espérer.

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  2. Pas sûr, hélas, il semblerait même que l'affaire de la gare du Nord le fait remonter dans les sondages... Je crois que je vais faire mes valises ;-(

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  3. Nicolas Sarkozy, comme beaucoup de citoyens français, ne connait pas bien l'histoire de France.
    Désolé pour tout le monde mais la France a bien commis un génocide qu'elle s'efforce de camoufler depuis plus de 210 ans.
    Pour preuve, la proposition de loi de reconnaissance du génocide Vendéen de 1793-1974 déposée le 21 février 2007 par Lionnel Luca, député UMP !!!
    Pour vous procurez ce texte voir ce lien : http://www.lionnel-luca.org/propsloi4.php?article=23 Dans l'exposé des motifs, vous y trouverez toutes les preuves.
    Avant d'accuser à demi-mot tel ou tel autre pays, que la France reconnaisse ce génocide et elle en sortira grandie.

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  4. Je ne vais pas polémiquer sur cela. Il y a eu des massacres en Vendée, d'accord. Parler de génocide reste un abus de langage.

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