9 mai 2013

Mafia

Dans Marianne, Guy Konopnicki présente un livre remarquable. Extrait.

Dans un livre choc, un policier et un limier du fisc racontent l'instauration d'un système politique et affairiste dans les Hauts-de-Seine. Une enquête édifiante.

Dans 92 Connection, Noël Pons et Jean-Paul Philippe retracent la saga des barons des Hauts-de-Seine qui, après avoir conquis la banlieue ouest de Paris, se partagèrent les fabuleuses richesses du département. Ce livre est en soi un événement par la qualité de ses auteurs : Noël Pons, fonctionnaire de la direction générale des impôts, a été conseiller au Service central de prévention de la corruption ; Jean-Paul Philippe a dirigé la brigade anticorruption de la police judiciaire.

L'un et l'autre ont enquêté pendant des années sur ce département. Une tâche d'autant plus ardue que sous les gouvernements de droite, depuis 1986, la Place Beauvau a souvent été une colonie des Hauts-de-Seine, occupée par Charles Pasqua et Nicolas Sarkozy, tour à tour présidents du conseil général, puis par Brice Hortefeux et Claude Guéant, ombres portées de l'ancien maire de Neuilly.

Cette singularité alto-séquanaise ne simplifiait pas le travail des enquêteurs. Pourtant, dans leur style, celui des rapports de police et des enquêtes fiscales, Noël Pons et Jean-Paul Philippe livrent la matière brute d'un véritable roman. Une suite de la Curée, d'Emile Zola, qui évoquait les affaires politico-financières nées, sous le second Empire, de l'extension de Paris.

Un eldorado immobilier, qui n'était rien en regard de ce méandre de la Seine où, du Point-du-Jour à Rueil-Malmaison en passant par la Défense, les grandes industries mécaniques laissèrent, dès la fin des années 60, d'immenses friches, sur lesquelles furent bâtis les nouveaux quartiers d'affaires et les ensembles résidentiels. Une terre idéale pour les aventuriers.

Car les maîtres des Hauts-de-Seine ne sortent pas de l'ENA, à l'exception de Charles Ceccaldi-Raynaud, qui intégra la promotion Tocqueville et fut administrateur civil. Les principaux héros de cette histoire, qu'ils s'appellent Charles Pasqua, Patrick Balkany ou Nicolas Sarkozy, ont en commun d'avoir conquis eux-mêmes le pouvoir, en ne se laissant pas tétaniser par les principes moraux. Le département des Hauts-de-Seine appelait ce type d'homme politique : il fut d'abord une terre de conquête pour le parti du pouvoir, l'UDR des années Pompidou. 

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